Amis Bibliophiles bonjour,
"C'est quoi Le Bon Coin?", disait récemment quelqu'un qui s'estime assez proche des français pour recueillir leurs suffrages à l'élection présidentielle, et dont on connaît l'appétit gourmand pour des dépenses électorales qu'il faut (bien) financer...
Laissez-moi vous conter une histoire, qui, justement, débute sur Le Bon Coin. Je connais bien sûr ce site, et même si je m'y rends très rarement, et en tout cas jamais pour les livres précieux, je sais que vous quelques uns à espérer y faire de belles affaires. Je manque hélas de temps, et l'ergonomie du site termine de me dissuader d'y consacrer ne serait-ce quelques minutes.
Il est pourtant des vendeurs, qui ne connaissant pas les circuits habituels (libraires, sociétés de ventes aux enchères, ebay par exemple) utilisent Le Bon Coin pour vendre des objets précieux. On y trouve des voitures de collection, de nombreux châteaux et sans doute de nombreux autres objets précieux. Pour les dénicher, il faut faire preuve de patience ou de chance, mais ce n'est pas tout, il faut également savoir reconnaître une bonne affaire.
La petite histoire de la bonne affaire qui nous occupe aujourd'hui, justement, a débuté sur Le Bon Coin. Je vais vous la conter. Elle n'est sans doute pas totalement exacte, mais j'ai pu rassembler des informations auprès de quelques personnes pour essayer de la reconstituer.
Il y a quelques mois, un vendeur non-professionnel mettait en vente sur Le Bon Coin un lot d'authentiques oeuvres de jeunesse, de papiers et de dessins divers de Henri de Toulouse-Lautrec, pour quelques centaines d'euros. Elles y restèrent quelques semaines, sans trouver preneur.
Lassé le vendeur décida de mettre le tout en vente sur ebay, sans plus de succès dans un premier temps, avant finalement de vendre le tout pour quelques milliers d'euros à un acheteur bien avisé. Dans l'intervalle, le lot avait néanmoins été repéré (notamment via encheresbibliophiles.fr sauf que moi, voilà, je n'y connais rien dans ce domaine...) et plusieurs acheteurs tentèrent de racheter le lot, sans succès, certains étant prêts à mettre sur la table quelques dizaines voire quelques centaines de milliers d'euros... Sans succès. En effet, la transaction était déjà faite, on parle de quelques milliers d'euros et d'un pourcentage sur des ventes futures. Tout ceci se déroule, et c'est assez logique, dans la région de Toulouse...
Coïncidence? Dans la Gazette de l'Hôtel Drouot, on trouve en page 17 l'annonce d'une prochaine vente (le 25 juin) d'un "important ensemble d'oeuvres d'Henri de Toulouse-Lautrec", dont deux aquarelles, une suite de dessins, et un cahier.
Les détails de la vente: http://www.interencheres.com/fr/meubles-objets-art/tableaux-anciens-et-modernes-dont-ensemble-toulouse-lautrec-ie_v76394.html
Je ne sais si ces deux lots n'en sont qu'un, la coïncidence reste malgré tout assez forte, de même que les estimations d'ailleurs, puisque nous sommes passés de quelques centaines d'euros sur Le Bon Coin à... 700 000 euros pour l'estimation haute cumulée.
Bon, plusieurs choses, on espère pour le vendeur initial qu'il sera (encore) intéressé à cette vente, si le nombre d'intermédiaires ne s'est pas multiplié en quelques mois.
On se dit aussi que finalement, peut-être qu'il faudrait passer plus de temps sur Le Bon Coin (pour renoncer aussi vite)...
On se dit enfin que la France est encore riche de trésors, entre un Renoir, un Caravage, des Toulouse-Lautrec qui ont été récemment découverts...
On se dit aussi que finalement, peut-être qu'il faudrait passer plus de temps sur Le Bon Coin (pour renoncer aussi vite)...
On se dit enfin que la France est encore riche de trésors, entre un Renoir, un Caravage, des Toulouse-Lautrec qui ont été récemment découverts...
Cette leçon vaut bien un fromage.
H
Bonjour,
RépondreSupprimerIl me semble que le premier vendeur peut se faire connaître et demander en justice sa part du gâteau, je crois qu'il y a (parmi d'autres j'imagine) un précédent pour des oeuvres de W. Blake. A vérifier mais je suis certains que d'autres lecteurs pourront en dire plus !
C'est certes injuste (moralement/philosophiquement/autre adjectif au choix), mais je vois mal en quoi la justice des hommes pourrait trouver à redire sur la vente d'un bien librement consentie et à prix marqué.
RépondreSupprimerCeci dit je ne suis pas juriste.
Nicolas
Cela me rappelle l'histoire du piano de Berlioz réapparu en 2015 sur le bon coin après 150 ans de disparition.Emmaüs avait refusé de le reprendre, Il a alors été mis en vente sur ce site et des spécialistes l'ont rapisement identifié par son numéro de série. Il a suscité des offres bien plus hautes que le prix de 800 euros. Après un détour à Amsterdam pour restauration, il est finalement retourné dans la maison natale de Berlioz Pour 55000 euros révision incluse. http://www.lefigaro.fr/musique/2015/06/25/03006-20150625ARTFIG00107-le-piano-de-berlioz-retrouve-sur-le-bon-coin.php
RépondreSupprimerDaniel B.
Il faut avoir une âme d'explorateur, d'aventurier, pour chercher un livre précieux sur "Le bon coin" ! C'est un peu comme rechercher une pierre précieuse dans un gisement minier... Chronophage et pas sans danger puisqu'une procédure d'indemnisation est envisageable. Pierre
RépondreSupprimerEn fait, si les oeuvres ont été vendues sans indication du nom de l'auteur, le vendeur peut obtenir en justice la nullité de la vente pour erreur sur la substance. C'est ce qui explique que les acheteurs avisés soient le plus discrets possibles sur leurs bonnes fortunes.
RépondreSupprimerMerci pour cette précision Pierre, j'ignorais totalement ce point de droit.
RépondreSupprimerNicolas
Je confirme ce que dit Pierre (ayant été confronté à ce cas de figure, mais pour des sommes bien moindres !!!).
RépondreSupprimerD'autre part, la jurisprudence oblige un antiquaire, par exemple, si il est prouvé qu'il a connaissance ou intuition de la grande valeur d'un objet donné, à communiquer au vendeur une estimation honnête du dit objet...
B.
cf l'affaire Poussin : http://www.village-justice.com/articles/Fragonard-Poussin,12558.html
RépondreSupprimerTiens justement il y a un Boldini, sur le boncoin !
RépondreSupprimerB.