lundi 29 septembre 2014

Un Songe de Poliphile de 1600 à 372 euros, un Ambroise Paré de 1575 à 1400 euros: au royaume des aveugles, les tarés sont rois

Amis Bibliophiles bonjour,
 
Ce qu'il y a de bien avec encheresbibliophiles.fr, c'est que c'est vous qui faites tout le travail. Par exemple, ce Poliphile, je ne l'avais pas vu apparaître sur ebay, comme le Paré C'est en consultant le site que je les ai découverts, un peu perdu au fin fond du classement pour le Poliphile, d'ailleurs.
 
Ils avaient tout pour plaire pourtant:
 
Pour le Poliphile: intérieur  en bon  état d'usage, quelques anciennes tâches d'humidité ici et là, couverture dans son état d'usage...
dimension : 26 cm x 19 cm, 154 feuillets pour 308 pages
mais 43 feuillet soit 86 pages et la page de titre sont des fac-similés
orné de 105 gravures et nombreuses vignettes sur bois d'époque  (les fac-similés ne sont pas comptés)
4 pages réparées et quelques pages dont la marge est rognée
la couverture n'est pas d'époque
Simple et efficace. Le vendeur n'est pas connaisseur.
  




 
Pour le Paré: Les OEUVRES de M. Ambroise Paré, conseiller, et premier chirurgien dy Roy, avec les figures & portraits tant de l' Anatomie que des inftruments de Chirurgie, & de plusieurs Monftres, le tout divifé en vingt fix livres, comme il eft contenu en la page fuyvante à Paris chez Gabriel Buon, année 1575 avec  [10] ff. n. ch. 946 p., et [22] ff. n. ch.: illustré d'un portrait de l' auteur et 300 figures sur bois in folio....
L' exemplaire est réglé, il comporte bien le rare portrait et "le sonnet de Pierre de RONSARD".
Pleine reliure veau ayant subit les usages du temps et de la servitude : plats frottés se détachant du dos qui est absent, coins arrondis, les nerfs sont présents et retiennent l' ensemble. Page de garde, page de titre, premier feuillet, page 817, moitie de la page 931 et 8 feuillets de table manquants, les 7 premiers feuillets se détachent, les pages ont quelques fois de légères mouillures, des salissures, quelques traces d' humidité....
 


  
Au final, à l'issue des enchères, le Poliphile a atteint 372 euros et le Paré 1387 euros. Ce qui me laisse dubitatif, mais alors vraiment dubitatif.
 
En fait, je ne comprends pas pourquoi acheter ce type d'ouvrage, si ce n'est peut-être pour les débiter en pièces, les dépecer pour en restaurer d'autres. Si ce n'est pas le cas, quel plaisir peut-on trouver à acquérir des ouvrages aussi mal en point. Je préfère de très loin, pour ma part, des ouvrages moins rares, peut-être, mais en meilleur état...
 
Et vous?
 
H
 

samedi 27 septembre 2014

Ebayana et Bibliophilie, livres anciens en vente sur ebay: belles reliures, EO, livres à planches, éditions du 16ème au 20ème siècle et curiosités

Amis Bibliophiles bonjour,

Voici une sélection de livres intéressants actuellement en vente sur eBay.

Vous pouvez en retrouver beaucoup plus sur http://encheresbibliophiles.fr/

 
 
En passant, j'ai ajouté de nouvelles catégories sur http://encheresbibliophiles.fr/, si vous aimez la philatélie, le militaria, la numismatique ou les antiquités en général, vous pourrez retrouver sur le site les objets de ces catégories toujours classés par critères: les plus suivis, les plus chers, les plus enchéris.
 

Les œuvres d’Alain Chartier, 1529
 


 


 
 
 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

H

mardi 23 septembre 2014

Un relieur méconnu: Le Comte de Caumont, un nom qui cache son jeu, un "ex-libris" trompeur.

Amis Bibliophiles bonjour,
 
Dans un catalogue de bibliothèque, la mention « ex-libris du Comte de Caumont » peut apparaître, comme par exemple ici :
 
 
Rien que de classique, l’ouvrage a semble-t-il appartenu à une bibliothèque de château, peut-être bien d’un membre de la famille bien connue de Caumont-La Force, illustre maison s’il en est, peut-être un cousin d’un duc de la Force.
 
Et pourtant cet ex-libris est assez étonnant :
 
 
Etiquette de Caumont, sur Boileau, Oeuvres, 1789.
 
Il ressemble assez à l’étiquette d’un relieur, avec son adresse : Numéro 1 Frith Street, Soho Square.
 
En fait, ce Comte de Caumont est un faux ami : ce n’est pas le propriétaire de l’ouvrage, mais bien son relieur.
 
Auguste-Marie de Caumont, né à Aumale le 29 octobre 1743, est issu de la petite noblesse de cette province, et n’a aucun rapport avec l’illustre famille homonyme (ni d’ailleurs avec la famille d’où sera issu Arcisse de Caumont). Son père est militaire ; il suivra cette voie, assez difficile pour qui n’est pas fortuné : une aide de Louis XV pour soutenir son rang de capitaine viendra la faciliter.
 
Il suivra une carrière plus brillante que celle de son père, et la Révolution le trouve « Lieutenant de roi » pour le château et la ville de Dieppe. Assez peu favorable aux nouvelles idées, il émigre en 1791, et arrive en 1796 à Londres.
 
Il faut trouver des ressources ; les métiers possibles sont larges, et Mr de Caumont choisit de s’établir relieur ; aidé en cela sans doute par une pratique amateur précédente ; et aussi par le parrainage du vicomte Fitzwilliam, qui lui commandera de nombreux travaux.
 
Il s’établit tout d’abord au 3 Poland Street (et non Portland Street comme on le lit parfois), de 1797 à 1800, puis au 39 Gerrard Street de 1800 à 1803, puis enfin au 1 Frith Street, jusqu’en 1814. Toutes ces adresses sont situées dans le quartier de Soho.
 
Son atelier est assez important : il emploiera jusqu’à cinq ouvriers, certains très qualifiés, et notamment deux relieurs connus, L. Cordeval, et Christian Kalthoeber (de 1807 à 1814), sous-traitant à l’occasion à Herring.
 
De ce fait, il est probable qu’il n’ait pas relié lui-même la plupart les ouvrages qu’on lui confiait… certains doutent même qu’il en ait relié un seul. Quoi qu’il en soit, son atelier était réputé, et le Comte de Caumont (qui tenait à ce titre, comme on le voit à son étiquette) avait su se créer une clientèle parmi la noblesse britannique.
 
Les émigrés français lui confient également des livres, comme par exemple Cléry, qui lui fait relier 150 exemplaires de son Journal, destinés à être offerts aux souverains d’Europe.
 
L’abbé Delille, émigré à Londres, lui fait relier les Jardins ; le Comte de Caumont réalise sans doute une reliure un peu trop riche par rapport à la commande, et lui réclame 24 francs, que Delille est bien en peine de payer.
 
Du coup il place ces vers dans son poème La Pitié,  qu’il lit à Caumont :
 
Que dis-je ? ce poème, où je peins vos misères,
Doit le jour à des mains noblement mercenaires ;
De son vêtement d’or un Caumont l’embellit,
Et de son luxe heureux mon art s’enorgueillit.
 
Caumont, alors, prend l’ouvrage, le relie somptueusement, et ne fait payer aucune des deux reliures.
 
L’anecdote est révélatrice, même si elle n’est pas forcément exacte. Toujours est-il que Caumont a effectivement relié les Jardins à de nombreuses reprises.
 
 
Fig 3. recueil de poésies et de portraits, vers 1800, in4, maroquin –
Vente Sothebys le 12 juin 2012 - Cummins
 
On retrouve ses reliures dans de nombreuses bibliothèques aristocratiques, et maintenant dans les grandes bibliothèques publiques, même si elles ne sont pas toujours identifiées.
 
 
Fig 4. Légende : Andreossi, Mémoires sur le lac Menzaleh et sur la vallée des lacs de Natron, Paris, exemplaire de George III, maroquin.
 
La plupart du temps sa marque se présente sous forme d’une étiquette de couleur (rose, rose foncé, jaune, vert, ou blanc), plus rarement d’une inscription au dos du volume. Mais de nombreuses reliures, notées dans son livre de compte et clairement identifiées, ne sont pas signées.
 
 
Fig 5. Virgile, Bucoliques, Didot, 1806, maroquin beige,
doublures de maroquin noir, Bodleian Library, Oxford.
 
Il n’a apparemment pas de style particulièrement reconnaissable ; travaillant le veau, le maroquin ou le vélin, produisant des reliures simples, jusqu’aux plus luxueuses.
 
 
Fig 6. Lady Sophia Burrelle, Poems, London 1793, vélin crème, British Library.
 
Le plus souvent les plats sont décorés, d’encadrements de frises ou  de filets dorés. Les dos présentent des nerfs peu marqués, soulignés de filets ; les caissons sont très ornés. Sur certaines reliures on reconnaît une rosace, emblématique de Kalthoeber.
 
 
Fig 7. Boileau, Oeuvres, Didot l’Aîné, 1789, détail d’un caisson.
 
Ses reliures se retrouvent dans de nombreuses collections publiques britanniques, à commencer par la Fitzwilliam Library, à Cambridge (plus de 150 références !), à la British Library bien sûr, à la Boddleian Library. Quelques-unes sont conservées en France, à la BNF notamment.
 
Le 21 avril 1814 il accompagne le Comte de Provence qui rentre en France. Il sera récompensé de sa fidélité par de nombreux témoignages : promu lieutenant-général, et grand-croix de l’ordre de Saint-Louis. Il se retirera peu après dans son château du Bois Clieu à Derchigny où il mourra en 1839, à l’âge de 90 ans.
 
 
 
Fig 8. Château de Bois Clieu à Derchigny.
 
 
Calamar