Amis Bibliophiles bonjour,
Le bibliophile du blog étant parti bibliophiler un week-end entier avec d'autres bibliophiles, je prends le relais. Il m'a promis qu'une sélection ebayana serait mise en ligne dimanche, soyez patients.
J'aimerais vous présenter aujourd'hui l’Histoire de la Conquête de Constantinople par Geoffroy de Villhardouin.
Voici, après la présentation de l’œuvre de Joinville, une autre chronique essentielle de l’écriture et de l’histoire française et qui la précède chronologiquement.
La quatrième croisade eut lieu à l’appel du pape Innocent III. Les croisés manquant de bateaux et d’argent traitèrent avec Venise et tombèrent sous son influence. Villehardouin était au premier rang des négociateurs avec la Sérénissime. La flotte quitta Venise le 8 octobre 1202. Les Vénitiens imposèrent tout d’abord aux croisés de reprendre Zara, ville Dalmate, aujourd’hui Zadar, mais occupée par les Hongrois catholiques, ce qui fâcha Innocent III.
Au printemps suivant les croisés se laissèrent convaincre par le prince Alexis de reconquérir le trône de son père occupé par son oncle. Les raisons de cet engagement ne sont pas toutes claires et Villehardouin se garde bien d’expliciter ses intérêts personnels ou ses allégeances.
Les croisés prirent une première fois Constantinople le 17 juillet 1203. Après des querelles dynastiques et un nouveau coup d’état, ils assaillirent la ville par voie de mer, non sans avoir partagé le butin d’avance avec Venise, le 12 avril 1204 et la pillèrent, « et ce fut le tiers feu qui fut en Constantinople ». Les croisés établirent un empire éphémère mais il ne fût plus question de Jérusalem.
Villehardouin était sénéchal de Champagne, après la conquête de Constantinople il devint maréchal de Romanie (c’est à dire de Grèce européenne) qu’il s’attacha à pacifier. Villehardouin en style rustique, en français et en prose raconte son voyage, le siège et le pillage de la ville et les mois qui suivirent. C’est un homme de guerre et un ambassadeur qui tient la plume. Son récit débute en 1198 pour se terminer en 1206 (sic) par la mort de Boniface de Montferrat (1207). Un des premiers chroniqueurs à écrire en français, son texte avait été oublié. L’érudit Blaise de Vignère l’exhume assez tardivement sur un manuscrit vénitien.
Il l’édite et offre en regard du texte original, à gauche composé en italique, son interprétation en «belle page», à droite, en caractères romains, en français moderne de la renaissance, accompagnée de notes en marge.
prise de constantinople, Bnf, fr 2813, fol 245v, les grandes chroniques de France bis |
En voici le titre exact : L’Histoire de messire Geffroy de Villehardouyn Mareschal de Champagne & de Romenie; de la Conqueste de Constantinople par les Barons François associez aux Vénitiens, l’an 1204.
Le privilège de l’édition princeps est daté du 6 juin 1584. L’épître de Blaise de Vigenère « à la Sérénissime » porte la date du 1er se rencontre sous deux dates différentes, 1584 et 1585. Les exemplaires de 1584, attribués à un premier tirage, sont considérés comme plus rares mais, d’expérience, je n’en suis pas sûr.
Parmi les exemplaires passés en vente récemment, on note l’exemplaire au millésime de 1584 aux armes de Jean Martin de Laubardemont en maroquin vert du début du XVIIe (Drouot 27 juin 2013, 3300 €, armes soi-disant non identifiées). Un autre exemplaire de 1584 figurait au catalogue n° 1 de la Librairie L’autre Monde, paré d’un maroquin XIXe bleu signé Cuzin.
Oger-Blanchet 27 juin 2013 |
L’œuvre de Villehardouin reparaît en 1657, à Paris par les soins de Sébastien Cramoisy imprimeur de l’imprimerie royale au format in-folio. Pour cette édition, Charles du Fresne Du Cange a travaillé sur un autre manuscrit conservé dans la bibliothèque royale (Probablement le manuscrit 4972 entré à la bibliothèque du roi le 18 juin 1601 et disponible en ligne sur Gallica dans une version microfilmée hélas en noir et blanc).
A son tour il livre une édition en deux versions (français ancien, français moderne) cette fois sur deux colonnes et accompagnée de commentaires. Le livre est suivi d’une partie de la Chronique Rimée de Philippe Mouskes évêque de Tournai.
Lauverjat
Il y a des restrictions sur la taille des photos en l'absence du maître des lieux... Je me suis cru revenu au temps des modems qui crachotaient...
RépondreSupprimerJe dois avouer que moi je m'y perds dans toutes ces croisades. Qui n'aboutissent pas en plus et où tout le monde est malade en bateau...
En l’occurrence c'est le papy ou le tonton de Saint-Louis (lui en ayant fait deux, dont une qui le laisse sur le carreau au point qu'on le fait bouillir [dans du vin] et couper en morceaux [ou pas] pour ramener les os)?
Désolé j'étais en train de relire le Saint-Louis de Le Goff [véridique, la lecture, j'ai juste levé un oeil en entendant que Benzema avait marqué un but]...
Olivier
Voilà un article qui arrive à point nommé pour me rappeler que le livre manque à ma bibliothèque ! Dommage que l'exemplaire de l'Autre Monde soit en reliure dépareillée...
RépondreSupprimerTextor