L'historien des
sciences n'est pas forcément un bibliophilie. Les documents sur lesquels il
travaille, rares et importants pour leur contenu, ont souvent un aspect qui peut rebuter le bibliophile. Quelques
mots aujourd'hui sur deux anciennes revues d'une école
scientifique que tout le monde connait, l'École Polytechnique.
Le 11 mars 1794 la
Convention décide de la création d'une École Centrale de travaux publics qui
recevra le nom d'École Polytechnique le 1er septembre 1795. Cette École est
destinée à la préparation des Écoles des
Mines, des Ponts et Chaussées, des Ingénieurs de la Marine ou encore de
Mézière, école d’où venait Monge. Dès le 21 décembre 1794 quelque quatre cents
élèves suivirent des cours révolutionnaires dans des locaux du Palais
Bourbon. L’essentiel de l’enseignement
fut longtemps constitué de la géométrie
descriptive inventée par Monge. D’autres disciplines, en pleine évolution,
furent enseignées à leur plus haut niveau : c’est le cas de la chimie avec
Berthollet et sa théorie des affinités, ou des mathématiques avec Lagrange et
son calcul fonctionnel. Ainsi fut inaugurée en France, une sélection des élites
par les mathématiques.
Les travaux des
professeurs paraissent dans un journal
fondé par C.A. Prieur et publié par le Conseil d’Instruction et
d’Administration de l'École. Le journal est distribué aux conventionnels, aux
élèves et aux instituteurs de l'École, aux ingénieurs ainsi qu'à divers
établissements d’instruction.
Le premier cahier de
ce journal fut rédigé en Germinal an III, le suivant en Floréal-Prairial avec
le nom définitif d'École Polytechnique.
JOURNAL
DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Paris,
Imprimerie de la République. An III (1795) - An VII (1799).
3
volumes in-4 contenant les six premiers cahiers.
1er volume :
Cahier 1 : An III ; VIII, 189, (3) pp, 2 tableaux, 1 pl.
Cahier 2 : An IV ; VIII, 208 pp, 1
tableau, 5 pl.
2ème
volume : Cahier 3 : An IV ; (4), XVI, 2 pp, pp 209 à 444, 1 tableau, 1 pl.
Cahier 4 : An V ; (2), XXVIII pp, pp
445 à 744, 4 pp, 1 tableau, 5 pl, 1 tableau, 2 pl.
3ème
volume : Cahier 5 : An VI ; IV, 208 pp, 1 pl.
Cahier 6 : An VII ; IV, pp (209) à 456, 3
tableaux, 4 pl.
Le premier cahier a
pour titre exact : Journal Polytechnique, ou bulletin du travail fait à
l'École Centrale des Travaux Publics, publié par le conseil d’instruction et
d’administration de cette école.
Le deuxième cahier
prend le titre définitif : Journal de l'École Polytechnique, ou bulletin
du travail fait à cette école, publié par le conseil d’instruction et
d’administration de cet établissement.
- Le premier cahier
(Germinal, an III : avril 1795) contient des mémoires de Monge,
Lamblardie, Baltard, Dobenheim, Neveu, Prony, Barruel, Hassenfratz, Welter,
Bonjour, Hachette, Fourcroy, Chaptal, Berthollet, Guyton, Vauquelin et
Chaussier.
- Le deuxième
cahier ( Floréal et Prairial : mai et juin 1795), contient des
mémoires de Prony, Guyton, Neveu, Barruel, Griffet, Say, Vauquelin, Chaussier,
Monge et Eisenman.
- Le troisième
cahier (Messidor, Thermidor et Fructidor, an IV), contient des articles de
Prony, Berthollet, Guyton, Neveu, Barruel, Griffet, Say, Vauquelin, Chaussier,
Bonjour et Eisenman.
- Le quatrième
cahier (Vendémiaire, Brumaire et Frimaire, an IV), contient des mémoires de
Fourcroy, Vauquelin, Prony, Hassenfratz, Baltard, Say, Eisenman, Barruel,
Chaussier, Guyton et Neveu.
- Le cinquième
cahier (Prairial, an VI), contient des mémoires de Prony, Fourier, Lambardie,
Fourcroy, Lagrange, Neveu, Laplace, Regnier, Guyton et de l’élève Samuel
Bernard. Le Mémoire de Fourier sur les vitesses virtuelles et la théorie des
moments, les Mémoires de Lagrange sur les fractions et sur le principe des
vitesses virtuelles et le Mémoire de Laplace sur la détermination d’un plan qui
reste toujours parallèle à lui-même dans le mouvement d’un système, sont
fondamentaux.
- Le sixième cahier
(Thermidor, an VII : août 1799), contient des mémoires de Guyton, Prony,
Fourcroy, Lagrange, Hassenfratz, Neveu, Laplace, Monge, Prieur et Camus.
En 1808, Hachette,
professeur à l'École, publie une revue intitulée Correspondance sur l’École
Impériale Polytechnique. Dans son avertissement, Hachette indique ce qui a fait
naître l’idée de cette correspondance et le but des auteurs. En parlant des
anciens élèves de l'École Polytechnique, il écrit : « Chacun
d’eux s’informe des personnes qui composaient l'École à l’époque où il s’y est
trouvé ; l’instruction, les travaux particuliers des élèves et des
professeurs, sont le sujet de mille questions diverses ; tous sentent le
besoin d’entretenir une correspondance avec la mère école, et ce besoin est
d’autant plus vif qu’ils en sont plus éloignés. Pour répondre à un vœu aussi
généralement exprimé, je vous propose de faire imprimer des feuilles de
correspondance, principalement destinées aux élèves de l'École
Polytechnique ».
Cette très rare
publication est complète en trois volumes.
CORRESPONDANCE
SUR L’ÉCOLE IMPÉRIALE POLYTECHNIQUE
Paris,
Klostermann. 1813 - Vve Coursier. 1816.
3
volumes in-8 ; (6), 476 pp, 13 pl. - (6), 499 pp, 20 pl. - (4), 258 pp, 16 pp,
pp 275 à 422, (2) pp, pp 3, 4, V, VI, (2) pp, 10 pl.
Le premier volume
est en 2ème édition; les deux autres volumes sont en 1ère édition.
Le premier volume
est composé de dix numéros : avril 1804 (germinal an XII), fructidor an
XII (septembre 1804), pluviose an XIII (février 1805), messidor an XIII (juillet
1805), frimaire an XIV (décembre 1805), juillet 1806, janvier 1807, mai 1807,
janvier 1808 et avril 1808.
Le second volume est
composé de cinq cahiers (janvier 1809, janvier 1810, janvier 1811, juillet
1812, janvier 1813).
Le troisième volume
est composé de trois cahiers (janvier 1814, mai 1815 et janvier 1816).
On y trouve des
articles originaux d'Arago, Biot, Chasles, Carnot, Cauchy, Gay-Lussac,
Hachette, Laplace, Lamé, Legendre, Monge, Navier, Poisson, Poinsot, Prony,
Thénard, etc.
On y trouve également
les listes des élèves des promotions de l’École depuis sa création jusqu’en
1815.
Ces deux ouvrages
décrivent les premiers travaux de cette prestigieuse école. Les journaux sont
maintenant numérisés. On est surpris du nombre d'auteurs qui ont laissé un nom
dans l'histoire des sciences.
Bernard
On trouve tout le gratin des scientifiques français du XIXe siècle. Une époque extraordinaire, une aventure merveilleuse, n'en déplaise aux esprits chagrins nostalgiques du sombre moyen-âge.
RépondreSupprimerRené