Amis Bibliophiles Bonsoir,
J'ai reçu aujourd'hui un beau catalogue de libraire, et j'ai réalisé que finalement, j'achète peu sur catalogue. En réfléchissant, je me suis rendu compte que la raison est essentiellement "visuelle".
En fait, l'avènement des technologies numériques, et ce qu'elles rendent possible en facilitant la diffusion d'images, je m'en rends compte, condamnent quasiment à mes yeux les catalogues sans images.
Ebay, y participe, d'une certaine façon : quand le moindre livre dépareillé et incomplet à 2 euros bénéficie d'une ou plusieurs photos, cela ne devient-il pas "impossible", ou au moins "bizarre", de commander un livre à 200, 300 ou 3000 euros à un libraire que l'on ne connaît pas, qui habite à 800 kms, quand il ne propose que des descriptions "borgnes"?
Au final, j'ai l'impression que je suis devenu d'une certaine façon "obsédé" par l'image du livre (au sens premier du terme), en tout cas à partir d'un certain montant d'achat. Résultat, comme les catalogues de libraires qui proposent des images (et je ne parle pas d'une demi douzaine d'images sur les contreplats) sont rarissimes, ou ne sont proposés que par des libraires aux prix élevés (mais justifiés : Sourget, ou Pibi en son temps), et bien je n'achète plus sur catalogue.
Dommage. Je veux bien comprendre qu'imprimer des photos a un coût, mais justement à l'heure où on peut créer et envoyer des catalogues via pdf, cet argument n'est-il pas dépassé?
Soyons clairs : quand je vois des photos, j'ai mille fois plus envie de me laisser tenter, et je préfère mille fois un catalogue sous format électronique avec de nombreuses images à une interminable liste de notices sans images. Je ne dis pas que ces énumérations ne sont pas utiles, au contraire ce sont de précieuses sources bibliographiques, mais voilà, elles ne me donnent aucune envie d'acheter.
Peut-être sans doute est-ce là une des raisons du succès d'ebay d'ailleurs... Des images, partout, pour tous.
J'ai reçu une trentaine de catalogues cette année, j'ai acheté deux fois. Dans les deux cas il y avait une image à côté du livre proposé.
Je suis superficiel? Absolument! Mais finalement, ai-je tort? Maintenant que l'image est "possible", ne devient-elle pas obligatoire, et nécessaire?
Qu'en pensez-vous?
H
J'ai reçu aujourd'hui un beau catalogue de libraire, et j'ai réalisé que finalement, j'achète peu sur catalogue. En réfléchissant, je me suis rendu compte que la raison est essentiellement "visuelle".
En fait, l'avènement des technologies numériques, et ce qu'elles rendent possible en facilitant la diffusion d'images, je m'en rends compte, condamnent quasiment à mes yeux les catalogues sans images.
Ebay, y participe, d'une certaine façon : quand le moindre livre dépareillé et incomplet à 2 euros bénéficie d'une ou plusieurs photos, cela ne devient-il pas "impossible", ou au moins "bizarre", de commander un livre à 200, 300 ou 3000 euros à un libraire que l'on ne connaît pas, qui habite à 800 kms, quand il ne propose que des descriptions "borgnes"?
Au final, j'ai l'impression que je suis devenu d'une certaine façon "obsédé" par l'image du livre (au sens premier du terme), en tout cas à partir d'un certain montant d'achat. Résultat, comme les catalogues de libraires qui proposent des images (et je ne parle pas d'une demi douzaine d'images sur les contreplats) sont rarissimes, ou ne sont proposés que par des libraires aux prix élevés (mais justifiés : Sourget, ou Pibi en son temps), et bien je n'achète plus sur catalogue.
Dommage. Je veux bien comprendre qu'imprimer des photos a un coût, mais justement à l'heure où on peut créer et envoyer des catalogues via pdf, cet argument n'est-il pas dépassé?
Soyons clairs : quand je vois des photos, j'ai mille fois plus envie de me laisser tenter, et je préfère mille fois un catalogue sous format électronique avec de nombreuses images à une interminable liste de notices sans images. Je ne dis pas que ces énumérations ne sont pas utiles, au contraire ce sont de précieuses sources bibliographiques, mais voilà, elles ne me donnent aucune envie d'acheter.
Peut-être sans doute est-ce là une des raisons du succès d'ebay d'ailleurs... Des images, partout, pour tous.
J'ai reçu une trentaine de catalogues cette année, j'ai acheté deux fois. Dans les deux cas il y avait une image à côté du livre proposé.
Je suis superficiel? Absolument! Mais finalement, ai-je tort? Maintenant que l'image est "possible", ne devient-elle pas obligatoire, et nécessaire?
Qu'en pensez-vous?
H
Tout à fait d'accord avec vous Hugues... C'est terrible mais les images sont un puissant aphrodisiaque pour moi aussi.
RépondreSupprimerDésormais, quand je reçois un catalogue sans images, j'ai toujours une petite pointe de déception. C'est certain qu'ebay a joué à ce niveau.
Etienne
Moi qui suis un bibliophile moins "calé" que la plupart d'entre vous, je trouve aussi que les photos sont très utiles. J'ai eu entre les mains beaucoup moins de livres que d'autres, et une image m'aide à me représenter un ouvrage, et à me donner envie.Et puis c'est vrai, les librairies m'intimident.
RépondreSupprimerMaurice
Je ne sais pas (je ne crois pas) que ebay m'a influencé. Il y a (très)longtemps que je n'achète plus sur des catalogues qui me considèrent comme "aveugle" : je veux feuilleter le livre que j'achète, au moins voir l'essentiel. Et ce soir, cela tombe bien. Je reçois, comme beaucoup d'entre vous, je l'espère pour vous,un catalogue modèle en pdf : photos et commentaires "au top" comme ils disent : que de tentations !...Merci Bertrand !
RépondreSupprimerMaurice,
RépondreSupprimerLe combat fut âpre mais j'ai acquis légitimement le titre de "moins calé du blog bibliophile", il y a quelques temps... J'ai même acheté du Jean de Bonnot pour gagner la voix de Bertrand !
Vous m'obligeriez en cachant vos compétences!
Comme vous, certaines descriptions succinctes en 40 lignes d'un in octavo de San Antonio me rebutent, alors que toucher un livre ou le visualiser sont un puissant catalyseur à l'achat impulsif.
Pour ce qui est des libraires, dites vous bien qu'une des particularités de leur métier est qu'ils sont quelquefois moins compétents que leurs clients, bibliophiles monomaniaques. Ce ne peut être que la moquette épaisse de la librairie qui impressionne ! (Personnellement, la décoration Napoléonienne me terrorise...)
Cordialement. Pierre
Bonsoir Pierre,
RépondreSupprimersans vouloir insister je crois bien que vous vous êtes auto-proclamé le "moins calé du blog bibliophile"...
Nous sommes tous ici ignorants de pas mal de choses et connaisseurs d'autres, à nous d'échanger.
En tous les cas il faut peut-être retenir ceci :
"Quand le sage montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt." (proverbe chinois... ou peut-être tawanais...)
Regardons tous la lune !
Amitiés, Bertrand
PS : je file (dans mon lit), j'ai un train à prendre demain à 6h30 pour aller à l'assaut des stands carrouselesques et louvrissimes...
Hugues, je suis tout à fait d'accord avec toi.
RépondreSupprimerCependant-- pour lancer le débat-- combien de livres as tu acheté cette année, via des enchères téléphoniques,sur la base de catalogues voire de simple listes, avec un descriptif sommaire et sans image ?
La raison qui fait que tu n'achète plus sur catalogue ne vient-elle pas du fait que tu as trouvé, via ebay ou des bases de données mutualisées, genre Abebooks, une meilleure (au sens choix/coût) source d'approvisionnement de livres anciens ? N'est-ce pas aussi parce que lorsque tu achète à un libraire, sans photo, et malgré les garanties "théoriques" apportées par ces derniers, tu es parfois déçu de l'état du livre reçu et qu'au final tu n'est pas prêt à payer le cout d'un professionnel a qui tu ne peux pas toujours faire plus confiance qu'à un amateur et que donc tu lui demande, comme à l'amateur des preuves avec moultes photos pour pouvoir te faire ton propre avis sur ce "bel exemplaire" "reliure de toute beauté".
Eric
Eric, ce que tu écris est assez juste. Je répondrai qu'avec les années je suis devenu doublemnt plus exigeant :
RépondreSupprimer- plus exigeant au niveau des livres (pas d'incomplets, de dépareillés, d'abîmés, etc.)
- plus exigeant ausi au niveau de l'achat à savoir que si je peux faire un petit chopin sur ebay, je me fiche de la qualité de la photo (et même parfois, je me dis que sans photo, moins de gens l'auraient vu, ce qui ne serait pas plus mal, paradoxal j'en conviens), mais que quand je décide d'acheter un livre important à un libraire, donc à un prix significatif, j'aime que l'effort soit partagé : à lui de me faire une description complète et pertinente, et d'y ajouter une ou plusieurs photos, à moi d'ouvrir ma bourse.
La différence avec les autres types de ventes que tu évoques :
- Je n'achète JAMAIS un livre sur abebooks, addall ou LRB sans avoir demandé et reçu une photo du livre au vendeur par email.
- J'achète effectivement parfois par téléphone dans des ventes lointaines, mais alors : soit des photos sont disponibles sur le site de la maison de ventes, soit j'en demande par email, soit mets une limite en terme du prix que je suis prêt à mettre.
Voilà ma vision sur la question de l'image asociée au livre. Je trouve le raisonnement de Jean-Paul hyper pertinent : les bibliophiles ne sont pas des aveugles que diable!
Par ailleurs, et nous en avons déjà parlé plusieurs fois ici, les catalogues de libraires sont encore souvent l'incarnation d'une politique de prix d'une autre époque. Ca joue aussi, c'est certain. Mais j'ai envie de croire, et c'est très personnel, que je pourrais me faire à certains de leurs prix s'ils étaient un peu mieux "argumentés" sur le plan visuel.
H
Bonjour,
RépondreSupprimerJe dois bien avouer que je suis tout à fait d'accord sur le rôle que joue Ebay sur nos achats aujourd'hui. j'ai très longtemps acheté sur catalogue, mais aujourd'hui le fait de ne pas avoir une vision correcte de l'état de l'ouvrage me freine. Aujourd'hui je privilégie les achats en salles des ventes et je cours les brocantes,, où il y a encore de belles trouvailles à faire.
Merci pour ce blog que je découvre.
Pour qu'il y ait une voix dissonante, je prends la parole: je continue d'acheter via abebooks, livre-rare ou des catalogues sans images (mais avec une description précise), pour plusieurs raisons, que vous êtes libres de trouver absurdes (je dois dire que la principale est que je n'ai pas pensé à demander une photo via internet avant d'acheter !):
RépondreSupprimer- Une photo me semble, sur certains catalogues, faire monter les prix et attirer les amateurs; j'ai toujours l'illusion de débusquer une bonne affaire derrière trois abréviations absconses.
- Le bonheur de la traque, de ne pas se laisser prendre par ce qui est mis en avant de la façon la plus ostensible.
- La joie est plus grande au moment de recevoir le livre, qu'on a certes eu le loisir d'imaginer à travers quelques lettres (pl. mar. r. ép.), mais qui ne se présente jamais exactement tel qu'on l'imaginait; revers de la médaille, une ou deux fois, j'ai été un peu déçu... (dos lisse orné, avec, en fait, trois pauvres filets horizontaux, sans parler d'un "frotté" qui était, je suppose, une malencontreuse faute de frappe pour "complètement délabré").
- Pour rejoindre un précédent débat, je continue à trouver du plaisir à lire des catalogues très fournis (genre librairie Foirfouille à Paris), dans lequel se côtoient toutes sortes d'ouvrages dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence, et que je n'ai nulle envie de feuilleter pour autant, mais qui illustrent le domaine sans limites de la curiosité humaine...
Evidemment, la contrepartie est que je me limite maintenant aux "bel exemplaire", "très bel exemplaire", "parfait exemplaire" pour éviter les mauvaises conditions.
J'ajoute enfin que pour les illustrés modernes non reliés ou les ouvrages plus anciens bénéficiant d'une reliure éditeur, la nécessité d'une photo est moindre, dans la mesure où il s'agit d'un exemplaire standard.
En relisant ce message, je m'aperçois que les motifs que j'avance sont bien peu convaincants; ils tiennent peut-être à une forme de nostalgie, à un désir de voir se perpétuer des habitudes qui n'ont pour elle que le poids des ans, sans utilité objective...
Guillaumus
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerCe long message aurait certainement été plus pertinent dans les commentaires autour de la dernière vente Berès mais je ne peux résister à le poster ici, dans cette discussion autour des catalogues de libraires. Un conseil : malgré la longueur, lisez bien et comparez les notices que je me permets de reproduire…
Premier cas. Voici comment une dédicace apparemment authentique dans le catalogue n°92 de la librairie Berès (« Stendhal, Baudelaire, Balzac, Hugo… », catalogue de 2003) devient beaucoup plus douteuse dans le catalogue de sa dernière vente aux enchères.
Catalogue Berès n°92 (2003), notice n°93 :
Baudelaire, Charles. Les Fleurs du Mal. Paris : Poulet-Malassis et De Broise, 1861 .In-12, 319 p. Reliure à dos à nerfs, orné de compartiments de filets dorés et coins de maroquins noirs, signée de Devauchelle, filets dorés, tête dorée, étui bordé.
Seconde édition originale, augmentée de 35 poèmes nouveaux et ornée d’un portrait de l’auteur dessiné et gravé par Bracquemond.
Envoi autographe de Baudelaire à Alidor Delzant , le secrétaire puis l’exécuteur testamentaire d’Edmond de Goncourt. «à M. Delzant, hommage de l’auteur, Ch. Baudelaire »
65000 euros !!
Dans la vente Berès du 17/12/2007, le même exemplaire deviendra, sous le numéro 291 :
«Baudelaire, Charles. Les Fleurs du Mal. Paris : Poulet-Malassis et De Broise, 1861 .In-12.
SECONDE EDITION
ENVOI : à M. Delzant, hommage de l’auteur, Ch. Baudelaire » ( à l’encre brune, sur la page de faux titre)
RELIURE SIGNEE DE DEVAUCHELLE : dos à nerfs orné et coins de maroquin noir, plats de papier marbré, tranche supérieure dorée, étui.
Exemplaire entièrement lavé, envoi frelaté, repassé à la plume, et peut-être en partie réécrit.
Alidor Delzant, qui sera exécuteur testamentaire des Goncourt est né en 1848. Il fut très présent dans les milieux littéraires de son temps et un bibliophile actif dont les livres, identifiables par un ex-libris et généralement agréablement reliés, furent dispersés après la dernière guerre mondiale. Alors qu’il fut jeune étudiant en droit, il aurait pu rencontrer Baudelaire avant la mort du poète (1867). Mais rien actuellement rien n’atteste cette hypothétique relation.
Estimation : 500/700 euros !!!!!!! (adjugé 5691 euros frais compris)
Qui a fait une affaire : ceux qui ne l’ont pas acheté en 2003 sur catalogue ou celui qui l’a acheté 12 fois moins cher en 2007 ???
Encore plus gros, tellement gros que cela me laisse absolument perplexe… Comparons donc le n° 92 du catalogue 2003 de la librairie Berès et le n° 289 de la vente du 17/12/2007…
Catalogue 2003, n°92 :
L’ex-libris, inconnu à ce jour, de Baudelaire
Baudelaire, Charles. Les Fleurs du Mal. Paris : Poulet-Malassis et Debroise, 1857. In-12 (…). Reliure du temps, sûrement antérieur à1865, en maroquin havane clair, signée de R. Petit, les plats ornés de deux cadres dorés, l’un formé de trois filets, (etc. etc.).
Edition originale – Exemplaire de Charles Baudelaire, portant son ex-libris au verso de la première garde, illustré d’un serpent entourant la tête du poète, un crâne à droite et une gerbe de fleurs à gauche.
En conséquence du jugement qui fit condamner six pièces du recueil, celles-ci ont été supprimées et les pages adjacentes recomposées (…).
(…) Un portrait photographique de Baudelaire, d’un tirage inconnu, en rouge, sert de frontispice. Selon l’aimable indication donnée par Claude Pichois, le savant baudelairien, ce portait, du à Charles Neyt, et exécuté à Bruxelles en 1864 ou 1865, apparaît pour la première fois en tête des œuvres posthumes (…) chez Quentin (pour Quantin, sic….).
Il porte au dessous, reproduite sur l’écriture de l’auteur, cette dédicace : A mon Auguste Malassis, le seul être don le rire ait allégé ma tristesse en Belgique. C.B.
(…) 650 000 euros !!!
Vente du 17/12/2007, n°289, le même ouvrage ainsi décrit :
Baudelaire, Charles. Les Fleurs du Mal. Paris : Poulet-Malassis et Debroise, 1857. In-12.
EDITION ORIGINALE sans les pièces condamnées (…)
RELIURE DE L’EPOQUE SIGNEE DE R. PETIT (au contreplat inférieur). Maroquin Havane, décor doré (etc., etc.)
PIECES JOINTES : Photographie de Baudelaire exécutée pa Charles Neyt à Bruxelles en 1864 imprimée ici en sépia avec une dédicace imprimée à Poulet-Malassis. (…)
Charnières et mors affaiblis
Ex-libris fictif apposé – probablement sans intention délictueuse – par un possesseur inconnu qui rêvait à l’impossible et dont hérita une très jolie femme. A prendre au second degré ou à supprimer.
2000/3000 euros (adjugé 10650 euros avec les frais)
Je ne sais absolument pas quoi penser de ce dernier exemple. Comment Berès a-t-il pu laisser passer une telle erreur ? Comment chez un tel spécialiste un livre à 650 000 euros a-t-il pu devenir un livre à 10 000 euros ??? Il est évident en regardant dans le catalogue de 2003 la reproduction de « l’ex-libris inconnu à ce jour » de Baudelaire que ce dernier est fallacieux. L’ex-libris est en effet vulgairement dessiné et exécuté par un dessinateur certainement amateur (alors que Baudelaire pouvait faire appel aux plus grands artistes de son temps : Bracquemond et Rops par exemple ne dédaignaient pas se livrer à la confection d’ex-libris …). De plus, les symboles utilisés dans cet ex-libris (crâne, serpent) sont tellement grossiers et évidents que l’on imagine mal quelqu’un d’aussi fin et raffiné que Baudelaire les utiliser. Comment Berès – plus-grand-libraire-du-monde – a-t-il pu laisser une telle énormité ? Souhaitait-il tester les connaissances de ses clients ? Est-ce une énorme farce (révélée lorsque d’éventuels acheteurs se manifestaient) ? Est-ce une réelle erreur (impardonnable à ce niveau de prix, je rappel que le livre était proposé à 650 000 euros) ? Tout cela me fait sombrer dans les tréfonds de la perplexité…
Moins grossier, le premier exemple (envoi certainement fallacieux à Alidor Delzant) n’en reste pas moins surprenant. Comment se fait-il que dans la notice du catalogue de 2003 aucune information ne soit donnée sur le fait que l’exemplaire ai été lavé et l’envoi repassé à la plume ? N’était-il pas possible de vérifier si l’exemplaire figurait dans le catalogue de la vente Delzant (que Berès devait sans doute posséder, il faudrait pour cela vérifier dans le catalogue de la vente des ouvrages bibliographiques de Berès).
Je vous laisse méditer sur ces deux exemples…
Pour revenir sur le sujet initial, j’achète de mon coté assez souvent sur catalogue, même sans photographies. Même si l'amusant exemple que je viens de vous livrer est plutôt sévère, j'adore les catalogues de libraires (y compris ceux de Berès). Par contre, je réserve ce mode d’achat à des libraires en qui j’ai confiance et qui acceptent les retours. Je demande toujours au libraire de rendre l’exemplaire en main et de me le décrire précisément, voir de m’envoyer une photographie. Il m’arrive parfois d’acheter une toute petite chose juste pour le plaisir de continuer à recevoir les catalogues…
Bien cordialement à vous,
Romain
Bonjour Romain,
RépondreSupprimerquel bon commentaire ! construit, pertinent et intéressant tout à la fois.
Un tel constat laisse sans voix. J'avais remarqué aussi sur le catalogue 1997 de Bérès quelques prix catalogues et quelques prix de décembre lors de la vente, les prix obetnus en décembre n'ont souvent rien à voir avec ceux annoncés sur le catalogue à prix marqué.
A commencer par le clou de la dernière vente du mois de décembre, le Baudelaire annoté par ses soins, proposé sur catalogue à 950.000 euros je crois il n'a obtenu "que" 375.000 euros en salle (un téléphone en Italie si je me souviens bien, j'étais dans la salle). Vos exemples démontrent en tout cas que le métier est loin d'être aussi transparent qu'on voudrait nous le faire croire, surtout lorsqu'on commence à atteindre des sphères célestes bien trop élevées pour la plupart d'entre nous.
Quand je pense que pour être certain d'une signature sur un exemplaire, l'authentifier avec certitude donc, j'ai fais la démarche de demander une photographie à la BNF de cette même signature supposée sur un autre livre en magasin des livres rares de cette même BNF. La comparaison a été positive et j'ai donc pu "affirmer" avec certitude qu'il s'agissait bien d'un exemplaire ayant appartenu au Lieutenant de police de Paris, La Reynie, premier représentant de cette charge à Paris dans les 20 dernières années du XVIIè s. Sa signature était apposée sur les 3 volumes des Mémoires de Brantome (vies des grands capitaines français), exemplaire en parfait état. Et tout ceci pour "seulement" 1.500 euros... J'aurais pu me dispenser de cette recherche mais ma conscience m'interdit toujours d'affirmer quelque chose qui n'est pas vérifié.
Encore merci pour ce commentaire Romain, je pense qu'il va en amener d'autres.
Amitiés, Bertrand
Bonjour Bertrand,
RépondreSupprimerQuelle réponse rapide. Ce blog est décidément très réactif. Pour revenir sur l'exemplaire avec l'Ex-libris, j'en reste encore stupéfait. Comment une si grossière erreur a-t-elle pu se produire : l'esthétique de l'Ex-libris comme je l'ai déjà dit ne "colle pas" du tout avec la personnalité de Baudelaire (ou alors avec tellement de clichés que cela en devient ridicule) mais de plus d'autres indices viennent immédiatement faire douter de la provenance baudelairienne de l'exemplaire (même à un simple amateur comme moi) : est-il pensable que Baudelaire ait conservé un exemplaire des Fleurs du Mal sans les pièces condamnées ? Si tant est qu'il l'ait fait, peut-on maintenant imaginer que ce soit le seul sur lequel il ait apposé son ex-libris ? De plus, on sait que les livres de la bibliothèque de Baudelaire étaient identifiés par ses initiales au bas du dos et non par un ex-libris (pourquoi avoir soudain changé de pratique pour cette édition) ? On sait aussi que Baudelaire faisait relier ses livres par Lortic (et parfois - si mes souvenirs sont bons mais j'ai un doute - par Amand) et non par Petit. Enfin, les exemplaires précieux des Fleurs du Mal on fait l'objet de nombreuses études (Vandérem et d'autres) qui ne sont pas citées dans la notice : comment Berès peut-il omettre de mentionner tous ces détails pour un tel livre (prix, provenance qui si elle était vraie ferait ce cet exemplaire une pièce exceptionnelle...). Vraiment je ne comprends pas.
L'hypothèse de l'erreur me paraît absolument surréaliste. L'hypothèse de la tromperie me paraît elle aussi improbable (imaginons les dégâts sur la réputation d'une si prestigieuse librairie). Serait-ce une sorte de "gag" a destination des naïfs (n'importe quel amateur de Baudelaire prêt à mettre 650 000 euros dans une EO des Fleurs du Mal arriverait aux mêmes conclusions que moi) ?
L'exemple - qui vous honore - que vous donnez de la vérification d'un autographe montre bien la bizarrerie de ces deux attributions erronées citées dans mon précédent message.
Pour revenir sur les prix des catalogues Berès, il me semble que sur les catalogues des 10 dernières années, ils devenaient vraiment stratosphériques ( toujours dans ce même catalogue de 2003, 2750 euros pour une seconde édition (1968) des Rhapsodies de Pétrus Borel alors que la "cote" pour cette édition - dont je possède l'exemplaire d'André Breton acheté à sa vente pour un fraction du prix Berès - ne dépasse guère les 300 euros même chez des libraires peu réputés pour la douceur de leurs prix ; 8000 euros pour un exemplaire agréablement relié certes mais sans particularité notable d'"Un autre Monde" de Grandville, etc:, etc.). Et, à contrario, on trouve quelques livres à des prix vraiment "doux" (j'insiste sur les guillemets) glissés de ci de là (toujours dans ce catalogue on trouve sous le numéro 91 une autre EO - encore - des Fleurs du Mal, brochée et en parfait état à """seulement""" 9000 euros, prix en dessous de la côte actuelle pour un tel exemplaire). Bizarre, bizarre.
Une anecdote : un ami qui fréquentait parfois la librairie Berès me disait qu'ils étaient assez ouverts à la négociation (les exemples de mon ami portaient sur des livres vendus entre 100 et 1000 euro environ.C'était certainement de l'argent de poche pour Berès...).
Il serait intéressant - et peut-être un peu cruel - de comparer les 10/15 derniers catalogues Berès et ceux de ses ventes aux enchères (même si l'on sait que lors de la vente aux enchères du fonds d'une librairie il y a automatiquement des dévaluations)... J'en possède quelqu'uns et je vais essaye de m'y livrer dans mes moments d'oisiveté.
Bien cordialement,
Romain
Romain, ce serait vraiment très sympa que vous vous livriez à cette petite étude.
RépondreSupprimerPour ma part, n'étant pas parisien, ni assez riche, je n'ai connu la renommée de Pierre Bérès que ces dernières années, à l'occasion des premières ventes. Il est vrai que j'avais acheté un jour en brocante pour 10 francs un catalogue Bérès fort intéressant qui datait des années 60. Je le gardais comme une source de documentation.
J'avoue également être surpris de certains tout petit prix (il y en a peu certes) mais en cherchant bien, il faut reconnaître qu'il n'est pas rare de pouvoir acheter sur ces catalogues Bérès des livres entre 100 et 1.000 euros, ce qui reste dans la fourchette raisonnable des prix d'entrée en sérieuse bibliophilie. C'est étonnant mais c'est un fait, contrairement à une autre librairie située à Chartres qui elle ne présente qu'exclusivement des livres exceptionnels, mais om l'on ne trouvera jamais de livres à moins de 1.000 euros (enfin je crois).
Bérès voulait sans doute donner cette image là. Accessible à peu, mais ouvert au plus grand nombre. L'idée se défend.
L'amusant dans tout ceci c'est que M. Bérès peut lire ses lignes, que désormais il est bien loin de toutes ces contingences professionnelles et que ce serait amusant qu'il nous livre en "live" ses impressions et ses dires sur le métier. On peut toujours rêver.
M. Bérès, si vous nous lisez, respect et admiration de ma part,
et au plaisir de vous lire.
Amitiés, Bertrand
Que des livres exceptionnels chez les Sourget??? NON.
RépondreSupprimerPeut-être pas Martin tu as raison, mais leur équation est simple :
RépondreSupprimer- livre rare ou reconnu comme tel
- reliure exceptionnelle et exceptionnellement bien conservée
- provenance rare qui rend le livre unique.
- un prix à décourager une armée de Pilou !!!
Amitiés, Bertrand
Romain,
RépondreSupprimerJe fais les mêmes commentaires et réserves que vous, mais êtes-vous sûr que les commentaires et estimations des catalogues Berès soient de Berès ?
Bertrand,
Berès ne te répondra pas, ni "en live", ni autrement : cela fait aussi partie de la surcotation...histoire de "marque".
Martin,
Bien d'accord avec vous : Sourget n'a pas que des livres exceptionnels à vendre, mais la mise en scène compense cela.
Romain,
RépondreSupprimer"Baudelaire (Charles). Les Fleurs du mal. Paris, Poulet Malassis et de Broise, 1857. In-12, maroquin brun, double encadrement de filets dorés, fleurons d'angles, dos à nerfs orné, tranches dorées (R. Petit). Edition originale. Exemplaire de première émission avec les fautes de paginations (page 44) et sur deux titres courants (pages 31 & 108), mais sans les six pièces condamnées (Les Bijoux, Le Lethé, A celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées I, & Les Métamorphoses du vampire). Un portrait et un ex-libris de Baudelaire ajouté. Mors légèrement frottrés (sic). Est : 12000/15000 Résultat : 26000 (08/11/2001. Paris-Congrès. P.L-F Exp. EdeB)"
Intéressant, non ?
A titre d'information, voici un communiqué de presse livré sur le site Pierre Bergé :
RépondreSupprimer"Pour l’année 2007, Pierre Bergé & associés a réalisé un volume consolidé d’adjudications de 42 Mio € (commissions acheteurs et taxes incluses) dont un produit de 5.344.589 € du à la vente du fonds de la librairie Pierre Berès des 17 & 18 décembre.
En 2006 Pierre Bergé & associés avait réalisé un volume consolidé d’adjudications de 50 Mio € dont 18 Mio € dus aux ventes du fonds de la librairie Pierre Berès.
On notera donc une progression en 2007 du chiffre d’affaire hors ventes Berès, de
+15 % et on notera également que le produit se partage à part égale entre
Pierre Bergé & associés France et Pierre Bergé & associés Belgique."
Cela montre bien l'ampleur du phénomène "Bérès", jusque dans le chiffre d'affaire P.B...
Amitiés, Bertrand
La saga Bérès est à télécharger et à lire ici :
RépondreSupprimerhttp://www.pba-auctions.com/images/gifhome/revue/saga_beres.pdf
Amitiés, Bertrand
Romain,
RépondreSupprimerPour vous, est-ce encore être bibliophile que d'acheter un exemplaire des "Fleurs du mal" dans une édition avec des fautes de pagination et incomplète de six pièces ? Où finit la bibliophilie et où commence l'investissement spéculatif ?
Je peux préciser l'emplacement, si cela peut vous aider, en vous indiquant que la bibliophilie commence juste après la lecture d'un livre de poche, bloc de papier qui s'ouvre mal, se referme tout seul et qui nécessite des yeux d'adolescent prépubère pour voir les lignes...
Cordialement. Pierre
C'est encore plus simple que cela Pierre, à mon sens la bibliophilie commence là où, au plaisir indispensable de la lecture, s'en ajoute un autre, peu importe lequel.
RépondreSupprimerAmitiés, Bertrand.
La bibliophilie commence là où démarre l'amour du livre et se termine le plus souvent avec la mort, ou plus terre à terre avec la taille du porte-monnaie. Mais enfin, à moins d'être un monomaniaque "éricesque" ( ;-) ) ou un magnat du pétrole, débourser 650000€ pour un livre sans le regarder d'abord sous toutes les coutures, c'est de la folie!
RépondreSupprimerEt oui, Bertrand, les Pilou prendront un jour le pouvoir et feront out pour faire correspondre le prix des livres au pouvoir d'achat des Français! ;) Le prix en réalité ne me dérange pas, et même pas du tout. Un livre qui vaut 10 000€, s'il les vaut réellement, et si quelqu'un a les moyens de se le payer, alors c'est normal. Le catalogue de Bertrand est d'ailleurs là pour appuyer mes dires. Mais vendre une bouse 1000€ alors que la réalité de son prix est 10 ou 20 fois moindre, alors non! Je reprendrai ici les magnifiques arguments de Romain. Même si c'est une blague (ce qui n'est donc pas vérifié), la notice des Bérès est une insulte faite au client crédule. Pensez-vous réellement que ce libraire de renom aurait reculé devant la vente d'un livre à ce prix si quelqu'un était capable de débourser cette somme? A mon avis (et en toute connaissance de la nature humaine), non. Peut-être puis-je me tromper sur la nature de ce (sûrement) grand homme de la librairie et de la bibliophilie, mais peut-être moins sur le commerçant...
Pilou, qui comprend que Bill Gates ait pu débourser des millions pour s'offrir une Bible de Gutenberg.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis actuellement sans connexion Internet aussi ne puis-je alimenter le débat, veuillez m'en excuser.
Pour répondre à la question de Pierre, je pense bien évidemment qu'acheter les Fleurs du Mal en EO (je suis loin d'en avoir les moyens toutefois) c'est de la bibliophilie comme cela peut-aussi évidemment être de la spéculation (voir un mélange des deux). Par contre, pour être un peu provoquant, je pense que ce qui "commence juste après la lecture d'un livre de poche" pour vous citer, ce n'est pas de la bibliophilie, c'est simplement le goût de la lecture et fort heureusement dans ce domaine le prix ne compte pas.
Quoiqu'il en soit, une chose est certaine : les Fleurs du Mal ne sont pas un livre rare (vue le nombre d'exemplaires qui passent chaque année en vente...) mais un livre cher !
Bien cordialement,
Romain
PS : je travaille à une petite analyse des prix Berès sur catalogue et des prix réalisés lors des ventes...
Au fait, il me semble que le Baudelaire à 350000 dans la vente de décembre est parti dans les caisses de la BnF, non?
RépondreSupprimer>Au fait, il me semble que le Baudelaire à 350000 dans la vente de décembre est parti dans les caisses de la BnF, non?
RépondreSupprimerNon. Tout le monde pensait que la BnF allait préempter, et finalement ça n'est pas ce qui s'est passé: un heureux riche s'en est fait l'acquéreur.
Chose tout de même assez étonnante puisque les commentaires manuscrits de la main de Baudelaire faisaient de cet exemplaire une pièce unique qui aurait mérité de rentrer dans l'histoire du patrimoine littéraire français sensé être sauvegardé et mis en valeur par des institutions telles que la BNF... il est donc finalement parti en Italie si j'ai bien entendu au téléphone...
RépondreSupprimerLes choix de nos conservateurs ne sont pas toujours, loin de là, des plus judicieux... et qu'on ne me dise pas que le prix de 350.000 euros a rebuté la BNF... elle dépendé bien plus et bien plus inutilement pendant les 6 ventes Bérès que cela...
A moins que Bérès ait déjà offert "off line" un exemplaire siamois de ce Baudelaire à la BNF ??? Qui sait ??
Amitiés, Bertrand
Surtout à ce "prix" là! Alors que sur catalogue, le livre coutait beaucoup plus cher. A la limite, laisser partir des sermons de Massillon en Italie, mais là...
RépondreSupprimerMais enfin, ce n'est pas nous qui faisons le catalogue de la BnF. Sinon, tout le budget partirait en livres anciens!
N'est-ce pas Pilou ! 350.000 euros !
RépondreSupprimerc'était donné !
Enfin te voici revenu à des considérations plus raisonnables sur le prix des livres !
Ah ces enfants alors ! d'incorrigibles galopins !
Amitiés, Bertrand
Une broutille! "M'enfin, aujourd'hui, avec l'inflation, pour 350 000€, t'as plus rien! De mon temps, c'était pas comme ça! On savait vivre...Tout ça, c'est la faute de Pompidou! Il n'y a de météo, ma bonne dame. etc." disait le "vieux" Bertrand ;)
RépondreSupprimerDe là à penser que si tu avais 350 000 € tu aurais acheté ce livre les yeux fermés, il n'y a qu'un pas que je franchis avec délectation ;o)
RépondreSupprimerEric