J'espère que vous allez bien, je reviens en douceur au blog en vous proposant un article de Bernard (merci à lui!) sur trois ouvrages de science fiction du XVIème. Je lui laisse la parole.
Je vous présente aujourd’hui trois auteurs (non farfelus !) qui envisagent la possibilité d’une vie extraterrestre. Le premier, l’Anglais Wilkins, et son ouvrage Le Monde dans la Lune. Le deuxième, le français Daniel, avec son Voiage du monde de Descartes et le troisième, le Hollandais Huygens (le découvreur des anneaux de Saturne), avec son Nouveau traité de la pluralité des mondes.
Le monde dans la Lune ...
Rouen, J. Cailloüe. 1656.
1 volume in-12 ; (8), 269, (3), 284, (3) pp.
John Wilkins (1614-1672) écrivain et savant anglais, est l'un des fondateurs de la société royale de Londres. En 1638 il publie son premier livre : La découverte d'un monde dans la lune. En 1640 il publie, anonymement, un Discours concernant une nouvelle planète. A partir de ce moment le Discours et la Découverte sont publiés ensemble comme une œuvre unique. L’œuvre s'adresse au grand public, et son but est de populariser la vision de l'univers que l'on doit à Copernic, Kepler et Galilée.
La Lune n'est pas un disque brillant uni mais plutôt un monde avec un paysage comme celui de la Terre. Wilkins pense que la Lune est une planète habitable et prédit qu'un jour le voyage vers elle sera possible. Cette célèbre utopie, l'une des premières sur la pluralité des mondes, précède Fontenelle ; elle préfigure Cyrano de Bergerac, Swift, etc. Dans cet étonnant ouvrage, l’auteur prédit l'invention des ballons, la navigation aérienne et les voyages interplanétaires.
Le titre complet de cette traduction française est : Le monde dans la Lune divisé en deux livres. Le premier prouvant que la Lune peut être un monde. Le second, que la Terre peut être une planète. De la traduction du Sr de La Montagne. Il existe une autre édition dans laquelle la première partie est datée 1655, et la seconde intitulée « que la Terre peut estre une planette » porte la date 1656. Cet ouvrage a été mis a l’index en 1703.
Dans le bulletin du bibliophile de janvier 1860, un long article concerne cet ouvrage. Son auteur pense que Jean de la Montagne n'est autre que Jean Baudouin (1590-1650), de l'académie française. Celui-ci a traduit de l'anglais en 1648 l’ouvrage de Francis Godwin, L'homme dans la lune, ou le voyage chimérique fait au monde de la lune nouvellement découvert.
Voiage du monde de Descartes...
Paris, Veuve Benard. 1690.
1 volume in-12 ; (18), (10) pp, pp 11 à 437, (1) p.
Gabriel Daniel (1649-1728), est un historiographe jésuite français, auteur de très nombreux ouvrages et opuscules portant sur des domaines scientifiques, philosophiques et théologiques.
Cette célèbre satire est composée sous la forme d'un voyage imaginaire dans le monde de la physique et de la métaphysique cartésiennes en compagnie du fantôme du père Mersenne, ami proche de Descartes. Cette satire des théories de Descartes, et surtout de sa théorie des Tourbillons s’inspire dans sa forme de l’Enfer de Dante, où Dante était conduit par Virgile. Le titre fait référence à l’ouvrage de Descartes, Le monde, qui ne fut pas publié de son vivant, en raison de la condamnation de Galilée en 1633. La théorie des Tourbillons, qui explique le mouvement des planètes et nie l’existence du vide, est selon le père Daniel une pure supposition sans fondement.
« ... nous arrivâmes au globe de la Lune ... On y voit des campagnes , des forêts, des mers et des rivières. Je ne vis point d'animaux: mais je crois que, si on y en transportoit, on pourroit les y nourrir, et peut-être qu'ils s'y multiplieroient. Il est faux qu'il y ait des hommes, quoi qu'en dise Cyrano... ».
Cet ouvrage tient plus de la satire des travaux de Descartes que d'un vrai traité de philosophie. Le débat sur la question du vide et de la mécanique céleste fut l'un des plus importants du XVIIème siècle. Les questions du vide et de physique céleste occuperont avidement les penseurs du XVIIe. Le livre de Daniel eut un grand succès et, outre de nombreuses rééditions, il fut traduit en de nombreuses langues.
Trois ans plus tard, Daniel publie un complément intitulé Nouvelles difficultez proposées par un péripatéticien à l’auteur du voyage du monde de Descartes. (Paris, Vve Benard. 1693. 1 volume in-12 ; (8), 304 pp.)
Nouveau traité de la pluralité des mondes...
Paris, Jean Moreau. 1702. 1ère édition française.
1 volume in-12 ; (22), 277, (9) pp, 5 pl.
Portrait d’Huygens gravé par Gérard Edelinck (1640 - 1707)
Christian Huygens (1629-1695) est un mathématicien, astronome et physicien néerlandais. Il est élu « Fellow » de la Royal Society en 1663. En 1666, Huygens devient un membre éminent de l'Académie Royale des Sciences fondée par Colbert à Paris. Il retourne en Hollande en 1681 peu avant la révocation de l’Edit de Nantes. Ses découvertes dans les domaines de la mécanique, de l’astronomie et de la lumière sont fondamentales.
Cet ouvrage est la première édition française du Cosmotheoros paru en 1698 rédigé à la fin de la vie de l’auteur, suite à ses observations de Saturne et la découverte d'un de ses satellites, Titan (d’où le nom de la sonde d’exploration, Huygens, qui s’est posée sur Titan en 2005). Huygens émet des hypothèses sur les anneaux de Saturne qu’il avait découverts en 1654. Il évoque la possibilité d’autres planètes habitées autour du Soleil et autour d’autres étoiles. Le traité est divisé en deux parties ; la première traite « des mondes » en général et la seconde explique le monde vu des autres planètes. Mélange de précision scientifique et de vagabondage philosophique, ce texte occupe une place à part dans l’œuvre de Huygens.
Merci Bernard,
bonsoir bernard,
RépondreSupprimeril existe de petites plaquettes du 17ème s. qui évoque des apparitions dans le ciel. Toujours, elles sont le signe avant-coureur de la fureur de Dieu, de quelques malheurs qui vont s'abattre sur la population. Par exemple: "les signes prodigieux et espouvantables apparus au ciel sur la ville de Rome", Paris, 1626. Ou bien encore le célèbre traité de Julius Obsequent " des prodiges", plus ancien, qui décrit de nombreux cas d'apparitions dans le ciel.
Certaines de ces descriptions (et c'est assez troublant) ressemblent trait pour trait aux témoignages "d'ovni" d'aujourd'hui(forme de l'engin et surtout le son qui les accompagnent). J'ai toujours pensé qu'au 16ème siècle, l'idée d'autres planètes habitées était anachronique, tout d'abord à cause de la religion qui ne pouvait tolérer une telle hypothèse, et surtout parce que personne ne l'a jamais évoqué. Hors, les livres que tu nous présente ce soir semble prouver le contraire. Ma question est la suivante. Au 16ème siècle, l'idée d'une vie sur une autre planète était-elle évoquée d'un point de vue scientifique ? et dans la couche la plus simple de la population ? Cela m'interesse au regard de ces fameuses plaquettes, car cela pourrait éclairer la nature de ces visions dans le ciel (qu'elles aient existé ou non).
j'ai envoyé mon message trop rapidement sans vérifier l'orthographe. Pardonnez les nombreuses fautes de mon précédent message.
RépondreSupprimerFrédérick, tu n'es pas le seul à faire des fautes de frappe! Tu peux constater que les livres décrits datent du XVIIème et non du XVIème! L'observation des comètes est antérieure; jusqu'au XVIIème, elles étaient le présage de désastres. L'existence de corps célestes habités, autres que la Terre, était niée par l'église catholique. Wilkins et Huygens n'étaient pas concernés. Daniel évoque un voyage imaginaire dont le seul but est de s'opposer aux idées cartésiennes.
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