samedi 29 novembre 2014

Plaisirs secrets, braconnage matutinal, corps qui se frôlent. C'est l'aube au marché Georges Brassens...

Amis Bibliophiles bonsoir,
 
 
Chassant la nuit, une méchante lueur, l'aube peut-être, révèle un ciel noirâtre et des trottoirs mouillés.
 
Vous vous trouvez aux limes du 15°, là ou l’ancien fossé de petite ceinture sépare l'urbs patricienne de la terra incognita des zones 2 et suivantes. Face à vous, bordée de hautes grilles, une friche industrielle de tuile et de fonte se dessine sous la pluie. Vous considérez un enclos pavé ; enclos ouvert aux quatre vents ; pavés sur lesquels, en des temps pas si lointains, on égorgeait les chevaux; vents qui s’engouffrant entre les tuiles disjointes, semblent rapporter un écho de leurs plaintes.
 
En ce jour qui peine à naître, des silhouettes se dessinent. Des groupes se forment et se confondent. Certains s’attirent, d'autres s’observent et quand l'offre s'apparie à la demande, des couples se détachent pour retourner à la pénombre. Et si d'aventure, il vous prend de les suivre, leurs souffles rauques et leurs regards égarés vous maintiennent à distance de ces rapports qui ne sont plus tout à fait humains. Mais si vous tendez l'oreille, vous vous apercevez qu'il est question de désir, de possession et de fric, et si vous mobilisez encore plus vos sens, il ne tient qu'à vos narines de remarquer l’entêtante odeur de cuir que dégagent ces échanges.
 
Quelle explication, hormis un accès de folie subite, pouvez-vous donner à votre présence en ces lieux ? Quelle addiction mille fois plus forte que ce qui vous sert de volonté, vous a fait quitter votre lit douillet et les contours tièdes de votre douce et tendre ? Quelles puissances innomées vous poussent à braver les vents alizés et la pluie qui s'insinue dans votre col. Et qu’espérez-vous cacher à votre juge, celui qui sait tout, quand le moment sera venu de vous prosterner devant sa face ?
 
Allez, admettez… Vous êtes ici pour satisfaire votre vice, ce vice resté impuni. Ce goût dont la seule évocation fait frissonner tout votre corps. Ce goût inavouable dont votre épouse doit bien malgré elle porter le secret. Ce goût que vous taisez sur votre lieu de travail, de peur que son aveu ne vous condamne à rester toute votre vie simple capo et ne jamais devenir celui di tutti capi. Ce goût qui, perturbant vos glandes endocrines, vous hante depuis votre prime adolescence et, pourtant rendu au statut d’adulte cartésien, vous possède aujourd’hui, corps et bien. Ce goût qui est la raison, si le terme raison a encore un sens pour vous, de votre présence en ces lieux.
 
Le seul endroit ou vous pouvez satisfaire, exultant et sans vergogne, votre vice capital ; ce vice qui est votre maître...
 
Votre goût immodéré, irrépressible, irréfrené pour les livres...
 
Vous êtes au marché Brassens.
 
Ici vous redevenez vous-même ; ici vous retournez à l'état de nature. Enfin, vous vous dressez nu, si ce n'est un pagne ceignant vos reins et un os traversant vos narines. La sagaie à la main, de rauques mélopées s’échappent de votre bouche et soudain, vous prenez la piste, vif et agile sur la corne de vos pieds. C'est votre moi originel qui culbute, cul par dessus tête, votre moi civilisé. Vous êtes redevenu le chasseur primitif aux longues foulées ; vos ancêtres vous parlent à l’oreille et les esprits qui logent dans le ciel chantent votre renommée.
 
 
Autour de vous des masses improbables s'ébranlent, enchainant des équilibres incertains. Malgré leurs 4 roues, 2 dans les cas extrêmes, seule une imagination extraordinaire peut se le représenter en mouvement. Et pourtant elles bougent, franchissent en ahanant les grilles et viennent s’arrêter, toutes gémissantes de l'effort indu, à leurs emplacements de destination.
 
Vous êtes un vieux de la vieille, un chineur sachant chiner. Vous savez quels véhicules pister, quelles plaques d’immatriculation portent des promesses et derrière quels volants se cachent ceux qu’il faut guetter. Fondant sur votre proie avant même qu’elle n’ouvre ses portes, vous l’acculez au gite. Il lui faudra répondre si elle veut en sortir.
 
- Rien pour moi ?
 
Ce Rien ou le R porte l'accent tonique pour rouler dans les voyelles et expirer dans le n. Ce Rien qui ne cherche qu'à conjurer le mauvais sort, car, bien sur, vous aspirez de toute votre âme à ce qu'il y ait quelque chose, quelque chose pour vous. Que l'on vous lance un Oui ou un Peut-être. Qu'en ce jour vous ayez votre chance ; pas une veine insolente, juste l’honnête fortune qui donne du volume à la gibecière et assure l’existence au moins jusqu'au retour en ces lieux, dans une semaine exactement.
 
A noter que vous préférez le Peut-être au Oui. Le Oui vous inquiète. Car si ce Oui a raison d’être et que ce que l'on vous montre, vous manque ; alors on possède à tort quelque chose que, à tort tout autant, vous ne possédez pas. La réalité est brutale ; cette chasse que vous pensiez gardée a été braconnée. Pire, au pincement qui saisit votre entrejambe, vous comprenez que vous êtes désormais une cible… de chasseur, vous êtes devenu chassé.
 
Même si vous répondez à ce Oui par un joyeux Ah…, on vous surprend à souhaiter que vous l'ayez déjà, du moins en meilleure condition, à bruler plusieurs cierges pour que ce que vous ne possédez pas, ne soit plus désirable que ce que vous avez déjà.
 
Mais si par malheur, à moins qu’il ne s’agisse d’un bonheur masochiste, vous avez toujours rêvé qu'il soit à vous…
 
Alors misère de vous. Vous vous croyez face au mur ? Erreur, le mur vous laisse le choix, le passer ou pas. Vous êtes à l’extrême bord de la roche Tarpéienne, vous n’avez nul choix ; il faut sauter.
 
Il ne vous reste qu'à crier miséricorde, implorer un traitement humain, supplier que l’on vous fasse grâce ; en l’occurrence un prix, un vrai. Un de ceux qui marquent les esprits et scellent d’office la transaction. Un prix d’ami pour ainsi dire, du moins qui sonne le début d’une sincère amitié. Une remise si mémorable qu’elle induira un courant constant de transactions à venir ; car preneur vous l’êtes et acheteur vous vous proclamez; de la politesse que l’on vous fait, vous vous souviendrez.
 
Et comment ferez-vous sans cette réduction, que vous aimeriez au format compression, pour prouver à votre entourage que vous n’êtes pas totalement le jouet de vos pulsions ; éviter, sinon l’internement d’office, la mise sous tutelle et la dépossession de vos avoirs. Et comment conjurerez-vous le malheur qui ne manquera pas de s’abattre quand, en compensation de cette folie, on vous forcera à vous séparer d'une autre de vos prises. Faut-il, alors que l’on vous saigne, supporter à la suite d’avoir les entrailles vidées ? Et quel destin funeste attendra cette merveille qui s'empile dans le couloir, bloque la porte de la cuisine et menace de s’effondrer dans le salon ?
 
A l'inverse du Oui, le Peut-être vous enchante, même si parfois il cache un retournement. Ce devrait être un Oui cependant le prix est tellement exorbitant qu’il vous revient soudain que vous auriez dû mieux payer le précédent Peut-être que l'on vous fit. Mais ce malheur écarté, vous frétillez.
 
Allez-vous abattre les frontières et repousser à l'infini les limites de votre sujet ? Est-il enfin là, ce raccord universel qui donnera une valeur cosmique à votre collection ; fera de vous le sapiteur de toute sapience, humblement voué à l'esbaudissement de ses contemporains ?
 
Sur ce Peut-être votre main, vive et ferme, s'est abattue.
 
- L'est-ti complet et combien que ça coute ?
 
La réponse doit vous plaire car votre haleine se charge d’une première ivresse, celle du chasseur qui boit aux veines chaudes de son gibier.
 
Pourtant vous criez que c’est vous que l’on égorge ; que le prix est dissuasif ce qui est le contraire d’attractif et ceci-dit sans vouloir froisser l’actuel propriétaire qui par ailleurs est libraire, ce qui devrait en faire une personne avisée quant aux prix affichés ; qu’à tout bien considérer, il faudrait parler de prix abusif, toujours soi-dit sans intention de vexer. D’ailleurs le rapport est lointain, quasiment hors-sujet. Avec ce genre de Peut-être, il faudrait investir les rayons de la Nationale qui ne compte que 4 tours ce qui parait notoirement insuffisant. On vous connait ; dans le cas contraire  vous ne discuteriez pas une seconde, cracheriez illico au bassinet, paieriez comptant et fourniriez votre propre sac.
 
Finalement vous reposez l’ouvrage ; un sourire triste et c’est l’hallali.
 
-  Merci de me l’avoir proposé…
 
Pourtant votre doigt raide est toujours posé dessus. Tant que cet index sera là, bandé comme un ressort, personne ne pourra le revendiquer. D’ailleurs votre ton change, vous minaudez. Si le prix devient réellement séduisant, un effort pourrait être consenti ; qu’un prix demandé c’est une chose, la réalité du marché une autre et tout le monde sait que sur internet ils marquent n’importe quoi ; qu’enfin si vous faites un pas vers l’autre, enjambant par courtoisie le notable ennui que vous inspire ce texte, il vous parait raisonnable d’attendre de l’autre que, chaussant ses bottes de sept lieux, il se rapproche à son tour de vous et abolisse la distance qui sépare ses prétentions initiales de la somme qu’il vous est décemment possible d’y consacrer ; qu’en résumé vous voulez bien acheter pour faire plaisir, mais qu’il y a des limites à tout, même à votre affabilité.
 
Finalement vos arguments paraissent porter et l’affaire tourner à votre aise.
 
Enfin, il vous appartient.
 
Ami, ne nous faites pas vous courir après vous. Allons, baignez nous d'un peu de votre chance et faites-nous la grâce de nous instruire. Qu'est-ce donc que ce Peut-être qui désormais est à vous ?
 
Tudieu ! 1555, un seizième ! Je vous croyais dans la locomotion... Ah, pardon, le sport.
 
Mais alors, que nous vaut ce vélin ?
 
Ventredieu ! Le Des bains & antiques exercitations... du sieur Du Choul.
 
Une impression lyonnaise nous susurrez-vous, avant que de l'ouvrir sur une page portant en plein un bois gravé. Deux pugilistes se cognant à coups de cestes. Discipline olympique nous assurez-vous ; l’ancêtre de la boxe béons-nous.
 
Mais quelle est cette ombre à votre front pourtant couvert des lauriers du triomphe ? Craindriez-vous le moment du retour et l’ire de votre moitié ? C’est vrai que le débours n’a pas été bénin et que les seizièmes paraissent osés quand il question de la bibliothèque d’un honorable sportsman. Et s’il s’agit de les ranger entre deux numéros spéciaux de l’Illustration, ils ne font que confirmer ce que votre épouse baptise une contamination perverse… vous avez viré bibliophile.
 
C’est à pas de loup que vous franchissez le seuil de votre demeure… De loup ? Plutôt de souriceau apeuré. Heureusement la distance n’est pas trop grande jusqu’au votre bureau. La serrure n’a pas grincé, les lames du parquet n’ont pas craqué et aucune de vos piles de livres ne s’est effondrée. Vous allez peut-être y arriver…
 
- Mon bibliofilou, que ramènes-tu de ton marché ?
 
- Pas grand'chose, mon adorée ; vous savez bien que plus le temps passe et plus il se paupérise. On n'y trouve pour ainsi dire plus rien...

A suivre.
Ugo

mercredi 26 novembre 2014

Le bibliophile et écrivain Jérôme Doucet (1865 - 1957) et ses pseudonymes.

Amis Bibliophiles bonsoir,
 
Jérôme Doucet est un acteur important du monde de l’édition au début du XXe siècle; grâce à ses relations privilégiées avec de nombreux artistes, occupant des postes importants auprès de plusieurs éditeurs, il intervient dans des revues littéraires et artistiques de luxe. A ce titre, il est amené à publier souvent, et son nom revient au sommaire de nombreuses publications, comme secrétaire de rédaction, directeur de la publication, préfacier, auteur.
 
Il joue ainsi un rôle important dans les publications d’art de ce temps: la Revue Illustrée, de la famille Baschet, le Gil Blas Illustré, la société «Le Livre et l’Estampe», puis «l’Art et les Artistes».
 
Dans ces différentes fonctions il est amené à publier, à publier beaucoup. Ses contributions régulières dans les périodiques en question regroupent des articles journalistiques (critiques d’art, revues de presse, comptes-rendus d’évènements plus ou moins mondains) et des publications plus littéraires, généralement illustrées, qui sont ensuite regroupées et éditées luxueusement, par la Revue ou par le biais d’un éditeur traditionnel, Ferroud notamment.
 
Les annonces de la Revue Illustrée pour l’année 1899 sont assez parlantes :
 
- les Princesses de Jean Lorrain, contes illustrés par Manuel Orazi,
 
- les contes de Doucet, illustrés par Alfred Garth-Jones,
 
- notre ami Pierrot, de Doucet, pantomimes illustrées par Louis Morin,
 
- le Rire de la Grande Armée, illustré par Carrey,
 
- la Chanson des Mois, de Doucet, illustré par Leloir.
 
Même si ce programme ne sera finalement pas respecté, il illustre bien la place prépondérante de Doucet: «notre ami Pierrot» et «la Chanson des Mois» comprennent chacun 12 contes, Garth Jones a illustré 13 histoires de Doucet.
 
Dans l’ «Almanach du Bibliophile pour 1901» de Pelletan, Clément-Janin chronique (assez férocement pour certains d’entre eux) 21 livres de luxe parus en 1900 et 1901. Parmi eux, trois livres de Doucet: les «Contes de la Fileuse», les «Contes de Haute-Lisse», tous deux illustrés par Alfred Garth-Jones, et «Trois Légendes, d’Or, d’Argent et de cuivre», illustré par Rochegrosse. Ces trois livres ont fait l’objet de prépublications dans la Revue Illustrée, sur 21 livraisons, de 1895 à 1905 (pour le dernier conte, l’«âme du Samovar», illustré par Rochegrosse).
 
Parallèlement à ces occupations «sérieuses», Jérôme Doucet s’adonne à une passion: l’écriture pour les enfants. Très tôt il donne de petites histoires, qui tiennent sur quelques pages. Elles sont illustrées, bien sûr, et éditées par les maisons spécialisées, Juven en particulier.
 
Ces différentes activités sont menées en parallèle, et un petit recensement, sans doute non exhaustif, donne une idée de son rythme de travail:
 
- de 1900 à 1909, 30 ouvrages portent la signature de Doucet, soit comme auteur, soit comme préfacier (4 fois).
 
Cette production importante ne regroupe pourtant pas la totalité de ses contributions.
 
En effet, très tôt Doucet a utilisé un pseudonyme, qu’il n’a pas eu beaucoup de mal à imaginer.
 
Jérôme Doucet est le fils de Théophile Doucet, «professeur de l’enseignement supérieur», qui s’adonnait aux plaisirs de la poésie, et publiait ses productions (souvent des sonnets, très à la mode à cette époque) dans les revues littéraires lyonnaises, où il avait commencé sa carrière, soit sous son nom, soit en utilisant le nom de sa ferme de Beaumont-le-Roger, où il était né: Montfrileux.
 
La première signature «Jérôme Doucet» dans un livre figure dans le recueil publié en hommage à Joséphin Soulary, imprimé en 1891 par Storck, à Lyon. Il s’agit d’un sonnet pastiche du plus célèbre sonnet de Joséphin Soulary, qui est dédié «A P. POUR SES ETRENNES », P. ici désignant son père, et moquant gentiment sa passion du sonnet.
 
Et ce n’est sans doute pas un hasard si la première «vraie» publication de Jérôme Doucet, en 1892, toujours chez Storck, deux années après la mort de son père, porte comme auteur «Jérôme DOUCET / de Montfrileux». Il ne faut sans doute pas y voir une fausse particule, mais plutôt un rappel discret de ce père admiré, un rappel de ses origines. La dédicace porte d’ailleurs «à la mémoire de mon père».
 
 
Jérôme Doucet, «Cure d’Amour», petit in-8, 42pages, imp. Storck, 1892.
 
 
Toujours est-il que Doucet se souviendra de ce pseudonyme, quand il augmentera son rythme de publication.
 
Doucet l’utilise pour la première fois en 1896, pour signer «Guerriers et Soldats», illustré par Caran d’Ache, publié par la «Société d’édition et de publications» (Juven).
 
 
Montfrilleux, «Guerriers et Soldats», illustré par Caran d’Ache, in4, 18 pages, librairie Félix Juven, sans date (1896).
 
Il le réutilisera alors régulièrement, notamment dans la Revue Illustrée, dont il est devenu le «Secrétaire de la Rédaction», ce qui lui permet de donner plusieurs contributions dans le même numéro…
 
Ce pseudonyme de Montfrileux connaîtra plusieurs variantes: Montfrileux seul, Jérôme de Montfrileux, F. de Montfrileux, ou encore J. de Montfrilleux.
 
Voici une petite recension de son utilisation :
 
- 1896: «Guerriers et Soldats», signé «Montfrilleux» (avec deux L), illustré par Caran d’Ache, Société d’édition et de Publications.
 
- 1903: «Monsieur Minns. Horace Sparkins», signé «F de Montfrileux» d’après Dickens, illustré par Harry Eliott, publié par «Le Livre et l’Estampe».
 
- 1903: «Le Livre des Masques», signé «Montfrileux», illustré par Jules Fontanez, publié par «Le Livre et l’Estampe».
 
- 1909: «Gentlemen» d’après Dickens, signé «J. de Montfrileux», illustré par Harry Eliott, chez Blaizot.
 
- 1913: «Mossieu Clown», signé «Montfrileux», illustré par Poussin, chez Delagrave.
 
- 1916: «Les deux Cartouche», signé «Montfrileux», illustré par Robida, chez Delagrave.
 

- 1923: «les parodies des grands chefs-d’œuvre», signé «J. de Montfrileux», illustré par Bébin, imprimerie Kapp.
 
 
- Date inconnue (vers 1905): «le Monologue de l’ours», signé «Montfrileux», illustré par Léonce Burret, publié par Boivin.
 
 
 
 
On ne discerne pas vraiment de logique évidente dans cette liste: des livres bon marché pour enfants y côtoient des publications de bibliophilie, à tirage limité. Du reste Doucet ne faisait pas mystère de ce pseudonyme, assez transparent.
 
 
 
Légende: Louis Morin, «la Revue des Quatre Saisons», 1900-1901, p. 158.
 
Mais il se trouve que Jérôme Doucet a utilisé un autre pseudonyme… Il nous donne lui-même des indices à ce sujet. En effet, parmi ses dernières publications, Jérôme Doucet glisse des allusions personnelles.
 
 
En 1936, il publie «Mademoiselle Graindsel», à la Bibliothèque Rose. Les personnages principaux, autour de la fillette, sont ses parents, Jacques de Pierrelée, capitaine de cavalerie, Josette de Montfrileux son épouse, et sa grand-mère, Delphine de Pierrelée.
 
Il faut ici se souvenir que la grand-mère de Jérôme Doucet s’appelait Delphine Baudesson de Richebourg, ainsi qu’il nous le rappelle lui-même dans la dédicace de son premier livre important, la «Chanson des Choses», et que Théophile Doucet était lui-même capitaine de cavalerie, avant de quitter l’armée et de devenir professeur.
 
 
 
Dédicace de «la Chanson des Choses», Henry-May, 1900.
 
 
Ce nom de Pierrelée n’est pas tout à fait inconnu, si on consulte notamment les sommaires de la Revue Illustrée, aux époques où Jérôme Doucet y travaille.
 
On trouve, sous la signature de Simon de Pierrelée, de nombreux articles, en tout point semblables à ceux que Doucet signe Montfrileux.
 
On trouve également des contes, illustrés par Harry Eliott, de la même veine que ceux produits par Doucet.
 
Certaines de ces contributions seront reprises en volume. Voici une liste sans doute non exhaustive des publications signées Pierrelée :
 
- 1903: introduction à «Gaspard de la Nuit», illustré par Jules Fontanez, signé «Simon de Pierrelée», publié par «Le Livre et l’Estampe».
 
- 1904: «Contes d’un loup de mer», illustré par Lubin de Beauvais, signé « Pierrelée », chez Juven.
 
- Non daté: «Le plus malin», illustré par Vimar, signé « Pierrelée », chez Boivin.
 
- Non daté: «L’automobile de Sidi Poussah», illustré par Le Bocain, signé « Pierrelée », chez Boivin.
 
- Non daté: «Chasses extraordinaires», illustré par Harry Eliott, chez Boivin (Société d’édition et de publications).
 
 
 
Pierrelée, «le plus malin», illustré par Vimar, in12, 12 pages, société d’édition et de Publications, 1909.
On retrouve dans cette liste des points communs avec Montfrileux… encore plus frappants si on la rapproche d’un (petit) extrait des publications signées Doucet dans ces années-là :
 
- 1903: «Princesses de Jade et de Jadis», illustré par Lorant-Heilbronn, publié par « Le Livre et l’Estampe »
 
- 1907: «Six belles histoires de chasse», illustré par Harry Eliott, publié par Blaizot
 
- 1908: «Six grosses bouffées de pipe», illustré par Harry Eliott, publié par Blaizot
 
Nb: Ces histoires illustrées par Harry Eliott, avaient été publiées auparavant par la Revue Illustrée, sous la signature de Simon de Pierrelée…
 
 
 
Page de titre de «Princesses de Jade et de Jadis», signé Doucet, illustré par Lorant-Heilbronn, grand in-4, «Le Livre et l’Estampe», 1903. 25 ex. sur japon ancien avec une aquarelle et une suite avant la lettre, 25 ex. sur japon impérial avec une suite avant la lettre, 300 ex. sur vélin d’Arches.
 
 
Doucet a publié la même année, quatre ouvrages, signés de trois noms différents, dans sa propre maison d’édition, «Le Livre et L’estampe». Sa collaboration avec Harry Eliott, sur les années 1903-1908, a produit sept livres, également signés des trois noms…
 
Pierrelée, comme Montfrileux, est un lieu-dit proche de Beaumont-le-Roger. Une branche de la famille Doucet y avait-elle ses origines ?
 
Comme pour Montfrileux, Jérôme Doucet n’a pas eu à chercher bien loin ce nouveau pseudonyme. En effet, son père avait utilisé ce nom, dans un conte, qui a été publié par « la Revue du Siècle », en 1896. Ce conte, signé Théophile Doucet, a pour héros un certain Simon de Pierrelée, fierté des éditions Lemerre.
 
Jérôme Doucet republiera ce conte en 1903, dans «Gil Blas Illustré». Cette fois-ci le héros s’appelle Charles Créol, et le conte est signé Simon de Pierrelée…
 
Reste un dernier cas, qui ne rentre qu’à peine dans ce cadre.
 
Jérôme Doucet a une activité reconnue, dans trois domaines: la critique d’art, les livres de luxe, et les livres pour enfants. Dans ces trois domaines ses publications sont de bonne tenue. Pas de gauloiserie chez lui…
 
Mais il y a tout de même une petite exception.
 
Pour une publication publicitaire, Doucet donnera en 1913 «Quelques estampes gracieuses et précieuses du XVIIIe siècle», qui reste de bon ton. Mais la même année il publie «peintres et graveurs libertins du XVIIIe siècle», qui a un propos moins académique, chez Méricant. Cette fois-ci le livre est signé «Gérôme Doucet»… Erreur de l’éditeur, assez peu probable, Doucet ayant déjà publié deux ouvrages dans cette maison les années précédentes, ou volonté de se cacher un peu?
 
 
Gérôme Doucet (sic), « Peintres et Graveurs libertins du XVIIIe siècle », grand in-4, Méricant, 1913, 30 ex. sur vélin de Hollande, plus un « tirage limité » (re-sic) et numéroté.
 
Calamar

lundi 24 novembre 2014

Miscellanées bibliophiles: le spectre de la déflation (ou de l'inflation?), Aristophil. O tempora, o mores.

Amis Bibliophiles bonjour,
 
Hausse des prix, baisse de prix?
 
Je n'arrive plus à suivre. J'avais l'impression d'assister à une hausse globale des prix, tirée par les exemplaires les plus précieux, mais à écouter certains libraires, et après une discussion avec l'un des plus grands libraires parisiens, que l'on peut penser à l'abri de ce type de questions, il semblerait que le spectre de la déflation hante bien des esprits.
 
Techniquement, la déflation est un mouvement persistant des prix à la baisse, sous une longue période. La difficulté c'est que si en économie on peut suivre le prix de la baguette, du kilo de riz ou du litre de lait, il est plus délicat d'établir un cours des livres précieux.
 
Selon ce libraire très bien établi, une baisse des prix est inévitable et seule une catégorie d'ouvrages (sans surprise) échappera à la chute, les ouvrages d'exception mais surtout les grand textes et les éditions rares, en particulier des 16ème, 19ème et du début du 20ème siècle.
 
J'avais pour ma part l'impression que les prix montaient légèrement, mais d'une part j'entends de nombreux libraires faire part de leurs difficultés, que les ventes sur ebay (ce sont parfois les mêmes personnes) sont neurasthéniques et d'autre part les ventes en salles, sont aléatoires: les prix atteints lors de la dernière vente Sotheby's furent assez décevants, et cet après-midi encore, les prix de la vente Jean-Claude Carrière étaient plutôt faibles (un Rabelais / Duchat en plein maroquin 19ème certes, mais fort beau, pour 1000 euros tout rond. Il aurait fait plus sur ebay). La salle était déserte, et sur le Live, il semblait y avoir peu d'adversaires.
 
La tendance me semblait à la hausse, je l'entends à la baisse? Serait-elle tout simplement sélective? Votre avis?
 
Pendant ce temps, la cote d'Aristophil baisse un peu: selon plusieurs médias, les locaux de la société à Paris, de son Musée des lettres et du Manuscrit et de son Institut, mais aussi chez ses courtiers, à Lyon et Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) ont été perquisitionnés par le parquet financier de Paris.
 
La librairie du libraire Jean-Claude Vrain semble également avoir été perquisitionnée. Lepoint.fr évoque également l'intérêt de la justice pour l'expert Thierry Bodin. L'affaire est complexe et les conséquences multiples, mais pour résumer la pensée des divers médias ayant relayé l'information, un système de Ponzi est évoqué. Espérons que nous verrons rapidement plus clair.


A ma connaissannce, aucune réaction de la part d'Aristophil pour l'instant. Le site d'Aristophil est d'ailleurs suspendu il me semble.

H

dimanche 23 novembre 2014

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et curiosités

Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur eBay.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/




En passant, j'ai ajouté de nouvelles catégories sur http://encheresbibliophiles.fr/, si vous aimez la philatélie, le militaria, la numismatique ou les antiquités en général, vous pourrez retrouver sur le site les objets de ces catégories toujours classés par critères: les plus suivis, les plus chers, les plus enchéris.


GRANDVILLE-UN AUTRE MONDE-1844- éd. H.Fournier-36 gravures couleurs-COMPLET



CURIOSA - RELIURE MAROQUIN - HANCARVILLE - VIE DES 12 CESARS - 1785 - 24 grav.

CHARLES DE GAULLE MEMOIRES DE GUERRE EDITION ORIGINALE ENVOI AUTOGRAPHE SIGNE


Picart. Superstitions de tous les peuples du monde. Sorcellerie. Freemasonry.

BIBLIOPHILIE - RELIURE MAROQUIN LORTIC - THEOPHILE GAUTHIER MLLE de MAUPIN 1883



ANDRE GIDE SHAKESPEARE HAMLET E.O PLEIN MAROQUIN MOSAIQUE SIGNE DEVAUCHELLE

IMPORTANTE MANOSCRITTO SCIENTIFICO FIGURATO DEL 600 AMBITO ACCADEMIA CIMENTO



BIBLIOPHILIE - EX. FIRMIN DIDOT - HORACE - MAROQUIN DEROME - 36 gravures

Nostradamus: Les Prophéties - TOP SELTENE AUSGABE VON 1605 !!!

RELIURE MACABRE /DE DEUIL / FIGURES DE LA PASSION PACOT / LE CLERC 1725


MANUEL DES SORCIERS Magie Prestidigitation Tours Cartes 1815 RARE

curiosité superbe Ancien vrai faux livre cachette Armes de france dauphin 1772



Très vieux livre du père Noël! rubriqué Strasbourg Gruninger 1496 Saint Antonin

JAMES JOYCE / ULYSSE EDITION ORIGINALE SUR VERGE 1919 Ex. n° 20/20 BROCHE

1510-PROBLEMES D'ARISTOTE-NICOLAS DE LA BARRE-RELIURE CHARLES DE SAMBLANX-RARE



ZOLA LA JOIE DE VIVRE 1884 EO RARE ENVOI A PHILIPPE SOLARI, SON AMI D'ENFANCE

SOMPTUEUSE RELIURE ++ Plein MAROQUIN, 1627 ++ PETITS POINTS ++ LE GASCON ++


LA HARPE - HISTOIRE GENERALE DES VOYAGES - 1780 - 21 VOLUMES - 81 PLANCHES

CHATEAUBRIAND MEMOIRES D'OUTRE-TOMBE RARE EDITION ORIGINALE EN PREMIER TIRAGE


EMBLEMATA 1565 ! ADRIANUS JUNIUS EMBLEME SYMBOLISME ALCHIMIE ENIGME MAGIE EMBLEM

IN-FOLIO ++ ROMAN de CHEVALERIE ++ PARIS, 1550 ++ 51 FIGURES ++ D'EXCEPTION


LE BIBLIOPHILE FRANCAIS 1868 gravures blasons revue bibliophilie reliures in4

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