Amis Bibliophiles bonjour,
analyse diachronique et vision synchronique de la bibliothèque de Stanislas de Guaïta:
Un relevé systématique dans un catalogue fournit quatre types majeurs d’informations. D’abord, le nombre de livres classés selon leur époque, ou, plus simplement, selon leur siècle. Nous verrons en quoi ce décompte n’est pas tout à fait inutile, notamment pour le champ d’investigation qu’il ouvre, bien plus vaste que le « microcosme Guaita » que nous traitons ici. Ensuite, le format des livres, à défaut d’avoir leurs dimensions réelles, nous renseignera sur l’apparence de la bibliothèque, nous discernerons les mètres de rayonnages des in-8 et des in-folio. Puis les reliures des ouvrages, ou plutôt leurs robes, caractérisent l’élégance de l’ensemble.
Enfin, et c’est là que le livre rejoint l’homme, nous regarderons quels livres Guaita avait achetés. Avait-il plus de livres d’alchimie que de livres de sorcellerie ? Le décompte des différentes catégories de livres que contient la bibliothèque nous révélera les grands centres d’intérêt du maître.
Les premières années de l’imprimerie ne virent sortis des presses que très peu de livres consacrés aux sciences mystérieuses. Ces incunables (36) traitent le plus souvent de matière religieuse. Guaita possédait 5 ouvrages (manuscrits et imprimés) datant du XVe siècle, notamment le fameux traité d’Ulrich Molitor De laniis et phitonicis (37) .
Si nous continuons dans l’ordre croissant, les livres du XVIe siècle arrivent en seconde position avec 172 exemplaires relevés, puis 519 livres du XVIIIe siècle, 522 livres du XVIIe siècle, et enfin 1017 livres du XIXe siècle. Nous constatons un nombre équivalent de livres pour le XVIIe et le XVIIIe siècle, ainsi que l’importance tenue par les ouvrages contemporains de Guaita (un peu plus de 45%). Si l’on considère que Guaita avait rassemblé à peu près l’essentiel des livres traitant d’occultisme, nous nous trouvons finalement devant une bonne représentation de ce que fut la production de livres à caractère ésotérique étalée sur cinq siècles, son évolution jusqu’au XVIIe, sa stabilité au XVIIIe, et son explosion au XIXe siècle.
Un regard sur les formats des différents livres sera facilité par un tableau, certains exemplaires étant en plusieurs volumes. Les catalogues, et de façon plus générale les libraires, expriment rarement le format d’un livre en centimètres mais en fonction du pliage de la feuille à imprimer, appelée après cette manipulation « le cahier ».
En gagnant en simplicité, on y perd en précision, puisque la dimension des feuilles a évolué dans le temps, notamment à la suite de l’industrialisation de la fabrication du papier. Une grande feuille non pliée est dite « in-plano » ; on peut y imprimer deux pages. Une feuille pliée en deux est dite « in-folio », c’est à dire quatre pages imprimées. Ce format qui représente environ une taille de 50 centimètres est particulièrement apprécié des bibliophiles. Une feuille pliée en quatre (huit pages) donne le format « in-quarto », soit environ 30 centimètres, en huit (seize pages) est un « in-octavo », soit moins de 25 centimètres. Il existe des formats in-12, in-16, in-18, in-24, in-32, in-64.
Dans notre tableau, par exemple, un livre de format in-8° en deux volumes sera noté : 2 x in-8°.
In-folio
36
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In-4°
204
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In-8°
947
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In-12
693
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In-16
92
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In-18
15
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Petits formats
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4 x in-f°
2
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2 x in-4°
17
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2 x in-8°
80
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2 x in-12
37
|
2 x in-16
3
|
In-24
2
| |
10 x in-f°
1
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3 x in-4°
3
|
3 x in-8°
24
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3 x in-12
14
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In-32
1
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4 x in-4°
2
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4 x in-8°
10
|
4 x in-12
7
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In-64
1
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8 x in-4°
1
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5 x in-8°
10
|
6 x in-12
1
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9 x in-4°
2
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6 x in-8°
9
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7 x in-12
3
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Non Précisé 18
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9 x in-8°
1
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8 x in-12
1
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10 x in8°
2
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22 x in 12
1
| |||||
16 x in-8°
1
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Total 39
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Total 229
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Total1078
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Total 757
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Total 95
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Total 15
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Total 22
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Le format le plus courant reste le in-8°, qui représente à lui seul plus de 50% de la bibliothèque. On constate aussi un grand nombre de formats in-12 ; à eux deux, ils composent plus de 80% du total des livres.
Le choix d’un ouvrage, dans l’édification d’une bibliothèque, doit tenir compte d’un critère d’importance trop souvent négligé par le bibliophile débutant. La reliure d’un livre, c’est la parure qui donnera à la bibliothèque son flamboiement ou sa grisaille. Une bibliothèque reluisante de maroquins et de vélins patinés par le temps invite et attire le curieux à ouvrir l’un de ses livres et à en découvrir le contenu.
Si les ouvrages sont sales, mal reliés, ils déshonorent leur contenu. Guaita, dont le goût et l’ordre n’étaient pas les moindres de ses qualités, connaissait bien l’importance d’un tel précepte. En juillet 1899, René Philipon écrit dans le catalogue de la bibliothèque :
« Il avait réuni une extraordinaire collection de livres sur les sciences occultes. Les ouvrages les plus rares sur l’alchimie, la magie, l’illuminisme, il les possédait tous en des éditions princeps, grands de marges, intacts, toujours revêtus d’une reliure adéquate au contenu du volume, non par manie de bibliomane, loin de là, mais, parce qu’artiste et savant avant tout, il estimait que la forme devait être digne de la pensée. »
L’analyse de son catalogue va nous en apporter la certitude. Tout d’abord, on ne retrouve que très peu d’ouvrages comportant des défauts, du moins nous supposons que le libraire les mentionnait à chaque fois que cela devait être fait. Le plus souvent, on peut lire « Bel exemplaire » et même « Superbe exemplaire ». Pour le détail du nombre des différentes reliures, nous reprenons le décompte de Guy Bechtel établi dans son livre consacré à la bibliothèque de Guaita (38).
Reliures en veau : 767, soit 34 % environ.
Livres brochés : 371, soit 17 % environ.
Vélin, parchemin: 364, soit 16 % environ.
Maroquin : 327, soit 15 % environ.
Percaline, toile : 135, soit 6 % environ.
Chagrin : 119, soit 5 % environ.
Cartonnage : 72, soit 3 % environ.
Basane : 42, soit 2 % environ.
Non précisé : 20, soit 1 % environ.
Reliures diverses : 10, soit 1 % environ.
Les reliures de qualité, en veau, vélin et maroquin composent l’essentiel de la bibliothèque et, si les ouvrages brochés arrivent en bonne position, c’est parce que, nous l’avons vu, Guaita possédait beaucoup de livres du XIXe siècle.
En tant que collectionneur, s’il attachait de l’importance à la forme, il effectuait le choix du livre surtout en fonction de son contenu occulte. Ce qui est appelé communément « sciences occultes » aujourd’hui est en fait un terme générique englobant une multitude de matières, de disciplines à caractère occulte, c’est à dire réservé aux adeptes, hermétique et obscur.
Entre le XVe et le XIXe siècle s’étalent de nombreuses et diverses « matières occultes », ainsi, nous constatons que le contenu des livres plutôt spécialisé au XVe et XVIe siècles a tendance à se généraliser par la suite, et même à se vulgariser au XIXe siècle. Les amalgames de ces différentes et nombreuses disciplines augmentèrent au fur et à mesure que leur nombre croissait, créant contresens et erreurs quant à leur définition précise. Nous avons souvent vu certains auteurs n’hésitant pas à confondre alchimie et sorcellerie, pour ne citer que ces deux matières, ce qui est une erreur du point de vue historique et théorique.
Si nous voulons établir un classement fiable des livres de la bibliothèque de Stanislas de Guaita, il convient de bien différencier chacune des disciplines que renferment ces livres et de bien les y classer par la suite. Si nous reprenons le classement qu’effectua Wirth lorsqu’il s’occupa des livres pour la vente, nous constatons que les six catégories choisies ne sont pas suffisantes.
Dans la seconde catégorie par exemple, il aurait fallu séparer l’alchimie de la kabbale, qui n’ont rien à voir. Notre propre classement est probablement discutable lui aussi, mais il a finalement fallu faire le choix d’un minimum de regroupements des matières pour que cette étude garde son sens. Nous avons classé ces catégories en fonction de leur importance en nombre dans la bibliothèque, et la première des catégories fut notre première surprise.
1. Divers, 472 ouvrages : philosophie, langues, curiosités, sciences naturelles, poésie, événements politiques, contes, biographie, tradition, chimie, autre que ésotérisme.
2. Religions, 440 ouvrages : religions, spiritualité, mysticisme, miracles, apocryphes, apocalypse, paradis, enfer, paganisme, mythologie.
3. Esotérisme, 290 ouvrages : sciences occultes en général, hermétisme, livres traitant de plusieurs sujets occultes, ouvrages de vulgarisation.
4. Sorcellerie, 276 ouvrages : sorcellerie, démonologie, inquisition, exorcismes, possession, superstition populaire, lycanthropie.
5. Sociétés secrètes, 199 ouvrages : sociétés secrètes, franc-maçonnerie, Rose-croix, théosophie, martinisme, etc.
6. Alchimie, 182 ouvrages : alchimie, spagyrie.
7. Magie, 151 ouvrages : magie, histoire de la magie, talismans, nombres ; nous incluons dans cette catégorie les grimoires et les traités de secrets (au nombre de 71 dans le catalogue).
8. Magnétisme, 139 ouvrages : magnétisme, hypnotisme, psychisme, somnambulisme.
9. Divination, 111 ouvrages : divination, chiromancie, physiognomonie, toute forme de « mancie », cryptographie, songes, sibylles, baguette.
10. Prophéties, 66 ouvrages : prophéties, prédictions, futur.
11. Astrologie, 49 ouvrages : astrologie
12. Kabbale, 48 ouvrages : kabbale, cabale.
13. Spiritisme, 41 ouvrages : spiritisme, maisons hantées.
Soit 2464 traités en tout, certains ouvrages contenant plusieurs traités ayant été reliés ensemble. Il nous a semblé judicieux, dans un souci de précision, de tenir compte de ces 129 traités.
Guaita possédait donc un nombre important de livres qui n’ont rien à voir avec les sciences occultes, du moins représentent-ils la plus importante des catégories. Que pourrions nous tirer de cette surprenante constatation, bien embarrassante pour l’étude d’une bibliothèque qui se veut occulte ? L’idée nous a traversé l’esprit que Guaita avait pu récupérer les livres de son père après la mort de celui-ci (39). Il est vraisemblable que tous ses livres ne devaient pas traiter d’ésotérisme. Malheureusement, aucun indice n’est venu étayer cette supposition. Si Guaita avait lui-même acheté de nombreux livres en marge de sa propre collection, c’est, nous nous en doutons, qu’il ne passait pas la totalité de son temps à l’étude, et que depuis longtemps il s’était ouvert à la littérature. Rappelons que Guaita ne fut pas qu’un occultiste. Il avait surtout une forte culture littéraire et une grande passion pour la chimie.
Les livres de religion (c’est le nom que nous avons choisi pour une catégorie plus vaste en fait), arrivent en seconde position. Guaita recherchait les points d’encrage entre religion et occultisme. Là encore, même si nous touchons un domaine qui prétend à la connaissance du Divin, nous sommes loin de l’ésotérisme à proprement parler. D’une façon générale, les recherches de Guaita consistaient à tenter de synthétiser les différentes matières, et de dégager ensuite un principe commun; ce travail était très ciblé, et n’englobait pas véritablement la matière religieuse.
En revanche, on peut dire que la présence de tant de livres de cette nature dans les rayonnages de sa bibliothèque démontre bien l’intérêt porté au sentiment religieux (40), à ses manifestations sensibles, aux liens des mystiques avec Dieu, à l’histoire des idées, plus simplement au monde Divin dont il désire la connaissance. C’est lui même qui le dit dans Au seuil du mystère ; chacune des trois sciences d’Hermès correspondent aux trois mondes. Les kabbalistes (nous tenons Guaita pour tel) sont fascinés par les grands problèmes métaphysiques, et aspirent à la connaissance du monde divin. Les devins, astrologues, chiromanciens, physionomistes, cartomanciens, phrénologues, portés de préférence à la psychologie ou aux augures, déchiffrent le monde moral. Quant aux alchimistes, plus enclins à l’étude de la physique matérielle, ils sont les scrutateurs du monde naturel ou sensible.
Les livres traitant d’ésotérisme en général se retrouvent en troisième position, mais cela n’est pas très significatif. En effet, la plupart de ces ouvrages datent du XIXème siècle et sont des vulgarisations. Lorsque ce n’est pas le cas, le livre traite de deux ou de trois sujets occultes dont la lecture seule nous aurait permis de distinguer l’une ou l’autre catégorie, et que le titre de l’ouvrage ne laisse transparaître. Voilà en quoi notre classement n’est pas aussi impartial qu’il en a l’air.
Les livres de sorcellerie sont en quatrième position avec 276 occurrences. Le mal, ses résurgences, l’histoire de la sorcellerie dont les traités abondent, ont représenté une importante source d’étude pour définir l’une des principales notions de son oeuvre : le monde astral, « l’universel médiateur, serviteur de toutes les puissances bonnes ou mauvaises, apte à revêtir d’une apparence plastique et à draper dans son manteau d’étoffe sidérale le dragon Nahash (41)».
L’étude historique de la sorcellerie est basée sur les précieux témoignages que renferment ces livres. Les sorcières, dont notre époque garde une image bien romantique, n’étaient pas que de simples herboristes. L’histoire de la sorcellerie a fait un énorme bond en avant, modifiant notre vision dans ce domaine (42). Quelques faits nouveaux ; les sorcières étaient bien des sorcières. Notre époque surestime trop leur innocence (43), ne songeant qu’aux délires persécuteurs des XVIe et XVIIe siècles. Il est aussi notable que l’Inquisition ne s’est presque pas occupée de sorcières, alors que les tribunaux civils ont pour l’essentiel allumé les bûchers. Guaita ne fut pas un historien de la sorcellerie, mais plutôt un théoricien.
L’histoire de la sorcellerie n’est pour lui qu’une toile de fond, un support à quelque chose de plus troublant. Le diable, tel qu’il est décrit dans ces nombreux ouvrages, personnifié, cornu et grimaçant, lui paraît inacceptable. S’il ne nie pas l’existence du Mal, il refuse de lui donner une essence. Affirmer l’existence propre du diable, en tant qu’absolu du Mal, c’est nier Dieu. Etant une négation, il manque d’essence propre, tout comme l’ombre et le froid disparaissant dès l’arrivée de la lumière et de la chaleur, le diable n’est doué que d’une existence privative. A partir de ce postulat, Guaita va s’orienter vers l’étude de la sorcellerie sous toutes ces formes, et en rattacher les phénomènes au fameux « monde astral ».
Nous avons dénombré 199 livres concernant les sociétés secrètes, 182 ouvrages d’alchimie, 151 traitent de magie et 139 de magnétisme. Attardons nous un moment sur les livres d’alchimie, que Guaita possédait en quantité, alors qu’il ne nous laissa finalement que très peu d’écrits sur ce vaste sujet. Pour un collectionneur de livres d’occultisme, les livres d’alchimie sont de très loin les plus désirables, parce qu’ils sont le plus souvent richement illustrés. Du XVIe au XVIIIe siècles, les graveurs ont toujours redoublé de talent pour enrichir ces textes obscurs par des illustrations plus insondables encore. Leur collection ne saurait s’effectuer sur le seul critère du texte alchimique, mais aussi sur la mystérieuse beauté de leur représentation allégorique. Guaita en avait lu le contenu, et avait tenté de percer leur mystère, il nous en livre ses conclusions au chapitre VII de la Clé de la magie noire intitulé « magie des transmutations».
Il n’est rien de plus incompréhensible qu’un traité d’alchimie ; afin de nous en convaincre, il suffit d’ouvrir n’importe lequel d’entre eux pour être confronté d’emblée à un monde de portes dont nous aurions perdu les clés. L’alchimie est bien trop vaste pour que nous puissions convenablement nous étendre sur le sujet, aussi nous ne soulèverons que les points relatifs à Guaita. S’il pratiquait la chimie depuis son plus jeune âge, jamais, semble-t-il, Guaita ne pratiqua l’alchimie. Son savoir en ce domaine resta purement théorique, alors que l’alchimie reste une affaire d’expérimentation pratique.
Le plus précieux des livres, le Mutus liber (44), est un recueil de quinze planches dessinées au XVIIe siècle, qui représentent sans texte explicatif les différentes opérations à effectuer pour parvenir à la réalisation du grand œuvre. Il rappelle à l’alchimiste que le secret ne peut être percé sans manipulations effectives, douze planches sur quinze traitant de pratique. Le travail de recherche dans les livres est une étape, la dimension spirituelle a aussi son importance, mais ce qui prime selon le Mutus liber, c’est l’active recherche de l’alchimiste qui doit travailler la matière première avec ses mains pour atteindre au grand secret de la perfectibilité métallique.
Dans ces conditions, si Guaita n’a pu étudier que le seul aspect théorique de l’alchimie sans jamais pouvoir en vérifier la réalité par le travail en laboratoire, quelle valeur devons nous accorder à ses conclusions alchimiques dans son chapitre intitulé «magie des transmutations» ?
Il faudrait pour cela que nous ayons nous-même approché cette pratique en laboratoire pour nous permettre d’émettre un quelconque avis sur la question. Il existe cependant un document unique qui va nous éclairer sur les réelles connaissances de Guaita en alchimie (45). Il s’agit de notes attribuées à Fulcanelli (46) en marge d’un exemplaire de la Clef de la magie noire au chapitre consacré à l’alchimie (47).
Nous savons l’importance qu’accordait Fulcanelli à la pratique dans la réalisation du Grand Oeuvre et, quelle que soit la légende entourant le personnage, à savoir si oui ou non il découvrit le moyen de fabriquer la pierre transmutatoire puis la fameuse pierre philosophale, l’avis seul du manipulateur de la matière retiendra notre attention ici. Par trente-quatre fois, le mystérieux Fulcanelli éprouve le besoin d’annoter son exemplaire de remarques fort désobligeantes, dans la majorité des cas, à l’égard de l’exposé alchimique de Guaita.
Une seule remarque lui donne raison quant à l’extrême volatilité de l’acier des philosophes ; Fulcanelli souligne et note « très vrai », bien seule et noyée dans un flot de vingt-six notes moins engageantes. Il écrit par exemple, « archifaux, erreur commune à tous les débutants », ou bien « Contradiction de l’auteur avec le début, où il prend l’azoth et l’alcaest pour des synonymes ».
Puis les mots se durcissent au fur et à mesure de la lecture et l’on sent l’énervement prendre le pas sur l’agacement, « Quelle aberration, quelle confusion ! » note-t-il en réaction lorsqu’il découvre toute l’importance de l’emploi de l’agent électrique, nature de l’acier des sages selon Guaita, dans les opérations du grand œuvre. Lorsque est évoqué la possibilité pour le magicien de réaliser de l’or, Fulcanelli écrit : « C’est cette fâcheuse théorie, absurde autant que ridicule, qui a causé le dévoiement du regretté Albert Poisson. ».
Terminons par ces deux remarques, la première concerne un extrait de Philalèthe : « Malgré la belle clarté de ce passage, on voit que Guaita n’y a rien compris », la seconde se rapporte aux trois principes alchimiques (à savoir le soufre, le mercure et le sel) : « C’est une véritable salade russe », constate à juste titre notre mystérieux adepte.
L’examen de ce précieux témoignage est sans appel quant à la qualité des connaissances alchimiques de Guaita ; non pas que ces lacunes, jugées très graves par Fulcanelli, crucifient le Kabbaliste alchimiste à la croix de l’incompétence, nous n’aurons de cesse de le répéter: l’alchimie est affaire de pratique (48), dont l’étude théorique n’est que la première étape. Si l’on en croit Fulcanelli, Guaita ne fut donc pas, à proprement parler, un alchimiste, et s’il en étudia les délicats rouages, rien ne laisse supposer de la qualité de ses conclusions.
Guaita avait longtemps fréquenté cet alchimiste que Fulcanelli mentionne dans une de ses notes : Albert Poisson (1868-1894) (49). Tout comme lui, il possédait une très importante collection de livres anciens, mais sur le seul thème de l’alchimie. A. Poisson, selon V. E. Michelet (50), légua sa collection à Papus et au docteur Lalande (1868-1926), plus connu sous le pseudonyme de Marc Haven. Celui-ci refusa catégoriquement de disperser les livres selon le souhait d’Albert Poisson. Il écrivit à Papus, vers 1894 (51) :
« Poisson m’a dit mille fois que pour rien au monde il ne voulait voir sa bibliothèque séparée, vendue à des bouquinistes ou à Guaita. Vous, il vous aimait et respectait beaucoup mais vous considérait comme un saccageur de livres. A son entrée en mac : . où le testament est une épreuve, il a écrit et cela reste : je léguerais mes biens et mes livres à ceux qui continueront l’œuvre entreprise. Voilà les faits. J’en conclus une seule chose, c’est que je refuse absolument de prendre une portion de la bibliothèque de Poisson… »
On apprend que Poisson n’avait pas souhaité que Guaita puisse acquérir sa bibliothèque, probablement parce qu’il avait bien senti que celui-ci ne continuerait pas l’œuvre entreprise ; ceci nous conforte dans l’idée que jamais l’alchimie ne fut une priorité pour Guaita. Ainsi, cela a toujours été de l’ordre de l’anecdotique.
Une histoire alchimique peu connue vient renforcer un peu plus la légende d’un Guaita sulfureux. Nous le soupçonnions magicien noir ; il faut ajouter à cela une anecdote d’un certain Paul Schmid (52), racontant comment Papus fit de l’or avec Stanislas de Guaita (53). Il raconte :
« - C’est toute une histoire. Un jour, Guaita vint me trouver. Il avait acheté, sur les quais, un très vieux bouquin d’alchimie. Comme le dos était en très mauvais état, mon Guaita, bibliophile fervent, entreprit de le réparer. Au cours de cette opération, il découvre, dissimulé dans le dos du livre, un sachet de parchemin. Il l’ouvre et trouve, à l’intérieur, une poudre rouge. C’est alors qu’il vint me voir, m’apportant sa découverte.
- Qu’est-ce que cela ? dit-il. Serait-ce la pierre philosophale ? Qu’en pensez-vous ?
- J’étais aussi embarrassé que lui. La provenance de cette poudre, si bien cachée dans un livre d’alchimie, son aspect correspondant si exactement à ce qu’en ont écrit les vieux alchimistes m’avaient incité évidemment à penser que Guaita ne se trompait pas en supposant que nous avions, dans les mains, un peu de la pierre. »
Paul Schmid poursuit son récit, et nous rapporte l’expérience de la transmutation métallique, que Papus tente avec Guaita en suivant les indications du « bouquin ». Ils enrobent la poudre dans une boulette de cire, et fondent dans un creuset un morceau de tuyau de plomb, d’un poids correspondant à la quantité de poudre. Une fois le métal liquéfié, ils jettent la boulette de cire. Se produit une lueur verte et aveuglante « illuminant toute la pièce une fraction de seconde » qui apparaît dans le creuset. Le métal s’est spontanément solidifié en une masse jaune qui se révèle, après expertise à la Monnaie, être de l’or. M. Schmid termine:
« Après partage, nous l’avons fait transformer en breloques (54), et c’est l’une d’elles qui orne ma chaîne. Voilà comment j’ai fait de l’or, une fois dans ma vie. Malheureusement, je ne saurais recommencer !… »
Nous n’accordons qu’une valeur anecdotique à ce récit, qui valait tout de même la peine d’être signalé, ne serait-ce que pour préciser que ce témoignage est le seul à notre connaissance d’une quelconque manipulation alchimique effectuée par Guaita, si, selon Paul Schmid, manipulation il y eut. Une zone d’ombre subsiste pourtant, suffisamment éloquente pour exciter notre imagination, et apporter à cette anecdote un regain d’intérêt. Il existe une lettre de Papus adressée à Guaita, dans laquelle il fait mention « d’un présent, peut-être inestimable ».
« Comme vous pouvez le voir je réponds à votre lettre phrase par phrase. De là le décousu de ma missive. Je suis arrivé maintenant au sujet dont je voulais surtout vous parler. C’est avec un bien grand plaisir que j’ai reçu le présent peut-être inestimable que vous voulez bien m’envoyer. Je vais le soumettre à l’analyse chimique et, si je n’obtiens pas d’assez bons résultats ; j’emploierai des procédés plus sûrs et plus infaillibles. ( …) Pour en revenir donc à mon analyse je porterai le produit en question à un psychomètre (55) et nous verrons sa réponse. Je me permets de vous envoyer un échantillon que j’obtins jadis en vérifiant la méthode d’un alchimiste presque inconnu… » (56)
De fait, Guaita envoya à Papus une mystérieuse substance. On est tenté, à la lecture de la lettre, de mettre en parallèle les deux histoires. Malheureusement, l’anecdote racontée par Paul Schmid n’est pas datée.
Revenons à notre analyse ; il faut en retenir l’importante présence de livres qui n’ont rien à voir avec l’ésotérisme, et surtout un grand nombre de livres traitant de religion et de sorcellerie.
Cette analyse diachronique de la bibliothèque offre une vision échelonnée des centres d’intérêt du maître. La classification synchronique, quant à elle, est le véritable cordon ombilical qui relie intimement Stanislas de Guaita à sa bibliothèque, et c’est elle qui va nous permettre d’accéder plus finement au constat final.
Il est bon de revenir sommairement sur la synthèse guaitienne des trois mondes. L’univers, selon Guaita, comporte trois plans de réalité : le monde divin, le monde moral, et le monde astral. N’oublions pas le monde matériel dans lequel nous vivons, mais celui-ci pourrait presque être confondu, dans une certaine mesure, avec le monde astral, puisque l’axiome hermétique de la table d’émeraude « Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » (57), se réfère, toujours selon Guaita, à l’interaction de ces deux plans. L’homme possède en lui trois essences qui le font participer à la triple vie de l’univers : l’esprit, l’âme et le corps astral. L’homme est triple, et il est en rapport avec le triple univers. L’initié peut donc étudier chacun de ces plans, à savoir accéder à la connaissance du monde divin ou « Nature-naturante », au monde morale ou « Nature psychique et volutive » (c’est en terme courant l’étude de l’homme), et le monde astral ou « Nature-naturée » (c’est l’étude de l’univers).
Il va donc falloir procéder à un nouveau classement des livres de la bibliothèque, non plus en fonction de leur matière, mais en fonction de l’ordre transcendant dont ils émanent, l’ordre révélé par Guaita dans son œuvre. Le problème se pose maintenant de convenablement répartir les matières du précédent classement diachronique à l’intérieur de la fameuse synthèse des mondes.
1. La connaissance du monde divin, monde supérieur et intelligible, concerne essentiellement les livres traitant de religion (440 ouvrages), de kabbale (48 ouvrages), et les livres classés dans la rubrique sociétés secrètes (199 ouvrages), qui, à leur manière, tentent de décrypter les grands problèmes métaphysiques.
2. La connaissance du monde moral est illustrée par les livres de magnétisme (139), de divination (111), de prophétie (66), et d’astrologie (49).
3. Le monde astral, monde inférieur des énergies potentielles, se révèlera grâce aux livres de sorcellerie (276), de magie (151), et de livres traitant de spiritisme (41).
4. Enfin, le monde naturel ou sensible est scruté par les alchimistes (182).
Nous excluons de notre classement les livres précédemment classés dans la rubrique «divers», soit 472 ouvrages, et ceux de la rubrique « ésotérisme », qui ont tout de même 290 représentants, dont le titre, ne laissant transparaître qu’un contenu indéterminable, ne nous permet pas de trancher en faveur de l’une ou de l’autre catégorie. Il aurait été facile de les classer en vrac dans la catégorie du « monde moral », tout comme les « divers » dans le « monde naturel ou sensible » ; mais que dire des livres de poésie, par exemple, si nous envisagions de les rattacher à l’étude « du monde sensible » alors qu’ils aspirent de fait à de plus hautes conquêtes ? Un autre exemple : nous avons classé le Dictionnaire infernal de Collin de Plancy dans la catégorie « ésotérisme », car il traite de sorcellerie, de magie, de divination, de sciences secrètes, etc., il aurait été dommageable pour notre étude de le faire entrer de force dans l’une de ces catégorie, alors qu’il concerne chacune d’entre elles. Nous nous en tiendrons donc à ce schéma précis.
Il ressort de l’analyse synchronique de la bibliothèque les points essentiels suivants. Tout d’abord, Stanislas de Guaita était véritablement en quête de Dieu ; les livres qui prétendent à la connaissance du monde Divin s’y trouvent au nombre important de 687. Son ami de toujours, Maurice Barrès, avait bien senti en Guaita son attachement au divin, alors qu’aujourd’hui encore le maître lorrain passe invariablement pour un magicien noir. Cette sombre réputation n’est basée que sur une lecture superficielle de ses œuvres, et en particulier des titres accrocheurs qu’il a choisi de donner à ses ouvrages. Les 468 livres de la bibliothèque consacrés à cette partie des études du maître démontrent la place de choix réservée à l’œuvre proprement dite.
La connaissance de la nature psychique et volutive semble moins l’intéresser, toute proportion gardée, avec 365 livres, tandis que la connaissance du monde sensible représente le nombre le plus faible de livres (182).
Une bibliothèque, finalement, n’est rien de plus que l’être qui matérialise ses désirs avec des livres, ceux-ci étant fait de ceux-là et vice-versa. C’est ce lien invisible entre l’homme et ses ouvrages qui, nous l’avons vu, conduit à la connaissance réelle de l’énigmatique personnalité. C’est en ce sens, tout romantique qu’il soit, que l’on pourrait supposer que s’envolât définitivement l’âme du défunt Guaita, non pas à la mort physique du corps, mais à la dispersion effective des livres qui composèrent en grande partie sa vie et sa notoriété. Le lien ayant été établi entre Guaita et sa bibliothèque, c’est la recherche systématique des livres aujourd’hui dispersés qui pourra désormais nous éclairer sur les derniers secrets de la bibliothèque...
A suivre...
Frédérick Coxe
Notes:
36. Ouvrage datant des origines de l’imprimerie, antérieur à Pâques 1500. « Incunabulum », c’est à dire berceau.
37. Voir n°730 du catalogue. Cet ouvrage est remarquable à plus d’un titre. L’édition de Bâle, 1495, est extrêmement rare. Le catalogue de la vente Bechtel de 1978 n’en signale que cinq exemplaires, y compris l’exemplaire de Guy Bechtel ; les quatre autres faisant partie des bibliothèques de Besançon, de Versailles, de la Library of congress et de la Boston medical library. Nous connaissons à ce jour deux exemplaires en main privée. C’est le seul ouvrage illustré de sorcellerie paru au XVe siècle, dont la suite xylographique représente six scènes de sorcellerie sur sept bois que contient l’ouvrage. Molitor fut l’un des rares à réduire le pouvoir accordé aux sorcières, ou lamies, et à rejeter nombre de basses crédulités. Cet ouvrage a été réimprimé de nombreuses fois au XVIème siècle et plus tard. Retenons la reproduction en fac-similé de 1926 chez Nourry, traduit en français pour la première fois, et tiré à 500 exemplaires.
38. Notules sur l’art de distinguer les ouvrages provenant des bibliothèques de Monsieur Stanislas de Guaita.
Op. cit. L’intersigne, 1998. Le décompte s’effectue sur 2227 ouvrages.
39. Le père de Guaita était bibliophile. Wirth dans sa biographie de Guaita écrit p. 18 que « Le père de Stanislas y avait enrichi la bibliothèque en fin lettré. » L’oncle de Stanislas, Octave Grandjean (1820-1861), était également bibliophile. L’abbé Mattin Béhé note dans ses cahiers manuscrits que la vente des livres d’Octave Grandjean eut lieu à Paris, ce qui est le signe d’une riche collection. Stanislas de Guaita possédait un catalogue de la vente des livres de son oncle, qu’il avait fait relier à son chiffre : S. de G. (collection privée). Le catalogue contient une dizaine de livres consacrés à l’occultisme, notamment un très beau manuscrit de chiromancie.
40. « De naissance il possédait un magnifique sens religieux. » p.16, Maurice Barrès, Un rénovateur de l’occultisme – Stanislas de Guaita. Souvenirs par Maurice Barrès. Chamuel, éditeur, 1898.
41. Le Temple de Satan est un compte rendu de ces lectures.
42. Lire à ce sujet le livre référent de Guy Bechtel La Sorcière et l’occident. Plon, 1997.
43. Il ne faut pas non plus surestimer leur culpabilité. A part les « venefici », c’est à dire les auteurs d’empoisonnements, nous ne pouvons pas démontrer clairement que toute autre forme de sorcellerie ait eu un quelconque effet patent. Que dire des « incantatores » et des « fascinatores » par exemple ? Leur pouvoir, si pouvoir il y eût, est une question de croyance que l’historien ne peut résoudre.
44. Le Mutus liber est le plus rare des livres d’alchimie. Malgré la difficulté de se le procurer, Guaita en possédait deux exemplaires, n° 1645 et 1646 de son catalogue. Son second exemplaire est d’autant plus précieux qu’il contient un « livre muet » manuscrit. Il en existe trois éditions : l’originale fut publiée à La Rochelle chez Pierre Savouret en 1677, elle est de loin la plus recherchée ; la seconde est due au médecin et alchimiste genevois Manget, qui l’inséra à la fin du premier tome de sa Bibliotheca chemica curiosa, en 1702. Elle diffère de l’édition originale, car Manget fit graver les planches avec de menues différences, parfois fort dommageables pour l’adepte chercheur. La troisième édition du livre muet est sans lieu ni date, mais on peut la situer autour de 1725. Les costumes des personnages, Flamel et Perenelle, ont été changés pour d’autres datant du XVIIIe siècle dans cette édition. Mentionnons les manuscrits existants du Mutus liber, plus rares encore, compte tenu de l’extrême difficulté à reproduire fidèlement le dessin des quinze planches qui le composent.
45. Il convient de préciser que Guaita en maîtrisait parfaitement les concepts de base
46. Qui fut Fulcanelli, qui a fait naître de nombreuses théories sur son identité? Nous répondrons par cette seule note et renvoyons les curieux aux nombreux ouvrages consacrées à cette agaçante et passionnante affaire : Fulcanelli fut un ou plusieurs adeptes regroupés sous cet occulte pseudonyme (certains pensent même qu’il vit encore) qui produisit alchimiquement la pierre transmutatoire puis la pierre philosophale. Il disparut ensuite, laissant derrière lui deux ouvrages remarquables, Le Mystère des cathédrales et Les Demeures philosophales qui insufflèrent un nouvel engouement pour l’alchimie contemporaine, ainsi que la vaporeuse énigme de son identité et de sa réussite du grand œuvre.
47. Tiré de l’article de R. Amadou intitulé « l’Affaire Fulcanelli ». Dans l’autre monde, n°76 (1984). L’exemplaire est annoté des pages 755 à 790. Il provient de la bibliothèque de Jules Boucher, et c’est lui même qui attribue la provenance des notes au mystérieux Fucanelli. Le volume passa ensuite à un ami de M. Amadou, Robert Le Tourneur, puis dans les années 80 à un autre collectionneur ami de M. Le Tourneur. Nous retrouvons la trace de l’ouvrage à la vente aux enchères de Saint-Germain-en-Laye du 26 mai 1997, puis à la librairie de l’Intersigne où il fut vendu.
48. L’alchimie contemporaine ne se résume pas seulement à cette pratique que nous évoquons. Il existe un courant qui insiste sur l’aspect spirituel, sur le côté finalement tout immatériel de la découverte. Cette technique spirituelle est cheminement de l’œuvre.
49. Albert Poisson a successivement publié Cinq traités d’alchimie des plus grands philosophes (1890), Théories et symboles des alchimistes (1891), Etude sur la philosophie hermétique (1891), Le livre des feux de Marcus Graecus (1891), L’unité de la matière (1892), et Histoire de l’alchimie au XVe siècle – Nicolas Flamel, sa vie, ses fondations, ses œuvres (1893).
50. Les compagnons de la hiérophanie, Victor-Emile Michelet, 1977, p. 86.
51. Lettre de Marc Haven à Papus, non datée, fonds B.M.Lyon (ms 5488).
52. Tiré du livre de Pierre A. Riffard L’ésotérisme, Robert Laffont 1990. Paul Schmid, dont le pseudonyme était «Dace », fut un fidèle compagnon de Papus.
53. Dace, L’initiation, n°4, oct.-nov. 1974, p. 61-62.
54. Concernant l’existence de telles breloques, un seul indice. Guaita demande à Péladan dans la lettre n° 48 Des lettres inédites que l’on peut dater de septembre 1887 (il y est fait mention de la mort récente de son frère), Envoie-moi (…) en grande vitesse : ma montre avec sa chaîne. (Remerciements et explications à Alboyse.)
55. Le psychomètre est une personne qui aurait la faculté de déterminer exactement les corps qui composent un produit, simplement en le mettant sur son front.
56. Lettre de Papus à Stanislas de Guaita. Hiver-printemps 1888. L’Initiation n°3, (1989).
57. « Quod est inferius est sicut quod est superius »
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