« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mardi 12 mars 2013

Les différents types de reliure: la reliure à la médaille


Amis Bibliophiles bonsoir,

Le catalogue numéro 63 de la librairie Michel Bouvier offrait un bel et sobre exemple de reliure à la médaille.

Ce type de décor peu courant nous vient d’Italie où le royaume de France disputait ses intérêts. Il fut importé à Lyon tout d’abord, puis connut une vogue limitée au milieu du XVIe siècle, où il s’inscrivait dans le goût de l’antique.
Martial, Lyon, 1553, Librairie Michel Bouvier, cat n°63.
Les modèles les plus typiques représentent un portrait en buste de profil, doré dans un ovale serti au centre des plats de la reliure. L’effet recherché est celui d’une médaille ou d’un camée à l’antique. On note que les portraits gravés en frontispice adoptent à la même époque cette présentation, tout comme les médaillons en bas-reliefs de l’architecture.

Les médailles représentant Henri II sont les plus nombreuses. Hobson en dénombre onze variantes différentes sur 42 livres. Selon Devauchelle, Etienne de Laulne grava le modèle pour le relieur Claude de Picques.
Médaille Henri II, Christie's 7 octobre 2005
La bibliothèque du château de Chantilly conserve les Coutumes de Sens de 1556 ornées de la médaille du roi. Un exemplaire figurait à la vente Michel Wittock du 7 octobre 2005, la reliure  peut être datée entre 1554 et 1569 (ou 1559 date de la mort du roi).
Aemyle, Paris, 1550, Christie's, Michel Wittock n°1, 7 octobre 2005
Plus original, le livre de la librairie Bouvier porte une médaille qui pourrait représenter le poète Martial.

Cependant le sujet du médaillon n’est pas toujours un portrait, les reliures à l’effigie du roi Henri II présentent parfois au second plat une médaille du Triomphe de la France, Victoire ailée sur son char.  Les  reliures milanaises du début du XVIe siècle présentent des camées à sujets mythologiques, Jugement de Paris, Mucius Scaevola, nymphe et faune, etc.

La technique mise en œuvre est particulière et ne se contente pas d’un simple estampage du cuir. Une réserve est découpée au centre du plat et remplie d’un enduit ductile à base de plâtre et de colle (gesso). Cet enduit est estampé avec une matrice gravée en creux.  Après séchage l’estampage est recouvert de cuir et peint à l’or.
La Loupe, Paris, 1560, catalogue Pierre Berès,
manuscrits & livres du quatorzième au seizième siècle.
On utilise parfois le terme de reliure au médaillon mais ce terme est aussi utilisé  pour de simples estampages en forme de médaillons, d’autres incrustations (de parchemins ou d’ivoires peints) ou de simples mosaïques de cuir comme sur les reliures du XVIe siècle de la Librairie de Fontainebleau, pourvues des armes royales dorées sur une pièce de cuir mosaïquée, disposée en médaillon au centre des plats.

Toucher du doigt ce type de reliure reste exceptionnel. Pour vous consoler, vous pourrez, ces jours-ci, contempler un écho contemporain. Sous le numéro 62, la vente du 20 mars 2013 Binoche et Giquello, propose l’exemplaire “Les Chansons de Bilitis”   relié par Georges Mercier en 1930 et qui inclut au centre du premier contreplat une authentique médaille en bronze.
Reliure doublée de Georges Mercier, Binoche et Giquello 20 mars 2013
Lauverjat

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Une petite tasse d'érudition pour remplir le bassin. Merci Lauverjat.

calamar a dit…

merci, on apprend...
je suis surpris par la technique. On recouvre l'estampage après séchage avec le cuir ? je n'aurais pas pensé que c'est une matière assez souple pour le permettre.

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