La ciselure des tranches dorées
des livres apparaît à la fin du Moyen Âge. Ce type de décor assez rare, connaît sa plus large utilisation
au milieu du XVIe siècle.
Reliure parisienne signée Jean Norvins, 1523, catalogue Berès, six siècles de reliures |
Reliures de l'atelier de Fontainebleau 1545, à gauche chiffre du roi dans un écu, à droite double F |
Cette ornementation en creux peut
reprendre les motifs frappés à froid sur les plats de l’époque.
Cette technique apporte cependant
le désavantage de denteler le bord des feuillets.
Les livres sont habituellement
ciselés sur dorure sur leurs trois tranches.
Reliures royales de la Renaissance |
Le décor réalise des rinceaux,
des fleurs, des chaînettes, des fleurons à l’antique. Au milieu du XVIe,
le dessin de la ciselure affectionne un motif mis à la mode dans les
encadrements des gravures des livres d’heures de Geofroy Tory ou dans son
Champfleury et dit « à l’antique » car inspiré des rinceaux de
l’antiquité. Ainsi appelle-t-on parfois les tranches ciselées des tranches antiquées.
On explique que le souci de
réaliser des tranches ciselées, assurément
coûteuses et prenant beaucoup de temps, se justifiait par l’habitude
encore vive de ranger les livres à plat.
Ce décor, luxueux par excellence,
contraste parfois avec la sobriété de la couvrure. Aussi n’est-il pas
impossible que des ouvrages originellement reliés en étoffe aient vu très tôt
leurs reliures fragiles remplacées.
Tranches ciselées de haut en bas livres de 1534, 1547, 1535. |
Les reliures de la librairie
de Fontainebleau, c’est à dire de la bibliothèque du roi, installée à
Fontainebleau de 1544 à 1570 offrent un bel ensemble de tranches ciselées. Les
décors tracés au poinçon, forment des réseaux réticulés, des vases, des
arabesques mais aussi parfois le chiffre du roi. Sous Henri II, l’atelier de
Fontainebleau pérennise l’usage de ce type de décor à la mode sous François 1er.
Tranches ciselées 1534, 1547. |
Marie-Pierre Lafitte et Fabienne
Le Bars les présentent en détails dans l’ouvrage paru en 1999, « reliures
royales à la Renaissance, la librairie de Fontainebleau ». Elles
regrettent que « la relative rareté des tranches ciselées en France…
explique sans doute la minceur de la littérature sur le sujet, tout comme
l’absence de vocabulaire fixé. »
Aussi ne sait-on pas précisément
qui de l’artisan doreur, relieur ou
ciseleur, réalisait ce travail dans les ateliers.
Reliure de Gruel, librairie Daniel Bayard |
Bien que ne disparaissant pas
totalement après le XVIe siècle, Macé Ruette l’utilise
magistralement, la ciselure des tranches ne revient véritablement à l’honneur
qu’au XIXe siècle avec la vogue historiciste. Si de grands noms de
la reliure (Lortic, Trautz-Bauzonnet, Cuzin, Capé, etc) en exécutent pour leurs
clients bibliophiles, les relieurs de livres de piété en usent largement. L’admirable Gruel par
exemple maîtrise la technique.
Lauverjat
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