Amis Bibliophiles bonsoir,
Le grand Meaulnes est l’œuvre immortelle d’Henri-Alban Fournier dit Alain-Fournier. Berrichon, l’auteur est né à La Chapelle d’Angillon le 3 octobre 1886. Il passe la plus grande partie de son enfance à Epineuil-le-Fleuriel où l’école de ses parents instituteurs existe toujours transformée en musée. Elle sert de toile de fond à son roman.
Alain-Fournier, lieutenant, meurt le 22 septembre 1914 probablement tué par les Allemands près de la Tranchées de Calonne, dans les bois de Saint-Rémy où combattra également Maurice Genevoix.
Le grand Meaulnes est publié par la NRF en pré originale de juillet à novembre 1913 (n°55 à 59). Le contrat d’édition date du 15 septembre 1913. L’E.O. paraît chez Emile Paul à Paris, 100 rue du Faubourg Saint-Honoré, en octobre, voilà cent ans. Le volume in-18 coûte 3 fr 50. Les exemplaires de l’E.O. n’ont pas de justification de tirage. Les exemplaires de l’édition courante sont sur alfa satiné.
Le grand Meaulnes EO, cliché AJRAF |
Les bibliophiles distinguent cependant 300 exemplaires tirés spécialement pour l’auteur sur alfa satiné qui portent la justification au verso de la page de titre « Exemplaire tiré spécialement pour l’auteur, 000 ».
Le site du libraire Camille Sourget présente un de ces exemplaires dédicacé et en profite pour rappeler la vente à Drouot de l’exemplaire avec envoi à Charles Péguy (tué lui aussi en septembre 1914) adjugé 182 861 € frais inclus le 10 juin 2011.
Le Grand Meaulnes, exemplaire sur Japon, librairie Camille Sourget |
Il existe également 10 exemplaires sur japon et 20 exemplaires sur hollande. Auxquels grands papiers s’ajoutent aussi quelques exemplaires pour l’auteur. Enfin six ou dix exemplaires ont été tirés sur papier vert. Tous ces exemplaires portent une justification au verso de la page de titre. Tous ces papiers spéciaux sont tirés dans un format plus grand que celui des exemplaires sur alpha (16,3 x 21 cm au lieu de 12 x 19cm) et livrés sous une couverture verte (elle est crème pour le reste de l’émission).
Des exemplaires numérotés à la suite des 300 premiers se rencontrent également, ils constituent les exemplaires de passe ou de presse.
Les spécialistes se déchirent pour identifier la date du tirage la plus précoce, en effet il semble que les grands papiers aient été tirés après le papier d’édition ordinaire. Tous ces exemplaires sont cependant rigoureusement identiques sans correction ou réimposition et appartiennent donc à la même émission. Les couvertures présentent cependant des différences. Celles des exemplaires du premier mille portent la date d’octobre 1913 et parfois de décembre 1913. Les couvertures n’auraient pas été imprimées simultanément avec le livre.
Le grand Meaulnes fut un candidat malheureux au prix Goncourt, pourtant le succès fut vite au rendez-vous, la huitième édition était tirée en mars 1914.
Outre son roman, Alain-Fournier publia de son vivant quelques poèmes dans diverses revues, ils furent réunis sous le titre Miracles chez Gallimard en 1924 par Jacques Rivière beau-frère de l’auteur qui signa la préface.
“La maison dans la forêt”, œuvre théâtrale inachevée fut publiée sous les auspices de son neveu Alain Rivière en 1986 à Paris (édition, l’artiste). L’édition originale, in folio, en feuilles sous emboîtage toilé rouge, compte 85 exemplaires, les 41 premiers sont entièrement dessinés et peints à la main par l’artiste, Jean-Pierre Rémon, 11 sur japon et 30 sur vélin d’Arches, les 44 suivants sont tirés sur vélin d’Arches avec des “illustrations rehaussées en couleurs par l’artiste”. (Plus 100 exemplaires reproduits en noir et blanc). Curieusement cette édition est souvent ignorée des bibliographies qui ne signalent que la réédition de 1999.
La maison dans la forêt, librairie le jardin des lettres, Bourges. |
Enfin, un autre roman aurait pu voir le jour. En 1980, Le Cherche-midi, publia les premiers chapitres et quelques esquisses de « Colombe Blanchet ». Cette publication, à mon sens, reste du domaine de l’étude.
Aujourd’hui la Bibliothèque de Bourges entreprend la numérisation du fonds et des manuscrits d’Alain-Fournier. Elle présente une exposition à la bibliothèque des Quatre Piliers « de 1913 à 2013, le Grand Meaulnes et sa postérité » jusqu’au 14 décembre.
Tombe d'Alain-Fournier dans la nécropole nationale de Saint-Rémy la Calonne (55) |
Hugues me confiait qu’il relisait toujours avec plaisir le grand Meaulnes ; quand je l’avoue aussi, on me regarde souvent avec un brin de compassion. Aujourd’hui nous sommes au moins deux !
Lauverjat
Merci Lauverjat, j'ajoute que grâce à une belle notice de la librairie le pas sage, on sait désormais, grâce à un envoi de l'auteur, qu'il faut "écrire Meaulnes (sans accent) et prononcer Mône". La fiche de ce bel exemplaire est visible ici: http://librairie-le-pas-sage.com/meaulnes.html.
Briller en société en citant le grand Meaulnes nécessitera donc désormais de bien prononcer Mône. Il me tarde de dîner avec un académicien!
Hugues
Pour en savoir plus :
http://www.association-jacques-riviere-alain-fournier.com
http://www.mediatheque-bourges.fr
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/revues/document-brut-45816
Je viens de le relire moi-même pour la nième fois après avoir vule film à la télévision, dans lequel je ne trouve pas grand-chose de la magie du texte écrit.
RépondreSupprimerPrécision pour ceux qui aiment les bibliothèques bien rangées : Alain-Fournier est le nom de famille de l'auteur...
étonnant que pour un premier livre il y ait eu tant de diversité dans le tirage... Alain-Fournier était déjà connu pour bénéficier de ce traitement de faveur ?
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