« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mercredi 16 mai 2007

Un Livre à l'honneur : Le Malleus Maleficarum, ou le manuel d'inquisition du 15ème siècle

Le Malleus Maleficarum, ou Marteau des Sorcières, est le plus connu des traités de sorcellerie et le plus utilisé des manuels de sorcellerie. Publié en 1486 (pour ceux qui suivent, c'est donc un... incunable), il fût écrit par Heinrich Kramer (aussi connu sous le nom de Henri Institoris) et Jacques Sprenger.


Si Institoris (1430-1505) est un inquisiteur implacable de l'ordre des Dominicains qui est même contesté dans les rangs de l'Eglise, Sprenger, dominicain lui aussi, est un homme très instruit et malgré son titre d'Inquisiteur de la Vallée du Rhin, il n'a pas joué un rôle actif dans la traque des hérétiques et des sorciers.

Hommes de progrès, les deux auteurs choisirent de lutter contre l'hérésie en utilisant la technique la plus moderne de l'époque, à savoir l'imprimerie, afin de favoriser la diffusion rapide de leurs idées.

Extraordinaire somme démonologique, le Malleus se compose de trois parties principales.



Dans la première, les auteurs démontrent la réalité des maléfices et la nature de la sorcellerie, ils y expliquent aussi notamment pourquoi les femmes, à cause de leur faiblesse et de leur intelligence inférieure (pas de commentaire), sont par nature plus disposées à céder aux tentations du Malin.

Dans la deuxième partie, Institoris et Sprenger donnent des exemples concrets, qui sont autant de récits assez extraordinaires et fantastiques : tranformations en animaux, en monstres, vols sur les balais durant le sabbat, capacité à déclencher des catastrophes naturelles, destruction des récoltes, rapports sexuels entre sorcières et démons, etc.


Enfin, la troisième partie est le code criminel qui doit permettre d'interroger et de punir suspects et coupables (les suspects finissant rarement innocents, il faut bien le reconnaître). L'argumentation logique utilisée pour énoncer des absurdités constitue l'un des grands charmes de l'ouvrage, par ailleurs sinistre. Ce vademecum pour inquisiteur détaille aussi très précisément comment procéder à la capture, instruire le procès (notamment le rasage intégral du corps des accusés au fer rouge , afin de trouver la fameuse « marque du Diable », preuve de culpabilité), organiser la détention et l'élimination des sorcières. Il explique également comment accorder ou non du crédit aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance. Naturellement les deux auteurs assurent également que les juges, en tant que représentants de Dieu, ne peuvent être soumis à l'inquisition et en proie à l'hérésie. Pratique, non?



L'idée qui domine l'ouvrage est que si l'Eglise arrive à exterminer les sorciers à l'aide de ce livre et via l'Inquisition, le diable perd la plupart de ses moyens d'action.

Son succès sera immense. Entre 1486 et 1520, on compte une quinzaine d'éditions, parues dans des villes rhénanes, mais aussi à Paris et à Lyon. A raison de 1 000 ou 1 500 exemplaires par tirage, 20 000 exemplaires ont pu circuler avant la Réforme. Le traité connaît une seconde vie à la fin du XVIe siècle. De 1574 à 1621, une quinzaine de nouvelles éditions sortent des presses européennes. Les dernières éditions datent des années 1660.

Les détracteurs de l'hystérie démonologique furent peu nombreux mais existèrent.. On peut citer Jean Wier, qui publie en 1564 un traité Des illusions des démons, des incantations et des poisons , ne niant pas l'existence de Satan et de certains sorciers, proposant plutôt de soigner ces gens, qui sont de simples malades.

Les plupart des éditions sont in-8, mais on trouve également des in-4.


H

Images : le Malleus.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,
je connais mal ce livre,
si ce n'est par un bon documentaire d'Arte diffusé il y a quelques mois pour la nuit des sorcières...
ma question est simple : Quid des traductions françaises de cet ouvrage ? A quelles dates ? Lesquelles ? Merci de la réponse.

Amicalement, B.

Hugues a dit…

Bonjour,
Je crois qu'il existe trois traductions, les deux dernières étant de 1997 et 2005.
Je possède celle de 2005, qui est très bien mais plutot chère, vous pouvez trouver celle de 1997 pour beaucoup moins cher sur abebooks (15 euros), en tapant "malleus maleficarum" dans la fenêtre de rehcerche abebooks, dans la colonne de droite de mon blog..

Je vous conseille cet ouvrage, même si certain passages sont un peu longs (galimatias religieux du 15ème), le reste est assez fascinant.
H

Anonyme a dit…

il n'existe donc pas de traduction ancienne ?

Merci de la réponse.

Hugues a dit…

Non, Aucune traduction ancienne. Je pense que c'est parce que les hommes d'église étaient supposés parler latin jusqu'à il y en encore peu.

H

Aleksandar Bogorov a dit…

Salutations. Je pense que je acheyerais ce livre.

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