« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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lundi 6 juillet 2015

Héraldique et bibliophilie - Chapitre VI: l’OHR ou Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises

Amis Bibliophiles bonsoir,

L’identification des armes poussées sur une reliure, sa provenance, importe bien sûr au bibliophile qui la possède. Cette identification nécessite de recourir à des armoriaux, livres qui recensent les armoiries et leurs possesseurs. Plutôt que de consulter des centaines d’armoriaux généraux ou spécialisés par régions ou fonctions, il semblait plus commode d’établir un armorial du bibliophile, c’est à dire, ne s’intéressant qu’aux familles ayant reçu ou possédé des livres à leurs armes.


Joannis Guigard, bibliothécaire, publia en 1870 chez Bachelin-Deflorenne un Armorial du bibliophile qui reproduisait, dessinés en noir et blanc, les fers armoriés des bibliophiles. Il publia en 1890 une seconde édition, Nouvel armorial du bibliophile, guide de l'amateur des livres armoriés chez Émile Rondeau, à Paris, en 2 volumes, riche de 2000 notices environ. Le classement des quatre catégories de bibliophiles (maisons souveraines, femmes bibliophiles, ecclésiastiques et particuliers) est alphabétique et la table héraldique modeste. Une notice et un lexique héraldiques commencent l’ouvrage.



En 1924, le docteur Eugène Olivier, héraldiste, collectionneur d’ex-libris, (il deviendra secrétaire puis président de la Société française d'héraldique et de sigillographie), Georges Hermal et le capitaine Robert de Roton publient le premier fascicule, chez Charles Bosse libraire, du Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises. La préface explique qu’ils ont pris le parti de classer les armoiries non comme Guigard par ordre alphabétique des possesseurs mais par pièces et meubles héraldiques.

L’édition compte 20 exemplaires sur japon et 1025 exemplaires sur papier vélin dont 25 hors-commerce.

La publication se poursuivra à bon terme jusqu’en 1938, sur 29 séries, et 2685 planches. Un volume de tables complète utilement l’ensemble (table héraldique par pièces et meubles, table des figures non héraldiques, table des noms de familles, table des chiffres et monogrammes, table des devises, table des sièges de gouvernements…). Cette table est utile à consulter car elle reprend de plus les corrections, identifications et compléments apportés dans chaque préface de chaque série au fur et mesure de la publication.




Chaque « planche » (ou fiche) correspond à un bibliophile dont elle donne le nom, sa région d’implantation, son siècle, la pièce héraldique qui préside à son classement, le blasonnement, une brève notice biographique, le numéro de la planche, les différents fers armoriés utilisés par le bibliophile ou parfois ses descendants, quelques informations sur les exemplaires rencontrés. Une planche peut donc nécessiter plusieurs pages, 8 pour Colbert, 5 pour Aumale, 21 pour Louis XV.


Les trois auteurs s’appuyaient sur un solide réseau de correspondants érudits et passionnés, de libraires et de bibliothécaires. Parmi eux, Jean Tricou, de Lyon, Edmond des Robert, de Nancy, président de la Société d'archéologie lorraine et fondateur de l'Association française des collectionneurs d'ex-libris Fernand Jousselin, vice-président de la société du livre d’art, Chandon de Briailles, le marquis de Luppé, bibliophile françois, le lieutenant-colonel Carnot, les libraires Giraud-Badin, Emile Paul, Chamonal, Jean Tremblot de la Croix, bibliothécaire en chef de l’Institut et bibliophile françois qui drainait les découvertes de ses amis Léon Dautheuil ou Jean Vergnet–Ruiz et communiquait les fers de reliure à Roton qui les dessinait tous.

Cette publication gigantesque prit le nom d’OHR dans les descriptifs et chez les initiés, des initiales des principaux auteurs.

Depuis lors se posa la question d’une nouvelle édition augmentée. Christian Galantaris et les Fougerolle caressèrent cette ambition, mais « les questions de droits ont empêché ce projet d’aboutir ». À titre personnel je le déplore sans comprendre car il est évident qu’une telle publication a bien peu de chance d’enrichir son auteur ou un ayant droit!

J’ai entendu la rumeur d’un autre projet d’armorial libre en ligne où chaque bibliophile enrichirait la base des photos de ses propres reliures. Cette sorte d’encyclopédie libre de l’amateur de reliures armoriées, verra-t-elle le jour ?

Lauverjat

5 commentaires:

calamar a dit…

une nouvelle édition, ce serait le rêve ! mais si déjà on pouvait avoir un fac-similé, comme pour certains autres ouvrages de bibliophilie, ce serait déjà beaucoup. L'oOHR est vraiment inabordable !
merci Lauverjat !

Anonyme a dit…

Existe-t-il une version numérique de l'OHR?

Anonyme a dit…

J'avais trouvé à 1000 euros l'ensemble complet. Ce n'est pas donné et ce fut un investissement lourd pour finalement servir peu...

Même si ça reste une mine d'or dès que j'ai une reliure armoriée

Un libraire

Gilles a dit…

J'ai également réussi à acquérir un exemplaire complet pour 1300 euros.
Ce fut un investissement lourd, mais je ne le regrette vraiment pas, car source inépuisable de connaissances et - parfois - de très bonnes surprises !

Gilles

Pierre a dit…

Il existerait un CD qu'on peut trouver sur les rayonnages de quelques libraires impécunieux... Le problème ne serait pas de se le procurer mais de s'y connaitre un peu en héraldique pour avoir envie de l'utiliser ! ;-)) Pierre

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