« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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dimanche 5 août 2007

A ne pas oublier...

J'ai profité du soleil pour lire le Guide du Bibliophile de Clouzot.

Dès les premières pages, je suis tombé sur ces lignes, qui sont pour moi une base de la bibliophilie. J'essaie de les avoir toujours en tête lorsque je me lance dans de nouvelles acquisitions :

"D'une façon générale, nous conseillons vivement à l'amateur (...), de ne pas acquérir d'exemplaires médiocres, même si leur prix lui semble des plus tentateurs. Neuf fois sur dix, un exemplaire taré est payé trop cher. Il s'en apercevra toujours à ses dépens".

Le terme taré signifie un livre ayant un défaut majeur : page de titre absente, gravures partiellement ou totalement manquantes, pages ou cahiers manquants, voire dépareillés ou série incomplète, par exemple. Paradoxalement, l'absence de reliure n'est pas un défaut majeur, si l'ouvrage est complet par ailleurs (on peut toujours le faire relier).

C'est vrai qu'on a toujours tendance à se laisser tenter, mais il est encore plus vrai que l'achat d'un exemplaire taré reste à éviter absolument. Au final, soit on est très attaché à l'ouvrage, et on finira par le racheter dans un meilleur état, sans pouvoir se départir efficacement du volume de qualité inférieure, soit on n'est pas très attaché à l'ouvrage, et finalement, c'est une dépense pour rien...

Je pense que nous avons tous fait cette erreur, elle est parfois difficile à éviter... Et ce n'est pas forcément une question de moyens : deux livres de qualité moindre à 5 euros vaudront toujours plus qu'un livre incomplet à 10 euros (les chiffres sont des exemples, mais le rapport est à dessein), voire à 15 euros.
C'est à mon sens un des défauts d'ebay : si le site permet souvent d'acquérir de beaux ouvrages à des prix inférieurs au marché, il permet aussi d'écouler des livres tarés qui ne seraient même pas mis en vente ailleurs...

Achèterions nous un livre de poche auquel il manquerait une page, ou un tableau avec un trou? A quelques très très rares exceptions près, non.

Soyons exigeants!

H

29 commentaires:

Anonyme a dit…

en effet, ne tombons pas dans la médiocrité...

encore qu'une Bible de Gutemberg à laquelle il manquerait tout un ensemble de feuillets... ferait bien mon affaire...

Et que penser alors de ces libéraux d'outre atlantique, tellement libéraux, tellement libres qu'ils se croyent autoriser à dépecer les livres et manuscrits anciens pour les vendre à la page... il n'y a qu'à jeter un oeil sur www.ebay.com et taper "vellum" pour s'en convaincre...

A vous de juger !

Amicalement, Bertrand

Hugues a dit…

Une bible de Gutenberg.... Même un ou deux feuillets, ça m'irait aussi...

C'est justement de ces exceptions dont je parlais (même si là on atteint les sommets).

altair49 a dit…

Je lis régulièrement ce passionnant blog du bibliophile (puisque je fais aussi partie du "club des bookworms", comme disent les Anglais - et après tout, vers contre rat, ce n'est pas pire que rat de bibliothèque...!)
Pour ma part, marchés aux puces ou vide-grenierrs, j'y vais sans but, sans aucune obsession de recherche, puisque j'aime tous les livres, moches ou beaux, et il est bien rare que la chance ne m'attende pas dans un carton quelque part...
Ces deux dernières années j'ai quand même trouvé notamment l'édition originale du Roi de Bohême et ses sept châteaux de Nodier, relié, non rogné pour une dizaine d'euros, l'édition originale de La Guzla, cette bonne blague de Mérimée pour 1 euro, pour 1 euro aussi - miracle - l'atlas zoologie du dictionnaire d'histoire naturelle de D'Orbigny avec toutes ses planches, et aussi les trois volumes complets de l'atlas des plantes de D.Bois pour 50 euros (en vente à 2800 sur abebooks... bon ça va...). ca ne m'empêche pas d'acheter des livres avec plats ou planches manquantes - pour rejoindre la question du jour... Que m'importe d'avoir un livre incomplet si je sais que je n'aurai jamais les moyens de me procurer le mieux du best... Si on n'achète rien très cher, on peut se faire plaisir plus facilement, l'exigence a un prix, hélas. Mais je vous assure qu'on peut être une bibliophile un peu fauchée et heureuse...!

Anonyme a dit…

Je vous rejoint tout à fait Altair! Pour moi, pas question de m'acheter l'édition complète de l'Histoire Universelle de Puffendorf, avec les planches! Si je peux les avoir dépareillés, tant mieux pour moi, et tant pis pour ceux qui vendent l'édition complète à 2000€!
Je viens juste de terminer les Voyages de Robert Lade, de l'Abbé Prévost, que j'avais payés 30€. La reliure n'est peut-être pas superbe, mais le contenu est le même que l'édition à 500 ou 600€.
Après, tout est une question de budget. Fauché comme les blés, je ne peux pas me permettre de mettre beaucoup d'argent dans un livre. Alors s'il est dans un état correct, je suis ok, du moment que le contenu est complet (ça par contre, un livre avec une page de titre manquante, ou des feuillets en moins, ça me dérange... A moins bien sûr que ce ne soit une Chronique Saxonne, ou celle de Nuremberg! Même 100 f° en moins, ça ne me gêne pas du tout!!).

Pour en venir aux livres détruits par les vendeurs américains et allemands (allez aussi sur ebay.de pour voir dans quel état ils mettent les livres...), je ne comprends pas qu'on les autorise à faire ça. Et surtout qu'on leur permette de les vendre. Je dis ça tout en possédant deux folios de la Chronique de Nuremberg... Honte à moi.

altair49 a dit…

J'ai la chance de n'avoir aucun besoin de perfection, même les livres les plus imparfaits et dépenaillés font mon bonheur, au moins ils ont une (autre) histoire à raconter !

Concernant les traductions du site dont il était question précédemment, hélas trois fois hélas, à part faire rire les anglophones, ce qui est déjà bien, mais pas le but recherché, Babelfish ne peut pas grand chose pour vous aider. Ca sonne vaguement anglais, certes, mais c'est une catastrophe grammaticale et lexicale...(catastrophe hilarante, soit ! je peux vous fournir des exemples à chaque ligne si vous avez envie de rire un peu...)

Bref, je ne vois qu'une solution, trouver un(e) bibliophile d'Outre-Manche ou Atlantique avec beaucoup de temps libre pour vous traduire tout ça. Pas moi hélas pour l'instant, totalement bilingue, (anglais, pas allemand) mais avec trop peu de temps devant moi sinon ce serait un plaisir...

Concernant le nombre de femmes bibliophiles sur le blog, je pense qu'il y en a plus que vous ne croyez qui vous lisent, simplement peut-être préfèrent-elles passer du temps dans les livres et n'ont-elles pas beaucoup le temps d'écrire... sauf pendant les vacances, (comme moi ?)

Anonyme a dit…

les traducteurs automatiques, un "doit" pour tous les "ventilateurs" de livres anciens...

Dieu a voulu qu'on s'amuse ici bas. Sinon, Il n'aurait pas inventé tout cela. C'est Bourdaloue, qui me l'a dit. Et un prédicateur qui passe à la postérité en donnant son nom à un bassin où on se soulageait en écoutant ses interminables discours religieux est un instrument de Dieu - qui, décidément, ne veut pas qu'on s'ennuie en Son royaume.

TE

Hugues a dit…

Bon...j'avoue... j'ai mis ces traductions suite à deux emails reçus de la part de bibliophiles ne parlant pas la langue de Thierry Henry...Je n'ai évidemment pas le temps d'écrire tout ceci en trois langues...

Pas grave, on va attendre la rentrée pour voir ce que ça donne.

La seule chose que je peux vous dire, c'est qu'avant les traductions, les lecteurs français représentaient 85% des lecteurs, et qu'ils ne représentent plus que 75% aujourd'hui, au profit des Etats-Unis et de la confédération russe... Ils doivent bien s'amuser...

Altair, merci pour vos commentaires, pourriez-vous me contacter par email?

En ce qui concerne le débat sur les prix,évidemment, les choses sont claires pour un d'orbigny à 1 euro... je parlais plutôt de dépareillés ou incomplets qui partent autour de 50-10 euros sur ebay... alors qu'ils sont à 40 euros en bon état ailleurs....

H

Anonyme a dit…

Chers auteur et commentateurs,

Certes un exemplaire complet et "bien né" est préférable à tous les autres mais étant un acheteur "tous azimuts" je ne résiste pas à certains achats même incomplets (voire bossus).

J'ai surtout le plaisir du texte même si, l'expérience venant, je suis de plus en plus difficile sur la qualité des reliures. Reste qu'il m'est arrivé de littéralement "sauvé" certains livres anciens en train de, littéralement, cuire au soleil des vide-greniers. Je les achète (à des prix indécents: 3, 5 euros pour des Don Quichotte pas des Bourdaloue...) les abreuve de cire BNF, leur redonne une allure décente et les garde ou les revend (quand ils ne m'intéressent pas ou que je les possède déja) à quelqu'un qui saura en prendre soin.

Je conçois qu'on puisse être difficile et exigeant (je le suis moi-même pour certains de mes achats), je comprends moins la condescendance qui fleure parfois...

Evidemment lire le tiers d'un roman n'a aucun intérêt. Mais quid du théâtre, des fables, de certains ouvrages savants pouvant se lire indépendamment en fonction des éditions et des tomaisons, etc.?

Que le dieu des bibliophile me pardonne mais j'aurai du mal à me guérir de tomes de Molière ou d'Esope 17ème payés moins de 10 euros dans des états très corrects.

Bien à vous tous, et bravo encore pour ce blog qui (pauvre d'eux) me fait sérieusement songer à ne pas renouveler mon abonnement au MdB.

Hugues a dit…

Cher Orwell,

Je suis l'auteur! Vous pouvez utiliser les singulier, même si Bertrand me tend parfois une main secourable en me proposant des messages à poster de grande qualité (vous êtes d'ailleurs tous bienvenus si le coeur vous en dit!).

J'espère que je n'étais pas visé par le mot "condescendance"... qui est très éloigné de ce que je voulais exprimer. Nulle condescendance, en aucun cas.

Nous sommes tous bibliophiles, passionnés, donc, j'en ai bien peur très faibles face aux livres.

J'ai bien sûr moi aussi acheté des livres incomplets, dépareillés... D'ailleurs, en y pensant, j'ai peut-être écrit ce message pour me remettre moi même en mémoire ces règles de base! Sourire.

Quand au Magazine du Bibliophile... J'avoue que la courageuse et sympathique réponse de Jean-Paul Fontaine, à défaut d'en obtenir une du rédacteur en chef, m'encourage et me fait espérer des numéros très intéressants dans les mois qui viennent...

Pour résumer, notre idéal, je crois, en tout cas, doit aller vers les livres complets (etc.)... mais bien sûr, vous me connaissez, je suis bien loin de condamner tous les autres au bûcher!

Hugues

Anonyme a dit…

Cher Hugues,
Le pluriel s'appliquait à l'auteur et aux commentateurs.

Bien entendu la remarque était générale et reliée (mais j'aurais dû m'en expliquer) à une certaine "ambiance" (entretenue par certains libraires) autour des livres anciens. Ambiance répulsive qui est préjudiciable au livre, me semble-t-il.

Beaucoup de gens sont persuadés qu'avoir des livres anciens chez soi coûte cher et que, même en étant un grand lecteur, jamais on ne pourra s'offrir ces jolis volumes. Je vois souvent des badauds ne pas oser ouvrir les livres de peur d'en voir le prix. Un libraire m'a une fois raconté qu'une personne, ouvrant un livre 18ème lui avait demandé s'il s'agissait d'un vrai...

Bref il y a une très grande méconnaissance, voire une forme de "peur" qui bénéficie (économiquement : moins il y a d'acheteurs, plus les prix sont bas) à ceux "qui en sont" mais qui a également des effets pervers quant à la préservation du patrimoine bibliophilique français.

Tout cela non pas pour dire que la bibliophilie ne coûte rien, elle peut même coûter (très) cher. Je me dis simplement qu'une plus grande publicité à propos de ce que coûte un livre ancien (même dépareillé) en dehors du cercle des bibliophiles permettrait d'en sauver beaucoup des périls dont je parlais dans mon message.

Les témoignages de libraires dans certaines parties de France (pas la mienne dieu soit loué) signalent une très grande raréfaction des livres anciens. Combien sont aujourd'hui dans des bibliothèques américaines ou japonaises? Mais combien moisissent dans des greniers, voire (horreur) finissent dans une benne lorsqu'on vide une maison?

Par ailleurs, certains commissaires priseur rechigent aujourd'hui à organiser des ventes de livres au motif qu'elles rapportent peu (bref que les livres s'y vendent peu cher). Si cette situation est favorable aux bibliophiles elle est préjudiciable (pour tout le monde) à long terme (mauvaise conservation équivalant à moyen terme à disparition).

Faire connaître le livre ancien, la réalité (complexe) de son marché, les moyens de reconnaître et de préserver les ouvrages me semble dans l'intérêt de ce qui nous rassemble sur ce blog.

Bon j'ai l'impression de parler comme un curé ce qui n'est pas mon genre... ;-))
Bien à vous tous

Hugues a dit…

Cher Orwell,

Je suis assez d'accord. A ceci près que pour les gens qui se sont longuement penchés sur la question, je pense notamment à un doctorant ayant travaillé sur le sujet :

1. La raréfaction des livres anciens n'est que faiblement dûe aux départs vers l'étranger. Cela a toujours existé, et ne semble pas s'accentuer. Au contraire, le livre est aujourd'hui délaissé par les étrangers, qui lui préfèrent meubles et autres objets d'art (à part quelques très grands collectioneurs, mais qui existaient déjà au 19ème par exemple). Néanmoins l'argument a toujours été mis en avant, soit par des acheteurs un peu aigris, ou au contraire par des vendeurs se plaignant de la mollesse des acheteurs français. Au final, cela semble être un fantasme.

2. En fait, contrairement aux idées reçues, ce qui semble être à l'origine de la raréfaction des livres vendus sur le marché, notamment en salles, c'est bien l'âge des bibliophiles. En effet, les bibliophiles dont les bibliothèques sont importantes (en qualité et/ou en quantité) ont aujourd'hui plutôt plus 70 ans, et ils "stockent" des livres depuis la moitié du 20ème siècle, à un moment où les prix étaient plutôt bas. Les projections réalisées prédisent une arrivée massive de livres sur le marché dans 20-30 ans, ce qui correspond au moment où ces bibliophiles iront rejoindre Molière et les autres auteurs qu'ils honorent ici bas. Reste à savoir si cela s'accompagnera d'une chute des prix... Mais qui sait ce qui nous attend dans 20-30 ans!

Sur cette question du prix qui ne doit pas être un critère, je suis entièrement d'accord avec vous. On peut collectionner les incunables ou les Série Noire... on est bibliophile dans les deux cas.

Néanmoins, je ne suis pas certain que le prix soit un obstacle : en fait, on est bibliophile ou pas, et vous ne ferez pas acheter un livre du 17ème à quelqu'un à qui ça ne parle pas, quelque soit le prix.

Après, il est difficile de généraliser sur le prix des livres.

Hugues

Anonyme a dit…

Ha ! tous ces bibliophiles éclairés qui trouvent des Las Casas et Oexmelin à 2,50 euros en brocante ! Bien leur en fasse... si ces trouvailles sont avérées.

J'ai tout de même du mal à croire que ma nièce de 8 ans qui a toute la collec de la Bibliothèque Verte soit bibliophile... pourtant, l'état est impeccable !

De même que je conçois difficilement une bibliothèque splendide constituée d'ouvrages payés 10 euros maximum (ou alors, on parle de frais de port). Un volume tout pourri payé pas cher ? C'est parce qu'il ne vaut rien... au-delà de l'affection qu'on lui porte mais c'est alors un autre débat.

Les ouvrages classiques sans lesquels une bibliothèque paraîtra vide (ou peu sérieuse) à n'importe quel spécialiste ont tous un prix. Le dernier Las Casas (oeuvre du 17ème sur les cruautés espagnoles dans le nouveau monde) apparu en état très moyen sur Ebay a fait plus de 600 euros, par ex.

Je crois pour ma part que la bibliophilie n'est à pas confondre avec la passion de la lecture. Cette dernière est, Dieu merci, accessible à tous par le biais de rééditions etc. Mais la première s'adresse généralement (sauf exceptions puisque tout existe ici-bas) à des gens qui ne vivent qu'assez rarement en HLM.

Et c'est être condescendant, voire légèrement hypocrite du genou, que de nier que le raffinement en matière de livre n'est pas un luxe à la portée d'un RMiste (combien c'est le RMI ? la moitié d'un Las Casas en état pourri sur Ebay..). La vérité n'est pas une offense...

Quant à ces méchants étrangers qui nous pillent toute notre culture rien que pour nous embêter, franchement...

TE

Hugues a dit…

Bien vu Thibault!

A peu près pareil. Les chopins en brocante, ça reste rarissime, etc.

Hugues

Anonyme a dit…

Je confirme et suis totalement d'accord, il ne faut pas confondre bibliophilie avec amour de la lecture, ce sont deux mondes séparés. C'est comme considérer qu'un bibliophile ne lit pas ses livres, lourde erreur ! C'est tout le plaisir qu'il retire justement de la lecture d'un "vieux livre" (ce qui ne veut pas dire livre pourri...).

En fait je crois qu'il serait assez facile de détecter précocément un bibliophile d'un non-bibliophile, même en herbe :

Vous prenez 2 personnes et 2 éditions des Essais de Montaigne, une réédition en poche et une édition ancienne, disons pour être modeste l'édition de Bordeaux de 1580...

Eh bien, dans un cas vous aurez une personne qui savourera tout le sel du texte du fameux philosophe (avec option livre de poche), c'est un érudit, un fin homme d'esprit, etc...

Dans l'autre cas vous aurez un amateur du texte, admirateur de Montaigne et son temps, qui reconnaîtra la typographie de la fin du XVIè, qui admirera les lettrines gravées, qui savourera également le texte dans son intérêt le plus profond (option édition 1580), celui-ci est un bibliophile.

Celui qui s'empresserait de mettre l'édition de 1580 sur ses rayons de bibliothèque sans la lire, celui-là serait un bibliomane. Etat bien pardonnable (on l'est tous un peu de manière volontaire ou involontaire).

Il n'est guère facile d'expliquer pourquoi l'un apprécie le texte, l'autre le texte et toute l'histoire du livre (passé, matière, etc) qui gravite autour...
c'est la subtile alchimie de l'amour des livres... comme il y a la subtile alchimie de l'amour des femmes...

Amicalement, Bertrand

Unknown a dit…

Cher TH

Me permettez vous d’apporter une petite correction au sujet de la collection de votre nièce.
Ne doit t’on pas lire bibliothèque rose en lieu et place de bibliothèque verte ?

Votre serviteur
Dede

Anonyme a dit…

Chers tous,

Et si la bibliophilie était à tous les étages?
Bien entendu il est des livres rares, remarquables hors de portée des RMistes (condescendance quand tu nous tiens... Je ne relève pas pour la bibliothèque verte [ou rose]...) voire même de la plupart des gens.

Réservons donc cette passion à ceux qui sauront apprécier [mais à quoi le savent-ils? à l'aquiescement entendu de leurs semblables?] les livres qu'ils seront les seuls à pouvoir s'offrir et laissons disparaître ce "tout-venant" qui, finalement, obscurcit les choses.

Il n'y avait ni démagogie ni nationalisme dans mon message. Juste une interrogation sur l'intérêt qu'il y aurait à mieux faire connaître le livre ancien pour sa préservation même.
Je n'ai rien contre le fait que des livres partent à l'étranger. Je m'inquiètais simplement des livres en péril, qu'il soit dans une bibliothèque texane ou bourguignonne assure sa sauvegarde.

A vrai dire je suis ravi d'entendre que la raréfaction n'est qu'un sentiment mal affirmé. Et j'ai donc hâte, comme vous tous, que toutes ces belles biblitohèques soient remises sur le marché.

Bien à vous tous

Hugues a dit…

Mea Culpa...

Je suis bibliophile (je vous défie d'en douter, vu que c'est mon blog à moi, et que c'est écrit dessus "le blog du bibliophile"... c'est donc bien la preuve...).

Je suis lecteur : je lis une partie des livres anciens que j'achète, entièrement ou partiellement, et je sais que nous avons rendez-vous un jour ou l'autre, chacun d'entre eux et moi. Je lis aussi énormément de livres modernes.

Je suis bibliomane car oui, il m'arrive d'acheter un livre ancien, uniquement pour le posséder. Je le confesse, même si, honnêtement, je n'en ai aucunement honte. Ne pas le lire ne m'empêche pas de le regarder, de le manipuler, de le toucher, allez, soyons fous, de le sentir (bande de dégénérés va!). Finalement, rien de moins qu'un amateur de tableaux, de timbres ou de boîtes de camembert.

Aussi, plus j'y pense, moins je trouve le mot bibliomane péjoratif, quand il ne résume pas à lui seul un amateur.

D'ailleurs, regardez moi droit dans les yeux : quand vous achetez un livre ancien, c'est uniquement parce que vous avez envie de le lire? Et vous les lisez tous (naturellement ceci s'applique au dela d'une centaine d'ouvrages dans les rayonnages)?

Pour compléter cette remarque sur les rayonnnages et la condescendance... Je le redis, aucune condescendance dans ce blog, jamais, en tout cas de ma part.

A la relecture du commentaire de TE, d'ailleurs, je m'aperçois que je ne suis finalement pas toujours d'accord, notamment sur le dernier point : on peut être bibliophile et Rmiste (je reconnais que c'est dur et qu'il y a alors d'autres priorités, mais ce n'est pas le débat), et la valeur d'un bibliophile ne se mesure pas à la valeur monétaire de sa bibliothèque.

Vous évoquez Oexmelin, Las Casas et autres, mais on peut tout à fait vivre la même passion que vous pour ces ouvrages, pour d'autres ouvrages plus abordables. Je parlais des Série Noire, et Bertrand parlait de la bibliothèque Elzévirienne : en dehors des plus rares, ces jolis petits volumes se trouvent assez facilement autour de 20 euros, ce qui reste abordable quand on est passionné. Et cela n'a également rien à voir avec le "raffinement".

Ce n'est pas parce que votre nièce a tous les bibliothèques vertes en bon état qu'elle est bibliophile, mais ce n'est pas non plus pour cela qu'elle ne l'est pas. Et ce n'est pas parce que Trucmuche possède 250 Série Noire en état d'usage et qu'il passe ses week-ends et ses soirées à les traquer, les payant 1,5 euro au maximum, qu'il n'est pas bibliophile. Ou qu'il l'est.

En clair, la bibliophilie ne se mesure pas ainsi. J'avais aimé la réponse de Bertrand à un certain "Max2" (qui a disparu depuis, mouché je crois), qui lui demandait d'où il puisait sa passion bibliophilique. La réponse avait fusé :"dans mes tripes".

Je ne vois que ça au fond : les tripes. Alors, puisque j'ai mon Paré à portée de la main, vous allez tous venir me voir l'un après l'autre, que je tripatouille dans vos entrailles à la recherche du gène de la bibliophilie.

Bien entendu, si vous survivez, c'est que vous êtes bibliophile, si vous n'en réchappez pas, c'est que vous êtes un vil bibliopathe.

"Justitia et Misericordia" comme ils disaient. Et si vous n'êtes pas rassurés, je prends mon Malleus Maleficarum (je rappelle qu'il m'habilite, etc.).

Naturellement, en cas de décès et donc de fraude bibliophilique avérée de votre part, votre bibliothèque sera saisie et restera en ma possession pour étude, et ceci jusqu'à mon décès (je vous l'ai dît, je ne lis que partiellement les livres, ça va me prendre du temps).

Qui commence?

"Bistouri chérie, les gogos vont se pointer"

Hugues
Bibliophile, Bibliomane, et fier de l'être.

P.S. : et en plus c'est mon blog à moi...! Et pareil, je ne ne lis jamais! Bien fait.

Anonyme a dit…

Si j'ai bien compris TE et Bertrand, la bibliophilie se mesure à la taille du porte-monnaie? Si l'on n'a pas le salaire d'un cadre supérieur, on n'est pas bibliophile? Si l'on ne recherche pas chacun à posséder son Montaigne en édition originale, et en reliure plein maroquin rouge aux armes du Roi à 500 000€, on n'est pas bibliophile? Et si je cherche à acheter un Cazin à 25€, pour le lire dans son enveloppe originelle, pour le dévorer des yeux, et pour les sentir, étant donné que je l'ai payé 25€, je ne suis pas un bibliophile parce que j'achète une "bouse à 25€"? Dans ce cas, que suis-je? Rien, un amoureux des livres?
On devrait créer une sorte de CSP pour les amateurs de livres. Entre des livres achetés de 1 à 100€, on serait des idiots qui pensent être bibliophiles. Entre 101 et 500€, on commence à approcher du but, quitte à mettre ses comptes dans le rouge pour obtenir le livre désiré, parce qu'il est le sésame qui vous ouvre le vrai monde de la bibliophilie, le seul à vous offrir le nirvana du livre. Et au-delà de 500€, vous devenez le seul, le vrai, l'unique bibliophile, celui qui peut faire partie de l'élite du monde livresque, et qui peut regarder de haut tous les petits cloportes qui essaient de l'imiter dans sa passion.
Sachez messieurs que 500€, c'est plus d'un tiers du salaire moyen des français, deux fois le RMI, et une fois et demi le salaire moyen d'un étudiant.
Diriez-vous d'un amateur de voiture qu'il l'est uniquement parce que son garage est composé de Ferrari, Mazzerati et autres McLaren Mercedes? Je ne pense pas.
Alors pourquoi faire de la bibliophilie une sorte de secte où l'argent serait seul à permettre l'entrée? Pourquoi réserver la bibliophilie aux seuls détenteurs d'une carte platine, capables de s'offrir un Cicéron de 1480?
Et après, on s'étonne qu'il y ait de moins en moins de bibliophiles.

Hugues a dit…

Voil� un commentaire qui ne manque pas de tripes!

Merci pour ces lignes Philippe. Je suis bien s�r d'accord avec vous.

Je ne suis pas certain que Bertrand pense r�ellement ce que croyez, mais je le laisse r�pondre.

Toujours pareil en ce qui me concerne, la bibliophilie, c'est dans les tripes : incunables ou poche, on a le virus ou pas, rien � voir avec le pouvoir d'achat.

(J'aime bien voir des d�bats sur le blog).

H

Anonyme a dit…

Votre remarque, George, est insultante. AUssi je me permets de vous dire que vous ne comprenez rien à ce que je dis. POurtant,je pensais enfoncer une porte ouverte en rappelant qu'en toute chose matérielle l'argent est source d'exception.

Mais peut-être avez-vous une trop haute estime de vous-mêmes et qu'à vouloir juger de votre valeur à l'aune de celle de votre bibliothèque, vous avez de la rancoeur à la trouver de piètre hauteur ? Et que tout ce que vous ne pouvez posséder en devient sans intérêt aux yeux du monde intelligent... Il faut savoir parfois reconnaître ses limites - quand bien même sont-elles financières. Quant à moi, loin d'être riche, j'ai la cruelle conscience que l'argent seul ouvre certaines portes qui me resteront à jamais fermées... Je relis alors Nietszche (pas en EO, trop cher, mon fils) puis La Fontaine (cher aussi, hein ?) et évite de leur cracher mon aigreur au visage :

Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille.
Le galand en eut fait volontiers un repas;
Mais comme il n'y pouvait point atteindre:
«Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.»

TE

Anonyme a dit…

Personnellement TE, je n'avais pas trouvé votre premier message très très clair.

:)

Martin

Anonyme a dit…

Peut-être ne l'était-il pas ? Mais d'autres semblaient l'avoir compris... dans un premier temps. :D

TE

Anonyme a dit…

Euh... je ne peux pas dire que j'avais compris votre message non plus cher TE.

Bon, en même temps, je ne fais pas partie des CSP+++, ni économiquement, ni bibliophiliquement.

Maxime

Anonyme a dit…

" je ne fais pas partie des CSP+++, ni économiquement, ni bibliophiliquement. "

ça doit être pour ça, trop de virgules. :D

Ne vous fâchez pas, je taquine...

TE

Anonyme a dit…

Cher Philippe,
Merci pour votre commentaire qui me fait me sentir moins seul (heureusement que nous avons encore les moyens de nous payer une connexion internet...).

TRES CHER te
Je me demande de quel côté est l'insulte et l'aigreur. Bien entendu vous n'avez pas été compris. J'ai bien peur que vous n'ayez été trop bien compris. Ce qui revient au même car entre l'auteur et le lecteur il existe un horizon des possibles interprétatifs qui fait tout le sel de l'acte d'écriture et de lecture. A prendre les gens pour des (gas)cons...

Enfin, ne vous inquiétez pas pour ma bibliothèque, elle se porte très bien. D'ailleurs, elle n'a de valeur à mes yeux que parce qu'il est des livres que je ne pourrai jamais y mettre (par manque de goût bien entendu...).

GO

Anonyme a dit…

Je suis un goujat, vous l'avez tout de suite compris.

En vous souhaitant de longues années de bibliophilie,

TE

Hugues a dit…

Voir mon message du dimanche 11 sur l'état d'esprit du blog, et la conception de la bibliophilie.

Anonyme a dit…

Un goujat non, mais un fat assurément.

Maxime

Anonyme a dit…

Je m'immisce dans un débat depuis longtemps périmé, mais le commentaire de TE est intéressant, car je pense qu'il traduit un usage fréquent de la bibliophilie qui devient avant tout synonyme de distinction.
Tout le message traduit ce besoin de se distinguer, il y a des bibliothèques "sérieuses", donc d'autre qui n'en valent pas le nom. Et si elles n'en valent pas le nom, c'est que leur propriétaire est au RMI ou en HLM.
Ici, la bibliophilie n'est pas un état d'esprit, mais une appartenance sociale, c'est la marque de gens d'un même monde ceux cultivés et riches. En dehors de cette appartenance point de salut: "Un volume tout pourri payé pas cher ? C'est parce qu'il ne vaut rien... au-delà de l'affection qu'on lui porte, mais c'est alors un autre débat." Pour moi non, c'est tout le débat (surement parce que je suis pauvre ). La bibliophilie me parait entre l'affection que l'on porte aux livres et que l'on tente de combler en recherchant le plus beau, le plus rare, celui annoté, etc. Ce n'est pas un parcours obligé, fait de gages offert au bon gout bourgeois, ce n'est pas un signe de raffinement. Loin de là.

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