Blaise Pascal (1623-1662) fréquente dès 1635 le cercle de mathématiciens de Marin Mersenne où il côtoie des savants comme Roberval, Gassendi, Mydorge ou Desargues. Après ses recherches sur les coniques et la conception de la première machine à calculer, ce sont les expériences sur le vide, à la suite des travaux de Torricelli, qui occupent pleinement Pascal. De 1646 à 1654, il multiplie ses propres expérimentations avec toutes sortes d'instruments. L'une d'entre elles, décrite en détail dans Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), lui permet de confirmer la réalité du vide et de la pression atmosphérique et d'établir la théorie générale de l'équilibre des liqueurs. Pascal est également à l'origine de l'invention de la presse hydraulique, basé sur le principe qui porte son nom et qui veut que, dans un fluide incompressible en équilibre, les pressions se transmettent intégralement.
Ces résultats se trouvent dans un célèbre ouvrage publié en 1663 après la mort de Pascal par son beau-frère Étienne Périer. La seconde édition, identique à l'originale, est publiée en 1664. Une troisième édition a paru en 1698 (Paris, Desprez, 1698, in 12 ;(26), 238 pp, 2 pl.)
TRAITEZ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS ET DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR.
Paris, Guillaume Desprez. 1664. 2ème édition.
1 volume in-12 ; (26), 232, (6) pp, 2 pl.
Ce traité contient le récit de la célèbre « grande expérience de l’équilibre des liqueurs » demandée par Pascal à Périer dans une lettre du 15 novembre 1647 et réalisée le 19 septembre 1648 au Puy de Dôme. Il contient également le théorème de Pascal : les liquides pèsent suivant leur hauteur, indépendamment de la forme du flacon qui les contient.
L'ouvrage est divisé en :
Préface, contenant les raisons qui ont porté à publier ces deux traitez après le mort de Monsieur Pascal, et l’Histoire des diverses Expériences qui y sont expliquées – Traité de l’équilibre des liqueurs – Traité de la pesanteur de la masse de l’air – Fragment d’un autre plus long ouvrage de Monsieur Pascal sur la mesme matière divisé en parties, livres, chapitres, sections, articles, dont il ne s’est trouvé que cecy parmy ces papiers – Autre fragment sur la mesme matière, consistant en tables, dont on n’en a trouvé que sept, intitulées comme il s’en suit – Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs projetée par le Sr B. Pascal, pour l’accomplissement du traité qu’il a promis dans son abrégé touchant le vuide, et faite par le Sieur F. P. en une des plus hautes montagnes d’Auvergne appelée vulgairement le Puy de Dome – Récit des observations faites par Monsieur Périer continuellement jour par jour, pendant les années 1649, 1650, 1651, en la ville de Clermont en Auvergne sur la diversité des élévations ou abaissemens du vif argent dans les tuyaux ; et de celles qui ont été faites en mesme temps sur le mesme sujet à Paris par un de ses amis ; et à Stockholm en Suède par Messieurs Chanut et Descartes – Nouvelles expériences faites en Angleterre, expliquées par les principes établis dans les deux traittez précédens de l’équilibre des liqueurs, et de la pesanteur de la masse de l’air.
Mon exemplaire a fait partie de la bibliothèque de P. Guy-Pellion, l'un des plus grand bibliophile du XIXè siècle. Cette bibliothèque fut vendue en 1882.
Rapidement les Aristotéliciens réagissent et dès 1664, Charles Bourgoing « Religieux Augustin du couvent du Faux-bourg de Saint Germain publie un ouvrage au titre étonnant:
LA VÉRITÉ DU VIDE CONTRE LE VIDE DE LA VÉRITÉ. Paris, chez Herrault. 1664. EO.
1 volume in-12 ; (2 bl.), (8), 120 pp.
1 volume in-12 ; (2 bl.), (8), 120 pp.
Le titre complet de cet ouvrage est: La vérité du vuide contre le vuide de la vérité. Où l’on découvre la véritable cause des effets qui jusques icy ont esté attribuez à l’horreur du vuide. Contre l’erreur qui les attribue à la pesanteur de la masse de l’air . L’auteur critique l’ouvrage de Pascal ; il ne croit pas en la pesanteur de l’air et explique les effets qu’on lui attribue à sa « raréfaction »
J'ai trouvé très peu de renseignements sur ce Charles Bourgoing. Je fais appel aux lecteurs du blog via les commentaires. Merci.
Bernard
Bel article, comme toujours.
RépondreSupprimerCharles Bourgoing est surtout connu pour ses travaux sur la géométrie et la perspective. Son ouvrage ‘ la perspective affranchie … sans tracer ni supposer le plan géométral ordinaire’ (1661) lui permet d’exposer sa théorie sur la ligne de fuite, mais elle manque de clarté et son livre eut peu d’écho, apparemment. Néanmoins, Pascal fit des travaux dans ce domaine également et la rivalité des deux hommes a pu naitre à ce sujet.
Textor
très bel article, en effet !
RépondreSupprimerSur Mr Guy-Pellion, Bertrand a publié un article qui a donné moult commentaires :
http://le-bibliomane.blogspot.com/2011/02/les-bibliophiles-tries-sur-le-volet-des.html
Merci Calamar! J'avais suivi la discussion sur le blog de Bertrand mais ignorais alors que je possédais un ouvrage de la bibliothèque de ce "bibliophile". Comme quoi,rédiger un article permet de faire des découvertes.
RépondreSupprimermerci aussi à Textor. Bourgoing a laissé peu de traces en sciences.
Bernard
Equilibre des liqueurs !
RépondreSupprimerQuand mon verre est plein je le vide, quand il est vide je le plains.
Finalement, la nature a bien horreur du vide.
J'ai honte Bernard.
René de BLC
Un moment de honte est vite passé. A la tienne, René!
RépondreSupprimerBernard
Les critiques de Bourgoing reposaient sur l'expérimentation ou étaient purement réthoriques ?
RépondreSupprimerOn finirait par oublier que Blaise Pascal était un physicien visionnaire tant sa pensée religieuse et philosophique a occulté sa jeunesse. Merci de ne nous avoir rappelé ces expériences, Bernard. De telles éditions ne doivent pas courir les rues... des libraires. Pierre
RépondreSupprimerPour sebV
RépondreSupprimerLes critiques étaient purement théoriques. Bourgoing croit à l'existence du vide mais il ne pense pas que la montée du mercure dans le tube de Torricelli est due à la pression de l'air.