« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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vendredi 20 juin 2008

Débat : A quoi ressemblera le libraire de demain?

Amis Bibliophiles Bonsoir,

J'ai profité d'un jour de congé pour rendre visite à deux amis libraires parisiens: l'un (la jeune cinquantaine) et l'autre (la trentaine) viennent de mettre fin à leur activité professionnelle. Cela m'a fortement interpellé, vous savez mon rêve secret de devenir libraire un jour, et même inquiété. J'ai déjeuné avec eux puis nous sommes allés assister ensemble à une vente à Drouot, où un troisième libraire à acheté devant nous deux ouvrages (Blaeu et Buffon) pour 360 000 euros, sans les frais.
Ce n'est pas un scoop, s'il y a autant de bibliophilies que de bibliophiles, il y a autant de façons de pratiquer la librairie ancienne que de libraires. L'un voudra rester modeste et se contentera de "bouquins", l'autre voudra voir passer entre ses mains des livres sublimes et sera donc tiré vers le haut,..., un troisième ne jurera que par un pas de porte, un quatrième que par ebay et internet, quand un autre enfin utilisera tous ces canaux, ainsi que le catalogue et les salons.

Peu importe au fond, ce qui est inquiétant pour les bibliophiles est de constater que les libraires disparaissent, ce qui n'est jamais une bonne nouvelle. Plutôt que de s'interroger sur les causes de ce "mal", et de revenir encore et toujours aux mêmes récriminations : trop de charges (certes, mais les plombiers, eux ne disparaissent pas et ont eux aussi des charges...), la modernité ("internet fait chuter les prix et nous tuera tous", version moderne du "c'était mieux de mon temps"), le paracommercialisme (que certains libraires mêmes réfutent et dont on pressent souvent qu'il est critiqué pour avoir tari la source de livres bon marché achetés aux héritiers, voire aux bibliophiles eux-mêmes), le cours du pétrole, le trou dans la couche d'ozone et les mauvais choix du sélectionneur national... Plutôt que de revenir sur ces prétendues causes, plus ou moins légitimes, disais-je donc, quelles réponses les bibliophiles que nous sommes peuvent-ils apporter?

Qu'attendons nous des libraires? La considération, la possibilité de dépasser la relation commerciale et de nouer des discussions entre passionnés, de bons prix, oui, certes, mais encore? L'expertise, le conseil? Tout ceci est vrai, mais c'est malheureusement pas forcément lié à la pérennité d'une librairie : un libraire peut être passionné, passionnant, amical, abordable et se voir condamner à disparaître pour autant... Et l'avenir des libraires tient surtout à leur capacité à convaincre les bibliophiles de (re)-venir les voir dans leurs boutiques... ou ailleurs?
Justement, nous, vous qui êtes les clients de ces libraires, comment imaginez-vous le libraire "viable" de demain? Faut-il, comme certains libraires le réclament et l'écrivent même, créer un label "libraire de qualité ne vendant pas sur internet"? Au contraire, le libraire de demain va-t-il devoir délaisser les boutiques des beaux quartiers pour n'exister qu'en chambre, sur internet et dans les salons?

Vous bibliophiles, accordez-vous plus de crédit à un libraire ayant pignon sur rue? Nous, bibliophiles, ne sommes nous pas simplement des traqueurs de livres, qui n'accordons qu'une importance relative au libraire, qui ne devient alors que le guichet obligé pour accéder au graal?

Bref, comment imaginons-nous le libraire de demain? En ce qui me concerne, j'achète des livres partout où il s'en vend, je pense donc que le libraire de demain devra en vendre partout où il s'en achète, du Grand Palais à ebay en passant par d'autres moyens. En revanche, je ne suis pas attaché à la librairie en temps que lieu, et même si je regrette leur disparition, je ne pense pas que la qualité d'un libraire coïncide forcément avec l'épaisseur de la moquette de son échoppe... Le libraire de demain serait donc plus virtuel que réel? Mais alors où et comment se passeront les échanges avec les bibliophiles? Par email? Pourquoi pas! Sur les salons ou les marchés? Oui, aussi. Et les prix? Quels prix seront les prix de demain, je crois que je suis le seul de tout le blog à penser qu'ils baisseront ou stagneront, au moins pendant un temps... Etc, etc.

Vous, le libraire de demain, vous le voyez comment? Donnez-nous votre avis, que vous soyez d'ailleurs bibliophiles ou libraires, c'est tout aussi intéressant.

H

41 commentaires:

Bergamote a dit…

Pour ma part, deux cas de figure :
- je cherche un livre en particulier, direction internet où un moteur de recherche fera le travail pour moi.
- je flâne dans une librairie, sur une foire, un salon, un marché ou dans un hôtel des ventes, et là, un livre m'attire, j'ai un coup de cœur et (si le prix me convient, évidemment) je repars avec le livre en question.
Comme toi Hugues, j'achète des livres partout où il s'en vend.
J'imagine donc le libraire du futur ayant des "ramifications" partout où il peut vendre.

Ceci dit, le libraire spécialisé en gastronomie (par exemple) avec sa boutique ayant pignon sur rue, a toutes ses chances aussi...

Anonyme a dit…

Hugues,

Quelles sont les raisons qui poussent vos deux amis à arrêter ?

Hugues a dit…

Raphael,
L'un était en SARL avec 1 employé en plus de lui, l'autre en micro. Globalement, ils n'incriminent que peu les charges, ebay et le reste, comme peuvent le faire d'autres.
Pour eux, ce qui s'est avéré le plus compliqué a été de faire face à, je les cite :
1. Une crise de l'approvisionnement : il est devenu difficile de trouver de la marchandise intéressante commercialement en salles. C'est à dire de bons livres à prix faible, permettant de faire des marges acceptables en les revendant.
2. La raréfaction des livres de manière générale, je les cite : "maintenant on fait une vente cataloguée avec des livres qui passaient en vente courante il y a quelques années". Les ventes cataloguées amènent la concurrence des amateurs qui avant, ne savaient pas que les mêmes livres passaient en vente courante, où les libraires les achetaient à "bas" prix. Le prix s'élève une première fois.
3. La concurrence des autres libraires est devenue plus forte au moment des achats, en particulier en salles. De nombreux "petits" libraires sont apparus et font monter les prix en salles. Le prix d'achat monte encore.
4. Dans le même temps, les prix de vente ont baissé, en particulier à cause d'internet, qui induit deux phénomènes : il rend possible la comparaison des prix, qui était impossible ou presque avant, ce qui les entraîne à la baisse. La tentation est forte pour un libraire qui met un livre sur abebooks de regarder le prix de ses confrères et de proposer le sien 10% moins cher. Au final, c'est le prix global du marché qui a baissé, et qui semble-t-il continue à baisser, entraîné également par ebay.
5. Des bibliophiles nouvelle génération qui comparent les prix et paient moins rubis sur l'ongle que leurs aînés.
-> Au final, sur le plan économique, c'est un effet de ciseaux : les prix montent à l'achat et baissent à la vente, les libraires qui n'ont pas un cash-flow ou un stock suffisants pour alimenter la machine souffrent terriblement.
H

Anonyme a dit…

"T'es pas tout seul", Hugues !...

Je pense que rien ne changera, fondamentalement. Tout avancera, lentement, mais sûrement.
On pourrait, éventuellement, faire un parallèle avec les médecins : pourquoi deux médecins du même âge, de même taille, aussi beaux et intelligents l'un et l'autre, ayant reçu la même formation et exerçant dans la même ville, voire la même rue, la même spécialité, pourquoi, dis-je, l'un a un chiffre d'affaires du double de l'autre ? Je disais "éventuellement", car il ne faut pas oublier que la Librairie est aussi un commerce, ce que la Médecine n'est pas. Tout ça pour dire que certains sont doués pour ce qu'ils veulent faire, d'autres moins...ou pas du tout. Comme partout. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
Mais il est certain, qu'avec mes modestes 65 ans, dont environ 50 de bibliophilie "appuyée", je pense qu'être libraire est une vocation comme d'autres, avec ses exigences, dont on a déjà parlé ici (culture littéraire et technique indispensable, etc.)et avec ses risques : faut-il encore ne pas se contenter d'attendre le client, comme beaucoup l'ont fait ou le font. Les prix n'ont rien à voir là-dedans, ils évolueront comme celui du pain...au rythme des vagues successives des disparitions des générations de bibliophiles et des ventes de leurs bibliothèques, avec des années creuses et des années trop pleines. Je ne crois pas, à ce sujet, à la raréfaction de la "marchandise", comme certains libraires le disent, ni aux placements. Mes études historiques sur la Bibliophilie du XVe au XXe siècle m'ont démontré, pardon de vous contredire Monsieur Sourget, que les "placements" en matière de livres anciens, de qualité bien sûr, sont rarissimes. En pouvoir d'achat, il y a plus souvent des pertes que des gains substantiels. Ce n'est pas grave, entre temps l'amateur a bien profité, intellectuellement et socialement même, de chacun des amis de sa bibliothèque.
N'encombrez pas votre esprit de notions mercantiles périssables : jouissez pendant qu'il en est temps !

Hugues a dit…

Discours de bibliophile Jean-Paul... Un libraire est bien obligé de concilier passion et esprit mercantile.
H

Anonyme a dit…

En répondant à Raphaël, Hugues à tout dit. Que rajouter de plus ? Non seulement le billet pose remarquablement le problème mais en plus ce commentaire enfonce le clou. Le libraire est un intermédiaire, si la modernité (internet, eBay, sdv, etc.) fait que l'on peut se passer du libraire, alors ce métier disparaîtra. Et qu'importe que l'on ait la vocation d'être garde barrière lorsque les passages à niveau sont automatisés. Sint ut sunt, aut non sint.

Anonyme a dit…

Bonsoir à tous,
Petite remarque qui n'engage que moi qui ne serai jamais libraire : je pense que ces problèmes ne touchent que le "ventre mou" de la librairie d'anciens. Il suffit d'assister aux ventes pour se rendre compte que la tension des prix ne se fait que pour des exemplaires de bonne qualité sans atteindre l'exceptionnel. Résultat, certains paient (trop) cher des livres pour de petites marges quand d'autres paient (assez) cher de superbes exemplaires pour des marges qui leur permettent de (sur)vivre (et à juger aux chaussures de certains [mon autre vice] ils ne font pas que survivre).
A l'inverse le vendeur de "bouquins" fera de jolies prises pour une mise de départ modique (vu récemment en salle et sur ebay ensuite, un lot d'une quarantaine de livres vendu 40 euros avec un volume revendu 750 euros ensuite, ce qui est de bonne guerre, la faute retombant sur l'expert).
Pour ma part, j'achète désormais le plus souvent lors de ventes car (à condition d'y consacrer un peu de temps) on peut s'acheter des livres qui nous échapperait (en tous cas à moi) sans cela et chez les libraires.
C'est un modèle économique classique qui s'installe (compte-tenu des conditions nouvelles) dans la librairie ancienne : seuls survivent les grossistes (je revends 3 fois le prix d'achat un gros volume de livres que je n'expertise pas) et les distillateurs de raretés au marché restreint mais viable car fondé sur leur raison d'être.
Une remarque pour terminer, je rencontre de plus en plus de libraires qui se sont "dématérialisés" : les coûts devenus trop importants ils vendent soit sur Internet et sur les Salons soit dans une étude qui n'a pas pignon sur rue.
Bien à vous tous,
Olivier

Anonyme a dit…

Dieu que cet homme s'exprime bien !
On sent qu'il a lu de grands auteurs !

Tout a été dit et bien dit, et comme l'a souligné Jean-Luc le clou est enfoncé. Et il ne risque pas de ressortir de si tôt.

A vrai dire je ne me sens pas de taille pour philosopher sur le sujet et rester à la hauteur des propos ci-dessus.

Je dirais simplement la chose suivante. Que chacun dans son domaine essaye de faire du mieux qu'il le peut et "peut-être" (je dis bien peut-être) qu'il sera récompensé par un succès. Rien n'est moins sûr cependant. Mais essayer de mettre toutes les chances de son côté est le minimum à envisager pour essayer d'avoir une actvité commerciale viable. Quelle que soit l'importance de la librairie d'ailleurs.

En fait il faudrait discuter de ça autour d'une bière... peut-être samedi à St-Sulpice, où nous verrons de bons libraires avec de beaux livres, certains qui survivront et d'autres qui mourront... c'est la vie.

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Olivier,
J'ai bien peur que ce que vous appelez le "ventre mou", ne représente la plus grande partie des libraires et que c'est bien ça le problème. Inutile d'évoquer ici les libraires de haut niveau, cela revient quasiment à parler des difficultés des agriculteurs français en évoquant Monsanto...
La question ne se résume pas seulement à "bien acheter, mal acheter", et en plus ce serait insultant pour les libraires, dont on résumerait le métier à celui d'intermédiaire.
Pour ma part, je pense que pas mal de libraires ont compris trop tardivement l'intérêt d'internet et que ce retard les tue lentement aujourd'hui. Le petit monde de la librairie "n'assume" pas internet : ceux qui vendent ou achètent sur ebay le font sous un faux nez, les sites des libraires sont mal faits, pas remis à jour, etc.
Ils ont regardé le train passer en s'en gaussant, et maintenant ils courrent derrière. C'est dramatique, mais finalement, c'est sans doute un processus de sélection naturelle... Nous verrons bien ce qui en ressortira. Pour les prix, je partiellement d'accord avec Hugues : les prix continuent de monter en salles, mais les prix de vente en librairie s'affaissent et les libraires sont contraints de rogner sur leurs marges.
Etienne

Anonyme a dit…

Internet a tout simplement sonné la fin des profits plantureux et de l'escroquerie à la petite semaine qui régnaient jusqu'ici dans le sale milieu. Des libraires qui volaient littéralement des héritiers en leur proposant des montants ridicules (vu de mes yeux : une Encyclopédie complète avec ses 11 volumes de planches en in-folio de 1751-1780, pour laquelle le margoulin - un des mieux vus de la place - a osé proposer 750 euros) sont appelés à disparaître, et j'ai envie de dire - je dis : Enfin ! Les bandits de grand chemin, qui ne vivaient qu'à la faveur de la dispersion de l'information, iront bientôt exercer leurs talents dans d'autres secteurs, notamment la vente de machines à fabriquer des dollars ou l'organisation de loteries au Nigéria. Les autres, ceux qui ne volent par leurs acheteurs et leurs vendeurs, trouveront toujours de la marchandise et des personnes pour l'acheter.

Anonyme a dit…

Oserais-je dire "bien d'accord avec vous" Kmachtens ? ...
J'ai un discours de bibliophile, Hugues, qui connait tellement bien les libraires d'anciens..veux-tu des noms ?

Hugues a dit…

Qu'est ce qu'on fait alors? On sort le goudron et les plumes ou on leur propose à tous une décollation au massicôt en souhaitant que Dieu reconnaisse les siens?
La vraie question du débat, et vous la soulevez sans y répondre, c'est "qu'est ce qu'on fait pour réduire cet écart grandissant entre bibliophiles et libraires avant qu'il ne soit trop tard"... et comme je suis bon prince, vous l'avez remarqué, je ne considère pas que ce soit au bibliophile, qui reste le client, de s'adapter mais au libraire...
Qu'est ce qui vous rabibocherait avec les libraires, quels seront les libraires qui l'auront compris et s'en sortiront demain?
Le petit côté effarant, en vous lisant, et vous savez que je suis d'accord avec vous, semble être la rancoeur des bibliophiles vis à vis des libraires, ces derniers ayant plumé les premiers pendant trop longtemps...
Ca y est, c'est déjà trop tard, ebay, internet, salles et manque d'adaptation vont tuer ce qui reste de libraires?
Snif.
H

Gonzalo a dit…

Hugues... Comment peux-tu poser cette question alors qu'on a pu lire maintes fois sur le blog (et sous ta plume informatique) que les prix des libraires étaient excessifs et que les seuls endroits où l'on pouvait faire des affaires étaient les salles des ventes.

Tu demandes ce qui nous "rabibocherait avec les libraires", mais tu encourage tes lecteurs à les fuir!

Je ne dis pas que tu as tort! Je dis juste que je ne comprend plus très bien ta logique.

Gonzalo-qui-rêve-d'être-libraire.

Anonyme a dit…

Ceux que je connais et qui rêvent d'être libraires, sont exactement aux antipodes de la librairie qui, jusqu'à présent, "a plumé les bibliophiles en les prenant pour des ignares en la matière" : juste retour de manivelle, et ce n'est pas Bertrand qui me contredira, car sa démarche n'a rien à voir avec celle des libraires que j'ai connus...sinon, je n'oserais pas m'épancher ainsi sur le sujet.

Hugues a dit…

Tu m'as mal compris Gonzalo, j'ai maintes et maintes fois dit et écrit que les libraires jouent un rôle capital et central dans la bibliophilie.

La question des prix est importante, mais pas essentielle pour moi, puisque des libraires savent aussi avoir des politiques de prix pertinentes, sur internet, d'ailleurs, ou ailleurs.
Dans ce message, je ne tirais pas sur les libraires, au contraire, je présentais les raisons de leurs difficultés actuelles et espérais que le libraire de demain serait plus en phase avec le bibliophile.

Si tu veux mon avis, une bonne fois pour toutes, le voici : les libraires sont capitaux pour la bibliophilie, et je pense que le problème qui se pose, n'est pas forcément celui des prix, mais celui de la relation du libraire au bibliophile et au marché. Pour moi, le libraire a trop longtemps méprisé une grande partie des bibliophiles et aujourd'hui, alors que les bibliophiles s'affranchissent de tout ceci, notamment via internet, le retour de bâton est violent.

Il ne faut pas confondre les prix en salles plus attractifs, et l'opinion que j'ai du libraire. La notion de "libraire" dépasse le débat du prix.

Tu m'as mal compris, vraiment. Le fond du problème, à mes yeux, n'est pas le prix, mais l'évolution du métier.
H

P.S. : Jean-Paul, tu as raison, une nouvelle génération de libraires se lève, plus en phase avec les réalités du marché et les attentes du bibliophile, la preuve, ces libraires acceptent de parler avec les bibliophiles en dehors d'une relation commerciale. C'est revigorant!

Anonyme a dit…

C'est vrai que c'est revigorant, car, contrairement à ce qu'une minorité d'entre nous pensent, le libraire est le pivot central de la bibliophilie. Mais jusqu'à présent, tout au moins depuis une trentaine d'années, il existait une espèce de suspicion entre libraire et bibliophile : on le voit encore aujourd'hui quand je lis que certains n'osent pas rentrer dans une librairie d'anciens bien tenue ou que certains libraires considèrent, par exemple vécu, que les bibliophiles qui écrivent marchent sur leurs platebandes. Cela est en train de changer : les nouvelles techniques de communications et d'investigations obligent les uns et les autres à plus d'humilité. Quant à la réussite des libraires, je maintiens que c'est une question de culture, d'éducation et de prise de risques : certains, et ils sont nombreux, ne sachant pas où se trouve la frontière entre bouquinerie et bibliophilie, démarrent si mal qu'ils doivent abandonner quelques années après ; c'était alors pour moi une évidence...pourquoi pas pour eux ?

Anonyme a dit…

Haaaa Kmachtens, Kmachtens, Kmachtens, Kmachtens... Que votre exemple soit authentique, c'est possible, mais généraliser en qualifiant le monde de la librairie de "sale milieu" où se font des "profits plantureux" et des "escroqueries à la petite semaine"... c'est plus que caricatural, c'est dramatique.

Et Jean-Paul qui approuve. Nous y voilà, au point de rupture entre bibliophiles du XXI siècle et libraires.

Non seulement le bibliophile moderne phantasme un libraire qui achèterait ses livres quasiment au même prix qu’il les vendrait, prenant au passage 20 ou 30 euros pour avoir servi d’intermédiaire. C’est bien ce que sa tâche mérite , un pourboire. Et encore, bien heureux qu’on lui donne la pièce au libraire : quoi de plus sot que d’acheter ici pour revendre là ! Libraire, voilà bien un faux métier à la portée du premier venu connecté à internet !

Mais en plus, en a-t-on vraiment encore besoin de ces parasites ? Rechercher la cote et l’intérêt d’un ouvrage, je peux très bien le faire moi-même. Je vais sur abebooks, je prend le prix le plus bas proposé, je recopie les commentaires sur le livre, et me voilà devenu libraire moi-même. Durée du stage ? 15 minutes.

Cet état d’esprit, le libraire de 2008 y est confronté tous les jours. Ca use. Beaucoup mettent la clef sous la porte, d’autres résistent. Les salles des ventes ont fait leur choix, celui du profit, en distribuant leurs catalogues sur le net, en déplaçant les ventes le week-end. Pour les nouveaux commissaires priseurs, le libraire est un intermédiaire aussi superflu que le fut le propriétaire d’une galerie d’art : le bibliophile achète mieux et avec plus de fréquence. La machine à tuer les libraires est donc en marche, rien ne pourra l’arrêter.

Pour répondre à la question de l’évolution du métier, cher Hugues, voici mon diagnostic : septicémie généralisée à court terme entrainant subsidiairement la mort de la librairie ancienne. SAUF si il se créé une relation de complicité entre bibliophiles et libraires, les bibliophiles acceptant de payer un bon prix le service qu’offre le libraire. Mais ne nous y trompons pas, le problème vient moins de ce que sont vraiment les libraires que de l’image qu’en ont les bibliophiles modernes. Que ceux qui en doutent encore relisent Kmachtens.

Hugues a dit…

Tu as raison Jean-Luc, les bibliophiles abusent aujourd'hui là où les libraires abusaient hier, mais il faut vraiment se garder des généralités. Et puis les bibliophiles ont autant d'idées reçues sur les libraires ("qui sont tous des intermédiaires qui se rémunèrent grassement en escroquant des veuves"), que les libraires en ont sur les bibliophiles ("qui sont tous des imbéciles, près de leurs sous et mesquins en plus...").
La solution reste dans le dialogue, mais celui-ci, entre bibliophiles et libraires, on le voit, est réduit au strict minimum... C'est dommage, ce serait déjà un premier pas vers la complicité.
Mais ne nous y trompons pas, le jour où il n'y aura plus de libraires, la bibliophilie sera très mal en point.
Ce qui est inquiètant, c'est qu'on a l'impression que le fossé se creuse...
Bon, soyons pratiques, si libraires et bibliophiles discutent aussi sympathiquement sur le blog, j'aurais apporté mon frain de sable à l'édifice. C'est déjà ça.
H

Pierre a dit…

Hugues perd deux bouquinistes à Paris ; larmes. J’en retrouve cinq dans la cité du livre qui s’organise près de chez moi ; sourires.

Quelquefois le libraire ne disparaît pas complètement mais réapparaît dans un environnement qui lui est plus favorable (zone franche, loyers modiques, soutien local). Son caractère naturellement anarchiste s’est civilisé. Certains se regroupent….

Il devient pragmatique et comme le bibliophile qui utilise tous les outils qui sont à sa portée pour acheter ou vendre il fait de même mais à temps complet. Cela lui donne un temps d’avance sur nous ! Combien de lots de jolis ouvrages sont-ils passés en salle de vente, sur Ebay ou sur des vide-greniers à mon grand désespoir pendant que je travaillais ! C’est en ceci que le libraire « d’anciens » est incontournable (je parle pour les bibliophiles qui ne sont pas retraités…). Je dois admettre que leur réputation en tant qu’acheteur est sulfureuse tant on leur prête une absence totale de scrupules quand il faut berner un particulier impécunieux. Je répondrais qu’ils ont peut-être des scrupules (c’est un peu court, me direz-vous…) et que je me vante, moi aussi, de quelques chopins honteux…

Ne resteront dans les grandes villes, peut-être, que des professionnels spécialisés dont la clientèle exigeante sur le choix et la qualité des ouvrages le sera moins sur le prix ; ils ont de la chance ! Bien d’accord avec vous pour dire que le prix n’est pas le problème principal à prendre en compte en face du bibliophile.

Mais pour les autres ? Pour tous les autres qui achètent des ouvrages simplement parce qu’ils n’ont pas été réédités, parce qu’ils leurs rappellent un souvenir, un voyage, un proche ou un parent, parce qu’ils étaient en vacances, parce qu’ils coûtent moins chers que l’exemplaire neuf, parce qu’ils sont collectionneurs… Pour tous ceux-la, le prix est important et c’est la courtoisie et la compétence de ce libraire qui assurera la vente. Internet n’est pas encore de taille et j’ai bon espoir dans les reconversions hasardeuses de certains lecteurs du blog !

Bon, je viens de me relire… c’est un peu confus mais si je développe, je suis obligé de vous offrir une autre bière…

Cordialement. Pierre

Anonyme a dit…

Je n'approuvais que l'élimination des "mauvais" ! Les "bons", j'achète chez eux depuis près d'un demi-siècle, car ma génération a quelques réticences à acheter sur le net (vois mes commentaires sur les soi-disant bonnes affaires régulièrement présentées sur ebay). Honnêtement, cela m'est arrivé deux ou trois fois pour des ouvrages que je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer ou parce que je ne pouvais pas laisser partir ces ouvrages à si bas prix...Les libraires m'ont été et me sont indispensables ! Je n'ai jamais eu d'autres prétentions que de partager avec eux nos connaissances sur les objets de notre passion commune. Car les "bons" libraires, vous le savez comme moi, sont bibliophiles et sont des gens cultivés. Quoi qu'il en soit, je ne fréquente que ceux là.

Anonyme a dit…

Le blog en tout cas est bien vivant! Ca fait plaisir de retrouver ses débats!
T.

Anonyme a dit…

Le malaise est bien visible en effet entre bibliophiles et libraires, il n'y a qu'à compter les libraires qui participent activement à ce blog pour s'en rendre compte.

Je trouve cela très dommage et montre bien à quel point le libraire, le grand, le fort, l'intouchable libraire d'hier ne veut en aucun cas participer à la vie du bibliophile.

Mais je le redis ici encore une fois pour ceux qui ne m'auraient jamais lu ici, je suis un bibliophile amoureux des livres avant tout, et même si chaque fin de mois j'aime mieux être en créditeur qu'en débiteur à la banque, je peux vous garantir que l'argent n'a jamais et ne sera jamais le premier moteur de ce métier pour moi. Me croirons ceux qui voudront, mais je prétends qu'on peut réussir dans ce "métier" (modestement certes), si, et uniquement si, la passion vous anime de la pointe des orteils jusqu'à la racine des cheveux (pour ceux qui en ont encore...).

Prétentieux ? non. Mais faire libraire de livres rares "comme papa", c'est une chose qui ne fonctionnera bientôt plus et c'est tant mieux.

Un libraire new age,

Bertrand

Anonyme a dit…

Autre chose (au risque d'en choquer plus d'un).

Je crois qu'il va falloir définitivement faire une différence essentielle entre "bouquiniste" (au sens vendeur de livres d'occasions) du librairie de livres rares qu'on appellera "libraire de livres de collection" si on veut ou "bibliopole" ou "bibliopolist" (pour les anglais) spécialisé dans le commerce des livres rares.

Au début de mon activité je ne faisais pas bien la différence entre les deux termes, ne croyant pas à cette prétendue scission entre bouquiniste et libraire, aujourd'hui je suis bien obligé de revoir mon jugement. Ces deux métiers sont totalement différents même si les deux s'occupent du livre. D'accord ? Pas d'accord ? A vous de dire mais je crois pouvoir dire que cette différence flagrante.

Amitiés, Bertrand (modeste bibliopole mais bibliopole quand même)

Anonyme a dit…

D'accord, Bertrand, je l'ai dit plus haut à propos de la frontière qui sépare les deux fonctions.Sujet intéressant, mais il est trop tard pour moi pour développer.

Pierre a dit…

Voila enfin quelqu'un prêt à appeler un chat, un chat !

Il est vrai que je me vante à tort de côtoyer des "libraires d'anciens" alors que mes priorités m'ont toujours conduit chez les bouquinistes... Dans mes rêves de reconversion hasardeuse, je ne manquerai pas, à l'avenir, de remplacer au fronton de ma boutique le terme de bibliopoliste (que je trouve rigolo) par le terme de bouquiniste qui me plait bien.

Est-ce qu'on peut rester bibliophile si on achète des livres chez des bouquinistes?

Question à Bertrand : Est-ce qu'on trouve des bons brochés en EO à trois balles chez un bibliopoliste ?

Désolé, mais avec tout mon respect et mon amitié !

Pierre

Anonyme a dit…

Pour préciser ma pensée Pierre,
je pense qu'il faudrait différencier celui qui ne vend QUE des livres d'occasions en tant que tel, sans précision d'EO ou autre considération de tirage ou d'auteurs, un vendeur de livres d'occasions.

Quand aux EO sur beau ou môche papier que vous pourriez trouver chez moi, la différence que j'y mets, c'est sans doute dans le fait que JAMAIS je ne vends un livre sans en savoir le maximum avant même la mise en rayon.

Une question, Pierre. (et pour les autres aussi d'ailleurs) :

Que pensez-vous d'un "libraire" (professionnel déclaré) qui vend (peu importe le canal de vente, internet, catalogue, etc) un livre du début du XVIIIè siècle, 2 volumes in-4 plein veau, bon auteur, reliure bien conservée aux armes, et qui vend en disant simplement "reliure aux armes" ???

Est-ce un travail de "libraire" ou de "bouquiniste" ? Est-ce ni fait ni à faire ?

Amitiés bibliophiliques, Bertrand

Anonyme a dit…

Bonsoir à tous,
Tout d'abord un grand merci au créateur de ce blog, car au-delà d'articles sur de beaux ouvrages et de belles reliures, il permet et organise des débats sur une passion. Et lorsqu'on s'exprime librement sur des passions, elles avancent ...
Toutefois, j'avais interprété la question sur le fait que l'auteur du blog envisageait de devenir, un jour, libraire. Et comment peut-on, face à la multiplication des possibilités de vendre, en vivre.
Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue l'aspect commercial, pour vendre il faut une clientèle et la fidéliser. Le libraire est certes un intermédiaire important, mais il doit faire face à l'extension des possibilités d'achat des collectionneurs. A ce moment les questions sont : Comment s'approvisionner au meilleur prix?, quelle est la plus-value que peut apporter un libraire?, doit-il se spécifier sur un type de clientèle ou aborder plusieurs types de collectionneurs?
En bref, pour sauter le pas, il faut faire abstraction de sa passion et considérer les livres anciens comme une marchandise. Donc tout les moyens pour s'approvisionner et de commercialiser sont à étudier. Ensuite, il faut "profiler" la clientèle.
En ce qui me concerne, j'ai acheté principalement en salle, et quelquefois chez des marchands.Et depuis peu sur internet. Par contre, j'ai effectivement beaucoup appris par des libraires, et ce soit en discutant au cours de ventes, soit par leur catalogue. Avec internet j'ai également trouvé des infos, notamment les bilbiographies disponibles en lignes. Ce qui est une grande nouveauté. Auparavent, pour s'informer sur les livres, le seul interlocuteur était le libraire. Il était le dépositaire du savoir sur les livres, et beaucoup en ont bien profité, en achetant et revendant sans apporter de plus-value. D'autres ont permis, par leur catalogue, de faire circuler l'information. Je parle des libraires rédigeant des catalogues comprenant des notices détaillés des ouvrages vendus, donnant l'envie irrésistible d'acquérir un ouvrage.
Comme, j'ai commencé en voulant rester sur un plan commercial, parlons un peu des clients. Le blibilophile est souvent agé, il a commencé sa collection depuis longtemps, et il recherche des ouvrages de plus en plus précieux. Le libraire aime bien ce client, car il a souvent les moyens d'assouvir sa passion. Il présente bien et est bien accueilli. On est donc sur une base de commerce de luxe élitiste.
C'était la situation avant internet, mais plus l'information circule plus le secteur se démocratise (y compris avec ce blog). Toutefois, cela implique un effet pervers, le prix des ouvrages de moyenne gamme s'élève par la mutiplication des moyens d'achat.
Je l'ai constaté, car je n'avais pas acheté de livres depuis dix ans.
Vous êtes également plusieurs a écrire que ce n'est pas une question de prix. Je peux le comprendre, il s'agit d'une passion. mais il faut bien garder en tête que toute chose à un prix, basé sur un marché réglé par l'offre et la demande.
Bien sur je grossis le trait par moment. En enfin, au début de ma collection, je n'avais pa le look du bibliophile, et lorsque j'osais entrer dans une librairie ancienne, je sentais que le propriétaire des lieux aurait voulu me voir ailleurs, et n'avait pas envie de me renseigner de peur que je revienne. Contairement, à un portrait précédent, je n'avais pas envie de m'endimancher pour accéder à l'accès du saint graal. Par ailleurs ceal n'a pas dérangé des libraires qui m'ont invités chez eux pour voir leur collection privée.
Une chose m'étonne, aucun libraire n'a pensé à créer un groupe du style franchisé.
Bien cordialement, et longue vie à ce blog.

Anonyme a dit…

>En bref, pour sauter le pas, il >faut faire abstraction de sa >passion et considérer les livres >anciens comme une marchandise.

C'est là à mon avis une erreur fatale !

Ce n'est que mon avis et cela n'engage que moi.

PS : concernant les problèmes de rentrées dans les librairies cossues, c'est sans doute vrai (l'impression m'est déjà venue) mais n'oublions tout de même pas que le libraire, dès que le "bibliophile", "client", "amateur" (comme vous voudrez bien l'appeler) passe sa porte, doit savoir jauger en quelques gestes, coup d'oeil, etc s'il a à faire à un badaud, un curieux, un tout-à-tout, un bibliophile fin fou, bref, c'est aussi notre métier d'avoir un peu de psychologie pour savoir reconnaître sous les haillons le riche amateur (sourire). Les milliardaires ne portent pas tous des lunettes Yves-Saint-Laurent et des Weston au pieds... quelques uns se cachent sous les habits du pauvre... sisi si (il fallait le dire)

Tout ceci évidemment à prendre au cinquième degré... mais tout de même...

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Bien sur, il n'y avait pas que du premier degré dans mon avis :).
Et il est vrai que les livres permettent de rencontrer de des personnes de tout bord.
J'apprécie également votre site,je le trouve ergonomique et vos descriptions sont dutypes que j'évoquais. Il provoque l'envie.
Et pour la petite histoire, une partie de ma famille est originaire d'Alise Sainte Reine.
Bien cordialement.

Michel a dit…

Bonjour à tous, Je suis bibliophile depuis 40ans et libraire professionnel (entre-autre) depuis 15 ans ! Entre-autre car je n'arrive pas à en vivre...
J'ai découvert votre blog suite à un message de Hugue il y a quelques jours sur Livre-rare-book Je vous le donne en mille : pour intervenir sur une discussion de libraires qui pleurnichaient sur leur sort !
Votre discussion sur le sujet est plus qu'intéressante, mais force est de constater que seuls les libraires semblent être sur la sellette, alors que de temps en temps le comportement ou l'attitude de certains bibliophile ne me semble pas tout à fait digne d'éloges !!!
J'achète beaucoup de marchandise sur Ebay, et certains soi-disant bibliophile ont des comportements au moins aussi hautain, dédaigneux ou pédant que certains libraires " chics " de la place parisienne (avec lesquels je n'ai strictement aucune affinité par ailleurs)
Leurs descriptions utilise plus le copié/collé que leur connaissance du sujet et les reliures sont flattées à l'extrème : un cuir de mouton ordinaire y devient un prestigieux maroquin, etc...
La différence par rapport au professionnel sérieux, c'est que vous n'avez aucune garantie de reprise en cas de non conformité !!!
Je préfère parfois acheter chez un libraire PRO plus cher que chez c'est gens là...
Conclusion : autant de bon libraires que de mauvais client et vice-versa...
P.S. Dites-donc,c'est pas facile de rédiger un message dans une fenêtre de 6 cm de large !!!

Michel a dit…

Au fait, inutile de rajouter que j'ai horreur des libraires qui vendent sur ebay de manière anonyme (souvent les libraires chics di-dessus)leurs rogatons, omettant alors en toute connaissance de cause le fait qu'il leur manque le dernier volume de la série ou le frontispice gravé, etc ...
Au moins quand c'est un amateur qui fait un copié/collé pensant être devenu du même coup un libraire, je lui trouve des circonstances atténuantes et qu'il en accepte les conséquences.
Bon dimanche, ici sous la pluie de Souvigny de Touraine...

Michel a dit…

Au fait, inutile de rajouter que j'ai horreur des libraires qui vendent sur ebay de manière anonyme (souvent les libraires chics di-dessus)leurs rogatons, omettant alors en toute connaissance de cause le fait qu'il leur manque le dernier volume de la série ou le frontispice gravé, etc ...
Au moins quand c'est un amateur qui fait un copié/collé pensant être devenu du même coup un libraire, je lui trouve des circonstances atténuantes et qu'il en accepte les conséquences.
Bon dimanche, ici sous la pluie de Souvigny de Touraine...

Pierre a dit…

Bonjour,

A bien y réfléchir, je réalise que je n’ai découvert la bibliophilie, à travers la bibliopégimanie sa compagne, que quand mes moyens financiers me l’ont permis.
Mes achats restent néanmoins modestes et je traque le « chopin » par nécessité (et plaisir), c’est ainsi !
La limite restera néanmoins floue entre le bouquiniste qui se doit de former les futurs bibliophiles, les collectionneurs et les amateurs curieux et le … bibliopoliste (demander à Jean-Paul de trouver un mot dont la consonance soit plus harmonieuse) qui deviendra le spécialiste hypercompétent dont le prix légitimement exorbitant des ouvrages attirera le bibliophile aux tempes argentées et au portefeuille de la même couleur….
Le bouquiniste a bien évolué néanmoins grâce au bibliopoliste. Il y a quelques années, jamais il n’employait les termes « d’in octavo » ou d’ »in quarto » si mes souvenirs sont bons…

Bon ! Allons maintenant rejoindre, sous le soleil de Provence, Michel et son vélo sur les « raidards » qui mènent à Eygalière.
Pierre

Anonyme a dit…

Pour ajouter mon grain de sel à cette discussion passionnée, je dirais que le bibliophile n'est pas un être "raisonnable". Le milieu du livre ancien et rare , pour moi, fait partie de celui des antiquaires. Il ne peut bien fonctionner que si des chercheurs spécialistes consacrent leur vie à des études historiques. Nous leur sommes redevables de toutes nos connaissances, connaissances souvent transmises par les catalogues de libraires. Collectionneur depuis de longues années, je leur dois la plus grande partie de mon "savoir".
Tout ça pour dire que les libraires restent indispensables. Les arnaqueurs sont connus du milieu et peuvent être évités.
Un achat sur ebay est un achat solitaire qui n'a rien à voir avec celui effectué dans une librairie après une longue discussion et quelquefois longue négociation.

Hugues a dit…

Merci pour ces commentaires très intéressants. Je précise ma pensée concernant la notion de prix : quand je dis que le prix n'est pas un critère important, je veux dire que ce n'est pas le critère qui doit être pris en compte pour juger et estimer un libraire. On attends bien plus de son libraire que d'écrire un nombre au crayon de bois en haut à droite des gardes.
Mais c'est vrai que comme souvent sur les marchés qui vivent un peu moins bien, c'est le prix qui cristallise les débats.
En passant, on me dit que les prix montent et que tout va bien... mais ceux qui reçoivent des catalogues comme moi auront bien vu que les estimations des experts ont sérieusement baissé depuis deux ans, toutes choses égales par ailleurs... Non pas que le prix final baisse, encore que, mais surtout pour faire venir les gens en salles.
H

Anonyme a dit…

Il n'y a pas que les libraires qui ont à se plaindre d'un marché parallèle sur la toile : les commissaires-priseurs aussi ont des problèmes ...on ne vend pas que des livres sur ebay.

Anonyme a dit…

Si en plus il faut verser une larme sur les commissaires-priseurs, ne comptez pas sur moi!
Ah les bibliophiles et autres amateurs sont vraiment des rats!
Mais bon, ils faut dire que nous les avons tellement engraissés, ces commissaires-priseurs et ces libraires, pendant tellement d'années, une petite cure d'amaigrissement ne leur fera aucun mal.
Antoine

Anonyme a dit…

Voici la traduction par Gabriel Peignot l'épigramme XIII-3 de Martial :

"Ce recueil complet d'étrennes renfermées dans ce petit volume, te coûtera quatre pièces d'argent.
- Quatre ! c'est trop.
- Peut-être l'aurez-vous pour deux, et le libraire Tryphon y fera encore son profit..."

Peignot ajoute à la suite :

"Il paraît que les libraires à Rome ne surfaisaient pas plus leur marchandise que les nôtres". p. 15.

Extrait de "Essai historique et archéologique sur la reliure des livres et sur l'état de la librairie chez les anciens". Par Gabriel Peignot. Dijon, Victor Lagier (avec la marque au titre ex libris de Victor Lagier - voir article précédent sur le blog), Paris, Jules Renouard, 1834. In-8 de 84-(4) pages et 2 planches.

La situation bibliophile-libraire semble entérinée depuis l'antiquité ! Cela sera difficile de changer cela en quelques décennies. Mais c'est possible. Le Blog y contribuera pour une large part (s'il vit... 50 ans au minimum...)

Amitiés antiques, Bertrand

Anonyme a dit…

Quelle agressivité, Antoine !... Petits problèmes existentiels ?

Anonyme a dit…

Pas du tout Jean-Paul, mais si vous connaissez un peu le monde des ventes aux enchères, vous conviendrez que tout le monde a sans doute mieux à faire que de verser des larmes sur les commissaires-priseurs... Ah si, il y a bien une bonne raison, ils n'ont été en monopole que pendant 150 ans!
C'est fini... Sortez les mouchoirs!
Vous me pardonnerez, mais je préfère laisser le mien dans ma poche.
A

Anonyme a dit…

Certes, mais elles sont tellement nombreuses alors les professions dont on pense qu'on pourrait s'en passer...

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