mardi 22 mai 2007

Un livre à l'honneur : Les Oeuvres d'Ambroise Paré

Le 22 avril 1575, un titre majeur dans l'histoire du Livre Ancien sort des presses, il s'agît des oeuvres complètes d'Ambroise Paré. Ouvrage protéiforme qui connût plusieurs rééditions, il est également connu pour la richesse et la diversité de son iconographie.


Bien que d'origine modeste et ayant fait son apprentissage chez un barbier, Ambroise Paré (1510 - 1590) est considéré comme le père de la chirurgie moderne. C'est sur les champs de bataille que celui qui déclarait n'avoir jamais lu le Gallien apprît réellement son métier et révolutionna la discipline. En effet, les nouvelles armes de l'époque (on s'ébouillante et on s'arquebuse à tout va) nécessitent une nouvelle approche. Il sera ainsi le premier à démontrer que les tirs d'arquebuse ne sont pas empoisonnés. Il publiera d'ailleurs un texte souvent oublié dès 1545, "La manière de traicter les playes faictes tant par harquebutes que par les autres batons à feu" (sic).




Paré est également connu pour son observation attentive des cadavres et pour avoir pratiqué la première ligature des artères lors d'une amputation. Cette technique innovante remplace dès lors la cautérisation au fer rouge (Aïe) et sauve la vie des patients. Il soigna de nombreux patients directement sur le champ de bataille ou dans les villes assigées au cours de sa carrière. C'est après avoir brillamment guéri le duc de Guise, en 1551 que Paré fut nommé Premier Chirurgien du Roi.



Ses découvertes couvrent un très vaste domaine, des instruments à d'autres plus étonnantes. Ainsi, en 1557, au siège de St Quentin en Picardie, il note que les asticots d'une certaine mouche aident à la cicatrisation des plaies de blessés. Cette thérapie aujourd'hui développée ou redécouverte, est notamment utile contre les souches nosocomiales de bactéries.



Le 29 juin 1559, Ambroise se trouve avec le célébrissime Vésale au chevet de Henri II, gravement blessé lors d'un tournoi. Le 10 juillet, Henri II s'éteint sans que les deux plus grands médecins de son temps puissent le sauver.

Le 1er janvier 1562, Ambroise Paré est nommé premier chirurgien d'un autre Roi (Charles IX), c'est aussi le début de la première guerre religieuse à laquelle Ambroise participe (en qualité de chirurgien) avec l'armée royale (il échappe d'ailleurs de peu à la sanglante Saint-Barthélémy puisqu'il est dans la chambre de Coligny au moment où l'amiral est assassiné). Le 15 octobre, le roi de Navarre est blessé. Il devient alors le patient de Paré. Malheureusement, le souverain décède peu de temps après, le 17 novembre. Pas de bol. (sourire, il faut bien se détendre un peu).

Autodidacte ne sachant ni le grec ni le latin, il publia à dessein ses ouvrages en français, avec les encouragements de la cour et de ses illustres contemporains, dont Pierre de Ronsard. Paré souligne ainsi dans son avis au lecteur : « Je n'ay voulu escrire en autre langaige que le vulgaire de nostre nation, ne voulant estre de ces curieux, et par trop supersticieux, qui veulent cabaliser les arts et les serrer soubs les loix de quelque langue particulière ». Ses oeuvres sont la somme de 40 ans de pratique et constituent un ouvrage indispensable pour tous ceux qui sont intéressés par les ouvrages de médecine ou par les curiosités.

En effet, dans ce beau volume in-folio, on trouve plusieurs centaines de figures gravées sur bois dans le texte, représentant des instruments, des opérations, mais également, et pour la première fois, des prothèses (dont celle à moustache), ainsi que des animaux fabuleux et autres monstres. Parmi ces célébrités, citons le "monstre marin ayant la teste d'un moyne, armé et couvert d'escaille de poisson", "un monstre marin, ressemblant à un evesque, vestu de ses habits pontificaux", "un monstre marin ayant la teste d'un ours et les bras d'un singe", la "figure hideuse d'un diable de mer", etc.



La sortie de l'ouvrage ne se fît point sans difficultés puisque la Faculté fît entendre son opposition à sa parution. En effet, le doyen de la Faculté de médecine, entouré de médecins qui auraient dû soutenir Paré, tentèrent de s'opposer à la mise en vente du livre, prétextant qu'il contenait des choses abominables, contraires à la bonne morale. L'affaire fut menée devant le Parlement, sans succès et le livre fut distribué et mis en vente sans modifications.

Les éditions 16ème sont plutôt rares, les éditions 17ème sont rares mais restent possibles à trouver... Bonne chine!

H

Images : des images d'un de mes deux exemplaires.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire