Amis Bibliophiles bonjour,
Benjamin Thompson
(1753-1814) est né d'un milieu modeste en Nouvelle-Angleterre. Maître d'école
dans la banlieue de Boston, partisan de l'Angleterre, il doit fuir en 1775 au
début de la guerre d'indépendance qui
oppose les colons britanniques
d'Amérique du Nord à la Grande-Bretagne. Réfugié à Londres, il devient sous-secrétaire
d'État aux affaires américaines en 1780. Il se constitue rapidement une
importante fortune dans le négoce de fournitures militaires. Après un bref retour aux États-Unis, il
regagna Londres à l'indépendance de l'Amérique. Il publie quelques mémoires de
physique dans les Mémoires de la Royal Society, ce qui lui vaut d'en être nommé
membre.
Il propose ses
services à l'Électeur de Bavière qui le nomme colonel dans l'armée bavaroise.
Il s'interesse alors à l'important problème de la mendicité. Il crée des
ateliers où les mendiants fabriquent des habits militaires. Pour les nourrir il
propose des recettes faciles et peu onéreuses. En 1792, Thompson devient Comte
du Saint Empire romain sous le nom de Rumford, ancien nom de la ville
américaine où il avait passé sa jeunesse et où vivaient toujours son épouse et
sa fille, dont il s'était complètement désintéressé.
À Paris, il
rencontre la veuve d'Antoine-Laurent Lavoisier, Marie-Anne Paulze, qu'il épouse
en 1805. Cette union ne dura que six
mois à peine.
Rumford consacre alors son temps à ses travaux de physique, inventant par exemple le percolateur et le chauffage
central.
Essais
politiques, économiques et philosophiques.
Genève,
G.J. Manget. An VII, 1799. 1ère édition française.
2
volumes in-8 ; 461, (1) pp, 2 pl. - XII, 525, (1) pp, 6 pl.
Ce recueil d’essais
est traduit par le marquis de Courtivron. Le premier volume est consacré aux
activités philanthropiques de l’auteur en particulier l’établissement de soupes
populaires la propagation de la pomme de terre, des pâtes alimentaires et des
nourritures économiques, etc.
Dans sa préface le
traducteur écrit:
" ... rien ne
m'a causé plus de plaisir et d'admiration, que l'ordre, l'industrie et
l'économie qui règnent dans la maison de travail de Munich. Plus de quinze cent
pauvres, arrachés à la fainéantise et à la
mendicité, jouissant d'une existence heureuse et agréable, au lieu
d'être l'opprobe et le fléau de la société, composent cet établissement, dû au
soins du comte de Rumford." !!!
Le second volume est
consacré aux recherches sur la chaleur. Rumford s’oppose à l’existence du
calorique. Il prouve que les qualités de surface qui aident les corps à prendre
de la chaleur, les aident aussi à perdre celle qu'ils ont, et qu'en général la
facilité de donner, comme celle de recevoir, est inverse du pouvoir de
réfléchir. Sans cela l'équilibre thermique ne pourrait s'établir entre les
corps. Rumford a imaginé, pour ces expériences, un instrument qu'il a nommé
thermoscope, et qui est propre à faire apercevoir les moindres différences de
chaleur. C'est un tube de verre horizontal , dont les deux extrémités sont
redressées et terminées par des boules. Tout l'appareil est plein d'air, et le
milieu du tube horizontal contient une bulle de liquide coloré. On ne peut
échauffer l'air de l'une des boules, sans que la bulle soit chassée vers
l'autre ; et elle est si sensible, que l'approche de la main suffit pour la
faire marcher. Leslie obtenait, de son côté, les mêmes résultats en Angleterre
avec un instrument à-peu-près semblable, qu'il nomme thermomètre différentiel.
Mémoires
sur la chaleur.
Paris,
F. Didot. An XII, 1804. 1ère édition française.
1 volume
in-8 ; LVIII, 166 pp.
Cet ouvrage
contient quatre essais: Une notice historique de diverses expériences
faites par l’auteur dès 1778 -
Recherches sur la nature de la chaleur, et la manière dont elle est
propagée ; mémoire présenté à la Société Royale de Londres au mois de
décembre 1803, traduit par Pictet - Mémoire sur la chaleur, lu à la séance
publique de l’Institut National le 6 prairial an 12 (25 juin 1804) -
Observations sur les petits puits qui se forment en été dans de grandes masses
solides de glace… mémoire présenté à la Société Royale de Londres au mois de
novembre 1803, traduit par Pictet.
En 1798, Rumford, surveille le forage de tubes à canon
en cuivre à l'arsenal de Munich. Il est
bien connu que cette opération échauffe fortement les pièces. Ceci est interprété, à l'époque, comme la
libération d'un fluide contenu dans la matière, le calorique, lorsque la mèche
rogne le métal. Un jour, Thompson
constate que, lorsqu'on utilise une mèche mal affutée, l'échauffement est
beaucoup plus important alors que la pénétration de l'outil est
insignifiante. Il est ainsi frappé par
le caractère inépuisable de cette source de chaleur qui ne peut donc provenir
de la matière elle-même mais du travail mécanique fourni. Il note :
" D'où vient la
chaleur produite par l'opération mécanique du forage des canons ? Est-elle fournie par les copeaux qui sont
séparés par la tarière de la masse solide du métal ?... En réfléchissant sur ce sujet, nous ne devons
pas oublier de prendre en considération cette circonstance hautement
remarquable que la source de chaleur produite, dans ces expériences, par le
frottement paraissait manifestement inépuisable. Il est à peine nécessaire d'ajouter que ce
qu'un corps isolé quelconque, ou un système de corps, peut continuer à fournir
sans limitation, ne peut pas être une substance matérielle..."
"Je ne connais
qu'une chose que l'on puisse ainsi produire indéfiniment, sans transformer la
matière : c'est du mouvement".
Il faudra attendre
encore 50 ans pour que cette interprétation énergétique ne triomphe avec Joule.
Cet exemplaire a
fait partie des bibliothèques de Dumas et Sabatier.
Recherches
sur les bois et le charbon.
Paris.
De l'Imprimerie d'Éverat. 1812. EO.
1
brochure in-4 ; (2), 60 pp.
Cette rare brochure
contient deux mémoires lus à l'Institut le 30 décembre 1811 ( Notice de
quelques nouvelles expériences sur les bois et le charbon) et les 28 septembre
et 5 octobre 1812 ( Recherches sur la structure des bois, la gravité spécifique
de leurs parties solides, et les quantités de liquides et de fluides élastiques
qu'ils contiennent dans différentes circonstances ; sur les quantités de
charbon qu'ils peuvent fournir, et les quantités de chaleur qui sont
développées dans leur combustion).
Ce texte a été
réédité sans changements en 1813 en 128 pages.
Bernard
On ne dira jamais assez combien les travaux de Rumford sont essentiels dans l'histoire de la chimie et de la physique ! Les premiers pas de la thermodynamique, quelques années plus tard viendra Carnot.
RépondreSupprimerPauvre Lavoisier qui depuis sa tombe a vu Rumford lui prendre sa veuve et démonter sa théorie du calorique.
On voudrait que les grands découvreurs, les grands scientifiques soient forcement de braves rats de laboratoire, imperméables aux vicissitudes de la vie. Celui-ci semble avoir été polygame et homme d'affaire avisé. En cela, il est exceptionnel ;-))
RépondreSupprimerMerci pour ce beau portrait et encore bravo pour cet article, Bernard ! Pierre
Bravo pour l'article ! Pour ceux que cela intéresse, je viens de publier la première biographie en français de Rumford ( Rumford, le scandaleux bienfaiteur d'Harvard, editions de la Bisquine). Un petsonnage vraiment extraordinaire, traitre, espion, mercenaire brutal, administrateur genial, ministere de la Défense en Bavière,urbaniste,phlilanthrope...et immense savant trop méconnu
RépondreSupprimerEric Sartori