mercredi 29 juin 2011

Le portrait dans les livres au XIXe siècle

Amis Bibliophiles bonjour,


Le XIXe ouvre l’ère industrielle. En ce qui nous concerne, il consacre “le temps des éditeurs” pour reprendre le sous-titre de l’histoire de l’édition française. Voici venu l’époque de l’explosion des tirages, de la production intensive et bon marché et de la mécanisation. Idéalement une gravure devait être inusable pour supporter un fort tirage, facile à exécuter et autant que faire se peut, imprimée dans le même temps et avec le même procédé d’impression que le texte pour des raisons de coût. 

Lady Jeanne Grey, frontispice gravé à l'eau forte par Langlois,
d'après Hans Holbein sur papier fort (Rouen, Edouard Frère, 1832)
Cependant, s’agissant des portraits des livres du XIXe, souvent placés en frontispice en regard de la page de titre, ce dernier argument joue moins. En effet il s’agit de toutes façons d’un hors-texte. Il peut donc faire appel à un procédé d’impression différent, voire à un papier différent du reste de l’ouvrage propice à un meilleur rendu de la gravure.

Benjamin Constant, portrait gravé par Courboin d'après Desmarais sur papier d'éditeur (Paris, L. Conquet, 1889, H.C.)

Une technique venue d’Angleterre allait faire renaître la gravure sur bois. Économique, la gravure sur bois de bout (ou debout), qui utilise le buis, conquit l’illustration des livres sous la Restauration. Réalisée sur un petit cube de bois coupé perpendiculairement aux fils, le graveur épargne les surfaces à imprimer, selon un procédé typographique, elle s’insère naturellement dans la forme typographique au milieu de la composition plomb et convient parfaitement aux illustrations in-texte. Quoique plus fine que l’antique gravure sur bois de fil (du poirier par exemple), son dessin reste cependant un peu frustre. L’artiste Tony Johannot utilisa beaucoup cette méthode dans les années 1820-1830.

Gilbert, gravé par Leroux d'après Desenne (Paris, Dalibon, 1828)

Frontispice sur bois des fables de La Fontaine (le buste domine la scène) par J. J.  Grandville (Paris, H. Fournier, 1828)
Mais la gravure en taille douce reste la reine des portraits frontispices. Gravure en creux sur métal l’encre est déposée sur la plaque et essuyée superficiellement. Seule demeure l’encre dans les creux. La feuille à imprimer est humidifiée et déposée sur la plaque encrée recouverte de feutres. L’ensemble est pressé entre deux cylindres à la manière d’un laminoir. La feuille imprimée garde la marque en creux du contour de la plaque qui forme la cuvette.  Rappelons les diverses méthodes de mises en oeuvre de la taille-douce. Le burin d’abord, grave directement le dessin sur le métal. La pointe sèche variante du burin est un stylet qui forme des copeaux de métal donnant un aspect velouté au dessin. La gravure au pointillé utilise des roulettes d’acier trempé pour attaquer le métal. L’eau forte nécessite de recouvrir la plaque d’un vernis protecteur sur lequel le graveur réalise son dessin. La plaque soumise à l’acide se creuse sur ses parties découvertes de vernis. Plusieurs passes sont possibles. On peut aussi combiner eau-forte et reprises au burin. Le vernis mou et l’aquatinte sont d’autres variantes de la gravure à l’eau forte. L’aquatinte ou gravure au lavis fait intervenir un saupoudrage de résine chauffée sur le métal.  Elle est utilisée pour des reproductions en couleurs. Elle nécessite autant de plaques que de couleurs. Le vernis mou est déposé sur la plaque de métal, recouvert d’une feuille de papier sur laquelle est réalisé le dessin. Sous le trait, le vernis adhère à la feuille et découvre le métal qui est exposé aux acides.

La taille douce utilisait jusqu’à présent surtout le cuivre rouge. Venue d’Angleterre également, la gravure sur acier permet des tirages multipliés sans usure du trait, bien qu’au rendu un peu plus sec que sur cuivre.

Les graveurs du XIXe s’exerçant aux portraits sont nombreux, les éditions de classiques même bon marché, s’évertuant d’offrir un portrait en frontispice de leurs productions. Citons au hasard, Louis Léopold Boilly (1761-1845), Adèle Ethiou, Léopold Flameng (1831-1911), Jean Denis Nargeot (1795-1865).

Mais le XIX est aussi celui des “fabriques” bibliophiles et dans la masse de la production, il faut rechercher les tirages à petit nombre, les tirages sur beaux papiers, parfois les quelques rares exemplaires pourvus du frontispice sur chine appliqué (c’est à dire collé) sur papier vélin.

Lauverjat

dimanche 26 juin 2011

Miscellanées de Monsieur H. : ebibliophilie, un livre vendu par planches et qui part vers l'Asie, des recherches sur les frontispices et surtout un texte inédit de Rostand enfin édité...

Amis Bibliophiles bonjour,

Quelques miscellanées, ebibliophilie, le mail que j'aurais préféré ne pas recevoir, des recherches sur les ex-libris, et autres...

Le site ebibliophilie continue sa route, il totalisait 600 inscrits début juin pour 190 000 fiches. Il se tourne maintenant vers la Belgique et l'Autriche, ainsi que les pays anglo-saxons. Les avis des internautes sont partagés sur l'intérêt du site et l'approche qui est prise. Nous en reparlerons prochainement.

Le mail que je n'ai pas aimé recevoir, mais qui fait réfléchir.... Il y a quelques jours, je me suis intéressé à un ouvrage vendu par un libraire français. Le livre étant proposé à 3000 euros, je prie le libraire de m'envoyer quelques photographies, en particulier de la reliure et de quelques unes des très belles planches que l'ouvrage contient. La reliure n'étant pas sans défaut, je prends quelques jours pour réfléchir, laps de temps pendant lequel je reçois un autre email du vendeur. De ces emails qui vous glacent, et qui sera le point de départ d'un court échanges de mails:
"Le libraire: - Etes vous toujours intéressé (par l'ouvrage)? car nous avons la possibilité de proposer cet ouvrage par planche à un ressortissant chinois.
Le bibliophile: - Bonjour, Merci pour votre email. Je ne suis hélas pas intéressé par l'ouvrage, dont la reliure ne me convient pas. En tant que bibliophile je ne peux que regretter qu'il soit proposé par planches à un acheteur, mais je vous souhaite bonne chance.
- Cher Monsieur, Nous vous remercions de vos souhaits et de votre réponse. Nous verrons comment cette opération va se déboucler, nous ne sommes pas des spécialistes de la vente planche par planche. Il n'en reste pas moins qu'il faut bien constater qu'il n'y a plus en France de Bibliophiles pour acheter cet ensemble à un prix modique (81euros la gravure). Nous ne pouvons qu'être heureux de voir qu'il y ait des étrangers cultivés pour dénoter leur intérêt. Que voulez-vous, c'est la longue descente d'un pays qui économiquement rejoint le rang qu'il mérite et non celui qu'il pense être le sien. Tout le reste ne sont que pleurnicheries de façade dans lesquelles on se complait en France.".

Dont acte. Le livre sera probablement vendu par planche, c'est un livre rare (un seul disponible aujourd'hui en vente sur internet), à un étranger. Ce qui me laisse rêveur...

Heureusement, il reste des chercheurs qui s'intéressent au livre et à l'image, ainsi Etienne, lecteur du blog, bibliophile et doctorant à l'université de la Sorbonne, en littérature comparée. Parallèlement à ses sujets de recherche, Etienne s'intéresse aux frontispices et me faisait remarquer récemment qu'ils restent encore un sujet éloigné du champ des études littéraires. Etienne souhaite mener une réflexion, une étude critique sur le "topos" que représente le frontispice (XVI/XVIIIe siècle), et cela d'un point de vue plutôt littéraire, "si tant est que la rhétorique du frontispice puisse s'apparenter à une rhétorique qui (comme il le pressent) n'est pas uniquement visuelle, mais déjà d'ordre textuel.

Sa question est la suivante: connaîtriez-vous des ouvrages traitant déjà de ce sujet ? Des catalogues de frontispices "importants"? Des ouvrages critiques? Tout autre document "bibliophilique" (parfum de mystère, de
temporalité longue et d'accumulation patiente qui se dégage de ce terme...) susceptible de l'aider à percevoir l'enjeu de ces travaux? Moi non, et vous?

Enfin, et non des moindres.... A l'heure où il est encore nécessaire de boucler le "tour de table" pour financer le Cazin de Jean-Paul et où chacun s'intéresse sur l'édition d'ouvrages pour bibliophiles, j'avais envie de vous parler du magnifique ouvrage publié par notre ami Nicolas Malais, bon libraire de livres anciens mais aussi éditeur. L'ouvrage, présente deux textes inédits d'Edmond Rostand, proposés tête-bêche dans un fort volume: les Lettres à sa fiancée, ou la correspondance inédite qu'Edmond adressa à Rosemonde Gérard, et une pièce inédite du maître, Le gant rouge, en fait sa toute première pièce, qui était réputée perdue. 

"Les biographes se bornaient à en mentionner l’existence, sans jamais avoir pu la lire... Rostand attendait beaucoup de sa pièce : elle fut jouée deux semaines et malmenée par la critique. L’écrivain, profondément blessé, n’écrira plus jamais de théâtre en prose ! Il fait disparaître son oeuvre ; s’oppose à une reprise en 1903. Et fuit à jamais ses premiers rêves de triomphe. Miraculeusement redécouverte par Michel Forrier, la pièce mystérieuse connaît ici sa toute première édition. Proche de la folie contagieuse d’un Feydeau ou d’un Labiche, ce vaudeville allègre, se déroulant au Musée Grévin, témoigne du talent d’un tout jeune homme de vingt ans qui ambitionne de devenir une « des futures gloires de la France »!

Tiré à 1600 exemplaires. Un volume bicolore, de 512 p. + 4 calques. Dirigé par Michel Forrier & Olivier Goetz. Couverture vergé. Présentation tête-bêche. Lettres à sa fiancée, (Rosemonde Gérard), 162 p. Le Gant Rouge, 350 p. Préface d’Olivier Goetz. 28,50 euros. Il existe également un tirage de luxe sur papier vergé aigue-marine, auquel on joint un gant de velours rouge.

J'ai la chance d'avoir reçu l'un des exemplaires du tirage de luxe. C'est une merveille absolue. Et quel texte!

Si vous souhaitez avoir plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site de Nicolas (www.lebibliophile.com) ou me contacter pour avoir l'adresse email de Nicolas. Absolument indispensable en tout cas pour les amateurs d'Edmond Rostand (dont je suis).

H

vendredi 24 juin 2011

Ebayana: ouvrages aux armes, grands classiques, belles reliures et curiosités

Amis Bibliophiles bonjour,

Désolé de poster aussi peu en ce moment, mais je voyage beaucoup et il est difficile de concilier vie de famille, voyages, blog et bibliophilie... Voici une sélection de quelques ouvrages en vente sur ebay:

































H

mardi 21 juin 2011

Les différents types de reliure: la reliure aldine

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Reprenons ensemble le chemin de la reliure, avec un type de reliure emblématique du 16ème siècles, la reliure Aldine.
Comme son nom l'indique, les reliures aldines furent exécutées dans les ateliers vénitiens des Alde au 16ème siècle. Elles recouvrent évidemment toujours des ouvrages sortis des presses des Alde.
Les reliures Aldine se composent de plats en carton, voire de bois, revêtus de maroquin, avec un cadre doré ou estampé à froid, présentant souvent des volutes ou décorations dans leurs coins, et un motif central doré, reprenant soit le titre de l'ouvrage, soit des lettres.

Ces reliures sont naturellement particulièrement recherchées.

H

jeudi 16 juin 2011

Ebayana: belles reliures, impressions anciennes, ouvrages de bibliophilie...

Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici une sélection de quelques ouvrages en vente sur ebay.

























H