Ce soir, je cède la parole à la plus talentueuse des personnes ayant collaboré au blog, et qui n'a pas démérité ces dernières smeaines...
"Il ne vous aura sans doute pas échappé que votre blog préféré a souffert, ces derniers temps, d'une petite désaffection de son auteur ...
Laissez moi donc vous en conter quelques raisons et vous raconter l'histoire, ou plutôt devrais-je dire le calvaire, du bibliophile déménageur.
Dans le rôle du bibliophile déménageur : l'auteur de ce blog, mon mari.
Dans celui de l'épouse (modèle) à la fois secrétaire générale, organisatrice, assureur, responsable de tout : moi, son épouse.
Pour compliquer le tout dans le cas qui nous occupe : le bibliophile déménageur travaille et se situe déjà au point d'arrivée lorsque son épouse elle gère la zone de départ : l'empaquetage, le chargement, l'équipe aux mines patibulaires qui président aux destinées de tous leurs biens mobiliers. Le bibliophile déménageur est donc coupé de tout, coupé de ses livres, et suis le déménagement à distance, par téléphone.
Scène I : Le convoyeur de fonds (Convoi exceptionnel)
Le week-end précédent le déménagement le bibliophile dénémageur qui ne s'est occupé de rien est pris de panique. Alors que dans un élan de fierté orgueilleuse il avait bien précisé aux déménageurs qu'il était Hors de question qu'ils touchent à Ses Livres, il se trouve bientôt fort dépourvu, à 2 jours du départ, devant sa (grande et précieuse) collection.
Telle la fourmi devenu, le voila qui se met alors à emballer frénétiquement ses livres, et par la même à faire des allers-retours incessants au Bricorama pour acheter des caisses qu'il capitonne lui-même pour y placer ses ouvrages. Quelle industrie !
De plus en plus inquiet devant l'ampleur de la tache, ne voyant plus venir le bout de sa collection, ce qui devrait le ravir bientôt le terrasse.
Le deuxième soir venu, enfin, ça y est, les livres sont emballés, les caisses alignées.
Alors, dans la nuit, le bibliophile déménageur sélectionne quelques caisses prestigieuses, les caisses qui ne souffriraient aucune perte, aucun désamour, aucune manipulation hasardeuse ... et les prend amoureusement une par une pour les poser sur le cuir accueillant de sa voiture. Il part alors tout seul avec ses quelques livres dans la nuit, organisant lui même un petit déménagement de fortune pour ses plus beaux ouvrages.
Scène 2 : le "vrai" déménagement : les meubles, les chats, les livres : chargement, organisation, départ du camion.
Lundi matin, à 8 heures, 3 hommes forts débarquent sans crier gare au domicile du bibliophile déménageur. Celui-ci, parti dans la nuit, ne se doute encore de rien ...
8h30
- "Allo, chérie, tout va bien ?"
- "Non, rien ne va"
La phrase fatidique est lancée, Madame a paniqué, tout va partir à veau l'eau.
- "Comment ça rien ne va ?"
- "Et bien les déménageurs ont des mines bizarres, ils ne sont pas aimables, ce sont des grosses brutes et ils me disent qu'ils n'auront pas fini ce soir et que le déménagement va s'étaler sur 4 jours au lieu de 2"...
Alors là, le biblipohile déménageur rentre en transe.
- "Comment ça des grosses brutes ? Tu leur as bien dit de ne pas empiler plus de 3 caisses de livres l'une sur l'autre ?"
Madame est interdite ...... Alors même que milles problèmes se posent, la voilà partie voir au bas de la rue, jusque dans le camion, pour vérifier les dites caisses, qui sont hélas bien amoncelées les unes sur les autres, empilées pêle-mêle par le gros bras en chef.
Premiers échanges un peu tendus entre Madame et la Grosse brute malaimable.
Une trentaine de coups de fil plus tard, vers 18h, le premier camion est enfin chargé, toutes les caisses de livres y ont été entreprosées. Le chauffeur peut donc faire route, lorsqu'un deuxième événement survient: un appel du bibliophile déménageur pour s'enquérir du mode d'organisation de la nuit.
Là ça se complique. Il est prévu que le camion dorme avec le chauffeur sur une aire d'autouroute. Le bibliophile déménageur fond les plombs (pardonnez moi l'expression, mais dans ce contexte, rien d'autre ne me vient à l'esprit).
- "Ce n'est pas posssssssible, tu te rends compte, une aire d'autoroute ? Mais c'est ma VIE qu'ils ont dans ce camion, tous mes livres, c'est imposssssssssible !" (Note du Bibliophile: je jurerais bien avoir dit "notre vie").
Le bibliophile appelle lui même la société de déménagement, monte sur ses grands chevaux, menace, vitupère, se fait expliquer que cette pratique est courante, que le chauffeur va dormir dans le camion ... rien n'y fait. Il va même demander une escorte spéciale pour le camion, ou alors qu'on décharge sur le champ tous ses livres. C'est la crise. Madame recolle les morceaux sur place. De guerre lasse et après discussion avec le chef de l'organisation, elle obtient que l'on pose un plomb (justement) sur le camion, une sorte de scellé garantissant son inviolabilité, et que le bibliophile déménageur, ou plutôt sérieusement déménagé devrais-je dire, pourra lui même couper à l'arrivée.
Scène 3 : l'arrivée sur place, le déballage, la collection sauvée
4 jours plus tard .... le plomb a été coupé par Madame, le bibliophile déménageur ayant suivi toute la scène par téléphone, dès l'aube.
5 jours plus tard : "Mais, il ne me manque pas un livre ?".
Madame, ayant rangé, trié, agencé plus de 300 cartons en 5 jours n'en peut plus.
Le bibliophile déménageur est néanmonis content, après lui aussi avoir déballé quelques cartons pour participer à l'effort collectif il a pu s'adonner à son plaisir favori, tout seul, dans son nouveau bureau, son antre : déballer tous ses livres, les regarder, les admirer, leur donner à chacun une place. La place qu'ils méritent, sûrement."
Ben oui, sûrement, comment en douter? Mais d'ailleurs, il ne me manquerait pas un livre? Allez, je revérifie...
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