Amis Bibliophiles Bonjour,
En ce dimanche je comptais évoquer avec vous l'indicible laideur des reliures anglaises... Mais vous avez pris le pouvoir sur le blog en étendant le débat sur la bibliophilie et l'investissement à un nouveau débat, sur le fait de couper ou non les pages d'un livre.
Pour éviter que tout ne soit mélangé (mais vous avez bien fait de lancer ce débat), je vous propose de débattre aujourd'hui de ce sujet bien spécifique : faut-il ou non couper les pages d'un livre?
Ma position est claire : je suis bibliophile, un livre est fait pour être lu et à mes yeux, c'est quasiment lui manquer de respect que de conserver les pages non coupées. Et si j'hérite d'un livre non coupé, portant un bel envoi par exemle... je n'hésite pas non plus... il me semble que ce livre mérite mieux en effet qu'un dédicataire qui ne l'aurait pas coupé. Hélas, vous savez que je préfère les livres et je croise donc rarement des livres non coupés... Mais d'accord avec AAA, c'est peut-être le plus beau geste de la bibliophilie, et c'est un geste que j'adore effectuer, avec soin.
Pour relancer le débat, je copie ci dessous vos divers messages sur le sujet (merci en particulier à Jean-Paul, Jean-Marc, Pilou, AAA, Lambano... d'ailleurs Lambano, et si vous vous insriviez sur la carte?) :
AAA :
On sait tous qu'en le faisant on retire une partie de sa valeur, mais que si on le fait pas on ne pourra pas en profiter.
En ce qui me concerne, je les ouvre tous, souvent avec grand plaisir et beaucoup d'application (j'ai une fois déchiré un joli Villon illustré !!!). J'y vois une sorte de privilège, l'idée que ce livre m'a attendu si longtemps pour être vraiment découvert.
Pilou:
Malheureusement, les livres nous attendent tellement qu'ils finissent par se fermer définitivement à l'oeil qui l'a tant attendu. L'humidité s'insinue entre les pages et les colle définitivement. J'en ai fait la douloureuse expérience, et rien ne m'a permis d'ouvrir les pages sans les abimer. Donc, je l'ai laissé tel quel.
Lambano :
Un livre non coupé n'est-il pas une chose morte, un non-sens, un empilement de feuilles inutiles entre du carton sans âme? Le livre existe par le lecteur, non ?
Je suis absolument hermètique au charme du livre non coupé et manifesterai même contre lui une certaine hostilité. Je suis prêt à être convaincu du contraire s'il a de bons avocats.
AAA
C'est peut être le geste bibliophilique que je préfère: couper les pages d'un livre.
Jean-Paul :
Le coupe papier est le principal outil du bibliophile ... alors, que ceux et celles qui n'en ont pas se précipitent pour en acheter un ! Certains d'ailleurs sont très beaux. Attention toutefois à ceux qui déchirent plus que couper.
Lambano :
AAA>C'est peut être le geste bibliophilique que je préfère: couper les pages d'un livre.
Jean-Paul>Le coupe papier est le principal outil du bibliophile
Découpez-vous aussi les pages d'un livre dont le dédicataire (choisissons-le connu) n'a pas pris la peine de le faire quand il l'a reçu?
Autrement dit, quels sont vos critères de défloraison d'un livre non coupé et où commencent vos scrupules?
Jean-Paul :
Vous connaissez la réflexion classique concernant un livre non coupé : "il n'est pas fini !"
Alors, il faut le finir et donc le couper. Je n'ai jamais eu aucun scrupule à le faire : un livre est fait pour être lu, quel que soit le dédicataire (qui, entre nous, ne devait pas être très intéressé par l'auteur qui avait pourtant eu du plaisir à lui faire une dédicace !). Sinon, adieu le bibliophile et vive le spéculateur ! Et puisque vous parlez très justement de défloration(et non de défloraison), pardon Mesdames, ce livre non coupé que j'ai voulu est effectivement une jeune épousée que je déflore avec amour.
Lambano :
Défloraison parle de fleurs qui tombent, nous n'en sommes pas si éloignés en parlant de feuilles qu'on coupe...
Inutile de vous dire que je ne partage absolument pas votre avis dans le cas particulier de la dédicace.
Il est à mes yeux plus précieux de conserver un témoignage tangible de l'estime (en l'occurrence du peu d'estime)que portait le dédicataire à l'auteur, surtout lorsque celui-ci s'était répandu en sirupeux hommages...
Mais je suis troublé par ce que vous écrivez, être attentif à cela, est-ce ne pas être bibliophile ?
Jean-Paul :
A ne pas ouvrir un livre pour le lire, sous prétexte qu'il n'est pas coupé et dédicacé à un grand personnage, vous semblez tenir plus de l'archiviste et du bibliomane thésauriseur que du bibliophile. Vous me faites penser à ces collectionneur de grands crus millésimés qui n'ouvriront jamais leurs bouteilles et qui,par conséquent, ne sauront jamais si ce qu'elles contenaient valait la peine d'être payé si cher....Mais nous avons tous les deux la possibilité de sentir les choses différemment. C'est ce qui fait la très grande richesse de ce monde, et de ce blog en particulier.
Lambano:
Oui, il est vrai que je peux sans gêne sacrifier mon propre regard pour conserver la trace de celui qui m'a précédé. A travers cette discussion, je m'aperçois même que c'est cette présence dont je suis surtout en quête.
Jean-Marc:
J'apporte mon grain de sel à cette discussion, qui s'est bien éloignée du sujet d'origine. Je n'ai aucun état d'âme à couper les livres que j'achète. A cela, une seule raison : je lis ou parcours tous les livres que j'achète. Avez-vous déjà essayer de lire un livre non coupé ? C'est le torticolis assuré.
A vous de jouer....
Pour éviter que tout ne soit mélangé (mais vous avez bien fait de lancer ce débat), je vous propose de débattre aujourd'hui de ce sujet bien spécifique : faut-il ou non couper les pages d'un livre?
Ma position est claire : je suis bibliophile, un livre est fait pour être lu et à mes yeux, c'est quasiment lui manquer de respect que de conserver les pages non coupées. Et si j'hérite d'un livre non coupé, portant un bel envoi par exemle... je n'hésite pas non plus... il me semble que ce livre mérite mieux en effet qu'un dédicataire qui ne l'aurait pas coupé. Hélas, vous savez que je préfère les livres et je croise donc rarement des livres non coupés... Mais d'accord avec AAA, c'est peut-être le plus beau geste de la bibliophilie, et c'est un geste que j'adore effectuer, avec soin.
Pour relancer le débat, je copie ci dessous vos divers messages sur le sujet (merci en particulier à Jean-Paul, Jean-Marc, Pilou, AAA, Lambano... d'ailleurs Lambano, et si vous vous insriviez sur la carte?) :
AAA :
On sait tous qu'en le faisant on retire une partie de sa valeur, mais que si on le fait pas on ne pourra pas en profiter.
En ce qui me concerne, je les ouvre tous, souvent avec grand plaisir et beaucoup d'application (j'ai une fois déchiré un joli Villon illustré !!!). J'y vois une sorte de privilège, l'idée que ce livre m'a attendu si longtemps pour être vraiment découvert.
Pilou:
Malheureusement, les livres nous attendent tellement qu'ils finissent par se fermer définitivement à l'oeil qui l'a tant attendu. L'humidité s'insinue entre les pages et les colle définitivement. J'en ai fait la douloureuse expérience, et rien ne m'a permis d'ouvrir les pages sans les abimer. Donc, je l'ai laissé tel quel.
Lambano :
Un livre non coupé n'est-il pas une chose morte, un non-sens, un empilement de feuilles inutiles entre du carton sans âme? Le livre existe par le lecteur, non ?
Je suis absolument hermètique au charme du livre non coupé et manifesterai même contre lui une certaine hostilité. Je suis prêt à être convaincu du contraire s'il a de bons avocats.
AAA
C'est peut être le geste bibliophilique que je préfère: couper les pages d'un livre.
Jean-Paul :
Le coupe papier est le principal outil du bibliophile ... alors, que ceux et celles qui n'en ont pas se précipitent pour en acheter un ! Certains d'ailleurs sont très beaux. Attention toutefois à ceux qui déchirent plus que couper.
Lambano :
AAA>C'est peut être le geste bibliophilique que je préfère: couper les pages d'un livre.
Jean-Paul>Le coupe papier est le principal outil du bibliophile
Découpez-vous aussi les pages d'un livre dont le dédicataire (choisissons-le connu) n'a pas pris la peine de le faire quand il l'a reçu?
Autrement dit, quels sont vos critères de défloraison d'un livre non coupé et où commencent vos scrupules?
Jean-Paul :
Vous connaissez la réflexion classique concernant un livre non coupé : "il n'est pas fini !"
Alors, il faut le finir et donc le couper. Je n'ai jamais eu aucun scrupule à le faire : un livre est fait pour être lu, quel que soit le dédicataire (qui, entre nous, ne devait pas être très intéressé par l'auteur qui avait pourtant eu du plaisir à lui faire une dédicace !). Sinon, adieu le bibliophile et vive le spéculateur ! Et puisque vous parlez très justement de défloration(et non de défloraison), pardon Mesdames, ce livre non coupé que j'ai voulu est effectivement une jeune épousée que je déflore avec amour.
Lambano :
Défloraison parle de fleurs qui tombent, nous n'en sommes pas si éloignés en parlant de feuilles qu'on coupe...
Inutile de vous dire que je ne partage absolument pas votre avis dans le cas particulier de la dédicace.
Il est à mes yeux plus précieux de conserver un témoignage tangible de l'estime (en l'occurrence du peu d'estime)que portait le dédicataire à l'auteur, surtout lorsque celui-ci s'était répandu en sirupeux hommages...
Mais je suis troublé par ce que vous écrivez, être attentif à cela, est-ce ne pas être bibliophile ?
Jean-Paul :
A ne pas ouvrir un livre pour le lire, sous prétexte qu'il n'est pas coupé et dédicacé à un grand personnage, vous semblez tenir plus de l'archiviste et du bibliomane thésauriseur que du bibliophile. Vous me faites penser à ces collectionneur de grands crus millésimés qui n'ouvriront jamais leurs bouteilles et qui,par conséquent, ne sauront jamais si ce qu'elles contenaient valait la peine d'être payé si cher....Mais nous avons tous les deux la possibilité de sentir les choses différemment. C'est ce qui fait la très grande richesse de ce monde, et de ce blog en particulier.
Lambano:
Oui, il est vrai que je peux sans gêne sacrifier mon propre regard pour conserver la trace de celui qui m'a précédé. A travers cette discussion, je m'aperçois même que c'est cette présence dont je suis surtout en quête.
Jean-Marc:
J'apporte mon grain de sel à cette discussion, qui s'est bien éloignée du sujet d'origine. Je n'ai aucun état d'âme à couper les livres que j'achète. A cela, une seule raison : je lis ou parcours tous les livres que j'achète. Avez-vous déjà essayer de lire un livre non coupé ? C'est le torticolis assuré.
A vous de jouer....
H
Je n'ai plus grand chose à ajouter au débat, si ce n'est une chose: Hugues pourriez vous ajouter ce S que j'ai oublié à "foi". En première page de votre blog, j'en éprouve une certaine honte. Merci
RépondreSupprimer« Le seul plaisir qu’un livre me procure encore, c’est le frisson du couteau d’ivoire dans ses pages non coupées : c’est une virginité comme une autre et cela est toujours bon à prendre » (Théophile Gautier, Les jeunes France, 1833, préface).
RépondreSupprimerCe blog peut s'enorgueillir de compter de vrais bibliophiles, amoureux de l'objet livre mais aussi du texte, lecteurs et non investisseurs.
Si les statues du commandeur vous disent " ce livre dédicacé à Victor Hugo et qu'il n'a pas ouvert, ce qui est insoutenable pour les grands curieux que nous sommes; n'hésitez pas, mettez y vos coupe-papiers d'ivoire pour voir ce que ce livre racontait car nous sommes de vrais bibliophiles".
RépondreSupprimer...vite, déconnectez-vous.
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerje vais donner mon avis, forcément schizophrène, de libraire-bibliophile ou de bibliophile-libraire, comme vous préférez.
Tout d'abord mon avis de libraire.
Vous ne trouverez pas curieux (j'espère) que je me fasse un devoir de transmettre aux amateurs les exemplaires dans l'état où je les trouve.
A savoir. Si l'ouvrage que je propose est non coupé, je me dois en tant que libraire de le transmettre au futur acquéreur, dans le même état.
Donc, même si c'est un texte intéressant pour le libraire... il ne le lit pas !
Encore que. Une solution bien simple existe toutefois pour pouvoir lire un livre non coupé...
En trouver un second exemplaire coupé celui-là. Et puisque ce problème, s'il en est un, ne se pose que pour les livres du XIXè au XXè siècle (bien qu'il existe encore quelques non coupés au XVIIè et XVIIIè siècle, mais beaucoup plus rarement), alors le texte à lire ne doit pas être si difficile à trouver.
Ma position de libraire est donc la suivante : Je transmets les livres tels que je les trouve. C'est à mon avis un devoir pour le libraire, sinon il change le cours de l'histoire de l'exemplaire qu'il propose, et ça, il n'en a pas le droit.
Un exemple concret pour illustrer mon propos.
J'ai eu entre les mains, il y a quelques temps déjà, un exemplaire d'un ouvrage de Colette, broché, sur papier ordinaire, avec sur le faux-titre l'envoi suivant : "A Monsieur Louis Barthou, etc etc...".
Tout le monde ici ou presque connait le célèbre bibliophile Louis Barthou, ministre par ailleurs et mort assassiné.
Et bien son exemplaire offert et dédicacé par Colette était non coupé ! Que penser ?
Louis Barthou était-il homme à ne pas avoir lu l'ouvrage que la délicieuse Colette lui avait offer ? Personnellement je ne pense pas. Je pencherais plutôt pour dire que M. Barthou avait sur ses rayons surchargés, un autre exemplaire de ce titre, sans envoi celui-là, et qu'il l'a lu.
Mon avis de bibliophile maintenant.
Mon plus grand plaisir en bibliophilie a sans doute été il y a plus de deux ans maintenant, d'ouvrir les quelques 10.000 pages de l'ensemble des Bulletins de la Librairie Morgand et Fatout.
En effet, j'ai acheté un exemplaire broché de ces magnifiques catalogues.
10 volumes in-8 de plus ou près de 1.000 pages chaque ! un travail de coupage de titan... et pas droit à l'erreur sur une seule page...
Et depuis, ayant lu et relu ces précieux catalogues, toujours avec le même plaisir, j'en ai fais le travail que vous savez (à savoir la numérisation complète sur CD-ROM de l'ensemble. Disponible gratuitement.)
Donc je confirme qu'en tant que bibliophile il n'est guère de plus grand plaisir que de couper un ouvrage pour le lire et suit d'accord avec tous les intervenants du blog sur le sujet.
Je comprends également cependant le point de vue de Lambano qui considère le livre comme un objet historique sur lequel nous n'avons pas de droits de modification. En fait cela dépend des livres en question, leur importance historique ou littéraire.
Une autre question me vient ?
Avez-vous déjà été confronté aux pages encore collées ensemble par la dorure des tranches d'un livre ancien cette fois ?
Pour ma part, cela m'arrive assez souvent. C'est l'équivalent des livres non coupés pour les ouvrages les plus anciens.
L'amateur a acheté son ouvrage, l'a fait soigneusement relié, les tranches ont été délicatement dorées, le livre a été posé dans la bibliothèque et ensuite...
l'ouvrage a traversé les siècles sans plus jamais avoir été ouvert une seule fois !
C'est assez déconcertant et intimidant lorsque cela arrive pour un livre du XVIIIè siècle, voire du XVIIIè sièle (je dois avouer que cela ne m'est encore jamais arrivé pour un livre du XVIè siècle). Et le libraire est bien obligé de séparés ces feuillets encore collés aux extrémités s'il veut faire un collationnement complet et digne de ce nom.
Voilà mes avis sur la question qui était fort intéressante à débattre,
Amitiés bibliophiliques, Bertrand
Tout à fait d'accord avec vous, Bertrand, votre synhèse est lumineuse.
RépondreSupprimerIl faut savoir porter le fer avec discernement, c'est le premier devoir du bibliophile; sinon nos successeurs nous en voudront.
Lambano
Bertrand,
RépondreSupprimerDans la première partie de votre démonstration, vous avez totalement éludé la notion d'exemplaire. Pourtant, c'est au nom de cette notion que vous, libraire, le transmettrez à un amateur. Faut-il donc, comme certains l'ont préconisé au XIXe siècle, avoir trois exemplaires d'une même édition : un pour la montre, un pour le prêt et un pour la lecture ? Ce qui ne résoud rien si la reliure s'invite dans le problème !
Cordialement
Jean-Paul
Je comprends le raisonnement de Bertrand. En tant que libraire, il est logique qu'il transmette l'exemplaire dans l'état où il le reçoit...
RépondreSupprimerMaintenant, croyez-le et je parle d'expérience, il est de grands bibliophiles, dont pourquoi pas Barthou, qui n'ouvrent pas leurs livres...
Coupons, coupons... avec discernement mais coupons...
Martin
P.S. : je dois être idiot, mais le message du commandeur... rien compris.
Martin,
RépondreSupprimerJe suis aussi idiot que vous... Si notre ami voulait bien nous expliquer, merci.
Cordialement aux deux
Jean-Paul
Pour répondre à Jean-Paul, je dirais que oui, je pense que le summum en matière de bibliophilie serait :
RépondreSupprimer1. de lire le livre que l'on a acheté.
2. en posséder un exemplaire exceptionnel soit par l'envoi, soit par la reliure, soit par tout autre élément.
3. en posséder un exemplaire que l'on serait à même de prêter ou offrir à ses amis.
Sachant que pour la proposition 2. chaque élément, reliure, envoi, papier, etc, offre autant de critères pour conserver à chaque fois 1 exemplaire.
Cela touche sans doute à la biblio-maniaquerie mais bon... ne sommes-nous pas tous un peu fous ici ?
Evidemment ce sera plus facile à réussir avec des Henri Bordeaux ou des François Coppée qu'avec des Songes de Poliphile... j'en conviens...
Encore que celui qui tente tout réussit beaucoup !
Les grands amateurs des siècles passés ne négligeaient pas d'avoir 2 ou 3 exemplaires du même livre dans des conditions différentes dans leur bibliothèque (reliures différentes, exemplaires uniques, etc).
Fous des livres j'entends.
PS : je n'ai rien entendu non plus au message sybillin du commandeur...
Amitiés bibliophiliques, Bertrand
Sur le nombre d'exemplaire à posséder, je rappelle le principe de sir Richard Heber, qui laissa à sa mort (1833) 150 000 volumes. "Un bon bibliophile doit avoir trois exemplaires de chaque ouvrage intéressant, et s'employer à les trouver: le plus beau pour le montrer, le second pour s'en servir, le troisième pour être mis à la disposition des amis.»
RépondreSupprimerVaste programme
H
Je ne suis pas d'accord avec cette maxime, du moins je ne m'y reconnais pas.
RépondreSupprimerLorsque j'achète un livre, une édition rare comme un livre de poche, je ne différencie pas le contenu et le contenant, c'est un tout. C'est à dire, que j'achète tous mes livres pour les lire, quand bien même je l'ai déjà lu dans une autre édition.
C'est assez difficile à expliquer, mais j'ai un rapport charnel et intellectuel avec chaque exemplaire, je le renifle, le tâte et le lis (parfois qu'en partie), c'est ma manière de me l'approprier. Bref, je n'imagine pas acheter des exemplaires "d'expositions". Chacun, je crois, a un rapport très personnel, parfois irrationnel, à ces livres. Je ne peux expliquer le mien, en tout cas, cette diversité me parait irréductible à des règles du bon bibliophile.
En ce qui concerne la question des prêts, je n'ai pas de solution. Il est très difficile de refuser à quelqu'un de lui prêter un livre et en même temps beaucoup sont incapables de comprendre le soin maniaque qu'on leur prodigue. Bien souvent, on m'a rendu des livres (dans des éditions courantes) cassés, salis.
Qu'on tourne ou qu'on vire, je pense qu'on ne pourra pas sortir de cette vision qui veut que pour le bibliophile le livre est "aussi" et surtout un "objet", témoignage historique primordial, sorte de Graal inviolable et sacré, à qui respect et vénération sont dus.
RépondreSupprimerSi nous n'étions ici que pour parler de lecture et d'amour de lire, ce serait le blog du magazine littéraire et pas le blog du bibliophile, non ?
Ce qui différencie le bibliophile du simple lecteur (et il n'y a rien ni de péjoratif ni de réducteur dans ce terme), c'est bien ce côté "culte" qui nous lie (et qui dit culte, dit icône, et qui dit icône dit "exposition", d'où peut-être il est vrai, ce côté arrogant et ostentatoire de la bibliophilie).
Voilà mon sentiment.
Amitiés bibliophiliques, Bertrand
Je suis absolument d'accord avec vous Bertrand, en ce qui me concerne, simplement, j'ai du mal à distinguer ces 2 dimensions. Mon plaisir de lecture est en partie déterminée par l'objet et vice-versa, c'est pour cela qu'il m'est difficile d'envisager d'avoir un exemplaire réservé au plaisir des yeux et un autre au plaisir de lire.
RépondreSupprimerEt pour ma part, je parle plutôt que de culte de fétichisme.
Je voue aussi un culte graalesque à mes exemplaires, que des critères parfaitement subjectifs rendent paticulièrement précieux. Mais je les lis tous, soit directement, soit dans des éditions moins fragiles...ou des traductions plus abordables.
RépondreSupprimerEtre bibliophile, c'est lire ausi, pour que la possession soit complète, tout à fait OK.
Lambano
Je ne suis pas si catégorique. J'essaie le plus souvent de lire les livres anciens que je possède. Et je trouve que pour ceux qui me sont chers, et dont j'affectionne particulièrement le texte, il est moins "dangereux" de les lire dans des éditions modernes. Un exemplaire pour le plaisir, un pour la lecture, qui est aussi un plaisir, et si un ami est tenté par la lecture, je préfère en général lui offrir une édition moderne.
RépondreSupprimerDans quelques cas, je pense à mon Vestergan manuscrit, il est plus prudent de lire une édition plus moderne que de détériorer le livre ancien par de nouvelle lectures (ce qui ne m'empêche de le feuilleter).
Lire un livre ancien, oui, dès que c'est possible, mais pas toujours. Mais ce sera le sujet d'un autre débat.
Hugues
A vous lire, vous avez tous frôlé une autre notion fondamentale : le passage du goût de la lecture à l'amour des livres, ce qui a été appelé la bibliophilisation, conversion du simple lecteur en bibliophile.Je ne peux lire le texte qui m'intéresse que dans le seul exemplaire que j'ai choisi ; je n'en ai pas besoin d'autre ; quant au prêt, je le refuse, les bibliothèques publiques sont faites pour cela. Je parle bien sûr ici de livres de bibliophilie et non de livres de documentation.
RépondreSupprimerJean-Paul
Jean-Paul, Parlez vous de vous même ou définissez vous la bibliophilisation?
RépondreSupprimerMartin
je crois que le processus de bibliophilisation est complexe et sans doute à multiples facettes.
RépondreSupprimerDoit-on forcément avoir été en contact précoce avec les livres ? Doit-on aimer lire pour s'initier à la bibliophilie ? Peut-on être bibliophile sans test ADN préliminaire (je plaisante...) ?
La question au final ne devrait-elle pas se résumer ainsi :
Est-il vraiment nécessaire de posséder un ou plusieurs livres pour être bibliophile ou plus simplement ne peut-on pas être un bibliophile sans livre ?
Je crois que c'est possible.
Amitiés, Bertrand
Martin,
RépondreSupprimerLa définition de la bibliophilisation mériterait un exposé bien plus long, alimenté par les nombreuses réflexions de nos amis. Je parlais très schématiquement, pour faire court, de ma façon de voir les choses en matière d'unique ou de multiples exemplaires pour un même texte.Mais il me semble qu'on arrive ici au bout du débat lancé par Hugues ?
Jean-Paul
En effet, Jean-Paul et Bertrand ont lancé deux nouvelles pistes de débat, bien éloignées de "Couper or not couper"... je les en remercie, nous les relancerons.
RépondreSupprimerEt en attendant, je vous coupe, et arrêtons là "Couper or not couper"... Sinon, le blog va devenir le blog du débat bibliophilique sans fin, et si ça ne vous ennuie pas, je préfère en relancer régulièrement.
Sourire.
Pour terminer sur le message de Bertrand, et en lien avec la bibliophilisation, j'ai envie de dire : touche pas à mon adn, et touche pas à mes livres!
Comment ça, je suis pas prêteur?
Hugues