dimanche 10 février 2013

Miscellanées Bibliophiles de Monsieur H.: la BNF numéri-privatise 70 000 livres anciens, Camille Aboussouan nous a quittés, le Magazine du Bibliophile devient trimestriel?

Amis Bibliophiles bonjour,

La Bibliothèque Nationale accusée de privatiser le domaine public.


Un récent communiqué commun du ministère de la Culture, du commissariat général à l'investissement et de la BNF nous apprend qu'un nouveau partenariat a été conclu pour la numérisation et la diffusion des collections de la Bibliothèque nationale de France (BNF) avec la société ProQuest, éditeur de bases de recherches historiques et culturelles, couvrant les livres anciens et les fonds musicaux. Cet accord la numérisation de 70.000 livres anciens français datant de 1470 à 1700.

Le projet concerne tous les exemplaires des incunables imprimés avant 1500 et un exemplaire par édition pour les imprimés des XVIe et XVIIe siècle. Cet accord s'inscrit dans le programme européen «Early European Books», auquel participent quatre grandes bibliothèques européennes, et dont l'objectif est la création d'une bibliothèque numérique virtuelle rassemblant les principaux ouvrages parus avant 1700.

Une sélection de 3.500 ouvrages, choisis par la BNF, sera en libre accès immédiat sur sa bibliothèque numérique Gallica (...A condition de savoir bien chercher... NDLR). Puis, progressivement, à mesure de la numérisation, les autres ouvrages seront accessibles à tous les lecteurs de la BNF pendant dix ans avant d'être mis en libre accès à leur tour sur Gallica. L'accord prévoit aussi l'exploitation  commerciale exclusive pour 10 ans des oeuvres par Proquest. Un accord qui suscite de nombreuses et vives réactions.

Ainsi l'Association des Bibliothécaires de France (ABF) pose la question des conditions d'accès aux contenus numérisés, demande la publication des accords et "la suppression de toute clause réduisant la communication des oeuvres concernées à une prestation marchande".  

On peut en effet se demander ce que Proquest va faire de ces droits exclusifs? Les commercialiser?  Pour certains, tel Philippe Aigrain, dirigeant de Sopinspace (Société pour les espaces publics d'information), c'est un exemple d'expropriation et de privatisation du domaine public. Si l'accès gratuit au contenu demeure possible sur le site même de la BnF, il sera cependant payant pour la plupart des institutions culturelles françaises et étrangères, comme pour les particuliers qui ne pourraient se déplacer à la BnF. Ce qui n'est pas conforme à la recommandation du Comité des Sages de l'Union européenne souhaitant que les oeuvres du domaine public ayant fait l'objet d'une numérisation dans le cadre d'un partenariat public-privé soient accessibles gratuitement dans tous les Etats membres de l'Union européenne. 


Pour Bruno Racine, président de la BnF, la numérisation des 70 000 livres anciens sans partenariat aurait pris 25 ans. Il ajoute que les deux tiers du coût de la numérisation des livres seront assumés par ProQuest, et qu'il est par conséquent "logique qu'en contrepartie, et pendant une période donnée, ils puissent rentrer dans leurs frais". Je ne sais que penser... surtout quand Google numérise à tour de bras et met les documents numérisés (comme ceux de la bibliothèque de Lyon) à la disposition du public. 

Doit-on attendre impatiemment que Google rachète la BNF? :)


Camille Aboussouan (né le 30 août 1919 à Beyrouth, décédé le 15 janvier 2013 à Paris), n'est plus. Il est décédé à Paris à l'âge de 93 ans. Triste nouvelle pour les bibliophiles. Comment ne pas connaître le bibliophile très averti (il a possédé jusqu'à 12 000 volumes dont des livres précieux du XVe au XIXe siècle) et le grand mécène. On continuera de croiser avec plaisir son ex-libris dans les ventes.

Triste nouvelle - mais attendue -, le nouveau numéro du Magazine du Bibliophile sortira "pour la Saint Valentin"... Il est donc devenu.. trimestriel ou presque, aussi officieusement que discrètement. Si vous êtes abonné et que vous n'êtes pas sur facebook, et bien, vous n'avez qu'à attendre. 
Sur la page facebook du MdB
On gage que les abonnés auront droit à un numéro triple en termes de pagination, ou à une remise. 


H


8 commentaires:

  1. Quelle perte de temps et d'efficacité que ces numérisations partielles multiples.
    En passant, on ne trouve (presque) jamais rien sur Gallica, alors, heureusement qu'il y a d'autres sites de livres numérisés plus efficaces.

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  2. Bien d'accord avec toi, Gallica, c'est vraiment l'outil le pire qu'on puisse croiser.
    Il génère plus de frustration que de résultats!

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  3. C'est vrai que 70000 ouvrages à numériser sur 25 ans ça représente, pour une personne à plein temps (300 jours par an), 9,3 ouvrages par jour. Ce qui est faisable (enfin jamais essayé mais bon... un livre non précieux se numérise en une dizaine de minutes). Alors imaginons, soyons fous (c'est quand même la BNF), 10 personnes employées à cette tâche à raison de 9,3 ouvrages par jour et... à l'orée de l'été 2016 la BNF a tout numérisé comme une grande. Elle peut même embaucher sur la même période quelqu'un pour repenser le moteur de recherche de gallica qui est... comment dire... désopilant, surréaliste, indigne... je cherche mes mots.

    Des fois, j'ai l'impression qu'on nous prend pour des jambons...
    Bonne soirée,
    Olivier

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  4. Cher Olivier, êtes vous sûr que c'est si simple ? Combien de volumes dans votre bibliothèque ? Mettons 1000, les plus beaux, ça simplifiera. Et bien en y consacrant une demie heure par jour, ce qui est moins que le temps passé sur le Blog du Bibliophile, l'Histoire de la Bibliophilie, l'Amour qui Bouquine, le Bibliomane moderne, BiblioMAb, j'en passe, et en suivant vos calculs, nous pourrions avoir accès à votre bibliothèque en moins d'un an. Et si tous les bibliophiles de ce blog en faisaient autant, et bien on dépasserait probablement les 100000 dans l'année. Alors on y va ? Ou on reste des jambons ?

    Supion

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  5. Et puis que je sache je ne suis pas une institution dont la vocation est de conserver et mettre à disposition du public un patrimoine jugé d'utilité publique.
    D'ailleurs on ne me visite pas (sauf sur rendez-vous).

    Je m'étonnais juste que la BNF soit dans l'incapacité de mener à bien une tâche qui ne me semble pas insurmontable en utilisant des arguments pour le moins légers.

    Olivier

    PS : après si google ou proquest veut subventionner ma bibliophilie à condition de l'autoriser à scanner mes livres (dont je ne suis que locataire à la différence d'une institution publique), je ne suis pas contre ;-)

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  6. Je ne veux pas pinailler, mais une année de travail, ce n'est pas 300 jours, mais environ 225 jours (il faut retirer les samedis dimanches et congés).
    En plus, à raison de sept heures par jour, avec les préparations des livres, le soin à prendre sur ces livres anciens et fragiles (nous sommes sur un site de bibliophiles!!) contenant souvent plus de 4 à 500 pages, j'ai du mal à suivre ce calcul (9,3 ouvrages par jour).

    Par ailleurs, Proquest assure 2/3 des frais, mais ne fait mettre en ligne et en accès libre que 5% des documents numérisés. Cherchez l'erreur!!!!

    Bernardin

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  7. Merci Monsieur H, maintenant je sais quoi offrir à Textorinette pour la Saint Valentin ! Ce sera plus original que la perceuse Black et Decker que je lui ai offerte l'année dernière...
    Textor

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