samedi 10 novembre 2007

Les EO, est-ce vraiment original comme domaine...? Débat!

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Je souris souvent en consultant des descriptifs de vente, chez des libraires ou dans des catalogues lorsque je lis "seconde édition originale" (sic), "deuxième originale" (re-sic), "année de l'originale" (comme si c'était un gage de qualité)... sans parler des pré-originales, qui valent parfois plus que les originales, parfois moins, enfin ça dépend surtout du stock du libraire qui les vend...

En fait, c'est clair, le terme "original" fait vendre et il est donc mis à toutes les sauces, parfois en dépit du bon sens. Il est clair que des nuances existent, mais cela-a-t-il vraiment un sens?

Cela amène deux questions :

1. Quand ce n'est pas l'originale (je veux dire la véritable, c'est-à-dire la première imprimée, je laisse de côté les pré-originales), cela a-t-il un sens de vouloir grappiller quelques poussières de gloire et d'euros en ajoutant "2ème originale", "vraie originale, mais en fait 3ème édition", etc?

2. Plus loin, si on avance dans le débat, est-ce que cela a un sens de se targuer de posséder l'édition originale d'un livre, comme si cela voulait tout dire... En ce qui me concerne, je ne suis pas sensible à cet argument "originel", et je préfère une 10ème édition parfaite, revue et rerevue mais en très bel état, à une originale qui tomberait en lambeaux... Bien sûr toute loi a ses exceptions, mais vous, comment vivez vous ce rapport à l'EO?

Avouez, c'est un peu étroit comme approche, non? En tout cas, nous sommes bien d'accord, elle ne peut se suffire?

Enfin... Quelle peine proposez-vous pour ces vendeurs originaux et qui abusent du terme "original"? Estampage à froid?

Sourire.

H

P.S. : je rappelle aux âmes sensibles que je prends parfois des positions franches pour pouvoir lancer un débat...

33 commentaires:

  1. Hugues,

    Dans l'attente d'approfondir le sujet du débat de ce soir, je propose comme peine le "passage au massicot" !

    Jean-Paul

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  2. Je suis assez d'accord avec vous sur le principe. Pourtant, j'avoue que plus le livre est récent plus je recherche les éditions originales (sur grand papier si possible). C'est une part de mon fétichisme que j'ai du mal à exprimer.

    Il y a aussi les contres exemples, les éditions originales qui ont une valeur historique. J'ai ainsi un livre qui ne vaut pas grand chose mais qui est le premier imprimé par les "éditions de la N.R.F" (aujourd'hui Gallimard). Son intérêt réside dans la mention fictive de l'adresse de l'éditeur et du tirage sur la couverture (collé à la main) alors que la page de titre contient la bonne.

    Bref, j'aime beaucoup ce livre, justement parce qu'il sent l'amateurisme de Gide et Schlumberger, parce qu'il a une puissance historique qui dépasse largement son contenu.

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  3. Que j'ai du mal à "expliquer", bien entendu.

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  4. Hugues,

    Une précision svp : on parle uniquement des éditions originales (premières éditions des textes modernes ou contemporains) ou aussi des éditions princeps (premières éditions des textes anciens)?

    Jean-Paul

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  5. PTIT COUP DE GUEULE !

    Si l'on oublie les EO, les éditions posthumes et les éditions clandestines, si l'on ne différencie ni les unes ni les autres, si l'on ne prend plus la peine de reconnaître ce que nos prédécesseurs en bibliophilie ont mis tant de temps et de peine à établir (je pense particulièrement à M. A. Rochebilière, à la fin du XIXè siècle, qui a réussi à différencier bon nombres d'éditions qui passaient pour être toutes identiques avant lui... , je pense aussi aux Paul Lacroix et ses bibliographies (certes dépassées) de Molière, Restif de La Bretonne, etc, à Edouard Rahir et ses catalogues toujours plus détaillés et plus riches en informations bibliographiques, plus près de nous à M. Esmerian sans qui les reliures du XVIIè siècles ne seraient jamais réapparues au grand jour sous les mêmes auspices, etc...), ....

    Alors ne serait-il pas également temps d'arrêter de différencier les reliures en maroquin des reliures en chagrin (remarquez avec la conscience Ebay... on y arrive rapidement ! le veau est de la basane, le chagrin est du maroquin, tout est EO sans en être, ou tout est à peu près quelque chose sans en être sûr, quelle belle maîtrise des éléments bibliographiques !), les relieurs du XIXè siècle qui ont signé CAPE, DURU, TRAUTZ, MARIUS MICHEL, etc, doit-on continuer à citer leur nom entre parenthèses à la fin des notices bien faites ?? Peut-être doit-on simplement les rayer des catalogues de librairie car cela fait trop "parvenu" !

    Eh bien non ! Mille fois non !

    Si l'on oublie les EO, alors on occulte un pan entier de la bibliophilie ancienne et moderne, et n'en déplaise au maître des lieux (que je croyais pourtant amateur du beau, du vrai, du juste et du bibliophiliquement précis...), si les libraires consciencieux (dont j'espère être) continuent à noter "EDITION ORIGINALE DE PREMIER TIRAGE" ou "SECONDE EDITION ORIGINALE" ou "UNIQUE EDITION POSTHUME", c'est bien parce que chaque terme a son importance et que d'autres ont travaillé avant nous à l'établir (Tchémerzine, Brunet, Cioranescu, Le Petit, pour ne citer que les plus célèbres) et que nous ne devons pas faire aujourd'hui faire de la bibliophilie au rabais comme le monde actuel voudrait que tout soit.

    Un jour quelqu'un m'a dit qu'il ne fallait pas se contenter de la médiocrité. Cette phrase a fait echo en moi et je l'ai mémorisé à jamais comme une devise. J'y adhère totalement.

    D'ailleurs je crois que bien que ce quelqu'un s'appellait Hugues !

    Amitiés originales, Bertrand

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  6. Bravo Bertrand ! Vous avez tout dit !

    Bibliographiquement,

    Jean-Paul

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  7. Cher Bertrand,

    Exactement, et je te remercie de me donner raison, finalement, lorsque tu écris "tout est EO sans en être, ou tout est à peu près quelque chose sans en être sûr"...

    C'est précisément ce que je voulais dire lorsque je m'insurgeais contre la surexploitation de l'appellation d'origine trop souvent incontrôlée "édition originale". Aujourd'hui, comme chacun à droit à sa minute de gloire, on a l'impression que chaque livre a droit à son "originalité", c'est ce point qui me dérange, que je trouve finalement pervers.

    Parce que justement, à ce moment là, tout est EO, rien n'est EO et un bibliophile n'y retrouve pas son chat! Et il ya beaucoup de coquins qui surfent sur la vague et abusent de ces appellations...

    Donc pour moi, des expressions de type "seconde édition originale" n'ont pas lieu d'être : soit on est l'originale, soit on est la deuxième, mais pas la "deuxième" ou la "seconde originale"... Après, que des anciens aient décidé que blablabla, c'est bien, mais bon, ce n'est pas non plus parole d'évangile. Après tout, ce genre de thèses et aussi fait pour être remise en cause, comme ceux qui les ont édictées ont remis en cause celles de leurs prédecesseurs...

    De mon côté, c'est sans doute on côté "confiance en l'homme", je pense qu'avant c'était plutôt moins bien, et qu'après ce sera plutôt mieux... Le progrès quoi...

    Je ne crois pas que mettre un petit coup de kärcher (allez quoi, je provoque) sur l'AOC EO serait néfaste. Au contraire, cela permettrait d'éviter les abus que tu évoquais.

    Au final, je suis heureux que nous soyons du même avis et que tu te range derrière mon panache blanc... Tu vois, quand tu veux.

    H
    Et comme on dit... Ad Majorem Dei Gloriam...

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  8. Bravo Bertrand ! Vous avez tout dit !
    Seconde édition originale.

    Jean-Paul

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  9. Et voilà, ce deuxième message de Jean-Paul, publié plus tard que le premier et avec quasiment le même texte... et qui se targue d'être le second original..

    Quand je vous dis qu'il y a des abus!

    :)

    H

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  10. c'est marrant que tu me parles de ton panache blanc...

    Parce que moi, à la fin de mon dernier message, j'avais envie d'écrire...

    "A la fin de l'envoi, je touche."

    Comme quoi nos références entre Angus Young et Cyrano de Bergerac ne sont pas éloignées...

    Malheureusement en matière d'EO il n'en va pas de même.... Et ce n'est pas la peine d'essayer de faire croire au blog que je suis rallié à ton avis sur le sujet.

    Que neni !!

    Ce que je disais "tout est EO sans en être, ou tout est à peu près quelque chose sans en être sûr", je le disais pour Ebay essentiellement ou les vendeurs sont pour la plupart des "apprentis libraires" (je n'ai rien contre il faut bien commencer un jour...) qui s'essayent aux affres de la bibliophilie. Et c'est exact que c'est bien souvent des EO injustifiées données à tour de bras, des maroquins à du seuil (alors qu'il ne s'agit que de veau brun avec filet d'encadrement sur les plats...)

    Bref, je ne crois pas à la mini ou maxi révolution que tu veux imposer avec ton abolition de l'EDITION ORIGINALE de tous poils.

    Il te suffira un soir d'insomnie de te pencher sur Le Petit ou le catalogue de la vente des livres de Rochebilière pour te convaincre qu'il n'existe pas UNE mais DIX éditions originales des Caractères de la Bruyère, la première donnée par lui en 1688 et l'avant dernière donnée par lui à la veille de sa mort en 1696 et la dernière, posthume, donnée en 1699. Entre la première et la dernière de ces éditions des CARACTERES il y a plus de 500 pages d'écart, plusieurs centaines de caractères ajoutés et modifiés. Aller dire à La Bruyère que sa première édition de 1688 et la dernière de 1696 (de son vivant) sont un seul et même ouvrage à mettre dans le même panier, eh bien non ! ça cela toucherait à l'hérésie, au blasphème bibliographique.

    D'autres exemples seraient à même de te convaincre cher Hugues.

    Les éditions anciennes des Lettres de Madame de Sévigné ??? Ah ! problème. Aucune édition publiée de son vivant et par ses soins. Donc pas d'EO. Pourtant il faut bien donner un nom à l'édition furtive de quelques 75 pages à peine publiée à Troyes en 1725 ? (connue à seulement quelques exemplaires). Alors il faut bien donner le titre d'EO à la première édition connue et datée 1726 qui arrive l'année suivante, pourtant désavouée par la famille de la marquise....

    Etc etc...

    Les exemples seraient légions.

    Et au final je n'ai rien contre remettre en question les choses établies, Brunet a souvent tort (et j'aime à le signaler parfois dans mes notices), Vicaire, Tchémerzine, tous ce sont trompés quelques fois, mais on ne peut nier que sans leur travail de "défricheur" le "métier" de bibliophile serait beaucoup moins aisé.

    Amitiés AC/DCesques, Bertrand

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  11. Pour le coup, Bertrand, l'édition de 1725 des "Lettres choisies de Madame la marquise de Sévigné", éditée par Voltaire et imprimée à Troyes par Jacques Lefebvre, est la première édition "princeps" ! Elle ne renferme que 31 lettres et 3 exemplaires seulement sont parvenus jusqu'à nous. L'année suivante paraissaient deux autres éditions princeps : l'édition rouennaise anonyme contenant 134 lettres, seconde édition princeps, éditée par Thiériot, intime de Voltaire, et l'édition de La Haye, contenant 177 lettres, troisième édition princeps, éditée à l'initiative de l'abbé de Bussy chez Néaulme et Gosse.

    Bonne nuit à tous

    Jean-Paul

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  12. Bonsoir Jean-Paul, je connais bien les éditions de la marquise pour les avoir étudiées bien à fond.

    Je n'aurais pas utilisé le terme "princeps" pour ma part réservé aux auteurs antiques ou dits anciens.

    Madame de Sévigné n'est tout de même pas encore un fossile du crétacé supérieur ! Que diantre !

    Concernant les éditions de 1726, c'est vrai que peut-être l'édition de Rouen dite en gros caractères est appelée abusivement EDITION ORIGINALE ??! Mais les abus de language permettent quelques fois de mieux comprendre une édition. Car bien heureux le veinard qui découvrira un quatrième exemplaire de la mince plaquette de 1725 qui seule a le droit au titre suprême et défrisant pour les Huguistes d'EDITION ORIGINALE.

    En passant... Permettez-moi de noter que les anglo-saxons sont encore plus vicieux que nous pour la plupart des textes anciens, pour lesquels ils relèvent des FIRST PRINTNG, SECOND THUS, ETC... SECOND PRINTING FIRST EDITION...

    A y perdre son latin moderne...

    Amicalement vôtre (le Saint), Bertrand

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  13. Les termes parlent d'eux mêmes! Une édition originale est la première édition imprimée à la demande d'un libraire, à la suite de la signature d'un contrat avec l'auteur, première édition officielle de l'oeuvre.
    Les éditions suivantes ne sont que des secondes éditions, troisième édition, etc. Si le texte est différent, ce sont des éditions enrichies (c'est souvent ce qu'il se passe actuellement, avec les ouvrages d'historiens qui remettent à jour leurs thèses suivant leurs nouvelles recherches ayant abouti).
    Quand aux autres éditions qui n'ont pas été approuvées par l'auteur via un contrat officiel, réalisées avant ou après la parution de l'édition originale officielle, ce ne sont que des contrefaçons! Donc éditions contrefaites. Peut-on vraiment dire que les oeuvres de Maupassant éditées en Belgique suivant le texte de ses nouvelles et romans publiées selon le texte publié en épisode en journal sont originales? Non, ce sont uniquement des copies illégales de textes ne ressemblant que peu ou prou aux éditions ORIGINALES éditées par Marpon et Flammarion ou Ollendorf par exemple.

    Alors, effectivement, il y a une édition originale, mais pas 36 éditions originales, qui ne sont finalement que des rééditions. Ou alors, il n'y a que des éditions originales, mais dans ce cas, le terme perd toute sa valeur, et il n'est plus besoin d'en faire mention dans une notice bibliographique ou dans la description d'un livre en vente.

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  14. Bonsoir Pilou,

    par ces propos Huguistes, vous réduisez (ou détruisez) 5 siècles d'histoire de l'édition française à peu de choses...

    Il faudrait pour alimenter ce débat que chacun ici ai lu le texte de Vandérem et ses contradicteurs sur le terme même d'EO.

    Je ne suis pas d'accord avec vous et avec la plupart des bibliophes d'ailleurs qui ne considèrent que comme EO les éditions "premières" consenties entre un libraire et son auteur. C'est par trop réducteur, au moins 30% de nos auteurs (voire plus) n'auraient ainsi jamais été publiés en EO. Pas d'EO pour Madame de Sévigné. Pas de d'EO biensûr pour les Mémoires de Sainte-Simon, pas d'EO pour nombre d'autres.

    Je ne suis pas d'accord avec vous non plus quand vous dites que les éditions belges ou d'ailleurs (éditions pirates certes pour la plupart) ne sont ni correctes ni dignes d'êtres appelées des EO. On revient actuellement sur le fait que bien des éditions belges donnent un texte meilleur que le texte paru dans les journaux ou revues françaises. Quand je dis meilleur, je veux dire quelques fois pris sur les manuscrits même et pas copié sur les premières éditions françaises (ceci étant valable pour Sand, Dumas, Balzac, etc...),

    à suivre,

    Amitiés EOphiliques, Bertrand

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  15. Si l'on ne s'intéresse qu'au texte, la possession de la dernière édition de poche vous satisfera pleinement.
    Pour moi, le bibliophile, s'intéresse aussi à l'histoire du texte et à l'objet "livre". Indépendamment de l'objet (reliure, papier, état...), l'édition originale a une place dans l'histoire du texte, de l'auteur et des premiers lecteurs. En effet ce qui fait le succès d'un livre à travers les ages, ce sont les générations de lecteurs l'on lus. Cela n'aurait sans doute pas été possible sans que des lecteurs n'aient pris le risque d'acheter l'édition originale d'un texte, d'en faire le succès et de rendre ainsi possible la propagation du texte jusqu'à nous. Dans mon domaine de prédilection, certains textes pourtant majeurs n'ont pas eu cette chance. On ne trouve donc qu'une seule édition, "l'originale", qui est forcément précieuse, puisqu'elle me donne à accès à un texte perdu.

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  16. Je suis d'accord avec vous z1k, ce qui différencie une originale d'une autre édition est justement son carctère original. Les touristes se presseraient-ils au Louvre pour admirer une série de reproductions? C'est le caractère historique et originel du livre qui le différencie des autres. Pour nos amis bibliomanes, c'est la même chose : une reliure en skyvertex, même avec un décor à la fanfare reste une reliure en skyvertex.
    Aussi, longue vie aux editions originales.
    Bon appétit
    Philippem

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  17. Il me semble, comme à Hugues, qu'il faut clarifier les définitions: l'édition originale est la première édition d'un texte dans son état définitif (ou proche de cet état). Une édition princeps est la première impression d'un texte dont l'auteur est mort avant l'invention de l'imprimerie. Une édition dite "pré-originale" peut avoir son intérêt si un texte a été publié de manière incomplète, ou si l'auteur lui-même a corrigé son texte par la suite. Les "pré-originales" ont un intérêt littéraire qui me semble capital. La qualification de "deuxièmes originale" n'est qu'un artifice de mauvaise foi. J'y préfère (de loin) la "première réimpression".

    Je reste très attaché à cette notion d'édition originale: elles témoignent d'un effort d'édition souvent important (qu'on pense aux éditions du XVIe s. avec les mises de fonds qu'elles impliquaient et les risques de contrefaçons encourus), auquel participe parfois l'auteur lui-même (Erasme chez Manuce et Froben, par exemple!).

    Je possède ainsi l'édition originale de Pseudo d'Emile Ajar, dont l'achevé d'imprimé porte la date du 18 novembre 1976. Edition grand public, d'un tirage tellement important que l'exemplaire n'a que peu de valeur (on les trouve partout en ce moment) et peu d'intérêt (si ce n'est ce texte qui est l'un des plus fort que j'ai lu). Mais cette édition là n'est pas la vraie originale: la véritable originale est celle du tirage de tête, à grandes marges sur vergé, dont l'achevé d'imprimer porte la date du 15 novembre 1976 (et que j'ai aussi la chance de posséder).
    Je mentionne cela dans l'unique but de montrer à quel point cette notion "d'édition originale" est complexe: quel texte? quel état du texte? quel papier (tirage de tête ou tirage courant)? Quel éditeur/imprimeur?

    Il me semble qu'on ne peut être ainsi "radicalement contre" les éditions originales, de même qu'il serait absurde de collectionner de manière frénétique des premières édtions de textes sans intérêt (ni typographique, ni littéraire, ni de reliure).

    Comme souvent en bibliophilie, il vaut mieux sortir d'une pensée systématique, et penser uniquement en terme d'exemplaire: cet exemplaire me plait-il?

    Exemplairement votre,

    Gonzalo

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  18. Bonjour Gonzalo,

    Quatre remarques :
    - la notion d'EO n'a rien de complexe : comme l'a rappelé Bertrand, nos célèbres prédécesseurs ont bien précisé les définitions, dont vous rappelez le caractère fondamental, et je ne vois pas l'intérêt de s'en éloigner.
    - que faites-vous de l'édition "en partie originale" ?
    - ne croyez-vous pas qu'il s'agit ici de l'affrontement possible de deux conceptions de l'EO : l'une selon la chronologie et l'autre selon le droit?
    - enfin, humour pour la fin : on collectionne ce qu'on veut !

    Cordialement

    Jean-Paul

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  19. Je maintiens mon point de vue sur le fait que l'EO est un concept complexe dès qu'on veut l'appliquer à un exemplaire particulier. Je ne reviendrai pas sur mes raisons. Mon message a sans doute mal été compris: je ne veux justement pas que l'on s'éloigne des définitions!

    L'édition "en partie originale" n'est qu'un exemple parmi d'autres qui illustre la complexité du concept d'EO ;o)

    "enfin, humour pour la fin : on collectionne ce qu'on veut !"

    Absolument d'accord!

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  20. Je n'ai pas d'avis sur la question, mais quelques remarques, d'ailleurs je n'achète jamais un livre parce que c'est une EO, c'est accessoire pour moi :
    1. Jean-Paul et Bertrand, ardents défenseurs EOistes ne parviennent pas à s'accorder sur les EO de Sévigné, ce qui souligne le propoas des autres finalement : trop d'EO tuent l'EO.
    2. Il semble délicat de comparer les livers aux oeuvres d'art du Louvre et les EO et sequitur à des reproductions. Un livre au sens premier (je ne parle pas du texte, ni des incunables ou d'autres cas exceptionnels), n'est pas une oeuvre d'art au sens d'un tableau, car il est le plus souvent reproduit en quantité, même réduite, quand un tableau par exemple est une pièce unique.
    3. La notion d'EO est une notion importante en bibliophilie, notamment pour ce qu'elle implique au niveau du texte mais, puisqu'on parle l'ici de l'abus du terme EO, ne vous semble-t-il pas que ce sont les gens qui vivent du livre (libraires, experts, bibliographes, etc.) qui ont une tendance à créer de nombreuses EO et dérivées pour ajouter de la valeur à des livres qui en auraient moins sans cela? J'ai vraiment cette impression quand je lis certains catalogues... La débauche d'EO, contrairement à ce que dit Bertrand me semble nettement plus importantes chez les libraires que chez les vendeurs amateurs sur ebay, que la notion dépasse souvent...
    En passant, il est en ce moment une imitation des Liaisons Dangereuses sur eaby, pour lequel le vendeur précise EO... alors que c'est une imitation... Donc il y a une (des en fait) EO des Liaisons, puis les EO illsutrées (celles avec les premières planches), puis les EO des imitations ou des contrefaçons... A chacun son EO, quoi!
    On ne m'enlèvera pas de l'esprit que ceci, au lieu d'élever la bibliophilie, ne finira pas par lui nuire.
    J'ai vraiment cette impression que le terme "originale" a aujourd'hui, essentiellement revêtu une dimension commerciale.
    Tristan.

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  21. Tristan, je vous rejoins sur un point, à savoir que le terme "original" semble aujourd'hui avoir revêtu une dimension essentiellement commerciale, et que ce sont plutôt les pros qui ont tendance à "originaliser" les livres...
    Mais vous faites erreur avec votre exemple sur ebay... Le texte dont vous parlez n'est pas celui des Liaisons, il s'agît du "Danger des circonstances" de Nougaret.
    Ce n'est donc pas le meilleur exemple.
    Hugues

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  22. C'est aussi une impression que j'ai. Celle de voir se multiplier les utilisations du terme "original" à des fins commerciales comme le dit le patron.
    C'est sûr que de dire "première édition originale de contrefaçon de Liège", c'est plus intéressant et ça frappe plus que "contrefaçon"...

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  23. euh oui Pilou, si vous voulez...

    Sauf que si vous voyez un libraire donner comme descriptif bibliographique "première édition originale de contrefaçon de Liège" et bien ce n'est pas un libraire...

    Car jamais un libraire d'ancien digne de ce nom n'utilisera cette formule...

    Il mettra :

    "CONTREFACON LIEGEOISE A LA DATE DE L'ORIGINALE"

    et là cela a un sens.

    Amitiés, Bertrand.

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  24. Le problème... C'est que souvent aussi le libraire écrira :
    "Pré-originale", "parue avant l'originale", "vraie originale", etc.
    En fait, si la contrefaçon est parue avant l'originale cela a un sens je crois, de l'affubler du mot "original", mais si elle est sortie la même année, ou après... Va-t-on écrire "contrefaçon liégeoise parue un an après l'originale"? et bien oui, on croise souvent ce genre de phrases dont je le but n'est pas tant de contextualiser la parution que de coller un "original" dans la description..
    Mais là l'exemple des contrefaçons est particulier.
    Après libraire, pas libraire, bon libraire, mauvais libraire... on n'en est pas moins homme, avec une famille à nourrir, aussi la tentation peut-elle être grande.
    Et bon libraire, ça ne veut pas forcément dire honnête, quand on sait les choses qu'ils font parfois subir à un livre pour nous le rendre plus désirable : restauration non signalée, réinsert de pages, de planches, de cahiers, massicotage, etc...
    Antoine.

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  25. Bonjour Antoine,

    je suis d'accord avec vous, chacun son petit ange ou démon au dessus de la tête, nous ne sommes pas tous égaux, ni en ce qui concerne les bibliophiles, ni pour les libraires.

    A chacun d'être vigilant, exigeant, voire même intransigeant, parce que je m'oblige toujours à penser que la bibliophilie si elle doit rester un plaisir, n'en demande pas moins une certaine rigueur.

    Et le meilleur moyen d'éviter les pièges de ce monde féroce (greeehhh !!!), c'est encore d'être le mieux informé possible.

    Ce blog y contribue en partie je pense et s'y exprimer fera toujours plier le côté obscure de la force...

    Amitiés, Bertrand.

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  26. J'ai sous les yeux un exemplaire de la Logique de Port-Royal par Nicole et Arnauld, dans l'édition Abraham Wolfgang, 1675 (in-12).

    Que pensez-vous de cette mention que l'on rencontre parfois, surtout au XVIIè siècle :

    "Dernière édition"

    !!!

    Sympa, surtout quand on sait qu'il y en aura beaucoup d'autres derrière...

    Les libraires et imprimeurs des siècles passés, eux aussi, avaient le sens du marketing semble-t-il !

    Bonne journée originale à tous,

    Amitiés, Bertrand

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  27. Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué..., le principal souci du bibliophile étant statistiquement la priorité chronologique.
    - la première édition (qui a pu être exécutée à l'insu de l'auteur) n'est pas synonyme d'édition originale (publiée par l'auteur) : laquelle doit-on préférer ?
    - depuis la fin du XIXe siècle, les éditeurs ne numérotent plus les éditions, et comptent les tirages : seul le premier mille est considéré comme appartenant à l'EO.MAIS le premier mille est très exceptionnellement indiqué ! Seul l'exemplaire portant la même date de copyright et d'achevé d'imprimer peut appartenir au premier mille et être une EO.
    - Bertrand a fait allusion à Fernand Vandérem. Entre les deux Guerres, celui-ci inventa la "préfaçon" : édition exécutée sans l'accord de l'auteur à partir d'une oeuvre parue en feuilletons dans un périodique, qui précède l'édition publiée par l'auteur ; chronologiquement la première, la préfaçon aurait pu être l'édition originale, mais donnant souvent un texte incomplet, les bibliophiles ont tranché et préfère la véritable originale.
    On pourrait continuer pendant longtemps...Ce problème demande effectivement beaucoup d'expérience, à partir de notions clairement définies, et, cela va sans dire d'honnêteté intellectuelle...et commerciale. Toute mention qui n'est pas énoncée clairement ne peut être que malhonnête, ne serait-ce que parce que son propre auteur n'y a rien compris.

    Bon appétit

    Jean-Paul

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  28. Bonsoir

    Inversement, des éditions originales se cachent sous une couverture postérieure portant la mention 4e édition pour laisser croire au lecteur que l’ouvrage a eu une certaine estime.
    Voici l’extrait d’une notice qui accompagne cet ouvrages.

    SAINT-YVES D'ALVEYDRE (J. A.). Mission des Souverains, par l'un d'eux. 4° édit. P., Calman-Lévy, 1884, in 8°, de 435 pp., broché. Remise en vente avec nouveau titre et nouvelle couverture de l'édition originale anonyme parue chez Dentu en 1882.

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  29. Bonsoir à tous,

    La NRF dans les années 30 a publié pas mal d'ouvrages portant par exemple des mentions de "6ème édition" et parus à la même date que "l'originale". Pas d'exemples précis sous la main, n'étant pas chez moi, mais ça peut se trouver facilement.

    Déjà, au XVIe s. (et peut-être au XVème?), il était fréquent de réimprimer un nouveau titre avec une date plus récente pour des livres datant d'il y a quatre ou cinq années... Opération facilité par le fait que les livres se vendaient en feuilles, non reliés: l'imprimeur n'avait qu'une seule feuille à réimprimer. Certains exemplaires de l'édition originale portent ainsi des dates postérieures à celle de l'originale (re)connue! De quoi faire s'arracher les cheveux aux bibliographes tentant de les identifier!

    Il me semble que certains éditeurs contemporains procèdent de même, en faisant débrocher certains livres pour en remplacer la couverture... histoire de donner un coup de jeune!

    Quand on disait que l'idée d'EO était une notion compliquée!

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  30. Allez, puisque vous êtes gentils, je vous livre ma trouvaille de ce jour...

    Halte aux non-pinailleurs ! Ils peuvent passer leur chemin.

    C'est à propos des Mémoires contenant les moyens de rendre ce royaume très-puissant, etc... par le Comte de Boulainvilliers. 2 tomes en 1 volume in-12, dont l'EO est de 1727.

    Jusque là tout va bien. J'ai rentré un édition datée 1755, à La Haye (sans nom d'imprimeur). 2 tomes in-12. Après quelques recherches je trouve une édition de même format à la date de 1754 (voir dans Google Books qui possède le fac similé numérique).

    Eh bien, après comparaison, ces deux éditions de 1754 et 1755 n'en sont qu'une seule. Il a été imprimé un nouveau titre pour la remise en vente de l'édition de 1754. Tout simplement. Restait-il trop d'exemplaires en stock ? Quelles sont les raisons qui ont motivé le libraire de l'époque ? Je ne sais.

    Ce qui certain c'est que cette "manipulation" intervient sur une édition, une réédition devrais-je dire, et pas sur une EO.

    Comme quoi cela se confirme, si l'on creuve un peu à droite et à gauche en bibliophilie et en bibliographie... on découvrira rapidement qu'il reste des pistes inexplorées, des éléments méconnus ou inconnus de l'aspect éditorial de certaines publications des siècles passés et sans aucun doute également du XXè siècle.

    PS : je ne suis sans doute pas le premier à avoir trouvé cette information concernant ces Mémoires de Boulainvilliers 1754-1755, mais pour moi, c'est une découverte car je ne le savais pas.

    Amitiés bibliophiliques, Bertrand

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  31. C’est amusant; j’ai lu il y a peu de temps un article dans un vieil Historia sur ce Comte de Boulainvilliers passionné d’astrologie.

    Cordialement

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  32. Bonsoire a tous.

    a propos des contrefacon belges, savez vous l'histoire bibliographique de l'un des majeures roman du XIX: La chartreuse de parme par Stendhal?
    Comme on sa l'editon originale date de 1839 chez Dupont in 8°, mais aussi le meme anne il y a une editon belge chez Hauman in 12°.
    Est elle parut avant ou apres,
    certaines bibliographie ne la mentionne pas car elle est trs rare mais autres disent avant. Mais comme est il possible si la "Chartreuse" ne jamais parut en feuilletton.
    Savez vous quelque chose?

    Salut contrefaconique Luca

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  33. Bonsoir LUCA,

    si l'on s'en tient à Marcel CLouzot et son Guide du bibliophile français, page 257 :

    RIEN sur ce point !

    Et pour cause, l'ami Clouzot est très servile avec les éditeurs français de la période romantique (Renduel, Mongie, Gosselin, Delaunay, Mame, Dupont, etc...), mais très sévère et peu dissert lorsqu'il s'agit d'aborder le problème des préfaçons belges.

    Sur ce sujet je ne saurais trop vous conseiller de lire et relire le livre suivant :

    "Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique" par François Godfroid, édition de l'Académie royale de langue et littérature françaises. 1998. 1 énorme pavé grand in-8 broché de plus de 900 pages.

    Je n'ai pas trouvé d'entrée spécifique cependant pour le chartreuse de Parme.

    Bonnes recherches,

    Amitiés, Bertrand

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