samedi 15 décembre 2007

Aux frontières de la bibliophilie : débat

Amis Bibliophiles Bonjour,

Bien, bien, bien, je constate qu'un week-end ne sera pas de trop pour vous aider à dénouer les fils de cette énigme.

En attendant, et pour stimuler un peu vos neurones, j'aimerais avoir votre avis sur une question que je me pose.

Ce matin, à Brassens (je parle du marché Georges Brassens, à Paris, un marché du livre ancien qui a lieu tous les week-ends), je me suis rendu compte que 50% des étals n'étaient plus consacrés au livre ancien, au sens large, mais bien à d'autres sujets.

Aussi, j'en viens à m'interroger, plus ou moins naïvement (et surtout moins) sur les trois points suivants :

1. Les collectionneurs de cartes, plans et autographes, et de manière générale de vieux papiers peuvent-ils être considérés comme des bibliophiles?

2. Les amateurs de bandes dessinées sont-ils des bibliophiles?

3. A partir de là, où se situent les frontières floues de la bibliophilie?

H
P.S. : un indice pour les "chercheurs", il s'agît de la "marche funèbre" de Wagner, dans Siegfried. A partir de là, il n'y a qu'un pas.

8 commentaires:

  1. N'étant décidemment pas doué pour les énigmes, j'ouvre le bal du débat (je me sens déjà plus dans mon élément!).

    Non, à mon sens, les amateurs de "vieux papiers" (carte postales, plans, autographes, etc.) ne sont pas des bibliophiles, pas plus qu eles amateurs de tableaux ou les passionnés de céramiques. Ce sont simplements des collectionneurs, comme les amateurs de livres. Evidemment, des passerelles peuvent être tirées: l'amateur d'autographe se battra certainement contre le bibliophilie pour "arracher" un livre dédicacé dans une vente ; le passionné de photographies anciennes discutera longuement avec le bibliophile au sujet d'un ouvrage de 1905 présentant des photographies... Des libraires comme Frédéric Castaing (président du SLAM et très grand spécialiste des autographes) ou André Jammes (libraire qu'on ne présente plus, chercheur, mais surtout l'homme qui a "découvert" la photographie du XIXème siècle et qui l'a fait connaitre aux autres par la vente de sa collection) illustrent bien ces liens, me semble-t-ils. Mais, si les liens existent, la passion n'est pas la même (même si elle a la même intensité!).

    La place de la bande dessinée dans la bibliophilie est intéressante, parce qu'elle évolue très vite. A mon sens, l'amateur de BD n'est pas un "bibliophile" au sens strict pour la seule raison qu'il est dans des "circuits" différents des circuits traditionnels de la bibliophilie (il ne vient pas sur le blog, par exemple). Mais je dis ceci en gardant la certitude que les bibliophiles de la fin du XXIe ou du XXIIe siècles chercheront, avec avidité, des bandes dessinées, comme nous (enfin, certains d'entre nous) cherchons des livres à gravures du XVIIe siècle. Viendrait-il à l'esprit de l'un d'entre nous de demander si le livre entièrement gravé à Paris en 1553 est bien un livre? Certains en collectionnent déjà les épreuves, les tirages avant la lettre, les dédicaces, etc... Sans doute ont-ils le nez qui nous manque! La BD sera (peut-être) le livre à gravure du XXIe siècle... On peut toujours jouer les nostradamus!

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  2. Pour la BD... Vos arguments sont bons Gonzalo, mais je ne sais pourquoi... je ne peux m'y faire.
    Je n'arrive pas à considérer les bandes dessinnées comme une partie de la bibliophilie.
    T

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  3. Il y a pourtant des bédéphiles qui peuvent être bibliophiles, et qui viennent sur le blog. Moi par exemple! Mais effectivement, ce sont deux passions totalement différentes, à partir du moment où l'on cherche la bande-dessinée pour elle-même et non comme une part de l'Histoire du livre. Pourtant, paradoxalement, je considère les bd comme des livres faisant partie intégrale de ma bibliothèque.

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  4. Intéressant Pilou, mais est-ce que cela signifie que pour vous qui êtes bédéphile, la bibliophilie et la bédéphilie n'ont que peu à voir?
    Etienne

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  5. Il y a, à mon sens, plus de point commun entre un collectionneur de planches originales de BD et un collectionneur de tirage de tête du XXème siècle, qu'entre le même collectionneur de tirage de tête et un amateur de manuscrits enluminés!
    Pourtant, lequel d'entre nous, trouvant un livre d'heures enluminé du XIVe siècle par terre, ne se pencherait pas pour le ramasser?
    Faut-il exclure les amateurs de codex manuscrits de la bibliophilie? La BD n'est pourtant pas plus éloignée de "nos" livres que les manuscrits médiévaux. Qu'en pensez-vous Tristan?

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  6. A Etienne: Effectivement, pour moi, la bibliophilie est une passion autrement différente de la bédéphilie. Je ne suis pas du genre à aller chercher une édition ancienne d'Astérix ou de Dragon Ball, si je peux en avoir une récente. C'est l'histoire en elle-même qui m'intéresse. Je n'avais d'ailleurs pas vu dans ma collection que j'avais quelques pièces originales de Michel Vaillant ou Astérix des années 60-70 valant quelques fortunes sur des sites comme addall ou quelques libraires d'anciens. D'ailleurs, maintenant que je l'ai découvert, mon intérêt pour elle n'a pas augmenté ou diminué pour autant. Elles restent BD avant tout.
    C'est différent pour la bibliophilie. On s'intéresse au livre ancien aussi bien pour le fond que pour la forme. Si seul le fond intéresse, on achète les livres en poche. C'est moins cher et plus pratique.
    Alors les deux font partie de ma bibliothèque à part entière, mais la séparation entre les deux est très nette! Je ne mélangerai jamais un Comte de Valmont et un City Hunter par exemple!

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  7. Bonjour, pensez-vous réellement que l'on puisse être bibliophile et être collectionneur de cartes ou de plans ? En effet collectionner les cartes et les plans revient à cautionner la destruction des livres dont ils proviennent.

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  8. Bonsoir à tous,
    je prend le train en marche...

    Pour moi les collectionneurs de BD ont à voir de près avec les bibliophiles lorsqu'ils collectent les tirages de tête, les BD avec des dessins ou des planches originales de l'artiste, des premières éditions, etc, bref tout ce qui peut différencier la simple BD que vous pouvez acheter dans n'importe quelle grande surface (là c'est le lecteur de BD qui est en action), de l'acheteur-collectionneur qui va chercher à se constituer une bibliothèque de BD uniques en quelque sorte.

    Concernant les autographes, le collectionneur d'autographes ou autographophile ou encore biblio-autographophile s'il joint à la passion des autographes celle des livres. Je mettrais cependant à part les collectionneurs de "signatures" ou autrement appelés "paparazzi populaires des VIP" (collectionneurs de simples signatures de notre Johnny extra-national ou de notre Chantal Goya défiscalisée...). Là cela tient plus je pense du fétichisme et de la collectionnite que d'un véritable goût pour l'histoire des hommes et de leurs idées... (mais ce n'est que mon avis).

    Pour les pilleurs de cartes et autres vendeurs de gravures à l'unité ou en lots... on en connait tous de très officiellement installés et qui se portent bien et qui visiblement n'ont guère de problèmes avec leur conscience...

    Encore une histoire de goûts... et de valeurs.

    Amitiés Pré-Bérèsoïdales, Bertrand.

    PS adressé à Jean-Paul : Vous m'avez déçu ! Vous n'avez pas bougé le petit doigt sur un Uzanne avec un magnifique envoi sur Ebay... il sera bientôt dans ma bibliothèque perso... et je ferai les honneurs au Blog par un petit article de cet exemplaire sympathique. Amitiés, Bertrand, Uzannophile depuis plus près de 15 ans.

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