vendredi 1 mai 2009

Les questions de Pierre...

Amis Bibliophiles Bonjour,

Ce déménagement amène décidément beaucoup de commentaires et de questions, dont celles de Pierre, à qui je cède la parole:

"Je vous propose un petit sujet de réflexion à la lecture du dernier billet de Hugues, rédigé par son adorable épouse.

Je me demandais quels étaient les ouvrages qu'il avait emportés sur les sièges (en cuir, excusez du peu) de sa voiture. Bien que ne le connaissant que par l'intermédiaire de ce blog, je me suis imaginé qu'il avait du choisir en priorité ses magnifiques éditions illustrées des voyages de Cook (voir billets 2007). Je suis sûr, en tout cas, que c'est ce que j'aurais fait si je les avais possédé (la convoitise étant péché, je convoite mais je me repens).

En fait, si j'avais à sauvegarder mes ouvrages préférés ou si l'on me demandait quels livres je ne confierais pas à un tiers pour un déménagement, voici quelques ouvrages auxquels je suis très attaché :
Le Roi Soleil. Ce livre, j'aurais aimé l'avoir enfant. Je l'ai eu adulte. J'ai même toute la série…

Poèmes de Delille et sa réponse vacharde de Rivarol. Un régal de maniérisme.

Les après-midi d'un libraire. La lecture de ce petit livre a déterminé ma reconversion tardive.

Une Semaine Sainte. Mais pas n'importe laquelle. Un beau maroquin aux armes de Louis XV par exemple.

Et puis aussi ; Le dictionnaire des synonymes de Guizot. Pas rare mais c'est le mien ! Un ouvrage de Jean Rostand avec dédicace, Diderot dans une très belle édition et en dernier une rare édition de l'apostolat de Marie-Madeleine par l'abbé Faillon. J'oubliais les fastes de la Provence de Fouques et mes Buffons ! Et s'il me reste de la place...
Et vous ? Quels seraient vos choix en pareil cas en partant du principe que ce ne serait pas forcement la valeur vénale du livre qui guiderait votre choix (bien que… les livres rares et les belles éditions sont légitimement chers).

Je vous laisse méditer. Pierre"

Ma réponse: en fait, après avoir tout emballé et mis en caisse, je me suis longuement interrogé avant de choisir les ouvrages qui allaient faire le trajet en voiture avec moi. Il me fallait arbitrer entre le poids (je n'ai pas des bras de déménageur), la fragilité et la "valeur" des ouvrages, qu'elle soit financière ou sentimentale... Choisir, c'est renoncer... et j'ai finalement privilégié les ouvrages les plus fragiles et ceux qui avaient pour moi une valeur sentimentale: les Cook ou les Helyot par exemple, sont donc partis en camion (j'en tremble encore) alors qu'un Racine en format Cazin, dont la reliure est en bien mauvais état, a fait le voyage avec moi en voiture, simplement parce que c'est le premier livre ancien que j'ai acheté. 

Et puis, fragilité oblige, les maroquins ont pris la voiture. Enfin, je me suis dit que perdus pour perdus, je préférais sauver 45 in-12 en les convoyant moi-même plutôt que 8 in-4... (raisonnement de bibliomane? possible). Enfin, en plus de ces critères j'ai ajouté quelques livres pour lesquels j'ai une affection particulière: Les Contes et Nouvelles en vers de La Fontaine, dans un maroquin bleu nuit, mon exemplaire manuscrit du Vestergan, dans son cahier "fragilissime" du 17ème, l'Oexmelin, un Molière, un Don Quichote et un Cyrano de Bergerac du 18ème qui n'ont rien de particulier mais que j'adore, le Licetus, un petit ouvrage 19ème sur les naufrages et qui contient l'extraordinaire et tout simplement incroyable odyssée de Viaud (un récit en fait imaginaire), qui m'a coûté 10 euros... 

En réalité, un grand nombre de critères ont présidé à ce choix, les goûts très personnels d'un bibliophile en somme, mais aussi la fragilité de chaque ouvrage, ou, forcément, sa valeur financière, puisqu'au fond rares sont les bibliophiles qui parviennent à en faire totalement abstraction, non?

H

4 commentaires:

  1. Pierre,

    Votre "Jardins" est un Cazin qui m'intéresse : comme vous y tenez, une description bibliographique complète et une photo de la page de titre complèteraient ma biblio qui, si elle devait être publiée (ce qui est fort probable) vous mentionnerait bien évidemment.
    Merci.

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  2. D'un autre coté Pierre étant libraire, ce livre est certainement à vendre, malgré l'attachement sentimental (extrait du portrait de Pierre) :
    "Comment faire pour vendre ses propres livres?: Mettre le prix sur la page de garde et prier pour que l'on ne vous demande pas ceux que vous préférez en premier"

    Eric

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  3. Content de constater qu'à cette heure, je ne suis pas tout seul !
    Pierre sait comment me joindre si la vente est envisageable, mais je suis devenu, avec l'âge, plus bibliographe que "collectionneur".

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  4. Jean-Paul,
    Bien vu pour le "Cazin"! L'intérêt de l'ouvrage est triple, en fait. La reliure (postérieure) est très élégante et une réponse au poème de l'abbé Delille y est associée (Lettre critique sur le poème des Jardins, suivie du Chou et du navet). Ce brûlot dans un format analogue, sous un nom d'emprunt, est l'œuvre du fameux polémiste Rivarol. Je vous envoie la description complète et les photographies.

    Eric !
    Pourquoi garder trace de mes affirmations péremptoires ?
    Pour vendre un livre il ne suffit pas de mettre le prix sur la page de garde, vous avez raison. Il faut trouver (ceci est valable pour les ouvrages auxquels je tiens, sans parler de leur valeur vénale) l'acheteur qui convient au livre. Je rentre d'une excellente après-midi dont la péroraison a été un échange fructueux (pour moi, j'entends) avec un bibliomane en vacances à Tarascon. Nous avons évoqué Barres, Jouhandeau, Huysmans, Anatole France… J'ai sorti mon Portfolio d'académiciens. Un régal ! Aussi, je n'ai eu aucun mal à lui vendre un bon Jouhandeau qu'il me sera peut-être difficile de retrouver. Il en sera de même pour le Delille. J'ai la chance de faire ce métier "sur le tard" et comme Jean-Paul d'être devenu moins collectionneur. Je privilégie le plaisir et l'acquisition de la connaissance. Par contre, si j'avais quelques reliures signées comme les vôtres…

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