lundi 28 février 2011

Bibliophilie et sciences: opposant de Lavoisier pendant la "Révolution chimique"

Amis Bibliophiles bonsoir,


Deux chimistes de premier plan, l'anglais Priestley et le français Lavoisier, se sont confrontés lors de la révolution chimique de la fin du XVIIIème. Le premier découvre l'oxygène de l'air et le second explique son rôle dans la respiration et dans les combustions. J'ai consacré un billet précédent à Lavoisier. Je vous présente aujourd'hui trois ouvrages de Priestley.


Joseph Priestley (1733-1804), théologien anglais, devient pasteur à Leeds, dans le Yorkshire en 1767. C'est la qu'il commence ses recherches sur les gaz. En 1772, il est élu à l'Académie des Sciences et publie ses Observations sur différentes espèces d'air. Il isole un grand nombre de gaz, dont l'ammoniac, l'oxyde d'azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone. C'est en 1774 que Priestley fait sa principale découverte, celle de l'oxygène. Il obtient ce gaz en décomposant de la chaux de mercure (ou oxyde HgO) au soleil avec une lentille. Le nom qu'il donne à ce nouveau gaz est air déphlogistiqué, nom cohérent avec la théorie du phlogistique qu'il soutient.

Priestley rencontre Lavoisier qui répète ses expériences et conclut: «… je désignerai dorénavant l’air déphlogistiqué ou air éminemment respirable dans l’état de combinaison et de fixité, par le nom de principe acidifiant, ou, si l’on aime mieux la même signification sous un mot grec, par celui de principe oxygéné ».

Priestley est nommé pasteur à Birmingham en 1780. En 1782, il publie son Histoire des corruptions du christianisme. Ce traité est brûlé en 1791 tout comme sa maison et ses biens à cause de son soutien ouvert à la Révolution française. Il émigre aux États-Unis en 1794, année où Lavoisier est décapité, et y meurt en 1804.


Expériences et observations sur différentes espèces d'air.
Paris, Nyon. 1777-1780.
5 volumes in-12 ; XXXVI, 434, (2) pp, 2 pl. - (4), LXII, 297 pp, 1 pl.
(4), IV, 352, (4) pp, 5 pl. - LII, 404 pp,1 pl. - (4), 404 pp, 1 pl.



Cet ouvrage paraît initialement à Londres en 1772 dans le volume 62 des Philosophical Transactions of The Royal Society. Les premières traductions françaises des travaux de Priestley paraissent dans le premier tome des Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts paru en 1773. Cette traduction française est due au médecin Jacques Gibelin (1744-1828). Le premier volume est ici en deuxième édition (EO en 1775); les volumes suivants sont en première édition.

Dans cet ouvrage, Priestley décrit les expériences qui le menèrent à la découverte de l’oxygène (air déphlogistiqué). On trouve à la suite Recherches physiques sur la nature de l’air nitreux et de l’air déphlogistiqué de Fontana. Fourcroy donne les détails de cette édition française dans le tome III du dictionnaire de chimie de l’Encyclopédie Méthodique. On trouve également les premières traductions françaises des travaux de Priestley dans le premier tome des Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts paru en 1773.

Expériences et observations sur différentes branches de la physique; Avec une continuation des observations sur l'air.
Paris, Nyon. 1782-1787.
4 volumes in-8 ; XXIV, 288 pp, 1 pl. - (4), 312 pp. - XXIV, 527, (1) pp, 1 pl. - XIV, (2), 479 pp, 1 pl.



Priestley publia les deux premiers volumes en mars 1779. Le troisième et dernier volume de cet ouvrage ne parurent qu'au mois de mars 1781. La traduction française est due à Jacques Gibelin.



Histoire de l'électricité
Paris, Hérissant. 1771.
3 volumes in-12 ; XLVI, (2), 432 pp. - (4), 531, (1) pp, 1 pl. - (4), 474, (4) pp, 8 pl.

Priestley fut encouragé à publier son Histoire de l'électricité par le scientifique et homme d'État Benjamin Franklin, qu'il avait rencontré en 1766. L’édition originale anglaise date de 1767. Benjamin Franklin l'aida dans la correction des épreuves. Priestley découvrit entre autres que le charbon de bois conduit l'électricité et que l'électrisation des conducteurs reste superficielle.

Cette première traduction française est due à Nollet et à Brisson. Les nombreuses notes en bas de pages sont de Brisson qui constate que Priestley accorde une trop grande place aux auteurs anglo-saxons en leur attribuant quelques fois des découvertes faites par d’autres. Brisson défend en particulier les idées de Nollet attaquées ou passées sous silence.

On trouve une longue analyse de cet ouvrage dans le premier volume de Introduction aux observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts. Rozier conclut «Il auroit été à souhaiter que le traducteur eût mis plus d’aménité dans ses notes. Plusieurs expressions trop fortes ne seront pas du goût du lecteur. Il est si aisé de relever les erreurs avec honnêteté, qu’on est surpris que cette voie n’ait pas été préférée.»

Bernard

mercredi 23 février 2011

Portrait de relieur: Henri Noulhac (1866-1931)

Amis Bibliophiles bonsoir,


Excusez-moi, mais représenter l’oeuvre de Noulhac par un unique maroquin janséniste me chagrinait un peu. (Textor appréciera la formule).

La rapide consultation des évangiles selon Fléty, Devauchelle et Duncan et une brève recherche parmi les catalogues permet de préciser le travail de ce relieur.


Henri Noulhac est né à Châteauroux en 1866 et reçoit une formation dans sa ville natale. (À cette époque à Châteauroux, les libraires-éditeurs A. Nuret et fils signent des reliures simples de très belle facture.) Noulhac s’installe à Paris en 1894. Noulhac est encouragé dans ses travaux de type “janséniste” par Henri Béraldi car, nous dit Fléty, il n’était ni relieur ni doreur. 


Vers 1900 il adjoint à son activité un atelier de dorure tenu par un ouvrier spécialisé. Il introduit dans sa production des décors à motifs floraux dorés et des encadrements dorés. La reliure que je vous présente aujourd’hui sur un livre de 1887 date de 1914. Un peu plus tard, des décorateurs modernes proposent des décors de reliures qu’ils donnent à réaliser par des artisans. Noulhac réalise alors les décors d’Adolphe Giraldon illustrateur et de Jules Chadel dessinateur joaillier. Il travaillera ensuite sur les dessins de sa fille et un peu pour Pierre Legrain. Il réalise des reliures mosaïquées de maroquin de style Art-Déco. 


L’inspiration variant du type floral, à la décoration à la manière de parements de dallages colorés ou de compositions de vitraux. 


(photo reliure de 1921 issue du livre "la reliure en France Art-Nouveau-Art-Déco 1880-1940, Duncan & de Bartha, 1989)

Il s’attache à former des relieurs parmi lesquels Rose Adler et Madeleine Gras.

Sa réputation s’est établie sur une maîtrise professionnelle indiscutable avec une qualité d’exécution du corps d’ouvrage irréprochable.

Il travailla jusqu’à sa mort le 22 mars 1931.

Lauverjat

mardi 22 février 2011

Images pour Bibliophiles: les Livres à la mode du Marquis de Caraccioli

Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici d'autres belles images pour bibliophiles, issues des célèbres Livres à la mode du marquis de Caraccioli (plus d'infos ici: http://bibliophilie.blogspot.com/2007/11/des-livres-lhonneur-les-livre-la-mode.html).




Ces ouvrages sont l'incarnation de l'esprit à la française du Siècle des Lumières et deviendront rapidement des succès auprès des beaux esprits, courtisans et autres petits-maîtres de la Cour. Ils ont la particularité d'être imprimés en couleurs.

H

lundi 21 février 2011

Images pour Bibliophiles: Les Contes du lundi, avec des aquarelles originales de Draner

Amis Bibliophiles bonsoir,

Je poursuis ce soir le petit cycle "Images pour Bibliophiles" avec d'amusantes aquarelles orginales de Draner qui viennent un  exemplaire des Contes du Lundi. On remercie le bibliophile du début du 20ème siècle qui avait confié cet exemplaire au relieur Cuzin puis à Draner, pour en faire un ouvrage unique.


Il y a presque une aquarelle par page, mais j'aime particulièrement celles du début et en particulier l'avis de l'éditeur (Conquet) sur lequel Draner s'est permis un petit tag malicieux et très irrévérencieux! 



Les aquarelles du reste de l'ouvrage font écho au texte, avec une prédilection pour les thèmes autour de l'Alsace-Lorraine.

H

dimanche 20 février 2011

Images pour Bibliophiles: "les divers costumes des habitans de Bordeaux et des environs"

Amis Bibliophiles bonjour,

Des obligations professionnelles m'éloignent non pas de mes livres, mais au moins du blog jusqu'à jeudi. En attendant voici quelques belles images pour bibliophiles.

Commençons ce cycle par deux images tirées d'un même ouvrage "Recueil des divers costumes des habitans de Bordeaux et des environs, dessinés d'après nature par M. de Galard et prcédés de notices rédigées par M. Géraud", petit in-folio paru chez Lavigne en 1818-1819, contenant 32 planches coloriées à l'époque. 

La première image, le berger des Landes est très typique:


La deuxième est plutôt glaçante et reprend les clichés les plus nauséabonds:


Il est intéressant de noter que Géraud ne partageait heureusement pas les idées de Galard et qu'il a rédigé une notice plutôt élogieuse et amicale, quand Galard a laissé un dessin qu'on préfèrerait oublier. Malgré tout, l'ensemble de ces 32 dessins, coloriés à l'époque forme un très bel ensemble.

H

Les différents types de reliure: la reliure japonisante

Amis Bibliophiles bonjour,

8 mars 1854, le Japon et les Etats-Unis signent le traité de traité de Kanagawa qui permet aux navires de commerce américains d'entrer dans les ports nippons. Au mois doctobre, les Anglais signeront à leur tour un traité qui concerne uniquement les ports de Nagasaki et d'Hakodate. Ce sont les premiers signes d'ouverture du Japon qui va bientôt en finir avec la féodalité.


Cet événement d'importance mondiale va permettre à l'Occident de découvrir une culture totalement nouvelle: estampes et objets d'art envahissent la France et provoquent l'enthousiasme des français. Cet enthousiasme est partagé par les bibliophiles qui découvrent à la fois un nouveau type d'ouvrages, et voient dans ce style japonais ou japonisant une nouvelle façon d'orné leur livres.


Il semble que c'est en 1885, à l'issue d'une exposition sur l'estampe et le dessin japonais que le bibliophile Edmond de Goncourt, séduit par "l'originalité du dessin filant" d'Hokusaï, décide de faire recouvrir ses ouvrages de décors japonisants (fleurs, insectes, feuillages, ou scènes quotidiennes de la vie sur l'île du soleil levant, etc.). Ils seront rapidement imités par d'autres bibliophiles.


Certaines de ces reliures particulières nous sont parvenues. Peu sont signées, mais on découvre parfois la marque de relieurs de l'époque, comme Pierson, Guellier ou Carayon.

H

samedi 19 février 2011

Du transport amoureux en bibliophilie

Amis Bibliophiles bonjour,

Je voyage régulièrement et il m'arrive d'emporter avec moi un livre ancien, pour le lire, le feuilleter ou simplement le montrer à un ami. Dans ces circonstances, je me pose toujours la même question: comment bien transporter un livre ancien quand on est comme moi, réfractaire au cartable... Et même en admettant que je me promène avec un cartable (Brummell, si tu me lis, pardonne-moi), comment protéger l'ouvrage à l'intérieur de ce cartable.

Frédérik m'avait conseillé une peau, destinée à emballer le livre, mais je ne m'y fais pas. Mon épouse m'a offert une jolie boite en palissandre, mais c'est lourd et encombrant?

L'un de vous a-t-il une solution miracle (et élégante)?

H

Les relieurs du début du 20ème siècle: une EO de Bel-Ami dans une reliure en plein maroquin signée Henri Noulhac

Amis Bibliophiles bonjour,

Juste pour les yeux et pour rebondir sur l'un des derniers commentaires d'Olivier je crois, dans le cadre de nos échanges sur la qualité des relieurs d'hier et d'aujourd'hui. Un relieur du début du 20ème siècle, Henri Noulhac, signe ce joli maroquin chocolat doublé, sur une édition originale de Bel-Ami.



Gardes de soie, couvertures brochées conservées.






H