samedi 4 septembre 2010

Bibliophilie et Sciences: Scipion Dupleix, avocat, historien, physicien et philosophe

Amis Bibliophiles bonsoir,

Métro Dupleix, OK. Scipion l'Africain (Ok, même si j'en vois déjà qui ne suivent plus au fond de la classe)... Mais Scipion Dupleix, avocat, historien, physicien et philosophe du début du XVIIème, dont la philosophie est celle d'Aristote revue par Saint Thomas? Bernard est là, heureusement.

Je vous présente aujourd’hui deux livres qui donnent une bonne idée de l’état des connaissances dans un milieu « scientifico-métaphisico-philosophique » français au début du XVIIème.

Scipion Dupleix (1569-1661), avocat et maître des requêtes de la Reine Marguerite de Navarre, fut professeur de philosophie d'Antoine de Bourbon, fils naturel d'Henri IV. Il est l'auteur d'un Corps de philosophie en langue française qui connut un franc succès dans la première moitié du XVIIème. Parmi ses ouvrages, deux concernent plus ou moins la physique.

La curiosité naturelle rédigée en questions selon l’ordre alphabétique.
Paris, Veuve Dominique Salis. 1606. 1 volume in-12 ; (36) ff, 312 ff.

Dans ce rare et curieux ouvrage, après l’épître à la Reine Marguerite, sa bienfaitrice, il nous livre une étonnante liste de sujets, sous forme alphabétique, sur lesquels sont proposées des questions et des réponses. Plus de 300 thèmes abordés concernant le corps humain, l’amour, les femmes, la médecine, les sciences, le nombre des cieux, la sorcellerie...

« Pourquoy porter un anneau au quatrième doigt de la main gauche? Parce qu’un petit nerf aboutit au cœur.

Pourquoy est ce que les femmes parlent plus que les hommes ? C’est une remarque de la foiblesse de leur nature. Car ne pouvant faire que peu il faut qu’elles parlent beaucoup : comme c’est la coustume de toutes personnes foibles, et mesme des enfants et des vieillards…

Pourquoy est-ce que les boiteux sont plus salaces et luxurieux que ceux qui ont les jambes égales ? D’autant que l’aliment qui se devait employer à l’accroissement des cuisses ou des jambes n’y entre pas tout, l’une estant plus courte que l’autre, ou toutes deux imparfaites : qui est cause que ce qui reste de l’aliment remonte en haut et se tourne en semence, la superfluidité de laquelle provoque la luxure.

Pourquoy est-ce que la mer recevant tous les fleuves de la terre jamais pourtant ne grossit et n’engorge ? C’est d’autant qu’elle renvoye les mesmes eaux par des canaux sousterrains pour couler derechef et arrouser la terre.

D’ou vient qu’un corps mort pèse plus que lors qu’il est vivant ? C’est que les esprits vitaux ou animaux qui le soustenoient estans esteints avec la chaleur naturelle, le corps devient semblable à une lourde masse de terre et s’appesantit et aggrave.

Pourqoy est-ce que le mouvement naturel est plus vif à la fin qu’au commencement, et le mouvement violent ou artificiel au contraire l’est plus au commencement qu’à la fin ?

Pourquoy les filles naissent-elles les pieds les premiers et les garçons la tête la première?

Pourquoy les femmes sont-elles plus adonnées à Vénus en été qu’en hiver, et les hommes velus et boiteux plus luxurieux que les autres?

D’où vient qu’il semble à ceux qui naviguent que le rivage s’éloigne du vaisseau dans lequel ils sont, non pas le vaisseau du rivage ? … ».
La physique ou science des choses naturelles.
Paris, Gueffier. 1611. 1 volume in-12 ; (48) ff, 415 ff.

Cet ouvrage, dont la première édition date de 1603, est divisé en huit livres : L’ordre et sommaire de ce qui est contenu les huit livres de cette œuvre – Les diverses opinions des anciens philosophes touchant les principes des choses naturelles – Que toutes les choses naturelles sont en perpétuel mouvement – La liaison du sujet de ce livre avec les précédents – Choses célestes – Du nom d’élément, et qu’est-ce qu’élément ? – Que signifie ce mot météore, et quelle est la matière et la cause efficiente des météores – Si l’âme est de la considération et objet de la physique.

A partir du feuillet 302 on trouve , avec page de titre séparée, La Suite de la physique ou science naturelle contenant la cognoissance de l'Ame constituant le huitième livre de la physique et concernant l’âme.

Une dernière édition revue et corrigée par l'auteur a paru à Rouen chez Louys du Mesnil en 1640.
Heureusement, Descartes est venu mettre un peu de raisonnement dans ces idées dues pour la plupart à Aristote.

Merci Bernard,

H

1 commentaire:

  1. Je trouve que Scipion Dupleix n'a rien à envier à Honoré d'Autun, et pourtant il s'est déjà écoulé près de 400 ans depuis les élucubrations du premier, les sciences auraient pu progresser un peu !
    Merci Bernard
    T

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