Amis Bibliophiles bonsoir,
Gaspard (ou Kaspar) Merian était à la fois le fils et
l’élève du graveur Matthias Merian. À la mort de son père en 1650, il prit sa
suite à la tête de sa maison d’édition à Francfort sur le Main. Ce faisant
Gaspard Merian héritait également de la Topographia Germaniae, atlas
topographique des provinces de langue
allemande, gravé par son père pour les planches et dont les textes étaient dus
à Martin Zeiller. Les premiers volumes étaient parus en 1642. Gaspard allait
poursuivre cette publication et l’enrichir progressivement de la topographie de
la France, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Suisse.
De 1655 à 1661, Gaspard Merian édite en allemand et en
caractères gothiques, les 13 parties de la Topographia Galliae. Le “Merian”
comme on le nomme parfois en France est un célèbre recueil in-4° de gravures
illustrant la France du XVIIe siècle. Le titre de l’ouvrage dans son édition
originale allemande “Topographia Galliae, oder Beschreibung und
Contrafaitung der vornehmsten, unnd bekantisten Oerter, in dem mächtigen und
grossen Kônigreich Franckreich.” peut se traduire par Topographie de la
France ou description et (visage?) des lieux les plus connus du grand et
puissant royaume de France.”. L’auteur du texte n’en est pas moins le géographe
allemand d’Ulm, Martin Zeller, qui parcourut la France pendant un an et demi.
L’illustration profuse de cette topographie constitue tout l’intérêt de la
publication. Gaspard Merian s’est également inspiré de gravures déjà publiées
de Nicolas Tassin, Israël Sylvestre, Jan Peeters ou Jean Marot
L’édition compte un frontispice général, 13 titres gravés ou
typographiés, 18 cartes dépliantes à double page et 307 planches offrant près
de 400 vues et plans de monuments ou villes, en ce qui concerne mon exemplaire.
Cependant les collations donnent de 296 à 312 planches.
Le dénombrement des planches varie autant semble t-il selon
les bibliographes et les libraires que suivant les exemplaires. Le décompte des
planches est en effet rendu un peu complexe par le fait que les feuilles
collées ensemble qui composent quelques planches sont répertoriées, par
l’éditeur lui même, comme autant d’estampes. Ainsi les deux grandes vues de
Paris comptent-elles pour 5 estampes dans la table! Les planches dépliantes ou
non comportent souvent deux voire trois gravures.
Le frontispice de l’édition originale représente, posées sur
un piédestal, la couronne de France un lys au naturel et une fleur de lys
héraldique. Les colliers de Saint-Louis et du Saint-Esprit entourent le titre
sur ce socle. Au premier plan, le dieu Seine tient une rame, ou un safran,
d’une main (ce qui me fait écarter l’hypothèse du dieu Neptune trouvée ici ou
là), une corne d’abondance de l’autre. La ville de Paris se devine en arrière
plan (la Bastille est à gauche, le Temple à droite). Il existe un autre
frontispice représentant Clovis et Louis XIV.
La première partie de l’ouvrage est la plus spectaculaire et
la plus dense. Elle concerne Paris et sa banlieue illustrées en 110 planches
parmi lesquelles deux vues panoramiques dépliantes de Paris et deux plans
relief. La promenade permet de découvrir
des monuments disparus, Saint-Victor, le Temple, la tour de Nesle...
Au fil des livres l’illustration est moins abondante et
moins originale. On retrouve de plus en plus de vues copiées dans d’autres
ouvrages et de reproductions de plans un peu sommaires. Comme toutes les
grandes productions, vers la fin, l’éditeur tire le coût de revient.
Signalons toutefois les grandes vues dépliantes de Rouen, La
Charité, Nevers, Bordeaux, Saumur, Tonnerre, Saint-Malo, etc, qui offrent des
panoramas que peu de cités ont préservés aujourd’hui. Au fil des pages on
découvre des monuments singuliers (acqueducs de Fréjus et de Saintes, le Mont
Saint-Michel), des forteresses (Marcoussy, Pignerol), des châteaux et des
jardins de plaisance (Meudon, Tanlay, Richelieu)…
Il serait bien sûr vain de chercher la Corse par exemple
dans cette édition, mais rien n’interdit de compléter avec les publication des
pays voisins de l’époque. L’Alsace pays de langue allemande était paru en 1646.
L’édition originale sera suivie d’une édition latine (à
Francfort chez Mérian en 1655) puis d’une édition flamande (à Amsterdam chez la
veuve J. Boersz et Appelaer, 1660-1662) qui reprennent les mêmes gravures.
Pour ne pas être trop Parisien j’ai choisi quelques estampes
de villes élues par des bibliophiles bien connus de la blogosphère, mais Mérian
n’a pas représenté toutes les villes...
Lauverjat
on voit que le dessinateur a fait vite: pour Lyon il a oublié Fourvière...
RépondreSupprimerFourvière, c'est la toute petite église avec le Numéro 18, elle est donc bien présente sur cette vue. Le sanctuaire actuel en forme d'éléphant retourné avec ces 4 grosses pattes est bien plus tardif !
RépondreSupprimerDaniel B.
damned je suis eu...
RépondreSupprimerMerci d'avoir rappelé le très beau et très recherché plan de Reims !
RépondreSupprimerTout le monde y a trouvé son paté de maisons, seul Redon semble avoir été oublié !... :)
RépondreSupprimerBel ouvrage que j'aimerais pouvoir placé à coté de la Cosmographie de Nicolas de Fer.
Textor