lundi 21 mai 2007

Des tirages au 17ème siècle....

On évalue le nombre des incunables qui sortirent des presses à un total compris entre 15 et 20 millions d'ouvrages... Difficile aujourd'hui de se représenter les tirages des livres anciens, qui nous semblent désormais toujours trop rares (sauf si on aime Massillon et Bourdaloue!).


Au fil de mes pérégrinations bibliophiles, que le blog rend de plus en plus nécessaire, pour nourrir vos appétits insatiables et gourmets, au fil de mes pérégrinations donc, je suis tombé sur un texte concernant les tirages qui étaient communément pratiqués au cours du 17ème siècle.

A votre avis, combien d'exemplaires d'un ouvrage étaient imprimés au milieu du 17ème siècle à Paris? dix exemplaires, cent, mille, dix mille, plus? C'est une question que je me suis souvent posée.

Une étude effectuée sur la base des privilèges accordés, et qui étaient obligatoires pour mettre un livre sous presse, pour l'année 1644 à Paris, nous apprend qu'en fait environ 1000 privilèges furent accordés. Un nombre important pour un monde de l'édition parisienne alors en plein prospérité. Songez ainsi que l'on est passé de 164 ouvrages différents en 1600 à ces 1000 obtenus pour l'an 1644.

En fait, pour ces 1000 éditions, le tirage variait à chaque fois entre 1000 et 1500 exemplaires.... On peut en tirer deux enseignements à titre privé :

1. Pour 1644 uniquement, et seulement à Paris, c'est près d'un million d'exemplaires qui furent imprimés... Le chiffre laisse rêveur et permet également d'imaginer la part importante de ces volumes qui ne résistèrent pas aux aléas de l'histoire.

2. Plus simplement, si vous possédez un ouvrage de cette période... vous pouvez également considérer qu'il n'a qu'un bon millier de frères de la même édition. Pour les ouvrages qui ne furent jamais réédités, cela devient vertigineux et assez intéressant si on veut mettre en perspective l'âge d'un livre, sa valeur éventuelle, sa rareté et tout ce qui a pu lui arriver aux cours des 4 derniers siècles.



Sur le plan historique, cela signifie également que le marché était capable d'absorber ce million d'exemplaires par an...ce qui n'est pas rien... Je n'ai pas de chiffres pour 1650, mais songez qu'il n'y avait que 194 liseurs/lecteurs à Paris entre 1500 et 1600.


Quand une nouvelle acquisition vient rejoindre ma bibliothèque, il n'est pas rare que je la garde longuement entre les mains, essayant d'imaginer sa vie : qui l'a achetée pour la première fois, a-t-elle voyagé, comment a-t-elle survécu aux affres de la Révolution et de la Terreur, puis aux guerres Napoléoniennes, mondiales, etc. Aussi je suis assez avide de tout type d'information pouvant replacer le livre dans son contexte historique... je rêve d'une traçabilité en fait!

H
Images : deux acquisitions récentes : les Liaisons Dangereuses, 1782, deux volumes in-12, et une jolie reliure... dénichée à pas cher sur ebay...

3 commentaires:

  1. La traçabilité totale enlèverait toute la part du mystère persistant qui fait tout le charme de l'acquisition. Un indice, une supposition, une découverte fortuite, deux mots à l'encre sur une page de garde... et de là nait l'histoire du livre.

    Bonne soirée,

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  2. Ou alors, aller rechercher dans les archives des éditeurs, savoir qui a payé un exemplaire de l'oeuvre possédée. Long, mais agréable. :)

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  3. ce que j'aime dans les livres anciens, c'est leur vécu (un peu comme pour les meubles ou les maisons; je préfére "l'ancien" (ça ne va pas faire plaisir à mon épouse. Quoique! elle vieillit tout comme moi; alors moi qui aime l'ancien je lui dis avec malice, plus le temps passe plus je t'aime).
    trève de plaisanteries
    ce que j'aime, quand je collationne un livre, c'est de toucher le papier, voir comment il se tient, le sentir aussi, que d'odeurs différentes on peut rencontrer.
    il m'est arrivé de trouver des lettres ou des fragments de lettres, témoins d'une vie d'anomymes, sortis pour un instant de leur anomymat.
    quand je songe à ce qu'ont traversé ces "voyageurs du temps", ça me donne parfois le vertige.

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