lundi 19 novembre 2012

Les ouvrages de Nicolas Catherinot, “parvenus à l’honneur de la reliure” malgré Ménage.


Amis Bibliophiles bonjour,

L’avocat berrichon Nicolas Catherinot est né en 1628, aux Aix d’Angillon. Il est connu des bibliophiles pour ses nombreuses publications pittoresques. Chercheur par délassement, esprit curieux, antiquaire au sens ancien, collectionneur, fier de ses origines, voire susceptible et procédurier, il s’intéresse au droit et à son histoire mais aussi à sa province, et à presque tout : l’artillerie, la peinture, l’architecture, l’imprimerie, la marine, l’antiquité, la religion...


Il est l’ami intime des érudits de sa province, Gaspard Thaumas de La Thaumassière, Jean de La Chapelle, Jacques Gougnon et François Pinsson des Riolles qui fera son épitaphe dans le journal des Savants. À Paris il fréquente le salon de Gilles Ménage qui se moquera sévèrement de lui (cf Ménagiana).

Exemplaire truffé de pièces autographes
Catherinot fait imprimer de 1660 à sa mort en 1688, 139 pièces, du placard au factum de 4 pages à quelques feuillets in-4° jusqu’à un coutumier du Berry, in-12 en 4 parties, en 1663. De son propre aveu il a “la marotte de l’imprimerie”, mais regrette “les pièces (qu’il) a été contraint d’estropier pour épargner (sa) bourse”. Il fait imprimer (sur un mauvais papier) tous ses opuscules à Bourges soit chez Jean Cristo soit chez Jean (puis François) Toubeau. Il n’en imprime aucun lui-même contrairement à ce qui a été dit ici ou là. Il corrige de sa main puis distribue ses imprimés à ses amis, mais Ménage dit qu’il les glisse dans les boîtes des quais pour leur donner plus de publicité. Cette perfidie sera largement reprise.

Note et collage de Pinsson des Riolles
Pourtant Catherinot se défend “mes ecrits ne sont point si fort inutiles puisque les apothicaires en font des emplâtres, les libraires des cartons... je n’ay aussi jamais prétendu à la qualité d’auteur pour laquelle obtenir selon aucuns, il faut être imprimé avec Privilège, relié veau...”

Ce privilège d’impression “pour plusieurs et divers livres  traités  recueils commentaires...“ il l’obtint néanmoins en 1664 mais il demeure manuscrit.

En fait, ses amis d’abord, puis de nombreux bibliophiles s’efforceront de recueillir le plus grand nombre de ses pièces. Les plus intimes imprimèrent un titre collectif factice. Le recueil de la Bnf recomposé par Van Praet, possède la page de titre de l’exemplaire Gougnon qui appartint ensuite à l’abbé Jean Paul Bignon bibliothécaire du roi. L’autre page de titre connue se trouve en tête du recueil factice de Pinsson des Riolles. Les recueils des collections publiques ont souvent appartenu à des bibliophiles célèbres, le comte d’Argenson et le marquis de Paulmy à l’Arsenal, Constant Leber à Rouen, Charles le Goux de la Berchère à Montauban, le duc d’Aumale à Chantilly. On trouve la trace des recueils du duc de La Vallière, de Fontenette, de Boucher d’Argis, de Monmerqué, de Falconnet, du baron Pichon. L’exemplaire Bignon-Van Praet est le plus complet avec 128 opuscules différents. 

Opuscule de Catherinot
Aujourd’hui les recueils factices d’importance sont assez rares sur le marché et quelques opuscules retiennent l’attention comme l’art d’imprimer, Bourges, 1685, [Jean Cristo] in-4°, 12 pp., les annales typographiques de Bourges, 1683 [Jean Toubeau] in-4°, 8 pp., ou l’Escu d’alliance Bourges [1680, J. Cristo] in-4°, 21 pp., pourvu d’une planche héraldique, seule illustration  de toute la production de Catherinot. 


Traité de l'artillerie, il faut lire la première phrase! 
On a reproché à Catherinot son caractère brouillon et inachevé mais j’ai pu vérifier l’exactitude de ses informations en découvrant grâce à elles un livre quasi unique et en tous cas absent des collections spécialisées et des catalogues  en ligne.

Lauverjat

Bibliographie:
-Jacques Flach, Bibliographie raisonnée des écrits de Nicolas Catherinot, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, Sirey, 1883.
-Nicolas Catherinot un berrichon polygraphe convoité des bibliophiles, Cahiers d’Archéologie et d’Histoire du Berry, N° 175, troisième trimestre 2008.

5 commentaires:

  1. Pourquoi une personne curieuse de toute chose en vient à vouloir laisser une trace écrite pour tous les centres d’intérêts qui ont émaillé sa vie ?

    Parce qu'elle sait que, de l'autre côté, il y aura toujours des bibliophiles pour collectionner ses écrits ;-))

    Merci pour cette découverte, Lauverjat. Pierre

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  2. Oui, joli billet, merci Lauverjat !

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  3. sans doute une mine de livres uniques à pas cher ! vive les polygraphes !

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  4. J'aime cette bibliophilie qui est très personnelle.

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  5. La polygraphie n'est pas un vilain défaut...
    D'autant que le monsieur à un ton fort moderne et "saignant".
    Le monde des polygraphes est plein de pépites alors que celui des auteurs consacrés de leur temps ferait ronronner un chien.

    Merci Lauverjat!

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