« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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lundi 2 mai 2011

L’exposition Geoffroy Tory au Musée national de la Renaissance.

Amis Bibliophiles bonjour, 


Le Musée national de la Renaissance est installé à Ecouen dans le château que fit construire le connétable Anne de Montmorency, Grand Maître de François Ier. Il était donc tout désigné pour accueillir l’exposition, toute bibliophile, organisée conjointement avec la BnF sur Geoffroy (sic) Tory. 


Disons tout de suite que cette exposition dans trois salles du rez-de-chaussée du château est une brillante réussite. On ne se moque pas du visiteur. La mise en scène, passée l’acclimatation au faible niveau de lux, est séduisante. Les cartels lisibles, les explications limpides, les pièces présentées extraordinaires. 


Pour connaître un peu le sujet, j’affirme que les commissaires de l’exposition ont bien travaillé et bien fouillé les réserves des bibliothèques publiques et privées. Presque 150 livres s’offrent à vous, et pour plus de clarté les commissaires n’ont pas hésité à exposer plusieurs exemplaires du Champ fleury pour les ouvrir à différentes pages ou présenter leurs reliures. 

Colophon du champ fleury

Sept exemplaires de ce livre de 1529 se trouvent ainsi réunis en un même lieu, ce qui n’a pas dû se produire depuis fort longtemps. L’exposition est bien conduite depuis les origines de Tory, en passant par son influence sur l’illustration (en particulier des livres d’heures), l’aventure du Champ fleury, l’imprimeur du roi pour se terminer par la reliure. Toujours, les exemples d’inspiration ou des contre exemples contemporains sont présentés simultanément. 

Parmi d’autres, voici quelques pièces remarquables: le manuscrit des verrines de Cicéron, doté des ex-libris de Robert Gaguin, Geoffroy Tory et Jean Grolier, les heures de Tory imprimées par Simon de Colines en 1525 et offertes en mariage à Robert Estienne et Perrette Bade, enrichies d’un frontispice enluminé inspiré de la marque de Josse Bade, le père, représentant des imprimeurs au travail, les heures de Tory de 1531 ornées d’une planche dépliante à double page du “triomphe de la Vierge Marie” inspiré des triomphes du songe de Poliphile, les reliures “au pot cassé”. Pour un passionné deux bonnes heures de visite sont nécessaires.

Le Sacre & Coronement de la Royne... Tory, 1531, (collection privée)
Marque au pot cassé (collection privée)
Enfin deux remarques infimes en forme de post-scriptum, vous aurez noté que l’exposition a fait le choix moderne d’écrire Geoffroy avec deux f, ce que ne fît jamais Tory, ensuite l’avis d’une visiteuse d’Ecouen qui avait vu les affiches dans le métro mais n’y avait pas prêté attention, Tory lui étant inconnu, elle venait seulement pour le Musée et regrettait que l’exposition n’ait pas opté pour un titre plus évocateur ou simplement pour son sous-titre.

Reliure au pot cassé
Le catalogue: 

À l’occasion de cette exposition la rmn-Grandpalais édite un catalogue collectif, "GEOFFROY TORY, Imprimeur de François Ier, graphiste avant la lettre.” 


Cet In-4 sous jaquette rempliée illustrée des caractères du Champ fleury, compte 158 pp. Les articles sont signés Stéphanie Deprouw, Olivier Halévy, Magali Vène et Fabienne Le Bars. Les chapitres traitent “de Bourges à Paris en passant par l’Italie”, “des livres d’heures d’un genre nouveau”, “à travers Champ fleury norme typographique et imagination visuelle”, de l“imprimeur du roy” et de “Geoffroy Tory et la reliure”. L’illustration en couleurs est abondante et le papier d’un fort grammage non glacé agréable. Comme il se doit dans un catalogue d’exposition toutes les oeuvres exposées sont décrites. Une bibliographie générale clos l’ouvrage, où on note avec un pincement au coeur une référence à la Nouvelle Revue des livres anciens.

Un ouvrage à acquérir en tous cas!

Lauverjat

6 commentaires:

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

J'ai acheté cet ouvrage au Grand Palais. Les encres utilisées sont à mourir d'intoxication .... tout comme celles utilisés par les catalogues Pierre Bergé et d'autres encore... à croire que les encres modernes se veulent bibliofuges !! (sourire).

Le livre est très beau.

B.

Textor a dit…

Merci Lauverjat pour ce compte-rendu qui donne envie de se précipiter à Ecouen. Ahrrgue, il n'y a pas assez de jours fériés en Mai !
J'ai feuilleté le catalogue au Gd Palais, il est fort bien illustré mais je me suis dit que je l'acheterai in situ.

Textor

Pierre a dit…

Merci, Lauverjat pour cette visite commentée.

Où l'on se dit que les habitants de la région parisienne ont beaucoup de chance de pouvoir occuper leurs week-end pluvieux ;-)) Pierre

Textor a dit…

Pierre, si vous voulez lutter contre la sécheresse du sud, il faut prier Ste Wiborade !! :)

T

Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus a dit…

Remarques judicieuses. Geofroy et moi-même sommes horrifiés par ce deuxième "f". Avec l'article de Gilles, la bibliographie est au moins à jour.

Anonyme a dit…

Cette exposition est effectivement une réussite.
Je vous recommande la promenade à travers la forêt pour rallier le chateau depuis la gare SNCF.
Après avoir visité l'exposition, acheté et lu le catalogue, je n'ai qu'une envie : y retourner!
Aimée

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