J'ai assisté jeudi, à l'Observatoire de Paris, à une journée consacrée à Dortous de Mairan. Cela m'a donné l'idée de ce petit billet pour le blog.
Portrait gravé dessiné par Charles Nicolas Cochin fils (1715-1790) en 1768 et gravé par
Simon-Charles Miger (1726-1838).
Jean-Jacques Dortous de Mairan (1678-1771), physicien, mathématicien et littérateur, est élu membre de l'Académie des sciences en 1718. Il devient, après Fontenelle, secrétaire perpétuel de cette compagnie en 1740. Aujourd'hui oublié, il a pourtant été incontournable dans la première moitié du 18e siècle. Il a obtenu trois fois le prix de l’Académie de Bordeaux en 1715, 1716 et 1717. Je vous ai parlé de ces trois dissertations dans un billet précédent. Je vous présente quelques autres ouvrages de ce physicien.
DISSERTATION SUR L’ESTIMATION ET LA MESURE DES FORCES MOTRICES DES CORPS.
Paris. 1728. EO.
1 volume in-4 ; portrait, 50 pp.
Cette Dissertation est extraite des Mémoires de Mathématique et de Physique tirés des registres de l’Académie Royale des Sciences de l’année 1728. Dans ce mémoire fondamental, de Mairan s’oppose aux Principes des Forces Vives de Leibniz. Cette dissertation est à l’origine d’une controverse avec la Marquise du Châtelet. Le portrait est du au graveur Pierre-Charles Ingouf (1746-1800) d’après le tableau de Louis Tocque, (1696-1772).
Paris, Ch. A. Jombert. 1741.
1 volume in-12 ; (2), 52, IV pp, pp 5 à 107 - IX, (2) pp, pp 12 à 145, (1) p, 1 pl.
Ce volume regoupe trois textes. Le premier traite de la controverse sur la «force vive» en réponse aux Institutions de Physique de la Marquise du Châtelet qui critiquait la dissertation de Mairan parue en 1728. Le second est la réédition de cette dissertation. Le troisième est dû à l’abbé Deidier (1696-1746), docteur en médecine, ami de Mairan; il est extrait de sa Mécanique.
Dans une lettre à Maupertuis datée du 26 juin 1741, la marquise du Châtelet écrit: «Avez-vous lu une brochure sur les forces vives qui a paru le même jour que la lettre de Mairan? Ce sont ses troupes auxiliaires, car il en a pris. Cela est d’un abbé Deidier; le livre est moitié contre M. de Bernouilli, et moitié contre moi. Il n’y a qu’un Deidier qui puisse faire un tel assemblage, et je crois que M. de Bernouilli en sera un peu choqué: car, comme vous voyez, je me fais justice; c’est une pièce curieuse que cette brochure.»
En 1744, dans sa Courte réponse aux longs discours d’un docteur allemand, Voltaire écrit: «Quant à la dispute sur la mesure de la force des corps en mouvement, il me paraît que ce n’est qu’une dispute de mots; et je suis fâché qu’il y en ait de telles en mathématiques. Que l’on exprime comme l’on voudra la force, par mv, ou par mv2, rien ne changera dans la mécanique: il faudra toujours la même quantité de chevaux pour tirer les fardeaux, la même charge de poudre pour les canons; et cette querelle est le scandale de la géométrie.»
La Marquise a répondu à Mairan dans Réponse de Madame la Marquise du Chastelet à la lettre que M. de Mairan secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Sciences, lui a écrite, le 18 février 1741, sur la question des forces vives. [ Brussels, Foppens, 1741, 37 pp]
DISSERTATION SUR LA GLACE.
Paris, Imprimerie Royale. 1749.
1 volume in-12 ; frontispice, XXIX, (10), 384, XX pp, 5 pl.
Cette édition est un développement de la dissertation qui fut couronnée par l’Académie de Bordeaux en 1716. Elle est en particulier augmentée d’une longue préface que l’auteur avait lue à la séance de l’Académie des Sciences le 13 novembre 1748.
TRAITÉ PHYSIQUE ET HISTORIQUE DE L’AURORE BORÉALE.
Paris, Imprimerie Royale. 1754. 2ème édition.
1 volume in-4 ; (12), 570, XXII pp, 17 pl.
Une grande aurore boréale fut observée en France le 19 Octobre 1726. Devant l'effroi provoqué l'Académie Royale demanda à J.J. Dortous de Mairan d'expliquer le phénomène. Mairan eut, le premier, l'intuition remarquable de l'existence du vent solaire en mettant en évidence une relation entre certains phénomènes solaires (intensité de la lumière zodiacale et taches solaires) et l'apparition d'aurores. Il en conclut que les aurores étaient produites par l'apport de matière solaire dans les hautes couches de l'atmosphère. Cette nouvelle édition est considérablement augmentée par rapport à la première parue en 1733, l'auteur ayant ajouté les nouvelles observations recueillies depuis cette date, qui occupent les pages 299 à 570. Mairan décrit la plus grande aurore boréale jusqu'alors observée en France, celle du 19 octobre 1726, celle de Montpellier en décembre 1727, et celle de la fin 1750 visible dans tout l'Europe.
Pour finir un petit billet signé de Dortous de Mairan.
Merci Bernard,
H
très intéressant... ces controverses de l'époque devaient se faire sans internet, les pauvres !
RépondreSupprimerVoltaire ne se couvre pas de gloire sur ce coup.
Petite question tout de même : je n'ai pas retrouvé l'article du blog qui parlait sans doute du contenu de ces dissertations. Qui avait raison ? Madame du Chatelet, ou Mairan ?
J'ai parlé des mémoires de Mairan dans un billet sur l'Académie des sciences de Bordeaux.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne la "querelle des forces vives" qui a duré plusieurs années et qui a agité le milieu des physicien, c'est un problème de terme. Pour simplifier: l'effet d'un corps en mouvement lors d'un choc est d'autant plus grand que sa masse m et sa vitesse v sont grands. Certains, comme Mairan, mesuraient cette "force" par mv,d'autres comme du Châtellet, par mv2. Aujourd'hui le mot force désigne autre chose. Le produit mv désigne la "quantité de mouvement" du corps et le produit 1/2mv2 désigne son "énergie cinétique". Les deux grandeurs interviennent lors d'un choc. Je n'irai pas plus loin, j'ai peur de lasser!!
Bernard
Merci, Bernard, pour ce coup de projecteur tout à fait mérité, sur un savant méconnu. Pierre
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