mercredi 14 novembre 2007

Un Livre à l'honneur : l'Histoire du Diable de Defoe

Amis Bibliophiles Bonsoir,

(message en musique pour ceux qui le souhaitent, ou la vision du Diable par Mick, Keith et les autres : Daniel Defoe l'aurait écouté, c'est sûr!)


Lorsque l’on pense à Daniel Defoe, c’est l’image de Robinson Crusoe qui nous vient immédiatement à l’esprit, comme s’il n’avait écrit que cela, comme si on ne devait retenir que Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, ou plus réducteur encore, Manon Lescaut comme unique texte de l’Abbé Prévost.
En réalité, Daniel Defoe écrira toute sa vie, il est journaliste, et il produira un grand nombre d’autres ouvrages dignes d’intérêt (dont Capitaine Singleton, Lady Roxana, ou l’Histoire des Pirates Anglais, écrite sous le pseudonyme de Charles Johnson). On ignore néanmoins le plus souvent que l’homme s’est également intéressé à d’autres sujets, moins romanesques, dont l’ésotérisme.

Il a en effet écrit deux ouvrages bien connus des amateurs du genre dont une étude sur les apparitions, et le livre qui nous intéresse aujourd’hui, l’Histoire du Diable, contenant un détail des circonstances où il s’est trouvé, depuis son bannissement du ciel, etc.

La première édition française du livre date de 1729 (2 volumes in-12, Amsterdam, aux dépens de la Compagnie) et l’ouvrage sera mis à l’index en 1743.
L’ouvrage est à la frontière du religieux et du surnaturel et est en fait une satyre comique dans laquelle Defoe tourne en dérision la bêtise humaine et l’imagerie populaire qui entoure le Diable. Il en profite au passage pour égratigner les croyances religieuses héritées du Moyen-Age et que l’église met toujours en avant.

En fait, son procédé est assez original, puisqu’il se place dans le contexte d’un retour sur terre du Diable après des centaines d’années et celui-ci découvre que sans lui l’Humanité a continuer à agir de façon diabolique et même souvent plus diabolique qu’il ne l’aurait lui-même fait. Et, ce qui est cocasse, est que malgré son absence, les hommes ont continué de le blâmer pour leurs agissements.

Au final, c’est ce paradoxe que Defoe met en avant : le Diable existe, son but est bien de semer le chaos et le désordre, mais son action est démultipliée par l’hypocrisie humaine, qui agît de façon inconséquente et égoïste, tout en se dédouanant et en attribuant ses errances à l’action du Malin.
L’ouvrage se compose de deux parties, la première dans laquelle Defoe présente le Diable (qui a deux caractéristiques majeures : il est croyant, et il craint Dieu. Il peut prendre la forme qu’il souhaite et il a de multiples noms, Satan, Lucifer, Le Dragon Rouge, etc.) et son influence sur les hommes. Et une seconde partie dans laquelle Defoe démontre que le Diable a étendu son influence aux institutions et aux modes de gouvernement, et qu’il est un proche des pouvoirs catholiques en place en Europe… On gage que c’est cette partie qui aura le plus déplut à l’Eglise et engendrera l’interdiction !


H

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