« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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samedi 15 janvier 2011

La fin du Bibliophile.... Réponse à l'énigme: le "Quinti Horatii Flacci Opera" de John Pine... où quand le Bibliophile cherche à attenter à ses jours...

Amis Bibliophiles bonjour,

J'ai d'abord pensé à me mettre sous ma bibliothèque, à genoux, le front offert, et à l'agiter dans tous les sens pour les livres tombent, m'assomment et m'ensevelissent... puis j'ai imaginé m'ouvrir les poignets avec les (trop?) plats trop fins, effilés, d'un Trautz, ou alors ingurgiter sans répit et jusqu'au moment fatal les pages d'un Buffon in-4, la totale... Bref il fallait que j'en finisse. Mettre fin à tout ceci, cette mascarade...


Tout a commencé là où tout à toujours commencé: avec un livre. Bonne facture, intéressant sur le plan bibliophilique, bonheur de bibliopégimane (amateur de belles reliures), grand classique des beaux ouvrages du 18ème et qui de surcroît reste suffisamment original pour constituer une belle énigme pour le blog. 



Pour la réponse, j'attendais l'ami Ugo, et pour cause, puisqu'un cousin de cet ouvrage fût vendu à la vente Garnier, mais ce fût Martin qui surgît le premier (était-ce vraiment une surprise?). Son indice mît Montag sur la voie. Bref, l'ouvrage était identifié, il ne me restait plus qu'à présenter aux autres lecteurs les caractéristiques de cette acquisition récente. Elle faisait partie d'un lot, et je n'avais pas encore eu le temps de creuser l'affaire.

La gravure bien sûr me plaisait beaucoup, la question des souscripteurs m'avait interloqué, le relieur restait (et reste encore) mystérieux. Il n'y avait plus qu'à se pencher sur la question, et rédiger en même temps une jolie fiche.

  

Je pensais encore alors que tout ceci allait être un délice... Je cherche quelques informations, ça et là, je relis la fiche d'Ugo, je déglutis, j'ouvre précipitamment mon exemplaire, je re-déglutis. Malheur, misère... Mon exemplaire est parfait, il n'a pas l'erreur ("post est" versus "potest") dans le portrait de César. Il est parfait... trop parfait hélas puisqu'il est de fait de second tirage... Un exemplaire sans erreur. Quelle horreur. J'imagine déjà Raphael qui jubile, Lauverjat qui rit sous cape... Je suis refait. 

Il ne me reste plus qu'à vous présenter l'ouvrage, répondre à l'énigme et boire le calice jusqu'à la lie.

 


La réponse à l'énigme est en effet l'un des plus célèbres ouvrages gravés du 18ème siècle, le "Quinti Horatii Flacci Opera", gravé et publié par John Pine en 1733 (premier volume) et 1737 (second volume). 2 volumes in-octavo (264 et 192 pp) en plein maroquin de l'époque, très richement orné et sortant probablement de l'un des meilleurs ateliers de l'époque. L'ouvrage est entièrement gravé sur cuivre, imprimée sur grand papier (texte et illustrations) et contient deux frontispices et une magnifique iconographie: gravures, ornements, vignettes, cul de lampe. Il est vraiment splendide (en premier tirage, j'entends bien... même si le second tirage ne s'en sort pas trop mal).


C'est la page 108 du second tome qui permet de distinguer les deux tirages: dans le 1er tirage, le portrait de César en médaillon comprend l'inscription "Post Est", alors qu'il fait bien entendu lire "Potest", erreur qui sera corrigé dans le second tirage. 


Le tome 1er lui, n'a connu qu'un seul tirage, ce qui est quand même une petite consolation.

John Pine (1690-1756) pourrait bien avoir été l'élève de Bernard Picart, l'une des autres sommités de l'époque. Il était en tout cas le meilleur graveur anglais de son époque et cet Horace est vraiment somptueux. 




Les souscripteurs ne s'y sont pas trompés, notamment les libraires, puisque la liste s'est allongée entre le premier et le second tome.

H

Merci à Ugo pour la belle fiche de la vente Garnier, utile, trop utile..., enfin merci à Célia...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Sacré bonhomme au post-it, va.

Montag

Anonyme a dit…

bonjour,
très bel exemplaire!
je ne sais pas pourquoi mais cet ouvrage est très souvent très bien relié : il en existe même un certain nombre en maroquin mosaïqué...
cordialement,

Wolfi

Hugues a dit…

Ce n'est pas très étonnant Wolfi, surtout qaund on voit la liste des souscripteurs.
H

Gonzalo a dit…

>> "je ne sais pas pourquoi mais cet ouvrage est très souvent très bien relié : il en existe même un certain nombre en maroquin mosaïqué..."

Ha ha ha ! :o)
Allons Hugues : pas la peine de te faire des illusions! ton exemplaire n'est qu'un piètre bouquin, de second tirage, dans une reliure finalement pas si bonne que ça.
Franchement, tu devrais t'en débarrasser. (je suis preneur...)
;o)

Pierre a dit…

Ces deux ouvrages sont vraiment magnifiques.Il s'agit vraiment d'une belle acquisition et quand on y pense, une édition sans erreur de typographie est sans nul doute préférable à une version avec des fautes, non ?

La recherche d'erreurs est un travers de collectionneur. La possession d'un exemplaire parfait devrait ravir l'amoureux des livres... Pierre

Textor a dit…

Faut admettre que la reliure est sympathique mais celle de Lauverjat présentée en Mars 2009 m'aurait plu davantage :(

Les oeuvres d’Horace (Quinti Horatii flacci Opera) gravées sur cuivres et illustrées, à Londres chez John Pine 1733-1737, 2 tomes en un volume in-8 sont reliées par Padeloup le jeune en plein maroquin olive aux armes de Philippe-Laurent de Joubert trésorier du Languedoc et bibliophile.

Textor

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