« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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lundi 29 juillet 2013

Les Etats-Unis rendent deux livres anciens, volés à la Suède

Amis Bibliophiles bonjour,

Il s'appelait Anders Burius, il était directeur de la section des manuscrits au sein de la Bibliothèque Nationale de Suède.

Entre 1995 et 2004, Anders Burius, a dérobé 56 livres conservés dans les collections dont il avait la charge, avant d'être arrêté puis de se suicider après avoir confessé ses vols (pour une valeur totale d'environ 5 millions de dollars).

Plusieurs de ces ouvrages ont fait l'objet d'une enquête obstinée de la part du FBI: perdus du vue, puis retrouvés pour certains dans une vente Ketterer Kunst à la fin des années 90. Deux d'entre eux ont finalement été retrouvés et seront remis à la Bibliothèque Nationale de Suède: il s'agît d'une Description de la Louisiane, daté de 1683, et rédigé par le missionnaire et explorateur français Louis Hennepin, ainsi que d'une collection allemande d'illustrations de l'artiste américain Henry Lewis, imprimée à Düsseldorf entre 1854 et 1858.


C'est un libraire américain, Stephan Lewentheil, situé à Baltimore, dans le Maryland qui a du oeuvrer pour permettre la restitution: celui-ci avait acheté les ouvrages chez Ketterer, avant d'apprendre avec étonnement et par le FBI que les livres étaient volés.
Pour pouvoir les récupérer, Lewentheil a dû racheter à ses frais les livres qui avaient continué leur cycle auprès de particuliers.  « Tout délit est condamnable, mais pour moi, le vol de biens culturels est le pire, parce que c'est le patrimoine d'une nation que vous dérobez », assure-t-il.

On peut saluer sa conscience (professionnelle et personnelle), tout en notant, au passage et avec grand regret, que comme souvent ce sont les conservateurs qui sont parfois à l'origine de ces vols d'ouvrages qu'ils sont supposés protéger.

A noter que Burius, pour masquer ses vols, avait également dérobé les catalogues de la bibliothèque dans lesquels ils étaient référencés. Après enquête il apparu finalement qu'il volait des ouvrages depuis 1986 au moins, les revendant, contre un paiement en espèces, à des clients qui ne lui demandaient jamais d'où venaient les livres ou via la société de vente aux enchères allemande. Il enlevait d'ailleurs préalablement les marques d'appartenance.

Nombre d'entre eux furent écoulés via Ketterer Kunst, dont la légèreté surprend, tout comme surprend légèreté de la Bibliothèque Nationale de Suède, qui n'a jamais communiqué de liste de ces ouvrages volés...

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samedi 27 juillet 2013

Promenade de bibliophile: la visite du Musée de l’Imprimerie de Nantes

Amis Bibliophiles bonjour,

La visite du Musée de l’Imprimerie  de Nantes se révèle vite un incontournable du bibliophile.

Au centre ville, le musée est installé au premier étage de la Médiathèque grâce à la bienveillance de la municipalité mais dans des locaux trop petits pour accueillir l’énorme collection de son fondateur. Trois imprimeurs permanents animent et rythment la vie du Musée. Le jour de notre venue, Monsieur Philippe Bretaudeau sera notre guide. Compositeur typographe de formation initiale, il a suivi l’évolution frénétique et numérique du métier avant d’être appelé par le fondateur du Musée. 

Les après-midi il accueille les visiteurs à 14 h 30. 

Le musée ouvre cependant plus tôt et vous n’aurez pas trop de temps pour parcourir les collections sous vitrine où en situation. Tout y est de ce qui participe à l’art du livre. Rangs typo du XVIIIe, matrices et poinçons, typothèque « Caslon », lingotiers, caractères affiches en buis, composteurs, fers à dorer, palettes et roulettes, presses et massicots de relieurs, presses typographiques, lithographiques ou de taille douce. Hélas, l’atelier de reliure était inerte ce jour-là.

M. Philippe Bretaudeau et l'atelier taillle -douce

Rang du XVIIIe siècle et casse dite  Parisienne
La reliure
Le parcours guidé commence par la découverte des caractères mobiles, l’explication de la casse et l’évolution de la composition manuelle. La démonstration sur une presse à bras en bois reconstituée suit naturellement, puis celle sur une presse métallique type « Stanhope » du début du XIXe siècle, dite à un coup, où chacun pourra encrer la forme, poser sa feuille sur le tympan et tirer le barreau et son épreuve.

Au premier plan, presse de type Stanhope
Voici venu le temps de la composition chaude mécanique. La linotype (ici une Intertype) fond des lignes-blocs en relief pour une impression typographique, c’est une composeuse-fondeuse-distributrice. Le brevet initial de l’invention remonte à 1884.  Le claquettement de la distribution des matrices dans le magasin de la machine est inoubliable mais la compréhension de leur parcours demande un peu d’attention.

La « Typograph » est une composeuse-fondeuse étrange qui semble s’être accouplée avec la corbeille d’une machine à écrire, plus adaptée aux petites unités de production. La monotype nécessite un clavier séparé et perfore une bande de papier.  Dans un second temps,  la fondeuse lit cette bande et produit des caractères mobiles à grande vitesse. Le niveau sonore et l’agitation de cette machine complexe sont impressionnants. Chacun tiendra bientôt entre ses doigts quelques caractères encore chauds.

La « Ludlow »  est une machine mixte. La composition est manuelle, mais cette  fondeuse titreuse permet de réaliser des gros corps et vient en complément des autres moyens de composition. 

Les visiteurs restent éberlués de la persistance de ces machines, y compris dans la grande presse, jusque dans les années 1980. Tous se retrouvent enfin autour du marbre où je ne peux m’empêcher d’évoquer à part-moi, souvenirs personnels ou photos célèbres de l’express.

Les formes passent ensuite sur les presses modernes. Devant vous se réveille une platine « pédalette » à marge à main de marque « Minerve ». Machine universelle aux nombreuses fabrications et divers formats. Elle offre à chacun un poème en forme de calligramme typographique. Puis voici une autre presse platine à marge à main également mais électrifiée, de marque « Phœnix »  souvent utilisée pour la découpe ou le gaufrage, comme aujourd’hui, à cause de sa puissance.

La mise en mouvement de la monstrueuse machine à cylindre « Voiron » reste un moment fort de la visite. Le marbre est actionné par une énorme bielle au premier rang des spectateurs et passe en va-et-vient sous un cylindre « à temps d’arrêt ». Le tirage en grand format s’effectue sous vos yeux.

Presse à cylindre Voiron
L’exiguïté des locaux ne nous permettra pas d’entendre les sucettes des performantes et modernes presses « Heidelberg » par exemple ;  l’humanoïde et épatante platine « Ofmi » ou la robuste « KSB » cylindre.

Nous passons maintenant à l’impression lithographique, qui fait l’ornement de maints livres «modernes».  Devant nous un artiste peintre parachève son œuvre. Le temps passé à l’encrage et la préparation du tirage  sont indissociables de la qualité du résultat. La « bête à corne » s’anime. Nous terminons par l’impression rivale, en taille douce et ses différentes modalités. En l’espèce nous assistons au tirage d’un cuivre gravé à l’eau forte. 

Bête à corne lithographique
Chemin faisant on nous a ainsi expliqué la différence ente les points Pica et Didot, l’importance de la justification et l’usage d’une espace, la place de l’encre grasse et non liquide dans l’imprimerie, l’usage de la pelure, l’agrément des blancs, l’indispensable repérage, la complexité de l’imposition, l’ingéniosité de l’espace-bande, la nécessité d’humidifier la pierre litho et de la sécher à froid, les savants alliages plomb-étain-antimoine, les bois de bout et les bois de fil, la taille d’épargne, etc.

Le marbre
Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas préciser au lecteur ces quelques mots abscons qui émaillent votre propos ?

C’est qu’ils le font si bien à Nantes, allez-y et vivez les.  

Lauverjat

Merci au Musée qui a aimablement autorisé ces photographies.

Le Musée s’adosse également à une « Société des Amis du Musée de l’imprimerie»  ouverte tant aux particuliers qu’aux entreprises.
http://musee-imprimerie.com/index.html

jeudi 25 juillet 2013

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures et une sélection autour de la bibliophilie et des books on books avec quelques belles affaires à faire!

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/

En passant, j'ai ajouté de nouvelles catégories sur encheresbibliophiles.fr, si vous aimez la philatélie, le militaria, la numismatique ou les antiquités en général, vous pourrez retrouver sur le site les objets de ces catégories toujours classés par critères: les plus suivis, les plus chers, les plus enchéris.


Almanach Puce 1786 Plein maroquin


XVII EME ( MDCLXX 1670 ) officivm beatae mariae virginis nuper reformatum & PII

Les Bonnart [GRAVEURS] + Recueil de 8 GRAVURES ++ 1690-1700 + COULEURS du TEMPS 3 gravures rehaussées à l'OR et à l'ARGENT + In-4



MILITARIA/VAUBAN TRAITE DE L'ATTAQUE ET DE LA DEFENSE DES PLACES/1742

Almanach 1789. Plein maroquin rouge. Almanach : " les trois muses réunies "


BUFFON + Oeuvres, quadrupèdes, Oiseaux +1850+ 9 TOMES +105 PLANCHES AQUARELLées Précieuse édition illustrée, bel état

DUMAS fils.Sup reliure signée. Ex sur CHINE

Affaire Dreyfus Jeux de l'oie Document archive propagande antijuif antisémite



POLIORCETIQUE, TRAITE DE FORTIFICATION , 500 PAGES À LA MAIN, 1784 , MILITARIA

Livres anciens - XVIIème - XVIIIème - CURIOSA - GRAVURES - BELLES RELIURES

Pia Desideria de Hermann Hugo 1632

PETRARQUE ++ Oeuvres ++ Lyon, 1550 + ILLUSTRé ! + & Aux ARMES du SAINT EMPIRE !! Très rare impression en 1er tirage, reliure armoriée !


Zwinger & Ardouin ++ DES POISONS ++ Bâle, 1562 ++ In-FOLIO ++ Empoisonnements ! Rare imperssion ++ classique sur les poisons , ARSENIC

TRAITE HISTORIQUE DES DIEUX ET DES DEMONS DU PAGANISME BINET 1696

INTROUVABLE ++ Plaquette sur NAPOLEON BONAPARTE ++ Retour des CENDRES, 1840 Rarissime plaquette imprimée au PORTUGAL... PRECIEUX

livre ancien et rare de 1751 catalogue raisonné pièces oeuvres de rembrandt


LEON LEBEGUE ENLUMINURES ANATOLE FRANCE CONTES JACQUES TOURNEBROCHE 1909 av

Bibliophilie DEROME Le luxe des livres, Vanier édition sur vergé reliée

Bibliographie Bibliophilie : BARBIER Dictionnaire des anonymes 4 vol. 1872

Bibliographie COHEN Guide de l'amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle

Bibliographie Bibliophilie VICAIRE Manuel de l'Amateur du XIXe siècle 8 vol.

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mercredi 24 juillet 2013

Un des fondamentaux en bibliophilie: tout savoir sur la Pagination et Foliotation

Amis Bibliophiles Bonsoir,
Pagination et Foliotation sont deux éléments essentiels de la bibliophilie, mais ils restent souvent peu connus des amateurs.

C’est aux bibliographes anglais (Philip Gaskell, Fredson Bowers) que l’on doit les meilleurs manuels sur la question. On trouvera ici quelques notions générales, qui conviennent pour décrire la plupart des ouvrages d’ancien régime.

PROLOGUE : LES FORMATS.

Avant de commencer, un simple rappel de ce que sont les formats des livres anciens.

In-plano : la feuille imprimée n’est pas pliée, mais reliée à « plat », parfois sur onglet.

In-folio (2o) : la feuille imprimée est pliée une fois, dans le sens de la largeur. Cette pliure divise la feuille en deux parties égales.

In-quarto (4o) : la feuille imprimée est pliée deux fois. Cette pliure divise la feuille en quatre parties égales.

In-octavo (8o) : la feuille est pliée trois fois. Cette pliure divise la feuille en huit parties égales.

In-seize : la feuille est pliée quatre fois, et divisée en seize parties égales.

Et ainsi de suite…

1. LES UNITÉS BIBLIOGRAPHIQUES

Un livre se divise en « unités bibliographiques ». Ces unités sont des éléments choisis arbitrairement par le catalogueur pour exprimer les caractéristiques matérielles du livre imprimé. Quatre unités bibliographiques sont donc utilisées généralement : la feuille, le feuillet, la page, le cahier.

La feuille : la feuille est à l’origine du livre. C’est le matériel brut, sorti des « formes » du moulin à papier. Elle présente un recto et un verso, et n’est pas encore pliée.

Le feuillet : c’est l’unité de base du volume. Un feuillet correspond au rectangle de papier que la main du lecteur tourne au fil de sa lecture. Le feuillet est constitué d’un recto et d’un verso (soit deux pages).

La page : la page correspond à l’une des deux faces du feuillet. Un livre ouvert présente deux pages en vis-à-vis (sur deux feuillets différents). Un feuillet présente deux pages « dos à dos » (recto et verso).

Le cahier : c’est l’élément clé du livre. Le cahier est un groupe de feuillets. Le plus souvent, il correspond à une feuille imprimée et pliée (en quatre, huit, seize, etc.). Un livre au format in-8o est généralement constitué de cahiers de huit feuillets (16 pages). Un in-4° est constitué de cahiers de 4 feuillets (8 pages). Il arrive cependant que plusieurs feuilles soient « encartées » (= regroupées l’une sur l’autre et pliées ensembles), notamment pour les livres au format in-folio : regrouper les feuilles par trois ou quatre (soit des cahiers de six ou huit feuillets, au lieu des deux feuillets de la feuille seule pliée) permet au relieur de travailler beaucoup plus vite (une seule couture au lieu de trois ou quatre). À de très rares exceptions (lorsqu’un feuillet seul est encarté), un cahier a toujours un nombre pair de feuillets.

2. LES NOTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

L’imprimeur qui compose son livre doit veiller à ce que les différentes pages imprimées se trouvent dans le bon ordre une fois la feuille pliée. Il doit donc les disposer sur la presse de manière à ce que le verso des feuillets corresponde à leur recto, et à ce que les feuillets se succèdent dans le bon ordre. Cette opération s’appelle l’imposition. Pour s’y retrouver, le typographe s’aide d’un certain nombre de mentions imprimées en haut ou en bas des pages, qui lui servent à identifier d’un coup d’œil la place de la page à l’intérieur du livre.

Foliotation : la foliotation est l’une des premières mention à avoir été utilisées par les typographes. J’écrivais plus haut que le feuillet était l’unité matérielle de base, et pour nous, qui sommes habitués à lire des livres « paginés », il est dur d’admettre que l’usage aux XVe et XVIe siècles pouvait être différents. Les livres de la première moitié du XVIe siècle sont pourtant généralement numérotés par feuillets (= foliotation), et non par pages. La foliotation prend généralement place en haut à droite sur le recto du feuillet concerné. Le verso ne comporte aucune numérotation. Cette foliotation peut être en chiffres arabes ou romains.

Pagination : La pagination apparaît un peu plus tard. En France, c’est à partir des années 1530 que l’on commence à croiser régulièrement des ouvrages « paginés », c'est-à-dire des livres dont les feuillets sont numérotés sur leur recto et leur verso. Cet usage, plus commode pour le lecteur qui dispose d’un nombre plus grand de points de repères, s’est peu à peu imposé et reste notre référence aujourd’hui.

Réclame : On voit souvent, en bas des pages composées, les premiers mots ou les premières lettres de la page suivante. C’est ce que l’on appelle la réclame. La réclame a deux utilités : d’une part, elle sert de point de repère pour le typographe, qui sait immédiatement quelle page va venir à la suite de celle qu’il est en train de disposer sur le marbre de la presse ; d’autre part, le lecteur a ainsi sous les yeux le début de la page suivante, qu’il lit à l’avance : il peut anticiper la lecture, tourner la page et reprendre le fil du texte sans perdre la dynamique qui était la sienne.

Signature : Mais pour le typographe, la plus importante de ces mentions, c’est la signature. À elle seule, la signature permet de connaître la place d’un cahier dans l’ouvrage et la place d’un feuillet à l’intérieur d’un cahier. La signature se compose généralement d’une lettre, suivie d’un chiffre (arabe ou romain). La lettre indique la place du cahier à l’intérieur du volume : en effet, les différents cahiers d’un livre sont généralement « signés » dans leur ordre de succession par des lettres, de a à z. Le relieur, auquel on présente les feuilles pliées, n’a plus qu’à remettre les cahiers dans l’ordre avant de procéder aux opérations de reliure. À l’intérieur d’un même cahier, les premiers feuillets (généralement la première moitié du cahier) sont signés par la lettre identifiant le cahier auquel ils appartiennent, mais aussi par un chiffre indiquant leur place à l’intérieur du cahier. Le feuillet signé « b5 » est donc le cinquième feuillet du cahier « b ».

Une petite méthode pratique à connaître : Face à un livre sans foliotation ni pagination, grâce aux signatures, on peut, sans avoir à compter les pages unes à unes, connaître le nombre de feuillets : il suffit de regarder la lettre signant le dernier cahier, de voir quel est le rang de cette lettre dans l’alphabet (attention : jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’alphabet latin n’a que 23 signes : pas de J, ni de V ni de W !) et de multiplier le chiffre obtenu par le nombre de feuillets des cahiers. Par exemple, un livre du XVIe siècle de format in-8o, dont le dernier cahier est signé X (21ème lettre de l’alphabet de l’époque), comprend (21 x 8 =) 168 feuillets (soit 336 pages). Cette méthode n’est pas fiable à 100% et ne remplace pas une véritable collation page à page (les cahiers n’ont pas nécessairement le même nombre de feuillets), mais elle peut tout de même aider lorsque l’on est pressé.

3. LES FORMULES DE FOLIOTATION

Une fois défini tout ce jargon, on a sans doute mieux compris comment le livre est fabriqué. Mais le bibliographe/catalogueur ne doit pas se contenter de comprendre comment est fait l’ouvrage, il doit décrire cette matérialité, et exprimer avec des formules claires la collation d’un livre. Quelques usages sont donc à respecter pour que les formules utilisées soient compréhensibles par tous.

Pour exprimer la foliotation ou la pagination d’un livre, les usages sont assez bien définis.

– La numérotation s’exprime selon une formule simple : [premier chiffre mentionné] + [tiret] + [dernier chiffre mentionné] : un livre dont la foliotation est formulée « 1-244 » sera donc composé de 244 feuillets chiffrés de 1 à 244.

– Très souvent, les feuillets liminaires (titres, dédicaces, etc.) ne sont pas chiffrés. Dans ce cas là, en règle générale, on fait figurer entre crochets le nombre de feuillets (ou de pages) non chiffrés : un livre dont la foliotation est formulée « [2] 3-244 » sera donc composé de deux feuillets non chiffrés et de 242 feuillets chiffrés de 3 à 244. 

– On respecte le format de la numérotation du livre : chiffres romains en chiffres romains, chiffres arabes en chiffres arabes.

Il est important de toujours indiquer l’unité matérielle utilisée comme référence. Pour cela, on dispose de quelques abréviations :

- f. (ou ff.) pour feuillets,

- p. (ou pp.) pour pages,

- col. pour colonnes (il arrive en effet que les colonnes soient numérotées, et non les pages ou les feuillets)

- ch. pour chiffré(s).

- n. ch. pour « non chiffrés »

La formule changera selon que l’on réfléchira en feuillets ou en pages. On suit généralement l’usage du livre lui-même, selon qu’il soit paginé ou folioté. Ainsi, si l’ouvrage est composé de 244 feuillets foliotés, on formulera « 244 ff. ch. » (ff. ch. pour « feuillets chiffrés »). Si l’ouvrage est composé de 244 feuillets paginés, on formulera : « 488 pp. (ou pp. ch.) ».

Pour des ouvrages en plusieurs parties, il arrive que la numérotation reprenne au début à chaque partie de l’ouvrage. On fait alors se succéder les différentes séries de foliotation/pagination. Ainsi, la formule « [2] III-XXVI, 1-344, 1-648 » décrit un livre composé de trois parties : la première (sans doute les pièces liminaires) comprend deux feuillets non chiffrés et 24 feuillets numérotés en chiffres romains de III à XXVI ; la deuxième partie comprend 344 feuillets chiffrés, et la deuxième partie comprend 648 feuillets chiffrés. 

4. LES FORMULES DE SIGNATURE

Le catalogueur doit aussi souvent indiquer la manière dont sont signés les différents cahiers et feuillets d’un livre. Cela est finalement assez simple.

En règle général, on l’a dit, une lettre de l’alphabet (ou un symbole quelconque) correspond à un cahier. Lorsque les lettres se suivent dans l’ordre alphabétique, on n’indique que la première et la dernière de la série, séparées par un tiret : la mention « a-m » indique ainsi une succession de 12 cahiers (l’alphabet complet n’a que 23 lettres, ne l’oublions pas !) signés de « a » à « m ». 

On précise, en exposant, le nombre de feuillets composant chaque cahier. La formule « a-m8 » indique donc une succession de 12 cahiers de 8 feuillets (soit un total de 96 feuillets).

Mais il arrive souvent que certains cahiers n’aient pas le même nombre de feuillets que les autres. Il faut alors parfois interrompre la série des signatures. La formule « a-g8 h4 i-m8 » indique ainsi une série de 12 cahiers de 8 feuillets, à l’exception du cahier signé « h » qui n’en comprend que quatre. 

Parfois, le bibliographe se trouve face à un feuillet, seul, encarté entre deux cahiers (cela m’est arrivé récemment). La formule la plus simple et la plus compréhensible consiste alors à mentionner la présence de ce feuillet par un symbole, suivi en exposant du chiffre « 1 ». On obtient alors une formule du genre « a-g8 [*]1 h-m8».

Il arrive qu’un ouvrage comporte plus de 23 cahiers (c’est même le cas pour la majorité des éditions). La série des lettres de l’alphabet ne suffit alors plus. Généralement, l’imprimeur reprend la signature des cahiers à la lettre « a », mais passe des minuscules aux majuscules, puis il multiplie les lettres. Il n’est ainsi pas rare de croiser des formules de signatures ressemblant à cela : « a-z8 A-Z8 Aa-Zz8 Aaa-Mmm8 ». Dans le cas présent, on est face à un ouvrage de 648 feuillets (3 x [23 x 8] + [12 x 8]), signés de « a » à « z », puis de « A » à « Z », puis de « Aa » à « Zz », puis de « Aaa » à « Mmm ».

Nous avons désormais toutes les clés pour lire et comprendre une mention de signature. Passons désormais aux travaux pratiques : combien de feuillets compte la célèbre Cosmographie de Sébastien Münster publiée chez Heinrich Petri (Bâle, 1550, in-2o), dont la formule de signature est la suivante :

[-]6 *6 [14 cartes sur bifeuillets hors-texte] a-e8 f2 g4 h-k6 l8 m2 n2 o6 p8 q4 r4 s-z8 A-B8 C6 D2 E8 F6 G4 H2 I4 K2L4 M2 N-O8 P6 Q-R2 S4 T-V2 X4 Y4 [1 planche dépliante hors-texte entre les feuillets Y2 et Y3] Z6 Aa-Bb2 Cc8Dd2 Ee-Gg8 Hh4 Ii8 Kk6 Ll2 Mm2 [1 pl. dépliante h.-t. entre Mm1 et Mm2] Nn-Oo8 Pp4 Qq2 Rr4 Ss2 Tt4 [1 pl. dépliante h.-t. entre Tt2 et Tt3] Vu6 Xx4 Yy2 Zz8 AA-BB2 CC8 DD4 EE-FF8 GG4 HH-KK8 LL4 MM-QQ8 RR4 SS-ZZ8 Aaa-Fff8 Ggg6 Hhh8.

Bon courage à ceux qui se lanceront !

Rémi.

lundi 22 juillet 2013

Histoire sans paroles, dans la famille Winners, donnez-moi l'héritier

Amis Bibliophiles bonsoir,

Histoire sans paroles, ou qui se passe de commentaires.

Si toi aussi tu veux être un winner, si tu veux des conseils de winner, alors achète Winner Magazine, le magazine qu'il fallait inventer... ou pas.


Mais au fait, une question me turlupine, pour qu'il y ait un winner, il faut bien un/des losers, non?

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vendredi 19 juillet 2013

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et des curiosités

Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur ebay.

A noter, de nombreuses et belles reliures et une sélection autour de la bibliophilie et des books on books avec quelques belles affaires à faire!

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/




































Et une sélection d'ouvrages autour des livres:













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