dimanche 15 avril 2012

Bibliophilie et Sciences: un propagateur du Cartésianisme, Pierre-Sylvain Régis

Amis Bibliophiles bonjour,


Pierre Sylvain Régis est né en 1632, dans le comté d'Agénois. 



Après de brillantes études à Cahors, chez les Jésuites, il vient étudier la théologie à Paris. Il y suit les conférences publiques de Rohault et abandonne la théologie pour la philosophie de Descartes. En 1665, il reçoit de Rohault et de la société cartésienne de Paris la mission d'enseigner la philosophie nouvelle à Toulouse.  Ses leçons ont un succès immédiat: savants, ecclésiastiques, magistrats, dames du monde  viennent s'initier à la nouvelle philosophie.  Fontenelle note: "Messieurs de Toulouse, touchés des instructions et des lumières que M. Régis leur avait apportées, lui firent une pension sur leur Hôtel-de-Ville, événement presque incroyable dans nos mœurs et qui semble appartenir à l'ancienne Grèce." En 1671, Régis ayant accompagné le marquis de Vardes à Montpellier, y enseigne publiquement le cartésianisme avec le même succès qu'à Toulouse. Il revient ensuite à Paris où il continue les conférences de Rohault.  Mais l'éclat de ces leçons contrarie l'Eglise. L'archevêque de Paris demande à Régis de suspendre ses conférences. Régis rédige alors son cours pour en donner une exposition systématique et complète. Mais ce n'est qu'au bout de dix ans, et avec les plus grandes difficultés, qu'il obtient, en 1690, la permission de l'imprimer, à la condition d'effacer du titre le nom de Descartes.


Système de philosophie contenant la logique, la métaphysique, la physique et la morale.
Paris, Anisson, Posuel et Rigaud. 1690. EO.
3 volumes in-4 ; portrait, (40), 480, (92) pp. - (14), 648, (49) pp, 1 carte - (16), 544, (45) pp.

Dans son Histoire de la philosophie cartésienne, parue en 1854, Bouillier écrit :  "Pierre Sylvain Régis, a plus fait encore que Rohault pour la propagation de la philosophie de Descartes. Non seulement il l'a enseignée, à son tour, avec le même succès, dans les conférences de Paris, mais il l'a, pour ainsi dire, prêchée avec un éclat extraordinaire dans différentes parties de la France. Il a travaillé à coordonner, à systématiser et à compléter, dans un grand ouvrage, toutes les parties de la philosophie de Descartes, tout en la défendant à la fois contre les excès du dedans et les attaques du dehors, contre Spinoza et contre Huet."
La physique occupe pratiquement deux volumes ; elle est illustrée de nombreuses figures dans le texte.


Une seconde édition paraît en 1691 à Amsterdam chez Huguetan sous un titre modifié :  Cours entier de philosophie ou système général selon les principes de M. Descartes contenant la logique la métaphysique la physique et la morale. Elle est augmentée d’une préface par Coste et d’un discours sur la philosophie moderne. Une autre édition en 7 volumes in-12 paraît en 1691 à Lyon chez  Anisson, Posuel et Rigaud.

Ce système de philosophie est critiqué par Jean-Baptiste Duhamel (1623-1706), premier secrétaire de l'Académie des Sciences dans ses  Réflexions critiques sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis  parues en 1692.


Réflexions critiques sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis.
Paris, Edme Couterot. 1692. EO.
1 volume in-12 ; (16), 344 pp.

Régis répond la même année:



Réponses aux réflexions critiques de M. Duhamel sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis.
Paris, Cusson. 1692. EO.
1 volume in-12 ; (12), 263 pp.

Dans la préface l’auteur note : « … les Réflexions Critiques de M. du Hamel sur mes Ecrits, regardent plûtost la doctrine de M. Descartes en général, que mon Système de Philosophie en particulier je suis pas à pas M. du Hamel, en luy répondant chapitre par chapitre. »

Les critiques de Malebranche paraissent en 1693 :


Réponse du P. Malebranche, prestre de l’oratoire, á monsieur Régis.
Paris, André Pralard. 1693.
1 volume in-12 ;  (2) pp, pp 3 à 70, (2) pp.

Régis a répliqué dans le Journal des sçavans des 23 et 30 janvier 1694. Malebranche a répondu la même année dans ce journal.

Le cartésianisme a également été combattu par Pierre-Daniel Huet (1630-1721) dans son fameux livre Censura philosophiae cartesianae, publié en 1689. Régis réplique  point par point en 1691:


Réponse au livre qui a pour titre P. Danielis Huetii, episcopi suessionensis designati, censura philosophiae cartesianae. servant d'éclaircissement à toutes les parties de la philosophie, surtout à la métaphysique.
Paris, Chez Jean Cusson, 1691.
1 volume in-8 ; (12), 331, (2) pp.

"Pour procéder donc à cette réponse avec le plus d'ordre qu'il me sera possible, je tâcherai de suivre l'auteur pas à pas. Pour cet effet, je diviseray chaque chapitre de son livre en ses articles, et je répondray en suite à chaque article selon l'ordre qu'il aura          esté proposé ; observant toujours cette règle, que je mettray au commencement le propre texte de l'auteur traduit en français, pour la facilité de ceux qui n'entendent pas le latin."         

Descartes avait encore des difficutés à s'établir en France que déjà Newton régnait en Angleterre.

Bernard

3 commentaires:

  1. Une fois de plus, Bernard nous emmène loin des sentiers rebattus de la Science.
    Je viens d'apprendre, à ma grande honte, l'existence de ce Pierre-Sylvain Regis dont il n'est certainement pas courant de rencontrer les oeuvres.
    Descartes a décidément suscité beaucoup de réactions, pour ou contre.

    René

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  2. Article rédigé avec méthode ! Nous découvrons, non sans raisons, que nous connaissons Descartes mais assez peu ses disciples. Encore bravo ! Pierre

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  3. Pierre-Sylvain Regis avait réussi à passer inaperçu – Larvatus prodeo ! – jusqu’à ce que Bernard lui fasse tomber le masque. Merci !Textor

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