« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

frise2

mardi 29 avril 2008

Reconnaître les différents types de dorure.

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Je vous propose aujourd'hui un nouvel article de Xavier, sur la reconnaissance des différents types de dorure. Comme toujours, très documenté et très illustré, merci beaucoup Xavier.

Reconnaître les styles de dorures?

Le Moyen-Age (VIIIe au XVIe) : le style est "primitif" et emploie des figures géométriques, entrelacs et lignes diagonales ; en sont exclus tout feuillage et végétaux, ceci durant la période du VIIIe au Xe siècle.
Du Xe au XIe siècle : des animaux chimériques (dragons et animaux fantastiques….) sont ajoutés peu à peu aux courbes.

Le XVe siècle : lierre, vigne, nénuphar, houx, marguerite…, sont des éléments essentiels dans la décoration des livres.

Le style Gothique, ou l’apogée du Moyen-Age
Jusqu’au XIIe, le cuir n’est pas le support de la décoration de reliure en raison de sa médiocre qualité. Le bois sculpté décoré cohabite avec les reliures d’étoffes et d’orfèvrerie.


Au cours du XIIIe, l’affinement des ais de bois permet aux différents cuirs de s’imposer.

Le style monastique, on définit par ce terme l’ensemble des fers ou plaques utilisés au Moyen-Age.

La Renaissance, XVIe siècle : l’art a plus progressé qu’au cours des dix siècles antérieurs, la feuille d’or venue d’orient parachève l’évolution technique du Moyen-Age et Venise est le berceau de nouvel art. Le premier exemple français semble dater de 1494.

Le style Alde connait son apogée vers 1530, mais reste très présent jusqu’au dernier tiers du XVIe.
(fleurons style Grolier)

Fleurons Alde évidés
Les tranches antiquées

Le travail de décoration des tranches est obtenu avec un petit burin dont le motif, répété l’un à côté de l’autre, forme un dessin et est incrusté dans les feuillets du livre, à l’aide d’un marteau, comme cela, du reste, se fait encore aujourd’hui. Plus tard, c'est-à-dire vers la fin du XVIe siècle, des relieurs moins artistes et moins scrupuleux ont, par économie de temps et d’argent, remplacé les tranches antiquées au burin par des compositions entières gravées et appliquées en une seule fois.

Fanfares et semis, fin XVIe :

L’expression est postérieure aux créations qui débutent durant la dernière moitié du XVIe. En 1829, Thouvenin reprend ce style de décors à la demande de Charles Nodier sur un ouvrage de 1613.

Le terme reste pour ces créations de compartiments géométriques et symétriques, ornant plat et dos délimités par des filets doubles et constellés de petites branches de feuillages en elles-mêmes très fines et légères ; mais dont le foisonnement peut laisser une impression, sinon de confusion, du moins de recherche de l’extrême détail. Une famille de relieurs, les Eve sont la source de ce style ; il opère la transition vers le XVIIe.

Les semis, principalement sur les livres des souverains. (ci-dessous Henri III)
Dos à la grotesque, c’est la répétition harmonieuse d’un seul motif.
Fers le Gascon (ci-dessous).
Les tortillons et les fers le Gascon s’intégrent aux décors à la fanfare, les tortillons sont les motifs privilégiés des dos à la grotesque.

Les décors à l’éventail, les fleurons sont inscrits dans des cadres géométriques (ci-dessous, NDLR : voir également mon article sur la reliure à l'éventail)).
Au centre du plat un cercle complet auquel répondent aux angles des quarts de cercle. A un éventail entièrement ouvert s’opposent des quarts d’éventails.

Les décors à encadrement, improprement dits à la Duseuil ; il s’agit d’une bizarrerie de l’histoire : le relieur Augustin Duseuil est né en 1673, il a exercé au XVIIIe siècle ; ce type de reliure qualifie des décors apparus dès le début du XVIIe siècle. (NDLR : voir mon message sur Du Seuil)
Le plat du livre reçoit un encadrement de trois filets parallèles, l’intervalle entre chaque est asymétrique ; et aux quatre coins du cadre est poussé le même fleuron en direction des angles réels du livre.

Quelques fleurons XVIIe.
Quelques uns d’angles

Roulettes
Les dentelles, le XVIIe
La première réalisation est due à Luc-Antoine Boyet, relieur de l’imprimerie Royale.

Les reliures Jansénistes, le vide est de rigueur, seul le titre est présent ; les plats et le dos sont vierges.

Et... je vous propose de continuer demain avec les dorures du style 18ème et postérieures.

Xavier.

Merci Xavier, H


Pour en savoir plus , et les ouvrages consultés pour cet article
-Julien Fléty-La gravure des fers à dorer, Technorama. 1984
-Pascal Alivon-Styles et modèles. Guide des styles de dorure et de décorations des reliures. Arnoville, 1990, isbn : 2950453902
-Henri Béraldi-La reliure du XIXe siècle
-E.Quentin-Bauchart-Les relieurs 1500-1900, aussi en PDF ici :
-Louis-Marie Michon-Les reliures mosaïqués du XVIIIe
-Léon Gruel-Conférences sur la reliure et la dorure des livres, 1896

Pour écrire à Xavier : jaimeladoc at gmail.com

5 commentaires:

Bergamote a dit…

Merci pour cet article fort intéressant :)
Et vivement demain !

Anonyme a dit…

Très bel article. Qui pourrait en appeler un autre sur les caractères d'imprimerie.
Mais une question me taraude : quel est le nombre exact de Fers le Gascon ? :)
Sinon, le lien vers le document en PDF est inexistant. Et dans le libellé en bas de l'article : il est indiqué Reliures au lieu de Dorure.
Coquilles pour l'Histoire ?

Vincent.

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Le PDF du livre "relieurs de 1500 à 1800..." par Ernest Thoinan est accessible et téléchargeable via gallica. Je ne sais pas si Xavier parlait de cet ouvrage ou d'un autre ?
cordialement
PEL

Anonyme a dit…

Quentin-Bauchart n'est en effet pas l'auteur de : Les relieurs français (1500-1800) : biographie critique et anecdotique ; précédée de l'Histoire de la communauté des relieurs et doreurs de livres de la ville de Paris ; et d'une Etude sur les styles de reliure / par Ernest Thoinan. - Paris : E. Paul : L. Huard : et Guillemin, 1893. - 1 vol. (VII-416 p.) : ill. ; in-8.
disponible sur Gallica comme le dit PEL.
Xavier évoquait peut-être : Les Femmes bibliophiles de France (XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles), par Ernest Quentin Bauchart.
Merci à lui,
Intaglio

xavier a dit…

Bonsoir à tous,
Effectivement Intaglio le sieur Quentin-Bauchart n'est pas l'auteur "des relieurs", mais du livre "Les femmes bibliophiles de France XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles" dont je ne me suis pas servi pour cet article.
Je souhaitais citer "Antoine Ernest "Roquet" Thoinan : Les relieurs Francais 1500-1800", et qui est disponible ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1134116
C'est un ouvrage passionnant pour l'histoire de la reliure et des relieurs.
Le livre de Quentin-Bauchart est ici : http://www.superproxy.co.uk/cgi-bin/nph-superproxy_1100.pl/011110A/http/books.google.com/books=3fid=3dmqgMAAAAYAAJ&printsec=3dfrontcover&dq=3dles+femmes+bibliophiles&hl=3dfr
sur la même page vous avez Jean Gay et son très rare "quelques femmes bibliophiles" : http://www.superproxy.co.uk/cgi-bin/nph-superproxy_1100.pl/011110A/http/books.google.com/books=3fid=3dPoINAAAAQAAJ&pg=3dPP13&dq=3dles+femmes+bibliophiles&hl=3dfr
en attendant de trouver l'EO, je me contente du PDF.

Bien Cordialement
Xavier

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...