La Bibliothèque nationale de
France propose jusqu’au 10 juin une exposition intitulée “Miniatures flamandes,
1404-1482". Il s’agit après Bruxelles, du volet parisien, sur le site de
“François-Mitterand”.
Un peu moins de 90 livres sont exposés sortis des collections
de la Bnf et de la Bibliothèque royale de Belgique mais aussi des Archives
Départementales du Nord. Une vaste salle, segmentée par thèmes nous accueille.
Commencer à gauche par “la pratique des
enlumineurs” avant de revenir à droite pour “les prémices”, puis passer au gros
morceau de l’exposition au centre consacré à “la commande”, pour finir au fond
par la “galerie d’artistes” m’a paru plus judicieux. En tous cas trois heures
m’ont été nécessaires pour découvrir le siècle d’or de l’enluminure des
pays-bas méridionaux (incluant donc en France, Flandres, Artois, Hainaut et
Picardie) au temps des ducs de Bourgogne, Jean sans Peur, Philippe le Bon et
Charles le Téméraire.
miniatures fl 567 : David Aubert, Conquêtes et chroniques de Charlemagne, Jean le Tavernier, enlumineur, vers 1458-1460 (BRB) |
La partie qui concerne la commande est probablement la
plus exaltante pour le bibliophile. Les livres de l’époque, livres d’heures
pour l’essentiel, étaient personnalisés pour le bibliophile actif en proportion
de ses moyens et de son prestige. Les ducs de Bourgogne surpassaient
allègrement la concurrence sur des titres bien plus originaux. Le mécénat des
princes et de leurs cours produit des chefs-d’oeuvre. Un des intérêts de telles
manifestations consiste à réunir par exemple le portrait peint (copie conservé
au musée de Dijon) de Philippe Le Bon par Rogier Van der Weyden, du livre de
Jacques de Guise, “Chroniques de Hainaut” enluminé par le même artiste où
Philippe Le Bon en pied cette fois et entouré de ses conseillers, mais dans une
même position, reçoit l’hommage de l’auteur. Autres rapprochements, ceux de
l’inventaire de la librairie de Philippe le Bon (conservé aux AD du Nord) et
des livres qui y sont décrits, le Valère Maxime (Bnf Fr 6185) ou les Conquêtes
de Charlemagne (Bibliothèque royale de Belgique) accompagné du bon daté de 1460
pour payer l’enlumineur Jehan Tavernier. Avec un peu d’attention on peut
ainsi apprendre que la reliure de
velours noir du premier a laissé la place à un veau ainsi que le cuir blanc du
second. Côté reliure qui n’était bien sûr pas le sujet, une reliure ornée à
froid sur ais de bois offre la particularité d’être signée sur la garde par jan
Guillebert dit Jean Meese actif à Bruges en 1480.
miniatures fl 568 : Jacques de Guise, Chroniques de Hainaut,
Rogier Van der Weyden, 1446. (BRB)
|
Pour en revenir aux enluminures, il faut se laisser séduire
par la beauté et le faste des livres présentés, les grisailles de Jean le
Tavernier sur les “Conquêtes de Charlemagne”, le spectaculaire et coloré “grand
armorial équestre de la toison d’or” (Arsenal), le foisonnement de détails des scènes de batailles du
manuscrit des “Chroniques de Froissart”réalisées pour Louis de Gruuthuse par
Loyset Liedet (souvenez vous il illustrait nos livres d’histoire au collège),
l’expressivité du massacre d’Orphée par les Ménades (Maître de Marguerite
d’York) ou la représentation talentueuse et humoristique, BD avant l’heure, du
roman “Gérard de Nevers”par le Maître de Wavrin.
En fin de visite, des pupitres permettent de feuilleter
virtuellement quelques livres exceptionnels, et de voir un vidéogramme belge
sur la fabrication et la conservation des manuscrits.
Une copieuse et luxueuse somme est publiée à cette occasion
au prix de 49 euros. Voir aussi :
Lauverjat
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