lundi 15 décembre 2014

Renaud de Beaune ou laa quête des éphémères* en 1588-1589 (* éphémère: petite publication, autrement appelé occasionnel)

Amis Bibliophiles bonjour,
 
Le bénin lecteur connaît certainement l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune.
 
 
Armes de Renaud de Beaune qui a écartelé les armes de son père Guillaume et de sa mère Bonne Cotereau, écartelé au 1 et 4, de gueules à un chevron d’argent accompagné de 3 besants posés 2 et 1, au 2 et 3 d’argent à 3 lézards de sinople posés 2,1.
 
(Qu’on ne se méprenne pas, je ne viens pas ici faire de l’ombre à l’inestimable libraire de Tarascon qui s’emploie régulièrement, avec talent, à remettre à l’honneur des livres ou des auteurs édifiants et que je salue bien amicalement).
 Souvenez-vous :
Renaud de Beaune convainquit Henri IV que Paris vaut bien une messe (selon la légende) et reçut l’abjuration du roi à Saint-Denis le 25 juillet 1593.
 
Abjuration de Henri IV, évêque de Bourges en bas
 
Auparavant et depuis 1581, il était archevêque de Bourges. Doté, selon Pierre Bayle, d’une mémoire considérable et de grandes facultés d’éloquence, il nous a laissé nombre de plaquettes imprimées de ses discours aux éditions multiples : Oraison funèbre de la très-chrestienne , très illustre, très-constante, Marie royne d’Ecosse, morte pour la foy, le 18 febvrier, 1587 par la cruauté des Anglois heretiques, ennemys de Dieu”, 1588 ; Sermon funèbre prononcé aux obsèques de feu reverendissime et illustriss[ime] René Card. De Birague Chancellier de France le 6 décembre 1583. Paris, Gilles Beys ; Oraison funèbre faicte et prononcee....au service de Anne de Thou, femme de Philippe Hurault, vicomte de Cheverny 26 octobre 1584, Paris, Mamert Patisson, Oraison funèbre faicte aux obsèques de la Royne, mère du Roy, 1589, Pierre L'Huillier, Jamet Mettayer, ainsi que des ouvrages religieux : Decreta Concillii provincialis patriarchalis provinciae aquitanicae Biturigibus celebrati Mense, Anno Domini M.D. CXXXIIII” Paris Federicum Morellum 1586 ; Les C.L. Pseaumes de David latins & François, traduits par Mre Renaud de Beaune Archevesque de Bourges. Éditions 1587, 1595, 1612, 1613, 1639…
 

 
En 1588, aux États Généraux convoqués à Blois par le roi Henri III, il préside le clergé. Cette charge lui fait obligation de répondre au discours d’ouverture du roi.
La harangue faicte par le roy Henri troisième de France et de Pologne à l’ouverture des Trois Estats generaux de son royaume, en sa ville de Bloys, le seizième jour d’octobre 1588” à Paris, jouxte la copie imprimée par Philippe Morel, Jamet Mettayer & Pierre L’Huillier, 1588, in-12, 104 pages.
 
 
 
On trouve sous cette pagination avec une page de titre séparée les Actes de la seconde séance des Estats generaux de France tenus à Bloys le mardy 18 du mois d’octobre 1588 et la brève exhortation faite aux estats de ce royaume par monsieur l’archevêque de Bourges par commendement du Roy sur le serment solennel presté par sa majesté le mardi XVIIIe jour d’octobre à l’assemblée des estats. Et encore la Requeste prononcée par Monsieur de Bourges aux trois estats assemblés au chasteau de Blois le jour de Ste Catherine 25 novembre 1588 et enfin la brève requeste faicte au Roy par Monseigneur l’archevêque de Bourges.
L’éditeur nous explique en préambule qu’il livre au lecteur les discours avant la fin des États.
 
En effet, un discours désavoué par Renaud de Beaune et parfois attribué à Jean de Caumont était déjà paru, rapidement, pendant la tenue des Etats : La harangue et proposition faicte au Roy sur l’union de toute la noblesse Catholique de France présentée au Roy. Par Monsieur de Mande Archevesque de Bourges” André le Coq, 1588, in-12, 22 pages.
 
 
Renaud de Beaune avait été évêque de Mende en 1568. Ce texte paraît aussi chez Jehan Morin à Paris.
 
Le désaveu de cette pièce se trouve en avertissement de la Briefve Exhortation faicte aux Estats de ce royaume, par Monsieur l’Archevesque de Bourges, par commandement du Roy, sur le serment solennel presté par sa Majesté: & par luy requis de ses subietcts, pour l’entretenement de l’Edict d’Union, le mardi xviii d’octobre, 1588 après l’ouverture des Estats” A Lyon, Benoist Rigaud, sd [1588] in-12 14 pp.,
Ici en édition séparée.
 
Elle répond au discours du roi appelant à l’union des catholiques
 
 
Renaud de Beaune ne s’en tient pas là :
La harangue faicte par Monsieur l’Archevesque de Bourges, eslu & député par l’assemblée du Clergé vers le Roy, contenant la misère & calamité de son pauvre peuple. Prononcé à Blois devant sa Majesté, le vingt-cinquièsme Novembre, 1588.” à Troyes Jean Moreau, in-12 20 pp., L’édition collective ci-dessus porte un titre un peu différent (Requeste prononcée par Monsieur de Bourges…).
Ce texte se retrouve aussi sous le titre : La Harangue sur la diminution des tailles au soulagement du pauvre peuple, prononcée en l'assemblée des trois Estats, le 25 novembre 1588, par monsieur l'archevesque de Bourges 1588, Paris M. Jouïn.
 
 
 
Puis, en décembre : Première remontrance faicte au Roy par M l’Archevêque de Bourges , au nom des Estats, pour le soulagement & descharges du peuple, de ce qui est accreu des tailles & impositions depuis les derniers Estats de Bloys, le samedi III Décembre 1588, A Bloys pour Jamet Mettayer, P. L’Huillier, 17 pages
Ce discours porte aussi le titre de seconde requeste faicte au roi
 
Henri III fait assassiner le duc de Guise le 23 décembre et son frère le Cardinal le 24.
Sa mère, Catherine de Médicis meurt le 5 janvier 1589.
 
Assassinat du cardinal de Guise, Le martyre des deux frères, 1589.
 
Renaud de Beaune intervient encore une fois :
Déclamation ou harangue faicte aux Estats tenus à Bloys. Par Monsieur l’Archevesque de Bourges, Patriarche, Primat d’Aquitaine, Président en l’Estat Ecclesiastique ausdicts Etats, le dimanche XV jour de janvier 1589" A Lyon par Jean Pillehotte 1589, in-12 69 pp
 
 
 
Les États se clôturent le lendemain seize janvier 1589, dans un climat menaçant d’effervescence de la Ligue, sur un échec complet.
 
 
Que faut-il retenir de tout cela me direz-vous ? Sans doute l’édition de ces discours, petites plaquettes vite composées et de peu de pages, demandant peu de matériel typographique était- elle lucrative pour les imprimeurs et libraires (Mettayer, L’Huillier,...) attachés à la cours à Paris, Tours et Blois. À Lyon, à Troyes, à Paris d’autres imprimeurs s’emparent des opuscules de leurs confrères et multiplient les éditions.
 
Voici l’occasion pour le bibliophile de vérifier éditions et rééditions, plagiats et copies non autorisées, fausses attributions, impressions collectives et impressions partagées. Plus d’un motif pour explorer les bibliothèques, dépouiller les catalogues et consulter les bibliographies. Le rêve, non ?
 
Lauverjat

3 commentaires:

  1. Belle réunion d’Ephémères ! Merci Lauverjat !

    On ne dira jamais assez tout ce que l’Histoire de France doit à la Bourgogne.

    Dans un même ordre d’idée, j’avais réuni quelques occasionnels sur l’assassinat de bon roi Henri :
    « Sur Harangue Funèbre sur le trépas du Grand Henry IIII du nom, Roi de France et de Navarre. Prononcée dans l'église de S. Estienne du mont, le 22 juin 1610 » ou « Oraison funèbre sur le trépas d’Henri le Grand IIII du nom Roy de France et de Navarre, très chrétien, très victorieux, très auguste et père du peuple. Prononcée à l'église Royale de S. Aignan à Orléans, le samedi 12e jour de juin 1610. ».

    Moins drôle qu’un livre de fêtes mais tout aussi rare…

    Textor

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  2. L'histoire nous rappelle que Renaud de Beaune, alors archevêque de Bourges, fut celui qui, plus tard, reçut l'abjuration de Henri de Navarre qui dut se convertir au catholicisme pour faire valoir ses droits sur la couronne française...

    Il fallait être courageux (ou vouloir être martyr) pour faire publier ces éphémères qui ne semblent pas favorables au futur monarque.

    Gros travail de recherche. Bravo Lauverjat ! Pierre

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  3. on imagine les heures, les journées, à farfouiller sur les quais, au fond des boutiques, dans des piles de documents "divers"... et ensuite, en trouvant une brochure : "voyons, celle-ci, je l'ai déjà, ou non ? il y a "exhortation", ou "harangue" ? l'imprimeur, la date, est-ce que tout y est ?"
    Que d'angoisses !
    bravo Lauverjat !

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