Amis Bibliophiles bonsoir,
Jean-Paul complète ce soir l'article d'Olivier sur Balzac éditeur....
Pour les bibliophiles, le plus précieux des deux ouvrages édités par Honoré de Balzac en 1826
est un in-octavo intitulé Œuvres complètes de La Fontaine ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par Thompson [portrait de La Fontaine] Paris A. Sautelet et Cie, place de la Bourse. [filet] Imprimerie de Rignoux, rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel MDCCCXXVI.
Cet ouvrage porte en effet au verso du faux-titre : « H. Balzac, éditeur-propriétaire, rue des Marais-S.-Germain, n° 17 ». Suit une notice sur la vie de La Fontaine par Balzac. Les vignettes sont étonnamment médiocres : le graveur, Charles Thompson (1791-1843), ne semble pas pourtant avoir trahi les dessins d’Achille Devéria (1800-1857), mais le dessinateur n’était pas un animalier !
Le texte est imprimé sur deux colonnes (sauf la notice de Balzac qui est à longues lignes) en caractère dit « mignonne ». Le volume fut tiré à 3000 exemplaires sur papier cavalier vélin de la fabrique Montgolfier d’Annonay.
Rignoux était imprimeur de l’Ecole de médecine.
Il existe des exemplaires portant sur le titre le nom et l’adresse de « Baudouin frères, rue de
Vaugirard » au lieu de « Sautelet et Cie ». Les exemplaires avec couverture sont rarissimes. Il a été tiré 1 exemplaire sur papier de Chine.
On sait que Balzac, mauvais gestionnaire, était menacé par la ruine. Espérant s’en sortir ainsi, Balzac céda l’édition du La Fontaine au libraire Alexandre Baudouin qui le paya en créances sur trois autres libraires ! L’un d’eux était Charles-François Frémau (et non Frémeau), libraire à Reims, rue Pavée d’Andouilles (aujourd’hui rue du Cadran-St-Pierre) sur lequel on sait peu de choses. Il avait édité en 1825, avec Baudouin et l’imprimeur Joseph Tastu, le célèbre in-8° de C. Leber « Des cérémonies du sacre », avec 48 planches du sacre de Louis XVI gravées par Patas et retouchées.
Frémau était en faillite et, comme Balzac, voulait régler cette affaire à l’amiable. Après de nombreux échanges épistolaires, Frémau réussit à payer Balzac en livres de son fonds!
H
Mon exemplaire est comme tu le signales, à l'adresse de Baudouin Frères... Je ne sais pas si cette série est encore moins bonne, mais sur certaines plages, le texte est "flou", la plaque a dû bouger au moment de l'impression... Cela rend la lecture assez désagréable... Quand on songe à l'énergie et à l'argent engloutis dans cette entreprise... !
RépondreSupprimerJ'ai souvenir d'une discussion, ou d'une lecture je ne sais plus, qui évoquait avec quelques arguments que le dessinateur et/ou le graveur ne soient pas ceux signalés... J'ai perdu la source, mais le souvenir est net... Ai dû voir cela en cherchant des infos sur mon - méchant -exemplaire... Cela rappelle t'il quelque chose à quelqu'un ?
RépondreSupprimerEt une info que j'oubliais : mon exemplaire porte les DEUX mentions : "Baudouin Frères, rue de Vaugirard", et en dessous, dans un caractère un peu plus petit "A. Sautelet et Cie, Place de la Bourse", puis en caractères encore plus petits, "Imprimerie de Rignoux, rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel"... Et il est bien sûr daté 1826... Et en fait, seule deux pages sont "floues". Pour le reste, beaucoup de rousseurs...
RépondreSupprimerTiens, quelques recherches me disent que mon exemplaire avec les deux éditeurs cités n'est pas bien courant...
RépondreSupprimerEt concernant l'illustration, la notice de Julien Mannoni apporte quelques détails à ce que j'évoquais plus haut :
"Quant à l'illustration, que certains considèrent à tort comme mauvaise, il semble qu'elle ait été en fait gravée - sur bois - non par Thompson mais par Pierre-François Godard d'Alençon, lié par un contrat pour la gravure de Devéria avec Balzac et Canel (cf. Vicaire, Hanoteaux, "La Jeunesse de Balzac", p. 306 sq.)
Vicaire et Hanotaux ont dit n'importe quoi : ce contrat ne concernait pas le La Fontaine. Balzac n'aurait pas pu faire imprimer le nom de Thompson au titre s'il n'avait pas été concerné.
RépondreSupprimerC'est ce que je me disais, mais quand de glorieux aînés parlent...
RépondreSupprimerMerci d'être toujours là pour me rappeler avec rigueur la distance que l'on doit observer vis-à-vis des sources...
Balzac se rendit à Alençon le 17 avril 1825 pour traiter avec Pierre-François Godard, le fils, qui devait exécuter les vignettes.
RépondreSupprimerLe 19 avril, rentré à Paris, Balzac communiqua à Godard les accords de son associé Canel et de Devéria. Le traité n'a pas été suivi d'exécution (Godard étant déjà engagé pour illustrer les "Oeuvres complètes" éditées par Delongchamps la même année 1826) et les illustrations furent gravées par Thompson.
Le tome II du "Dictionnaire encyclopédique du livre" donne des informations erronées à l'article "Godard" (p.375).