Le bénin lecteur connaît certainement l’archevêque de
Bourges, Renaud de Beaune.
Armes de Renaud de
Beaune qui a écartelé les armes de son père Guillaume et de sa mère Bonne
Cotereau, écartelé au 1 et 4, de gueules à un chevron d’argent accompagné de 3
besants posés 2 et 1, au 2 et 3 d’argent à 3 lézards de sinople posés 2,1.
(Qu’on ne se méprenne pas, je ne viens pas ici faire de
l’ombre à l’inestimable libraire de Tarascon qui s’emploie régulièrement, avec
talent, à remettre à l’honneur des livres ou des auteurs édifiants et que je
salue bien amicalement).
Souvenez-vous :
Renaud de Beaune convainquit Henri IV que Paris vaut bien
une messe (selon la légende) et reçut l’abjuration du roi à
Saint-Denis le 25 juillet 1593.
Auparavant et depuis 1581, il était archevêque de Bourges.
Doté, selon Pierre Bayle, d’une mémoire considérable et de grandes facultés
d’éloquence, il nous a laissé nombre de plaquettes imprimées de ses discours
aux éditions multiples : Oraison
funèbre de la très-chrestienne , très illustre, très-constante, Marie royne
d’Ecosse, morte pour la foy, le 18 febvrier, 1587 par la cruauté des Anglois
heretiques, ennemys de Dieu”,
1588 ; Sermon funèbre prononcé aux obsèques de feu reverendissime et
illustriss[ime] René Card. De Birague Chancellier de France le 6 décembre 1583.
Paris, Gilles Beys ; Oraison funèbre faicte et prononcee....au
service de Anne de Thou, femme de Philippe Hurault, vicomte de Cheverny 26
octobre 1584, Paris, Mamert Patisson, Oraison funèbre faicte aux obsèques de la Royne,
mère du Roy, 1589, Pierre L'Huillier, Jamet Mettayer, ainsi que des ouvrages
religieux : Decreta Concillii provincialis patriarchalis provinciae
aquitanicae Biturigibus celebrati Mense, Anno Domini M.D. CXXXIIII” Paris
Federicum Morellum 1586 ; Les C.L. Pseaumes de David latins &
François, traduits par Mre Renaud de Beaune Archevesque de Bourges. Éditions
1587, 1595, 1612, 1613, 1639…
En
1588, aux États Généraux convoqués à Blois par le roi Henri III, il préside le
clergé. Cette charge lui fait obligation de répondre au discours d’ouverture du
roi.
La harangue faicte par le roy Henri troisième de France
et de Pologne à l’ouverture des Trois Estats generaux de son royaume, en sa
ville de Bloys, le seizième jour d’octobre 1588” à Paris, jouxte la copie
imprimée par Philippe Morel, Jamet Mettayer & Pierre L’Huillier, 1588,
in-12, 104 pages.
On trouve sous cette pagination avec une page de titre
séparée les Actes de la seconde séance des Estats generaux de France tenus à
Bloys le mardy 18 du mois d’octobre 1588 et la brève exhortation faite
aux estats de ce royaume par monsieur l’archevêque de Bourges par commendement
du Roy sur le serment solennel presté par sa majesté le mardi XVIIIe
jour d’octobre à l’assemblée des estats. Et encore la Requeste prononcée
par Monsieur de Bourges aux trois estats assemblés au chasteau de Blois le jour
de Ste Catherine 25 novembre 1588 et enfin la brève requeste faicte au
Roy par Monseigneur l’archevêque de Bourges.
L’éditeur
nous explique en préambule qu’il livre au lecteur les discours avant la fin des
États.
En effet, un discours désavoué par Renaud de Beaune et parfois
attribué à Jean de Caumont
était déjà paru, rapidement, pendant la tenue des Etats : La harangue et proposition
faicte au Roy sur l’union de toute la noblesse Catholique de France présentée
au Roy. Par Monsieur de Mande Archevesque de Bourges” André le Coq, 1588, in-12, 22
pages.
Renaud
de Beaune avait été évêque de Mende en 1568. Ce texte paraît aussi chez Jehan
Morin à Paris.
Le
désaveu de cette pièce se trouve en avertissement de la Briefve Exhortation
faicte aux Estats de ce royaume, par Monsieur l’Archevesque de Bourges, par
commandement du Roy, sur le serment solennel presté par sa Majesté: & par
luy requis de ses subietcts, pour l’entretenement de l’Edict d’Union, le mardi
xviii d’octobre, 1588 après l’ouverture des Estats” A Lyon, Benoist Rigaud,
sd [1588] in-12 14 pp.,
Ici
en édition séparée.
Elle
répond au discours du roi appelant à l’union des catholiques
Renaud
de Beaune ne s’en tient pas là :
La harangue faicte par Monsieur l’Archevesque de Bourges,
eslu & député par l’assemblée du Clergé vers le Roy, contenant la misère
& calamité de son pauvre peuple. Prononcé à Blois devant sa Majesté, le
vingt-cinquièsme Novembre, 1588.” à Troyes Jean Moreau, in-12 20 pp.,
L’édition collective ci-dessus porte un titre un peu différent (Requeste
prononcée par Monsieur de Bourges…).
Ce texte se retrouve aussi sous le titre : La
Harangue sur la diminution des tailles au soulagement du pauvre peuple,
prononcée en l'assemblée des trois Estats, le 25 novembre 1588, par monsieur
l'archevesque de Bourges 1588, Paris M.
Jouïn.
Puis, en décembre : Première remontrance faicte au
Roy par M l’Archevêque de Bourges , au nom des Estats, pour le soulagement
& descharges du peuple, de ce qui est accreu des tailles & impositions
depuis les derniers Estats de Bloys, le samedi III Décembre 1588, A Bloys
pour Jamet Mettayer, P. L’Huillier, 17 pages
Ce discours porte aussi le titre de seconde requeste
faicte au roi…
Henri III fait assassiner le duc de Guise le 23 décembre et
son frère le Cardinal le 24.
Sa mère, Catherine de Médicis meurt le 5 janvier 1589.
Assassinat du
cardinal de Guise, Le martyre des deux frères, 1589.
Renaud de Beaune intervient encore une fois :
Déclamation
ou harangue faicte aux Estats tenus à Bloys. Par Monsieur l’Archevesque de
Bourges, Patriarche, Primat d’Aquitaine, Président en l’Estat Ecclesiastique
ausdicts Etats, le dimanche XV jour de janvier 1589" A Lyon par Jean Pillehotte
1589, in-12 69 pp
Les
États se clôturent le lendemain seize janvier 1589, dans un climat menaçant
d’effervescence de la Ligue, sur un échec complet.
Que
faut-il retenir de tout cela me direz-vous ? Sans doute l’édition de ces
discours, petites plaquettes vite composées et de peu de pages, demandant peu
de matériel typographique était- elle lucrative pour les imprimeurs et
libraires (Mettayer, L’Huillier,...) attachés à la cours à Paris, Tours et
Blois. À Lyon, à Troyes, à Paris d’autres imprimeurs s’emparent des opuscules
de leurs confrères et multiplient les éditions.
Voici
l’occasion pour le bibliophile de vérifier éditions et rééditions, plagiats et
copies non autorisées, fausses attributions, impressions collectives et
impressions partagées. Plus d’un motif pour explorer les bibliothèques,
dépouiller les catalogues et consulter les bibliographies. Le rêve, non ?
Lauverjat
Belle réunion d’Ephémères ! Merci Lauverjat !
RépondreSupprimerOn ne dira jamais assez tout ce que l’Histoire de France doit à la Bourgogne.
Dans un même ordre d’idée, j’avais réuni quelques occasionnels sur l’assassinat de bon roi Henri :
« Sur Harangue Funèbre sur le trépas du Grand Henry IIII du nom, Roi de France et de Navarre. Prononcée dans l'église de S. Estienne du mont, le 22 juin 1610 » ou « Oraison funèbre sur le trépas d’Henri le Grand IIII du nom Roy de France et de Navarre, très chrétien, très victorieux, très auguste et père du peuple. Prononcée à l'église Royale de S. Aignan à Orléans, le samedi 12e jour de juin 1610. ».
Moins drôle qu’un livre de fêtes mais tout aussi rare…
Textor
L'histoire nous rappelle que Renaud de Beaune, alors archevêque de Bourges, fut celui qui, plus tard, reçut l'abjuration de Henri de Navarre qui dut se convertir au catholicisme pour faire valoir ses droits sur la couronne française...
RépondreSupprimerIl fallait être courageux (ou vouloir être martyr) pour faire publier ces éphémères qui ne semblent pas favorables au futur monarque.
Gros travail de recherche. Bravo Lauverjat ! Pierre
on imagine les heures, les journées, à farfouiller sur les quais, au fond des boutiques, dans des piles de documents "divers"... et ensuite, en trouvant une brochure : "voyons, celle-ci, je l'ai déjà, ou non ? il y a "exhortation", ou "harangue" ? l'imprimeur, la date, est-ce que tout y est ?"
RépondreSupprimerQue d'angoisses !
bravo Lauverjat !