Amis Bibliophiles Bonjour,
Un lecteur du blog m'a contacté par email pour me faire part de son agacement face à la prolifération de l'expression "reliure attribuable à..." dans les descriptions de livres. Plutôt que d'insérer simplement son email dans un de mes messages, je lui ai proposé une tribune libre dans le blog, la voici (au passage, merci à Gilles et Bernard pour les envois d'articles récents, que je vais également vous proposer bientôt):
"Est-il devenu plus difficile de vendre un livre ancien au cours des derniers mois? C'est possible, mais ce qui est certain, c'est qu'on constate ces derniers mois une tendance de plus en plus fréquente des vendeurs (libraires en particulier, mais aussi particuliers vendant sur ebay) à "embellir" leurs descriptions de livres et leurs notices. Où serait le mal s'il ces embellissements étaient justifiés, mais force est de constater que la plupart du temps, les vendeurs ne peuvent prouver ce qu'ils avancent.
Ainsi en ce moment sur ebay, on trouve des reliures attribuables à Capé, Canape, Trautz-Bauzonnet, Padeloup, Duru sans que les auteurs de les descriptions n'aient la moindre preuve de ce qu'ils avancent.
Admettons que cela soit possible pour un des relieurs ayant vécu jusqu'à la fin du 18ème siècle, qui ne signaient leurs oeuvres que de façon rarissime, comme Padeloup ou Le Gascon ou Boyet (encore que cela ne gêne pas certains vendeurs, qui attribuent sans preuves les reliures de leurs livres à ces maîtres pour augmenter leur valeur); même pour des relieurs aussi mystérieux que Le Gascon... Allez, attribuons sans vergogne, même si par exemple un Elzevir disponible en ce moment sur ebay et qui est attribué à Le Gascon pourrait plus probablement sortir de l'atelier des Magnus, comme en témoigne la dorure au centre des plats.
Un lecteur du blog m'a contacté par email pour me faire part de son agacement face à la prolifération de l'expression "reliure attribuable à..." dans les descriptions de livres. Plutôt que d'insérer simplement son email dans un de mes messages, je lui ai proposé une tribune libre dans le blog, la voici (au passage, merci à Gilles et Bernard pour les envois d'articles récents, que je vais également vous proposer bientôt):
"Est-il devenu plus difficile de vendre un livre ancien au cours des derniers mois? C'est possible, mais ce qui est certain, c'est qu'on constate ces derniers mois une tendance de plus en plus fréquente des vendeurs (libraires en particulier, mais aussi particuliers vendant sur ebay) à "embellir" leurs descriptions de livres et leurs notices. Où serait le mal s'il ces embellissements étaient justifiés, mais force est de constater que la plupart du temps, les vendeurs ne peuvent prouver ce qu'ils avancent.
Ainsi en ce moment sur ebay, on trouve des reliures attribuables à Capé, Canape, Trautz-Bauzonnet, Padeloup, Duru sans que les auteurs de les descriptions n'aient la moindre preuve de ce qu'ils avancent.
Admettons que cela soit possible pour un des relieurs ayant vécu jusqu'à la fin du 18ème siècle, qui ne signaient leurs oeuvres que de façon rarissime, comme Padeloup ou Le Gascon ou Boyet (encore que cela ne gêne pas certains vendeurs, qui attribuent sans preuves les reliures de leurs livres à ces maîtres pour augmenter leur valeur); même pour des relieurs aussi mystérieux que Le Gascon... Allez, attribuons sans vergogne, même si par exemple un Elzevir disponible en ce moment sur ebay et qui est attribué à Le Gascon pourrait plus probablement sortir de l'atelier des Magnus, comme en témoigne la dorure au centre des plats.
Que dire encore de cette reliure attribuable à Boyet récemment vendue sur ebay alors que rien ne venait prouver cette assertion hormis un "Cette reliure désigne par son décor et sa tenue d’ouvrage la main du maître-relieur parisien Luc Antoine Boyet", pas même le plus petit tranchefile d'argent, si tant est que ce soit une preuve?
Que dire de celle-ci, que le vendeur décrit comme "...Le Gascon, à qui elle peut être attribuée avec quasi certitude".. mais sans aucune preuve?
Mais quand on parle des grands relieurs du 19ème comme les ateliers Trautz-Bauzonnet, Chambolle-Duru, Capé ou Lortic (mais jamais Gruel d'ailleurs, probablement pas assez prestigieux, curieux, non?), où commence le manque de sérieux, la naïveté et où termine l'escroquerie? En effet, il semble que ces ateliers signaient la plupart du temps leurs reliures, surtout les reliures de luxe en plein maroquin (ce n'était pas toujours le cas pour les demi-reliures, encore que), soit dans la dentelle intérieure, soit d'un cachet en haut à gauche du faux-titre.
Il semble difficile de croire que ces ateliers omirent volontairement de signer ces reliures "de luxe" que des vendeurs nous proposent à des prix "luxueux". Quel aurait été leur intérêt? Au contraire, ces reliures sont souvent de grande qualité, on peut penser que les ateliers les auraient assumées volontiers, en auraient été fiers. Pas crédible donc.
Le problème est bien là: le manque de "preuve", de crédit, et des vendeurs qui attribuent arbitrairement des "provenances" prestigieuses à leurs reliures pour en augmenter la valeur. On retrouve bien là d'ailleurs le sens d'attribuer, qui est souvent donné comme "conférer à quelqu’un ou à quelque chose un avantage"...
On peut s'interroger sur les motivations de ces vendeurs: prennent-ils les acheteurs pour des idiots? Ces reliures sont belles, pourquoi "dériver" ainsi et ruiner une belle description par une approximation mercantile?
Force est de constater que dans le monde de la peinture par exemple, les vendeurs n'osent pas se livrer à de telles affirmations non fondées: avez-vous déjà croisé un "attribuable à Monet", ou "attribuable à Picasso". Non. D'ailleurs, en parcourant les catalogues des maisons de ventes de livres aux enchères, on constate également que même si le métier d'expert est souvent décrié, ces denriers ne se livrent pas à ce jeu périlleux de "l'attribuablation".
Ainsi, dans le superbe catalogue Pierre Bergé consacré à la bibliothèque de François Périer, les très beaux volumes anciens en maroquin estimés à quelques milliers d'euros sont décrits comme suit:
- soit les reliures sont signées, et alors la description mentionne la signature.
- soit elles ne le sont pas et on a alors le choix entre deux expressions "reliure de l'époque", ou "reliure moderne"...
Dans aucun cas, ces reliures ne sont qualifiées de "attribuables à Le Gascon, Boyet, Duru et consorts". Et c'est la règle dans tous les catalogues de ventes sérieux.
Que doit-on conclure? Immaturité de la part des vendeurs, méconnaissance du livre, aveuglement qui leur fait toujours voir leurs livres plus prestigieux et donc plus chers qu'ils ne le sont réellement, ou carrément malhonnêteté? Ce qui est certain, c'est qu'il faut un peu plus qu'un "attribuable à" pour attribuer une reliure à un atelier. C'est encore plus vrai quand les reliures sont vraiment luxueuses, dans ce cas on ne comprend vraiment pas pourquoi le relieur aurait oublié de la signer. En passant, attribuer ainsi ces signatures de façon arbitraire, c'est aussi manquer de respect à ces relieurs, mais bon, il est peu probable que ceux-ci reviennent se plaindre...
Heureusement, il reste quelques vendeurs sérieux, notamment les libraires de qualité, ou les ventes aux enchères dans des salles respectables, qui n'essaient pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes... et d'ajouter un (faux) argument de plus, sans preuve autre que leur envie de gonfler un peu plus la facture finale. Les bibliophiles sérieux rejetteront en tout cas ces assertions et ces reliures attribuables... ou alors qu'on nous donne des preuves."
Merci pour cette tribune, qui a tout pour animer un petit débat...
Mais quand on parle des grands relieurs du 19ème comme les ateliers Trautz-Bauzonnet, Chambolle-Duru, Capé ou Lortic (mais jamais Gruel d'ailleurs, probablement pas assez prestigieux, curieux, non?), où commence le manque de sérieux, la naïveté et où termine l'escroquerie? En effet, il semble que ces ateliers signaient la plupart du temps leurs reliures, surtout les reliures de luxe en plein maroquin (ce n'était pas toujours le cas pour les demi-reliures, encore que), soit dans la dentelle intérieure, soit d'un cachet en haut à gauche du faux-titre.
Il semble difficile de croire que ces ateliers omirent volontairement de signer ces reliures "de luxe" que des vendeurs nous proposent à des prix "luxueux". Quel aurait été leur intérêt? Au contraire, ces reliures sont souvent de grande qualité, on peut penser que les ateliers les auraient assumées volontiers, en auraient été fiers. Pas crédible donc.
Le problème est bien là: le manque de "preuve", de crédit, et des vendeurs qui attribuent arbitrairement des "provenances" prestigieuses à leurs reliures pour en augmenter la valeur. On retrouve bien là d'ailleurs le sens d'attribuer, qui est souvent donné comme "conférer à quelqu’un ou à quelque chose un avantage"...
On peut s'interroger sur les motivations de ces vendeurs: prennent-ils les acheteurs pour des idiots? Ces reliures sont belles, pourquoi "dériver" ainsi et ruiner une belle description par une approximation mercantile?
Force est de constater que dans le monde de la peinture par exemple, les vendeurs n'osent pas se livrer à de telles affirmations non fondées: avez-vous déjà croisé un "attribuable à Monet", ou "attribuable à Picasso". Non. D'ailleurs, en parcourant les catalogues des maisons de ventes de livres aux enchères, on constate également que même si le métier d'expert est souvent décrié, ces denriers ne se livrent pas à ce jeu périlleux de "l'attribuablation".
Ainsi, dans le superbe catalogue Pierre Bergé consacré à la bibliothèque de François Périer, les très beaux volumes anciens en maroquin estimés à quelques milliers d'euros sont décrits comme suit:
- soit les reliures sont signées, et alors la description mentionne la signature.
- soit elles ne le sont pas et on a alors le choix entre deux expressions "reliure de l'époque", ou "reliure moderne"...
Dans aucun cas, ces reliures ne sont qualifiées de "attribuables à Le Gascon, Boyet, Duru et consorts". Et c'est la règle dans tous les catalogues de ventes sérieux.
Que doit-on conclure? Immaturité de la part des vendeurs, méconnaissance du livre, aveuglement qui leur fait toujours voir leurs livres plus prestigieux et donc plus chers qu'ils ne le sont réellement, ou carrément malhonnêteté? Ce qui est certain, c'est qu'il faut un peu plus qu'un "attribuable à" pour attribuer une reliure à un atelier. C'est encore plus vrai quand les reliures sont vraiment luxueuses, dans ce cas on ne comprend vraiment pas pourquoi le relieur aurait oublié de la signer. En passant, attribuer ainsi ces signatures de façon arbitraire, c'est aussi manquer de respect à ces relieurs, mais bon, il est peu probable que ceux-ci reviennent se plaindre...
Heureusement, il reste quelques vendeurs sérieux, notamment les libraires de qualité, ou les ventes aux enchères dans des salles respectables, qui n'essaient pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes... et d'ajouter un (faux) argument de plus, sans preuve autre que leur envie de gonfler un peu plus la facture finale. Les bibliophiles sérieux rejetteront en tout cas ces assertions et ces reliures attribuables... ou alors qu'on nous donne des preuves."
Merci pour cette tribune, qui a tout pour animer un petit débat...
H
J'applaudis à deux mains (façon de parler, car comment le faire avec moins de deux mains?) les propos de notre anonyme ami!
RépondreSupprimerLes descriptions de livre sur ebay sont relativement irritante ces derniers temps. J'ignore si cela est dû à une évolution générale des pratiques ou à la très forte présence (momentanée) de quelques vendeurs-amateurs sur ebay (souvent, lorsque plusieurs descriptions m'irritent, je constate qu'elles viennent des mêmes vendeur).
Vos deux derniers paragraphes résument bien le problème, cher anonyme qui n'êtes donc pas un pigeon.
RépondreSupprimerJ'ajouterai que des professionnels m'irritent tout autant par leurs affirmations erronées, concernant même des super-libris évidents et connus des véritables amateurs.
3ème vente Bérès, n° 275: Exemplaire en maroquin vert attribuable à Derome
RépondreSupprimern°317: médaillon central dans le style des motifs sur des reliures attribuables à Du Seuil
n°318: reliure de la seconde moitié du XVIIe (sic!) siècle attribuable à Bradel
Courvoisier: charmante reliure de l'époque, attribuable à Bozérian
Benelli: Reliure attribuable à Bozérian.
de Broglie: reliure attribuable à Chilliat
etc. etc.
"Il est d'usage, dans les catalogues, de donner d'une façon ferme, pour les volumes en reliure du XVIIIe siècle, le nom d'une de ces deux familles de relieurs: Padeloup ou Derome. L'attribution se fait d'après certains caractères généraux, ou d'après certains ornements, fers, papiers de garde partiquliers. Mais ce n'est qu'une attribution et non une certitude.
RépondreSupprimerVoici par exemple, cette reliure sur Tanzai et Néardané. Ici, pas de doute: chaque volume porte à l'intérieur l'étiquette de J. A. Derome. Mais avant d'avoir vu ces étiquettes et à ne juger que sur l'aspect du travail, les bibliophiles et les libraires les plus experts l'attribuent invariablement et d'une manière formelle à Padeloup!" Henri Beraldi, Estampes et livres, p. 69.
Personellement, je préfère l'expression "attribuable à" à une attribution ferme et sans raison, mais, en principe, je m'en fous. Pour en revenir à Beraldi: "Chaque fois que vous citez à un médecin l'opinion d'un autre médecin, il vous répond en disant que ce confrère est "un âne"; - de même, demandez à un bibliophile si un autre bibliophile connaît la reliure, il vous répondra: "Lui! mais il n'y entend rien du tout!""
Tribune intéressante en effet. Moi aussi, ces descriptions "avantageuses" m'irritent fortement. Je pense qu'il y a trois cas:
RépondreSupprimer- le novice qui rêve que son exemplaire soit relié par Boyet, et qui finit par prendre son rêve pour une réalité.
- le libraire naïf qui croit vraiment ce qu'il raconte... et là, on est inquiet pour lui.
- le libraire qui systématise la démarche et pour qui un maroquin non signé est une invitation à une divagation dont l'objectif est de faire payer plus au chaland. "Maroquin d'époque" comme l'écrivent messieurs Bérès Galantaris ne lui suffit plus, et il brode le pedigree le plus vendeur: "Le Gascon est mystérieux, on sait peu de choses sur lui? Il fait vendre plus cher? Allez cette reliure anonyme doit être de lui!". Et vlan, +1000 euros.
Comme le dit justement Gonzalo, ce sont d'ailleurs toujours les mêmes vendeurs qui produisent ces descriptions superlatives, en particulier sur ebay. Bibliophiliana par exemple propose plus de reliures "attribuables" que de reliures réeellement signées, il faut dire que ces attributions subjectives permettent de maintenir ses prix très/trop hauts. C'est dommage, ses livres sont beaux, mais cette exagération récente dans ses descriptions rend la démarche d'ensemble plus louche, comme si ces signatures putatives venaient conforter ses prix élevés, l'un servant de caution à l'autre. Petite sortie de route. Attention à ne pas avoir en stock plus de reliures que Le Gascon et Boyet n'en ont réalisées!! En tout cas plus que Sourget n'en propose.
En passant, sur le même sujet, on préfèrera la terminologie de libraires sérieux (Shapiro par exemple), qui préfèrent "reliure dans le style de Le Gascon" plutôt que "..Le Gascon, à qui elle peut être attribuée avec quasi certitude", qui va finir par faire foire aux jambons ou vendeur de voitures d'occasion.
Vous avez raison Martin, mais un peu plus d'arguments seraient bienvenus pour un livre à plusieurs milliers d'euros, un simple "attribuable", c'est un peu prendre les bibliophiles pour de gentils naïfs. Plus la reliure est luxueuse, surtout au 19ème, moins la probabilité qu'elle soit non-signée est faible. Les "attribuables" quand ils concernent le 19ème, vous en conviendrez, sont vraiment... bizarre. C'est même carrément ridicule et sent la tentative désespérée et vaine du vendeur de justifier son prix élevé.
Je retiens en tout cas la phrase de Beraldi : "Mais ce n'est qu'une attribution et non une certitude", le problème est bien là, souvent cela devient vite une quasi-certitude chez les vendeurs, voire une certitude.
Tristan
J'avoue ne pas comprendre une chose, peut-être des bibliophiles plus éclairés que moi pourront-ils me répondre: si un Lortic, un Duru, un Marius Michel ou un Trautz produit une très belle reliure, en plein maroquin, une reliure de luxe, qu'est ce qui pourrait le pousser à ne pas la signer?
RépondreSupprimerAutant pour le 18ème et avant, les attributions peuvent prêter à confusion, autant au 19ème, où la signature est la règle dans ces grands ateliers, j'ai tendance à croire que les relieurs signent lerus oeuvres.
Si ce n'est pas le cas, c'est que la reliure n'est pas d'eux, ou alors qu'elle ne correspond pas à leur standard de qualité? Mais alors, pourquoi l'auraient-ils laissée sortir de leur échoppe?
Une idée?
Anna
Pas de règle sans exception.
RépondreSupprimerVu les stocks de certains en reliures de maître non signées mais attribuables.... il y a plus d'exceptions que de règle!
RépondreSupprimer:)
Anna
Je suis du même avis que la plupart d'entre vous, les attributions trop catégoriques ou trop nombreuses m'irritent.
RépondreSupprimerC'est probablement une question de sémantique: je préfère aussi les expressions du type "reliure dans le style de Padeloup" par exemple.
A moins que ces affirmations ne soient réellement étayées bien sûr, par des recherches par exemple, comme celles d'Esmerian sur Padeloup par exemple.
Dans tous les cas, il faut plus que des mots: j'aime assez cette description trouvée dans un catalogue Christie:
"reliure attribuable à Antoine-Michel Padeloup (voir catalogue Esmerian II, lots 46 et 47)"
A noter que le même catalogue, pour une très belle reliure de maroquin non signée, proposée juste après, signale simplement "Très belle reliure en maroquin de l'époque".
C'est propre et honnête, pas survendeur.
Enfin, amusante coïncidence, Gilles m'a envoyé aujourd'hui un article bien argumenté remettant en cause les attributions rapides d'une reliure à un relieur, même signées. Je vous donne rendez-vous bientôt pour cet intéressant article, qui a tout d'une petite enquête policière.
H
"reliure dans le style de Padeloup"
RépondreSupprimerEt quel Padeloup? Quel style?
Le catalogue Esmérian contient plein d'attributions sans preuve.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerEt bien dans le style de René Padeloup, mon voisin de palier, évidemment... Il a style bien à lui.
RépondreSupprimerPour revenir au sujet "dans le style de" me semble déjà moins catégorique, plus franc du collier que "attribuable à Padeloup avec quasi certitude", qui pour le coup n'est pas plus précis, plus juste, mais qui en plus est potentiellement mensonger... en résumé, qui est juste une appréciation globale, imprécise et subjective d'un vendeur ayant pour objectif de valoriser son bien en vente.
Maintenant, Martin, si tu as écrit une réponse à Esmerian, ou une thèse mettant en avant tous ses torts, nous sommes tous preneurs! Je suis certain que tout le monde sera d'accord pour te l'attribuer avec quasi-certitude, voire plus....
:)
H
Ces "attribuables" abusifs me font penser aux annotations manuscrites "anciennes" que l'on peut trouver sur les contreplats et qui suffisent à certains pour avoir émettre un jugement définitif sur un livre ou une reliure.
RépondreSupprimerIl suffit qu'un bibilophile débutant ait écrit "reliure de Boyet" au crayon de bois il y a 50 ans (peut-être parce qu'il l'avait acheté sur la base d'une notice "attribuable à Boyet" par exemple) pour que les bibliophiles qui suivent prennent cela pour acquis.
J'en ai été le témoin direct, sur des ouvrages anonymes attribués à d'autres auteurs sur la base d'une erreur faite par un propriétaire précédent, mais écrite avec autorité sur le faux-titre.
Maxime
Pour l'instant, je ne peux que citer le site d'un de tes amis: "When I was researching the NTM doublure, a Google search of "Luc-Antoine Boyet" came up with the name of Jeanne-Marie Métivier who has written a short paper entitled Luc-Antoine Boyet, relieur de l'Imprimerie royale (1704-1723) which was published in la Revue de la Bibliothèque nationale de France, numéro 12, 2002. I wrote to the BN asking them to forward my email to her in which I enclosed images of the NTM doublure. My research on this binding led me to the conclusion that it is almost certainly the work of Boyet, however I was keen to have the opinion of someone who by all accounts, must an expert, one of a very few in the world. In due course Jeanne-Marie Métivier sent a very interesting reply, part of which has a direct bearing on this issue.... "Je ne peux que vous encourager à lire mon article paru dans le numéro 12 de la Revue de la Bibliothèque nationale en 2003, car j'y traite de ce problème des attributions de reliures à Boyet sans preuve. C'est le cas du catalogue Esmerian, et du catalogue d'exposition rédigé par Isabelle de Conihout et Pascal Ract-Madoux dont vous reproduisez les reliures. Ils ne démontrent pas que Boyet est l'auteur des reliures, ils le suggèrent en parlant de fers du doreur de Boyet, mais sans citer de sources. De même les affirmations des catalogues de vente ne sont pas fiables. En conclusion, il faut être très prudent.""
RépondreSupprimerA+
Martin
On pourrait aussi évoquer (avec le souci d'une évocation conforme) :
RépondreSupprimerhttp://cgi.ebay.fr/1668-ROBERT-ARNAULD-DANDILLY-BIBLIOPHILIE-MAROQUIN_W0QQitemZ260320297119QQcmdZViewItemQQptZFR_GW_Livres_BD_Revues_LivresAnciens?hash=item260320297119&_trksid=p3286.c0.m14&_trkparms=66%3A2|65%3A10|39%3A1|240%3A1318
Psssst...
Bonne pioche Martin, la conclusion est bien la même que celle que je fais: il vaut mieux être prudent et donc éviter d'attribuer de façon aussi simpliste.
RépondreSupprimerLe point en tout cas est très intéressant: on identifierait le plus souvent des relieurs avec des fers qui sont de leurs doreurs...?
H
En voici une qui est moins dure à attribuer: jolie reliure AVEC une étiquette.
RépondreSupprimerhttp://cgi.ebay.fr/STUPEFIANT-MAROQUIN-DENTELLE-PAR-DEROME-RELIEUR-DU-ROY_W0QQitemZ370118579810QQcmdZViewItemQQptZFR_GW_Livres_BD_Revues_LivresAnciens?hash=item370118579810&_trksid=p3286.c0.m14&_trkparms=66%3A2%7C65%3A10%7C39%3A1%7C240%3A1308
Dommage que le livre ne contienne pas un grand texte...
H
Martin,
RépondreSupprimerLes médecins d'aujourd'hui ne se comportent plus comme leurs confrères de l'époque de Béraldi : les bibliophiles, oui, encore...
Cher anonyme,
RépondreSupprimerLorsque vous laissez entendre que tel Elzevir sort probablement de l'atelier des Magnus, vous le fait sans avancer beaucoup plus de preuve que ceux que vous critiquez.
Est-ce réellement le manque d'argumentation qui vous gène, ou bien le fait que vous n'adhérez pas aux attributions annoncées ?
Je ne connais pas grand chose dans ce domaine, mais il semble y avoir consensus sur les reliures 19° (qui dont usuellement signées) et pourtant, les exemples pointent sur des livres 17°, pour lesquels je ne suis pas convaincu d'une erreur d'attribution. Je pense que le client,avant d'acheter, aura contacté le vendeur pour avoir une clarification si elle s'avère nécessaire.
Ceci dit sur le fond, je suis évidement d'accord pour avoir des notices objectives.
Eric
Cher Eric,
RépondreSupprimerVous avez bien fait de relever le passage sur les Magnus. Mais j'ai écrit "pourrait plus probablement sortir de l'ateleir des Magnus" et non pas "attribuable aux Magnus" ou "sortant avec quasi certitude de chez Magnus")... et je ne l'aurais assurément pas mis dans le titre de l'objet en vente comme une assertion.
Pour les différences entre les siècles, en général un vendeur qui attribue une reliure du 17ème non signée à Le Gascon pousse la démarche jusqu'à attribuer ses reliures non signées du 19ème à Capé, Duru ou d'autres, voir par exemple cette description en cours sur ebay : "(fine reliure du milieu du XIXe siècle, étonnamment non signée mais attribuable aux plus grands maîtres relieurs de l'époque, Trautz-Bauzonnet ? Duru ? Capé ?)".
En ce qui me concerne, je ne suis pas gêné par le fait de ne pas adhérer aux attributions abusives. Ca n'a pas d'importance, et je suis incapable d'avoir un avis tranché sur une relirue non signée. Au contraire même, le paradoxe est que ces vendeurs ont souvent de très beaux/bons livres et je prends plaisir à les contempler. C'est juste que rien n'étaye ces affirmations, et qu'elles sont simplement là pour embellir le produit, à titre gratuit (enfin presque, puisque c'est tout l'inverse qui est visé).
Je suis le premier à me réjouir de croiser de vraies reliures signées, comme le Derome en ce moment sur ebay. Mais écrire n'importe quoi, attribuer des signatures de façon arbitraire, cela ne me semble ni juste, ni correct.
(cf la reliure de "Boyet" vendue il y a quelques jours sur ebay: http://cgi.ebay.fr/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&item=250310575543 , un tome dépareillé sans intérêt.. et qui prend une valeur soudaine quand on ajoute le mot magique "Boyet").
V.
Bref, la modération, y compris dans les attributions quelque peu hâtives, serait de bon aloi!
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit, je préfère poser mes yeux sur de belles reliures mal ou abusivement attribuées plutôt que sur les reliures loqueteuses que l'on croise trop souvent, et qui sont pourtant présentées comme étant "en état d'usage".
Après, les acheter, les premières comme les secondes, c'est encore un autre débat.
Hugues
L'avantage sur Ebay, c'est que les évaluations permettent de vite distinguer les vendeurs honêtes et objectifs dans leurs descriptions de ceux qui survendent leurs livres ...
RépondreSupprimerTitouan
Je n'étais pas venu sur le blog depuis une semaine, je viens de découvrir cette tribune: BRAVO
RépondreSupprimerCritiquer à juste titre les vendeurs qui mentent dans leurs descriptifs pour gagner plus d'argent perd de sa valeur si par ailleurs l'on ne s'en prend pas à ces acheteurs sans scrupules qui profitent de l'ignorance des vendeurs pour se payer à petit prix des ouvrages de qualité et s'exclamer à l'ouverture de leurs paquets : "je jubile...!".
RépondreSupprimerBel angélisme... J'imagine que votre thèse va jusqu'aux libraires qui achètent leur marchandise à vil prix à des particuliers et qui rentrent chez eux en se frottant les mains et en marmonnant "je jubile"...
RépondreSupprimerJ'imagine aussi que vous même, quand vous voyez un livre trop bon marché, vous proposez au vendeur d'ajouter la différence entre le prix et la valeur réelle pour éviter d'avoir des scrupules...
Enfin, quid des vendeurs sur ebay, où finalement ce sont les enchères qui décident du prix et de l'acheteur?
Votre thèse ne tient pas trop, c'est trop facile de dénigrer des acheteurs qui profiteraient de l'ignorance ou de l'incompétence de vendeurs pour faire des affaires. Après tout, si un vendeur est incompétent ou n'a pas fait le minimum de recherche, n'est-ce pas uniquement sa faute?
Je me permets de vous rappeler que les bibliophiles n'ont pas pour objectif d'arnaquer les vendeurs (c'est même énorme que j'en vienne à écrire celà), ils veulent simplement acheter des livres. Après si le prix est bas, incompétence ou pas, qu'est ce que cela change?
Et d'ailleurs, cher anonyme qui semblez avoir souffert... avez-vous des histoires de ce type à nous raconter?
Alain
"ces acheteurs sans scrupules qui profitent de l'ignorance des vendeurs pour se payer à petit prix des ouvrages de qualité et s'exclamer à l'ouverture de leurs paquets : "je jubile...!".
RépondreSupprimerJe crois qu'on peut supposer que c'est un gag, non?
M
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci de cet article sur le phénomène des reliures attribuées, en pleine expansion (explosion ?) ces derniers mois sur Ebay et dans les catalogues de ventes aux enchères.
Sur Ebay cela devient une habitude : chaque maroquin non signé devient « attribué » de façon péremptoire sans l’ombre d’une preuve à un grand atelier.
Même pour le 19eme siècle ce qui est un comble. Et là ne mâchons pas nos mots nous sommes bel et bien dans l’escroquerie absolue : les grands relieurs-doreurs signaient leurs reliures, et nombre de mes confrères et experts signalent simplement lors de la description d’une reliure très bien établie mais non signée : « étrangement non signée ; anonyme mais de très belle facture »…
Alors voir tous les jours sur Ebay des reliures attribuables à Canape, Capé…c’est du grand n’importe quoi et pas de doute, on prend l’acheteur pour un pigeon.
Pour les époques antérieures là ça devient beaucoup plus difficile, personne ne signant (ou exceptionnellement) son travail.
Ainsi les attributions fleurissent sur ebay et dans les salles.
Quoique à propos des ventes aux enchères une reliure « attribué à » par M. Courvoisier est certainement un très grand gage de sérieux, et sur demande il pourra vous fournir toutes les sources bibliographiques qui ont permis d’identifier le relieur (toujours les fers, parfois des doublures de maroquin, un signet particulier…).
Certains autres experts peuvent être cru sans trop de problèmes et vous donneront également les fruits de leurs recherches qui ont permis d’éclairer (et de valoriser) la reliure.
Là où le bât blesse c’est quand on ne vous donne pas les renseignements voulus sur l’origine de l’attribution…Mais à vous d’insister !
Ebay est une foire d’empoigne, et les attributions sont réellement infondées presque à 100% : le Gascon, Boyet, Ruette…on en voit plus sur ce site qu’un jour de solde chez Tati !
Et là oui encore une fois c’est presque toujours une volonté de valoriser, et donc d’escroquer les clients, puisque les vendeurs n’apportent pas le quart d’une demi-preuve d’identification.
Mais si les acheteurs sont heureux et payent, pourquoi en faire une montagne après tout ? Chacun voit midi à sa pendule et chaque vendeur professionnel pratiquant cette politique d’intégration à la famille des grands relieurs se verra un jour où l’autre lui aussi attribuer un nom : farfelu au minimum, escroc au pire.
Pour moi cette politique est absurde et dangereuse, mais si tous les bibliophiles et bibliopélimanes arrêtaient un peu cette course au mètre de maroquin signé sur leurs étagères il y aurait moins de libraires (malheureux en business ?) tentés par un gain facile.
A propos de bonnes reliures et de bonnes attributions sur Ebay à signaler en ce moment deux superbes reliures en maroquin de l’atelier des Caumartin. Là pas de problème : ils faisaient ces reliures à la fanfare au kilomètre sur des ouvrages religieux.
C’est beau, du maroquin et des kilos de dorure, et vendus 6.000/7.000€ dans au moins les catalogues de deux grands libraires parisiens de cet automne (un indice : l’un deux à dernièrement déménagé..).
Une dernière ligne : à propos des achats des libraires.
Il faut arrêter de dire que l’on achète pour rien aux particuliers. En général (et si l’on est sérieux) on propose 300/350€ pour un prix de revente (affiché) de 1.000€.
Et si beaucoup de livres et de bibliothèques sont achetées pas ou peu chères c’est par des antiquaires qui eux-mêment revendfent soit aux libraires soiit directement en salle.
Quasiment aucun particulier ne passe maintenant chez un libraire sans avoir en plus regardé Internet, alors stop au phantasme svp !!
Vincent P., Libraire