mardi 21 août 2007

Solution de l'énigme n°5 : le radeau de la Méduse

Quatre d'entre vous ont trouvé la réponse, félicitations donc à Guillaumus (qui a trouvé la réponse le premier à 20h30), ainsi qu'à Jean (à 20h31!), Lexovien et René. La petite histoire? Le 17 juin 1816, un bateau appareille de l'île d'Aix. Il s'agît de la frégate la Méduse, commandant Duroy de Chaumaray, avec à son bord le futur gouverneur du Sénégal, le colonel Schmaltz, accompagné de sa femme, de leur fille, de scientifiques, de soldats et de colons. Rapidement la tension à bord s'élève, exacerbée par l'inexpérience et les états de services sous l'ancien régime du commandant, qui créent un climat de suspicions et de haine.

Les tensions entre Chaumareys et notamment les lieutenants Espiaux et Reynaud, mais aussi l'équipage, provoquent l'échouage de la Méduse sur le banc d'Arguin, à 160 km de la côte mauritanienne, les opérations de déséchouage se passent mal. Un radeau est chargé lourdement, la Méduse flotte à nouveau mais des avaries surviennent. L'évacuation est délicate : les 233 passagers privilégiés, dont Chaumareys, Schmaltz et sa famille, embarquent sur six canots et chaloupes, dix-sept marins restent à bord de La Méduse, trois survivront; mais 152 marins et soldats doivent s'entasser sur le radeau long de 20 mètres et large de 7 mètres avec peu de vivres. Lorsque l'amarre avec les autres canots se brise ou est volontairement larguée, le commandant laisse les passagers du radeau livrés à leur sort. La situation se dégrade rapidement, dès la première nuit 20 hommes se sont suicidés ou ont été massacrés.

Après treize jours, le radeau est repéré par le brick l'Argus, quinze rescapés restent à bord : pour leur survie ils ont pratiqué très vraisemblablement le cannibalisme, cinq mourront dans les jours qui suivent. Ne survécurent que 10 hommes, parmi lesquels : Coudein (aspirant de marine), Corréard et Savigny (chirurgien de marine). Ces deux derniers relatèrent leurs émouvantes péripéties dans un récit publié un an plus tard.

"Sur cet étroit théâtre, où tant de douleurs se réunissaient, où les plus cruelles extrémités de la faim et de la soif se faisaient sentir, des hommes vigoureux, infatigables, exercés aux professions les plus laborieuses, succombèrent l'un après l'autre sous le poids de la destinée commune[...]"(Corréard-Savigny).
"Parmi les malheureux que la mort avait épargnés, les plus affamés se précipitèrent sur les restes inanimés d'un de leurs malheureux frères d'infortune, mirent le cadavre en pièces et se rassasièrent de ce mets horrible. A l'instant même, beaucoup de nous n'y touchèrent pas. Ce ne fut que quelques temps après, que nous fûmes tous obligés d'en venir à cette extrémité." (Coudein).

Le 13 septembre 1816, le Journal des Débats, anti-bourbon, publie le rapport officiel du chirurgien Henry Savigny, rescapé du radeau : les révélations de l'imposture de l'échouage, le récit de la tragédie avec les conditions de vie extrêmes sous le soleil, sans eau, avec des rations de plus en plus réduites, les noyades, le tout dans un climat de violence permanent, les plus forts éliminant les faibles, déclenche un scandale politique. La marine britannique prendra en charge le rapatriement des survivants en France en raison des réticences du ministère français. Finalement, le commandant de Chaumareys sera condamné à trois ans de prison.
La gravure de l'énigme est un plan du radeau qui figurera en frontispice, face à la page de titre de l'émouvant "Naufrage de la frégate La Méduse faisant partie de l'expédition du Sénégal en 1816", par Savigny et Corréard, publié à Paris en 1817.

Une seconde édition entièrement refondue et augmentée des notes de M.Bredif,avec le plan du radeau et le portrait du roi Zaide paraîtra à Paris en 1818.

L'ouvrage est rare, mais pas introuvable. Bon courage!

H

Images : le plan du radeau, la seconde édition, le fameux tableau de Géricault.

L'indice :

Doublement mortelle : une fois dans le naufrage et l'autre fois pour la Gorgone
Punie deux fois par les Dieux : une fois dans le naufrage, l'autre fois pour la Gorgone (qui fût punie par Athéna)
Je répandis deux fois mon sang : le naufrage et ses suites, ainsi que la décapitation de la Gorgone
et perdis deux fois la tête : le navire perdit sa proue, la Gorgone sa tête

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