Amis Bibliophiles bonjour,
Pierre Sylvain Régis
est né en 1632, dans le comté d'Agénois.
Après de brillantes études à Cahors,
chez les Jésuites, il vient étudier la théologie à Paris. Il y suit les
conférences publiques de Rohault et abandonne la théologie pour la philosophie
de Descartes. En 1665, il reçoit de Rohault et de la société cartésienne de
Paris la mission d'enseigner la philosophie nouvelle à Toulouse. Ses leçons ont un succès immédiat: savants,
ecclésiastiques, magistrats, dames du monde
viennent s'initier à la nouvelle philosophie. Fontenelle note: "Messieurs de Toulouse,
touchés des instructions et des lumières que M. Régis leur avait apportées, lui
firent une pension sur leur Hôtel-de-Ville, événement presque incroyable dans
nos mœurs et qui semble appartenir à l'ancienne Grèce." En 1671, Régis
ayant accompagné le marquis de Vardes à Montpellier, y enseigne publiquement le
cartésianisme avec le même succès qu'à Toulouse. Il revient ensuite à Paris où
il continue les conférences de Rohault.
Mais l'éclat de ces leçons contrarie l'Eglise. L'archevêque de Paris
demande à Régis de suspendre ses conférences. Régis rédige alors son cours pour
en donner une exposition systématique et complète. Mais ce n'est qu'au bout de
dix ans, et avec les plus grandes difficultés, qu'il obtient, en 1690, la
permission de l'imprimer, à la condition d'effacer du titre le nom de
Descartes.
Système
de philosophie contenant la logique, la métaphysique, la physique et la morale.
Paris,
Anisson, Posuel et Rigaud. 1690. EO.
3 volumes in-4 ; portrait, (40), 480, (92) pp.
- (14), 648, (49) pp, 1 carte - (16), 544, (45) pp.
Dans son Histoire
de la philosophie cartésienne, parue en 1854, Bouillier écrit :
"Pierre Sylvain Régis, a plus fait encore que Rohault pour la
propagation de la philosophie de Descartes. Non seulement il l'a enseignée, à
son tour, avec le même succès, dans les conférences de Paris, mais il l'a, pour
ainsi dire, prêchée avec un éclat extraordinaire dans différentes parties de la
France. Il a travaillé à coordonner, à systématiser et à compléter, dans un
grand ouvrage, toutes les parties de la philosophie de Descartes, tout en la
défendant à la fois contre les excès du dedans et les attaques du dehors,
contre Spinoza et contre Huet."
La physique occupe
pratiquement deux volumes ; elle est illustrée de nombreuses figures dans
le texte.
Une seconde édition
paraît en 1691 à Amsterdam chez Huguetan sous un titre modifié : Cours entier de philosophie ou système
général selon les principes de M. Descartes contenant la logique la
métaphysique la physique et la morale. Elle est augmentée d’une préface par
Coste et d’un discours sur la philosophie moderne. Une autre édition en 7
volumes in-12 paraît en 1691 à Lyon chez
Anisson, Posuel et Rigaud.
Ce système de
philosophie est critiqué par Jean-Baptiste Duhamel (1623-1706), premier
secrétaire de l'Académie des Sciences dans ses Réflexions critiques
sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis parues en
1692.
Réflexions
critiques sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis.
Paris,
Edme Couterot. 1692. EO.
1 volume
in-12 ; (16), 344 pp.
Régis répond la même année:
Réponses
aux réflexions critiques de M. Duhamel sur le système cartésien de la
philosophie de M. Régis.
Paris,
Cusson. 1692. EO.
1 volume
in-12 ; (12), 263 pp.
Dans la préface
l’auteur note : « … les Réflexions Critiques de M. du Hamel sur mes
Ecrits, regardent plûtost la doctrine de M. Descartes en général, que mon
Système de Philosophie en particulier je suis pas à pas M. du Hamel, en luy
répondant chapitre par chapitre. »
Les critiques de Malebranche paraissent en
1693 :
Réponse
du P. Malebranche, prestre de l’oratoire, á monsieur Régis.
Paris,
André Pralard. 1693.
1 volume
in-12 ; (2) pp, pp 3 à 70, (2) pp.
Régis a répliqué
dans le Journal des sçavans des 23 et 30 janvier 1694. Malebranche a répondu la
même année dans ce journal.
Le cartésianisme a
également été combattu par Pierre-Daniel Huet (1630-1721) dans son fameux livre
Censura philosophiae cartesianae, publié en 1689. Régis réplique point par point en 1691:
Réponse
au livre qui a pour titre P. Danielis Huetii, episcopi suessionensis designati,
censura philosophiae cartesianae. servant d'éclaircissement à toutes les
parties de la philosophie, surtout à la métaphysique.
Paris,
Chez Jean Cusson, 1691.
1 volume
in-8 ; (12), 331, (2) pp.
"Pour procéder
donc à cette réponse avec le plus d'ordre qu'il me sera possible, je tâcherai
de suivre l'auteur pas à pas. Pour cet effet, je diviseray chaque chapitre de
son livre en ses articles, et je répondray en suite à chaque article selon
l'ordre qu'il aura esté
proposé ; observant toujours cette
règle, que je mettray au commencement le propre texte de l'auteur traduit en
français, pour la facilité de ceux qui n'entendent pas le latin."
Descartes avait encore des difficutés à
s'établir en France que déjà Newton régnait en Angleterre.
Bernard
Une fois de plus, Bernard nous emmène loin des sentiers rebattus de la Science.
RépondreSupprimerJe viens d'apprendre, à ma grande honte, l'existence de ce Pierre-Sylvain Regis dont il n'est certainement pas courant de rencontrer les oeuvres.
Descartes a décidément suscité beaucoup de réactions, pour ou contre.
René
Article rédigé avec méthode ! Nous découvrons, non sans raisons, que nous connaissons Descartes mais assez peu ses disciples. Encore bravo ! Pierre
RépondreSupprimerPierre-Sylvain Regis avait réussi à passer inaperçu – Larvatus prodeo ! – jusqu’à ce que Bernard lui fasse tomber le masque. Merci !Textor
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