mardi 15 avril 2008

Interview de Frédéric Castaing, président du SLAM

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Tapis rouge (c'est un peu une reconnaissance), le Blog du Bibliophile vous propose ce soir une interview de Frédéric Castaing, le président du SLAM (Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne), qui est évidemment l'institution en France, et qui organise le Salon du Grand Palais.

Merci beaucoup à lui de d'être gentiment prêté à cette interview :

Vous êtes actuellement Président du SLAM, comment pouvez-vous résumer l'activité du seul syndicat professionnel des libraires de livres anciens, livres illustrés, autographes et gravures en France, et qui existe depuis 1914?

La vocation première du SLAM est de défendre les professionnels du livre ancien, évidemment ses adhérents mais plus généralement la profession toute entière.
Un exemple : le SLAM participe à la diffusion d'un questionnaire destiné aux amateurs de livres afin de mieux connaître leurs desiderata, de mieux nous adapter à leurs demandes. 20.000 questionnaires seront ainsi distribués au Grand Palais. L'opportunité nous sera ainsi donnée de cerner au plus près les attentes et les comportements d'un public renouvelé. Chacun comprend qu'il y aura là, après dépouillement un formidable outil pour les libraires.

Pour la deuxième année consécutive et pour le plus grand bonheur des bibliophiles que nous sommes, le Salon International du Livre Ancien organisé par le SLAM va se tenir au Grand Palais, à Paris, du 17 au 20 avril 2008.

Que pouvez-vous nous dire de cette nouvelle édition?

Cela fait des mois et des mois que les libraires sélectionnent le meilleur de leurs découvertes pour le salon du Grand Palais.
Par ailleurs, vous le savez, l'invité de cette année sera la Bibliothèque nationale qui exposera des merveilles. Enfin les conférences déclineront à l'envie le thème du salon de cette année : le voyage, voyage dans l'espace, dans le temps, en nous-même, au coeur de la mémoire collective.

Comment situez-vous ce Salon sur le marché international du Livre Ancien, aussi bien au niveau de la comparaison avec d'autres salons à l'étranger, comme la Book Fair à New York, mais également au niveau de l'attractivité du Salon du Grand Palais auprès des professionnels et des bibliophiles étrangers?

Comme l'année dernière nous aurons environ 1/3 d'exposants étrangers, je pense même que ce pourcentage est en légère progression. Il est clair pour tout le monde aujourd'hui que le salon du Grand Palais à Paris avec ses 18.000 visiteurs en 2007 (nous en attendons plus de 20.000 en 2008) est devenu le premier salon du livre ancien au monde.

J'ai l'impression que ces grands événements jouent un rôle capital dans le petit monde de la bibliophilie, qu'en pensez-vous, et comment voyez-vous l'avenir de la bibliophilie en France? Le SLAM a-t-il observé des changements importants sur le marché ces dernières années?

Le monde du livre ancien" recèle des potentialités infinies, il souffre seulement d'un manque de visibilité. Le salon du Grand Palais est une des réponses.

Comment convaincre nos lecteurs de se rendre au Salon en quelques mots?

Dans un monde de plus en plus virtuel, le Salon du Livre Ancien c'est la possibilité de voir, toucher, sentir éventuellement acheter ce qui constitue une part des fondements de la mémoire collective, le patrimoine écrit.

Merci beaucoup M. Castaing, et rendez-vous au Salon du Grand Palais!
H

6 commentaires:

  1. ahhhahhahhllla... Moi j'aurai plein de questions à lui poser au président du Slam. Ne pourrait-on l'inviter à venir "chatter" sur le blog ?

    La première serait : quand est-ce que vous réformez vos statuts et que vous en terminez avec le système élitiste de cooptation...

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  2. Jean-Luc,

    Certains bibliophiles amateurs (je dois l'avouer, c'est à moi que je pensais en premier...) ne connaissent pas les arcanes du SLAM et du monde des professionnels du livre en particulier.

    Ils n'empêche que désirant m'instruire et sachant qu'il est peu vraisemblable que Monsieur Fredéric Castaing accepte un combat inégal (nous sommes seuls et il représente une corporation nombreuse), je souhaiterais que vous nous donniez la réponse à votre propre question.

    Je sais que vous serez impartial.
    Cordialement. Pierre

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  3. >"quand est-ce que vous réformez vos statuts et que vous en terminez avec le système élitiste de cooptation..."

    Jean-Luc, le principe du SLAM c'est l'élitisme, et c'est tant mieux!

    La cooptation, c'est sans doute élitiste, mais c'est ce qui fait que les libraires du SLAM sont, dans leur ensemble, fiables.

    L'élitisme vous pose problème? A moi non, lorsqu'il est raisonné et efficace. Le Slam vire régulièrement des libraires qui sont flous avec les règles de l'honnêteté... à commencer par cette libraire poitevine que nous avions évoqué (et qui s'était faite virer avant son affaire d'enchères truquées je crois).
    Pour être très franc, une cooptation à deux voix (car il faut être coopté par deux libraires pour y entrer), ça n'est sans doute pas la mer à boire: il suffit d'en connaitre bien un, qui se charge de vous trouver l'autre. Après, il faut aussi avoir le profil en terme 1) de stock (des livres anciens de qualité), 2) de qualifications, et 3) d'esprit mondain.
    Mais je ne pense pas que les membres du slam aient l'esprit sectaire... Enfin, en fait, je n'en sais rien.

    Bertrand pourrait nous en dire plus sur son refus d'y entrer, non?

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  4. On doit tous avoir des anecdotes croustillantes au sujet de la cooptation : les cooptés par intérêt, les renvois d'ascenseur, etc.

    Car le problème demeure : soit vous connaissez très bien les deux libraires en question et donc c'est du copinage, soit vous ne les connaissez pas plus que ça et la cooptation, c'est vrai, prendrait un sens plus équitable. Mais dans la pratique, ces derniers vont être très très frileux à vous parrainer.

    La solution ? Tout libraire devrait pouvoir déposer candidature, celle-ci serait examinée par une commission. Cette dernière prendrait connaissance de votre fonds, vous observerait travailler, vous ferait passer un entretien technique, prendrait des noms au hasard dans votre fichier client pour les interroger et, pourquoi pas, interrogerait aussi vos confrères du Slam.

    Dans ces conditions n'importe quel libraire qui le mérite, trouverait sa place dans un syndicat pour lequel, au demeurant, je garde toute mon estime.

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  5. Intéressant, intéressant.

    Pour te répondre Gonzalo, voici quelques éléments. Deux libraires du SLAM sont passés me voir ces dernières années (j'ai ouvert en 2002), la librairie M. Le Prince (Pingel) et la librairie Georges de Lucenay. Chacun a bien discuté avec moi, nos échanges ont été très sympathiques, ils ont pu rapidement se rendre compte de ce que je proposais. Chacun m'a dit que je pouvais "prétendre" au SLAM et que le parrainage était assez simple et rapide (ils étaient d'accord à priori pour me parrainer). Et je les en remercie, quand on a débuté dans ce métier avec pour seule ambition celle de se faire plaisir... cela rassure sur ses capacités.

    Cependant, je ne suis pas fan non plus de ce système un peu dans le goût "bal de la rose" à Monaco... Mais par ailleurs je trouve que la procédure proposée par Jean-Luc me parait lourde et assez contraignante et un peu "spy". Pourquoi le SLAM aurait-il un regard sur mon fichier client ? A moins que je puisse avoir accès au fichier client de la librairie Sourget (sourire) ??!!

    Non, je crois que tout simplement, je ne suis pas syndicaliste dans l'âme. L'expérience professionnelle précédente m'a appris (10 ans dans un autre métier plus tourné vers les Salmonella tifi et autre leptospiroses...) que le syndicalisme sert toujours plus les sydicalistes bien placés que la grande majorité des salariés. Comme certainement le SLAM sert plus une poignée de libraires (qui défendent une image de marque) que l'immense majorité des libraires d'ancien de France.

    Je préférèrais le terme "association" à la manière de ABAA américaine.

    Autre point qui me fait encore réticent pour devient SLAM c'est tout simplement mon humilité. A peine libraire je ne me sens guère grand libraire et encore moins prêt à affronter sur les mêmes bancs des Sourget, des Coulet ou autres Blaizot, que j'admire tous bien évidemment.

    Mais je me rassure car lorsque j'ai ouvert, d'autres ont été moins frileux et ont ouverts en même temps que moi et ont été SLAMés immédiatement dès l'ouverture ??? Comment est-ce possible alors que sur le site du SLAM il est réclamé une expérience, un savoire-faire sur la durée ...? ? je ne sais pas mais je pense que l'on touche là au copinage dont parlait Jean-Luc, et c'est en ce cas très dommageable. Gageons que cela ne concerne que peu de libraires.

    PS : Gonzalo, rassures-toi ! ! Ne pas être membre du SLAM n'empêche pas de vendre de très beaux livres aux membres du SLAM. Heureusement !! (sourire).

    Amitiés, Bertrand.

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  6. Pardon Jean-Luc, j'ai cru que vous vouliez abolir toute sélection.
    Au passage, le modèle de sélection que vous proposez est assez proche de celui en place pour le recrutement des experts... Je sais qu'à la CNES, par exemple, le libraire postulant doit passer une épreuve écrite (qcm de culture en histoire du livre) et passer devant un jury. Il doit, s'il est reçu, être "stagiaire", c'est à dire qu'il doit rédiger un mémoire sur un sujet de son choix, qui sera sa spécialité en tant qu'expert. Il doit après soutenir son mémoire pour être accepté comm expert.

    Cela dit, ce système de sélection est assez lourd, je pense. Et je ne suis pas sûr que l'on puisse garantir la neutralité d'une commission de recrutement. Et l'actuel recrutement du SLAM a l'avantage d'être simple et rapide.

    Cela dit, vos arguments et ceux de Bertrand sont intéressant également... et je ne sais pas trop quoi penser!

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