Amis Bibliophiles bonsoir,
Le catalogue numéro 63 de la librairie Michel Bouvier offrait un bel et sobre exemple de reliure à la médaille.
Ce type de décor peu courant nous vient d’Italie où le royaume de France disputait ses intérêts. Il fut importé à Lyon tout d’abord, puis connut une vogue limitée au milieu du XVIe siècle, où il s’inscrivait dans le goût de l’antique.
Les modèles les plus typiques
représentent un portrait en buste de profil, doré dans un ovale serti au centre
des plats de la reliure. L’effet recherché est celui d’une médaille ou d’un
camée à l’antique. On note que les portraits gravés en frontispice adoptent à
la même époque cette présentation, tout comme les médaillons en bas-reliefs de
l’architecture.
Les médailles représentant
Henri II sont les plus nombreuses. Hobson en dénombre onze variantes
différentes sur 42 livres. Selon Devauchelle, Etienne de Laulne grava le modèle
pour le relieur Claude de Picques.
Médaille Henri II, Christie's 7 octobre 2005 |
La bibliothèque du château de
Chantilly conserve les Coutumes de Sens de 1556 ornées de la médaille du roi.
Un exemplaire figurait à la vente Michel Wittock du 7 octobre 2005, la
reliure peut être datée entre 1554 et
1569 (ou 1559 date de la mort du roi).
Aemyle, Paris, 1550, Christie's, Michel Wittock n°1, 7 octobre 2005 |
Plus original, le livre de la
librairie Bouvier porte une médaille qui pourrait représenter le poète Martial.
Cependant le sujet du
médaillon n’est pas toujours un portrait, les reliures à l’effigie du roi Henri
II présentent parfois au second plat une médaille du Triomphe de la France,
Victoire ailée sur son char. Les reliures milanaises du début du XVIe siècle
présentent des camées à sujets mythologiques, Jugement de Paris, Mucius
Scaevola, nymphe et faune, etc.
La technique mise en œuvre
est particulière et ne se contente pas d’un simple estampage du cuir. Une
réserve est découpée au centre du plat et remplie d’un enduit ductile à base de
plâtre et de colle (gesso). Cet enduit est estampé avec une matrice gravée en
creux. Après séchage l’estampage est
recouvert de cuir et peint à l’or.
La Loupe, Paris, 1560, catalogue Pierre Berès, manuscrits & livres du quatorzième au seizième siècle. |
On utilise parfois le terme
de reliure au médaillon mais ce terme est aussi utilisé pour de simples estampages en forme de
médaillons, d’autres incrustations (de parchemins ou d’ivoires peints) ou de
simples mosaïques de cuir comme sur les reliures du XVIe siècle de la Librairie
de Fontainebleau, pourvues des armes royales dorées sur une pièce de cuir
mosaïquée, disposée en médaillon au centre des plats.
Toucher du doigt ce type de
reliure reste exceptionnel. Pour vous consoler, vous pourrez, ces jours-ci,
contempler un écho contemporain. Sous le numéro 62, la vente du 20 mars 2013
Binoche et Giquello, propose l’exemplaire “Les Chansons de Bilitis” relié par Georges Mercier en 1930 et qui
inclut au centre du premier contreplat une authentique médaille en bronze.
Reliure doublée de Georges Mercier, Binoche et Giquello 20 mars 2013 |
Lauverjat
Une petite tasse d'érudition pour remplir le bassin. Merci Lauverjat.
RépondreSupprimermerci, on apprend...
RépondreSupprimerje suis surpris par la technique. On recouvre l'estampage après séchage avec le cuir ? je n'aurais pas pensé que c'est une matière assez souple pour le permettre.