Amis Bibliophiles Bonsoir,
Le seul avantage de la grippe, que je teste en avant-première pour vous, et s'il faut en voir un seul, c'est que c'est une occasion de pouvoir se mettre en quarantaine. C'est ainsi le corps médical qui me conseille de m'isoler du reste de ma famille et de me réfugier dans ma bibliothèque.
L'inconvénient, c'est qu'au milieu des livres, la fièvre aidant on en vient à se poser des questions étranges, même sans être hypocondriaque. L'une de celles qui me taraudaient cet après-midi, alors que je lisais les mémoires de d'Artagnan, est l'avenir de ma bibliothèque... qu'adviendrait-il de ma bibliothèque si ce méchant virus m'emportait? Je n'en suis pas là, heureusement, et loin de là, vous savez que la bibliophilie conserve, mais la question reste posée.
Mes (très jeunes) filles sont passionnées par les livres, mais rien ne dit qu'elles seront bibliophiles et d'ailleurs, les statistiques tendraient plutôt à démontrer le contraire. Que faire alors? Leur demander dans un dernier souffle de conserver mes livres par devers elles et d'entretenir ainsi ma mémoire? Prier Sainte Wiborade qu'elles me donnent un petit-fils prénommé Octave, Jacques Charles ou Pierre Gustave?
Trop aléatoire et rien de plus triste qu'une bibliothèque qui trône un temps dans une demeure familiale, au milieu de l'indifférence des hôtes...
Deux solutions donc... Léguer le tout à une bibliothèque, ou opter pour la mise en vente des livres dans une salle des ventes. Entre les deux mon coeur ne balance pas... il penche toujours du côté des bibliophiles et donc de la vente aux enchères. Appât du gain me direz-vous? Que nenni puisque j'aurai passé l'arme à gauche. C'est simplement que ma bibliothèque s'est nourrie de ces ventes et que je souhaite remettre ces livres dans le circuit bibliophile. Après tout, s'il y a des raretés absolues (hélas non pour l'instant), la BNF pourra tout à fait se porter acquéreur.
Bref, j'opte définitivement pour la vente de ma bibliothèque en salle des ventes... espérons juste que le tout ne sera pas regroupé dans trois ou quatre manettes! Et puis, il me reste l'espoir d'un petit-fils bibliophile...
Et vous?
H
C'est symptomatique, cette grippe!
RépondreSupprimerA peine finit, le bouclage du numéro 2 de la NRLA, tu tombes malade! Ne t'inquiète pas: si ça t'aide à survivre, tu pourras te consacrer aux futurs numéros de la Revue :o)
Pour ce qui est de l'avenir d'une bibliothèque, la mienne est bien trop restreinte, et mon âge trop peu avancé pour que je me pose la question. Mais, comme ça, sans me sentir concerné, je formulerai la pensée suivante:
si une bibliothèque témoigne d'une passion monomaniaque, avec un nombre élevé d'ouvrages sur un même thème, accumulés pendant des années (type: collection de spécimens de caractères typographiques, collection de livres de cuisine, ou de livres de chasse, etc.), alors mieux vaut la léguer à une bibliothèque publique: 300 livres rares sur un même thème, qui sorte en vente d'un seul coup, c'est un coup à faire s'effondrer le marché! Pas sûr que la famille récupère une somme digne des dépenses effectuées par l'aïeul, et puis une collection importante sur un thème particulier, ça devient une excellente bibliothèque d'étude, léguée à une bibliothèque.
Peut-être un jour existera-t-il une salle "Hugues-du-blog" dans une bibliothèque publique, om nous pourrons consulter, à côté des archives du blog, ta collection unique de .................... (remplir les pointillés selon convenance).
En fait, c'est plus la volonté de remettre les livres dans le circuit que de réaliser une plus-value pour mes héritières qui m'anime. Nous savons bien que ce type de spéculation est trop aléatoire.
RépondreSupprimerCe qui me pose problème avec le legs à une bibliothèque, c'est que ces livres disparaîtront des bibliothèques privées pour toujours, et cela, vraiment, je ne peux m'y résoudre, la bibliophilie m'a apporté trop de joies. D'ailleurs si le procédé se généralisait, y aurait-il encore des bibliophiles dans 300 ans. Je n'ai pas envie que le livre ne devienne qu'un objet de musée...
H
Pourquoi devoir choisir entre la peste et le choléra (certe c'est terrible, j'en conviens, pour les bibliothèques).
RépondreSupprimerJe vais peut-être dire une bétise, mais pourquoi pas à un marchand ?
Tous ne sont pas des pilleurs de trésors familiaux!!
J'admets prêcher pour ma paroisse, mais d'un autre côté, vous vous y approvisionner bien...
Amicalement,
Cédric
Il y a aussi cette bibliothèque en vente bientôt (à moins que ce ne soit fait) qui fut donnée à un filleul qui n'était pas bibliophile mais la conserva précieusement... pour finir par vendre le mausolée.
RépondreSupprimerPour le reste je suis d'accord avec Hugues. Les ventes publiques sont le carburant vital de la bibliophilie.
Bonne soirée,
Olivier
PS : quelles sont ces statistiques qui indiquent que la bibliophilie saute au moins une génération?
Olivier,
RépondreSupprimerStatistiques empiriques... je n'ai que des héritières, et quand on voit le faible nombre de femmes bibliophiles, il y a de quoi être inquiet!
:)
H
Vendre à un marchand? Je n'y vois personnellement aucun intérêt: il est peu probable qu'il en propose un prix faible (ce n'est pas un jugement et il doit bien vivre), et surtout je ne trouve aucun argument qui milite pour ceci.
RépondreSupprimerEt puis, les marchands s'approvisionnent surtout dans les ventes. Proposer sa bibliothèque dans une vente permet de satisfaire à la fois les bibliophiles et les marchands intéressés.
Du reste, je trouve qu'il y a une certaine beauté à éparpiller ainsi l'oeuvre d'une vie. Mais c'est vrai que je suis un dilettante.
Hugues
Une bonne raison de ne pas vendre à un libraire pourrait être celle-ci, ou comment un Decameron de Boccace, chez Liseux, certes en maroquin, voit son prix exploser en quelques jours:
RépondreSupprimeracheté le 25 octobre pour 513 euros sur ebay, mis en vente 3 semaines plus tard pour 3000 euros. Qui a dit que les livres anciens ne prennent pas de la valeur avec le temps?
http://cgi.ebay.fr/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&item=300357744515&ssPageName=STRK:MEBIDX:IT#ht_16238wt_1148
et hop x6
http://cgi.ebay.fr/1879-LE-DECAMERON-DE-BOCCACE-LISEUX-MAROQUIN-CHINE-RARE_W0QQitemZ270487123624QQcmdZViewItemQQptZFR_GW_Livres_BD_Revues_LivresAnciens?hash=item3efa49f6a8#ht_3539wt_695
rourou font les pigeons...
Je ne suis pas dans une logique de spéculation, mais je n'ai quand même pas envie que mes descendants se fassent pigeonner...
Mike.
Je penche aussi pour la vente aux enchères, après tout, c'est elle qui permet de satisfaire tout le monde.
RépondreSupprimer-> les bibliophiles du futur
-> les libraires qui s'y approvisionnent
-> les institutions qui y font également des achats, soit avec nos impôts, et du coup j'ai moins de regret en les payant, soit comme c'est de plus en plus souvent le cas, en proposant un accord au vendeur qui par exemple l'exempte des taxes liées à la vente.
Jacques
Mike,
RépondreSupprimerJe conçois que vous viviez comme une injustice qu'un libraire fasse une bonne affaire à l'achat en espérant en faire une bonne à la vente mais la dispersion d'une bibliothèque en salle des ventes ne vous protège pas contre cette éventualité.
Avant d'être libraire, je ne m'interdisais pas les "chopins" sous prétexte que je pourrais en tirer un bénéfice moral ou financier, mais je dois avouer que j'ai une éthique perfectible :-))
Le pire dans la situation grave que vit Hugues en ce moment est surtout de ne rien avoir prévu ! "Après moi les mouches !" disait une vieille dame qui a légué la bibliothèque (hétéroclite) de son mari à sa nièce. Cette dernière lui en veut encore pour ce cadeau empoisonné. Un commissaire priseur ne fera jamais le tri que j'ai fait, ni ne prendra le temps que j'ai pris pour séparer le bon grain de l'ivraie...
Le commissaire-priseur est parfait pour les belles bibliothèques de bibliophiles ordonnées. Pour le commun, on peut se contenter du bouquiniste, et laisser le bibliophile y trouver quelques "chopins".
Mais je me trompe, peut-être. Pierre
J'ai oublié de souhaiter bon rétablissement à Hugues !
RépondreSupprimerPierre
Vous avez raison Pierre, je ne critiquais pas le fait de "faire la culbute"... mais de la faire 6 fois, en revendant sur le même site conduit à s'interroger fortement et génère un vrai malaise, et pose la question du respect de l'acheteur (qui n'est pas qu'une vache à lait qu'il faut traire vite et bien). Faire 6 fois ainsi la culbute me parle en effet plus de spéculation pour gogos que de bibliophilie, puisque nous savons bien que si ces livres valent un peu plus que 500 euros, ils sont très très très loin d'en valoir 3000......
RépondreSupprimerPour le dilemme vente/libraire/bouquiniste... s'il y a bien une chose que j'aurais du mal à avaler, c'est que mes livres soient vendus en lots, comme des patates au kilo. La vente en salles, sur catalogue permet de conserver à chaque livre sa personnalité, son identité, et même de percevoir un peu la personnalité du bibliophile défunt.
J'aime cette idée.
Mike
Séparés sur injonction du médecin, ce blog hérite d'une fonctionnalité nouvelle : me permettre, à distance, de prendre des nouvelles de mon mari. Serait-ce le virus H1N1 ou plutôt la trop forte concentration de livres autour de lui qui le tourmenterait ainsi, une fièvre bibliophile ?
RépondreSupprimerTout d'un coup je comprends tout : l'envie inassouvie d'un fils, la question de la bibliothèque "après"...
Et si, finalement, le bibliophile, (bien conservé) n'était qu'un simple mortel ?
Pauvre "chéri", à 38°3, il est vrai qu'il faut vite agir !
Allons, je m'en vais le rassurer, je prendrai, moi, soin de ses livres.
AC, épouse de qui vous savez.
bonsoir,
RépondreSupprimerUn des intérêts de la vente en salle, jusqu'à présent, réside dans l'édition d'un catalogue. Ainsi la trace de la bibliothèque rassemblée a quelques chances de survivre et les bibliophiles du futur pourront en pister les exemplaires.
Indépendamment, on peut aussi disperser sa bibliothèque de son vivant, amis, ventes, libraires, amateurs... à condition de ne pas le regretter ni de le faire trop tôt.
Résiste Hugues tu as encore de beaux jours!
Je me fie aux anciens :
RépondreSupprimer"Je défends et prohibe expressément la vente de ma bibliothèque en gros, voulant qu'elle soit vendue en détail au plus offrant et dernier enchérisseur, afin que les curieux puissent en avoir leur part, y ayant une très grande quantité de livres rares, difficiles à trouver, et que les gens de lettres seront bien aises d'avoir l'occasion d'acquérir". Dispositions testamentaires d'Etienne Baluze (Tulle 1630 – Paris 1713), bibliothécaire de Colbert et lui-même possesseur d'une très riche bibliothèque.
Je crois que c'est la sagesse qui parle.
Jean-Marc
passionnant débat.
RépondreSupprimerDans ce que je viens de lire, rien ne me différencie de hugues, sinon que je suis en bonne santé pour le moment. J'ai deux filles, et peu de chance que l'un de mes enfants souhaite reprendre un jour le flambeau. D'ailleurs, ce n'est pas plus mal : une bibliothèque doit se constituer progressivement afin de jouir de chaque nouveau livre.
Pour ma part, voici un conseil à suivre, je crois, absolument : j'ai un cahier dans lequel je note chacun de mes achats. Il est rangé dans l'une de mes bibliothèque, ma femme et mes enfants connaissent son emplacement. Deux avantages : en cas de malheur, mes proches pourront décider de vendre en connaissant la valeur des livres. Second avantage, dix ans d'achats effacent de la mémoire le prix d'achat. Si un jour je décide de me séparer de mes livres, j'aurai sous les yeux la valeur exacte de chacun d'eux à l'achat. Ainsi, je pourrai faire monter les prix en salle des ventes (les livres doivent continuer à faire la joie des collectionneurs) si je juge que le prix n'est pas suffisant.
Bon rétablissement Hugues.
Un conseil d'"ancien": vivre le temps présent et se faire plaisir dans les limites du raisonnable. Ne pas s'inquiéter de l'avenir "nos" livres.
RépondreSupprimerAvis d'un autre "ancien" :
RépondreSupprimerpour des raisons conjoncturelles, ma bibliothèque d'environ 8000 volumes a été vendue de mon vivant en trois ventes publiques.
Le côté positif est la satisfaction d'avoir fait la joie de nombreux amateurs (je n'ai pas assisté aux ventes), de conserver effectivement trois catalogues (pas très luxueux)et d'avoir la possibilité de constituer une autre bibliothèque.
Le côté négatif est le regret de ne pas avoir conservé quelques pièces qui m'intéressent plus aujourd'hui qu'hier et d'avoir encore, après de nombreuses années, des mouvements réflexes de bras tendu vers un rayon qui ne présente plus l'exemplaire recherché.
Se répéter que nous ne sommes que les dépositaires provisoires de ces merveilles et que, de toutes les façons, on ne pourra jamais tout avoir en rayon, soit par manque de moyens, soit par manque d'exemplaire disponible sur le marché (que d'éditions ont disparu !)
Dépositaire, oui, certainement, et en plus, conservateur de l'héritage familial puisque certain de mes livres sont depuis presque deux siècles dans la famille.
RépondreSupprimerLa tradition de conserver et entretenir s'est poursuivie sans bibliophile reconnu et, au dernier partage, c'est à l'amoureux des livres qu'est revenu, par "obligation familiale", le dessus du panier, dont un ensemble complet de ses 35 volumes in-folio qui a traversé le temps en dehors des libraires et des ventes.
Je pense, avec mes fils dont l'un semble bien contaminé, que la tradition sera maintenue au moins pour la génération suivante.
Je crois beaucoup en la famille, sinon, les consignes sont de faire appel à un commissaire-priseur judicieusement choisi.
je suis la quatrième génération de bibliophile dans ma famille.
RépondreSupprimerAujourd'hui je cherche à sensibiliser mes enfants pour que l'un d'eux reprenne le tout.
Le seul probleme devient alors la compensation financière pour les autres, lorque la valeur de l'ensemble devient non negligeable.
Ceci-dit l'interet porté aux livres anciens se reduit rapidement, aucun de mes amis ( m^me les plus litteraires ) n'y ont le moindre interet.
Pour poursuivre sur une note de désespoir, mon libraire préféré alors que je lui achetais un livre m'a dit d'un air grave et triste et fort peu commercial (il aime les livres qu'il vend), "vous savez que tout cela est vain?" et de poursuivre : "quand on se rend dans une maison, qu'on vous présente une bibliothèque dont personne n'a que faire...".
RépondreSupprimerCela m'inspire deux réflexions :
1) Comment en vouloir au marchand (qui aime les livres en l'occurrence) de faire "payer" à ceux qui ne s'y intéressent pas, leur désintérêt;
2) évidemment que tout cela n'a guère de sens hors du cercle de ceux pour qui cela en a. Et tant pis pour les autres;
Quant aux triples lutz piqués (hommage à Pierre Fulla) de certains libraires.. pour citer ce même libraire quand je lui demande le prix d'un livre que je ne trouve pas : "ce n'est pas le prix auquel je le vends, c'est le prix auquel j'essaie de le vendre" (mais nous nous connaissons bien).
Pour ce genre de figures acrobatiques, je crois que, dans la théorie économique des marchés il faut avoir atteint un poids qui incite les autres agents à s'aligner sur soi.
Pas sûr, pas sûr (d'autant que c'était un achat auprès d'un confrère si je ne m'abuse).
D'autant que la transparence (relative) est de mise aujourd'hui (ce que prouve cette réaction ajustée) et qu'on ne pourra plus guère embobiner que ceux qui n'ont pas accès à Internet. Et là, les règles élémentaires de la biologie auront bientôt fait leur œuvre.
Olivier