lundi 31 mars 2008

Miscellanées de Monsieur H.

Amis Bibliophiles Bonjour,

Quelques informations, glânées ça et là.

- Une gouache d'Hergé a été adjugée pour 764000 euros la semaine passée à Paris. J'avoue que cela me laisse rêveur. La gouache en question représentait Tintin portant un chapeau de cow-boy, assis à côté de Milou rongeant un os, avec des Indiens menaçants derrière eux. Je ne sais pas trop quoi ajouter... à part mon incompréhension face à cette tintinophilie démesurée, que je tempère immédiatement, puisque je suis moi-même collectionneur. Mais c'est quand même le double de l'EO des Paradis Artificiels annotée par Baudelaire vendue chez Bérès il y a quelques mois... ou une douzaine de Chroniques de Nuremberg en bel état....

- Un lecteur du blog me communique également cette information intéressante, à savoir que le gouvernement travaille actuellement sur un projet de décret permettant l'extension du droit de préemption exercé par la bibliothèque nationale aux bibliothèques et collections privées. Il semblerait que dans certains cas où la BN estime qu'un ouvrage situé dans la bibliothèque d'un particulier présente un intérêt pour la BN ou une autre institution, celle-ci puisse exercer un droit de préemption direct, sur la base d'une estimation qui serait faite par un collège d'experts. Le particulier sera alors indemnisé sur la base de la fourchette haute de l'estimation.

- Bon moment passé avec Bertrand ce week-end, en plus de nous être vus, ce qui est toujours sympathique, nous avons procédé à ce que nous appelons tous les deux une "opération de soutien des cours du livre ancien". En dépeçant et brûlant quelques ouvrages 18ème assez abîmés. Cela fait toujours quelques exemplaires en moins sur le marché, ce qui ne peut que contribuer à faire monter les cours. Merci qui? Accessoirement, cela nous a permis de deviser sur l'avenir du livre ancien, et notamment sur l'intérêt de prolonger le blog par une association de bibliophiles. Intéressant. Qu'en pensez-vous?

H

Un Livre à l’honneur : les voyages de Cook – Le 2eme voyage

Amis Bibliophiles Bonjour,

Partons aujourd'hui sur les traces de Cook, mais suivons le dans sa seconde expédition.

A son retour de son premier voyage Cook est célébré par la communauté scientifique et est promu au grade de commandant par l'Amirauté. Malgré l’avis de Cook, qui doute toujours de l’existence de cette terre, la Royal Society reste persuadée de l’existence du continent austral, qui devrait se trouver plus au sud.

Elle confie donc à Cook le commandement d’une seconde expédition pour découvrir enfin ce contient austral. Chat échaudé craint l’eau froide et marqué par l’échouage de l’Endeavour sur la grande barrière de corail, Cook décide cette fois-ci de partir avec deux navires : il commandera le HMS Resolution, et naviguera de conserve avec le HMS Adventure, commandant Tobias Furneaux. Banks n’est pas du voyage mais Reinhold Forster et son fils George accompagnent Cook, ainsi que le peintre William Hodges et deux astronomes, un par navire.

Pour ce nouveau voyage, Cook est équipé du nouveau chronomètre de type K1, qui permet un calcul précis de la longitude et une navigation sensiblement plus précise.

L’expédition quitte Plymouth le 13 juillet 1772, Cook restera trois semaines au Cap avant de descendre très au Sud, franchissant le cercle polaire Antarctique le 17 janvier 1773 et atteignant la latitude de 71°10' sud. Le 9 février 1773, à proximité des Kerguelen, les deux navires se perdent de vue dans les brouillards de l’Antarctique et Furneaux décide de mettre le cap sur la Nouvelle-Zélande (il y livrera d’ailleurs une bataille contre les Maori, au cours de laquelle il perdra quelques hommes), avant de repartir vers l’Angleterre.
De son côté, Cook poursuit son exploration de la zone Antarctique. Il frôle le continent sans l’apercevoir et remonte finalement vers Tahiti pour se réapprovisionner. Comme lors du premier voyage il embarque au passage un Tahitien, du nom d’Omai, qui laissera une trace dans les livres (cf. ci-dessous le voyage d’Omai).
La dernière poussée vers le sud, qui fait frissonner l’équipage, au propre comme au figuré, est également infructueuse et Cook reprend finalement la route du retour, passant aux Tonga, à l’île de Pâques (qu’il estime sans intérêt), à l’île Norfolk, en Nouvelle-Calédonie et aux Vanuatu. Il touche l’Angleterre le 30 juilet 1775. Son rapport d’expédition conclut clairement sur la non existence de la mythique Terra Australis. À l’issue de ce deuxième voyage, Cook fut promu au rang de capitaine et la Royal Society lui offrit une retraite honoraire en tant qu’officier du Greenwich Hospital. Sa notoriété avait dépassé le cadre de l’amirauté : la Royal Society l’admit au sein de ses membres et lui décerna la Médaille Copley, Nathaniel Dance-Holland réalisa son portrait.
Sur le plan bibliophilique, le deuxième voyage de Cook est également une merveille. Une nouvelle fois les cartes et les gravures sont de toute beauté, notamment les célèbres portraits des différents indigènes croisés lors du voyage. L’édition originale française paraît en 1778 à l’Hôtel de Thou en 5 volumes in-4 sous le titre « Voyage dans l’hémisphère austral et autour du monde, fait en 1772-1775 ». Elle comporte 67 gravures et cartes, dont la très grande carte dépliante du voyage. Comme pour le premier voyage, elle est doublée d'une édition in-8.
Une nouvelle fois ce voyage aura eu un retentissement multiple, sur le plan scientifique, avec des découvertes de nouvelles espèces par les naturalistes, ethnographique, mais aussi simplement littéraire. Les gravures montrent ainsi des paysages, des individus, mais aussi des animaux ou des scènes de genre.

Il ne faut pas non plus négliger l’apport médical de Cook, qui sût pratiquement éviter le scorbut au cours de ses voyages, en mettant en place un régime alimentaire étudié dans ce but. Le scorbut faisait encore des ravages en cette fin de 18ème siècle et cet aspect est important pour mesurer l’aura acquise par Cook auprès de la communauté scientifique, mais aussi auprès du monde marin.

Verbatim : « jusqu’ici nous avions eu autour du vaisseau un nombre considérable de pingouins … qui me donnaient espérance de trouver terre ».
« L’après-midi nous passâmes une plus grandes quantité d’isles de glace ».
« quelque périlleux qu’il soit de naviguer entre ces rochers flottants dans une brume épaisse, cela vaut mieux que de rester enfermé dans une mer de glace ».

Mon exemplaire de l'EO, en format in-4, plein veau aux armes des Princes d'Arenberg, avec un Moaï Tangata de l'île de Pâques.

Il est à noter que comme les autres voyages, cette expédition donnera naissance à une littérature spécifique qui vient s’ajouter à la relation officielle. Pour ce deuxième voyage, on notera en particulier :

Journal du second voyage du capitaine Cook, sur les Vaisseaux la Résolution et l'Aventure ; Entrepris par ordre de S.M. Britannique, dans les années 1774 et 1775. Par John Marra.
Amsterdam, et se trouve à Paris chez Pissot, Nyon 1777.
L’ouvrage est de format in-8 (pagination : (4)-XIX-546 pp.), il est illustré d'une carte dépliante et la traduction est de Fréville. C’est un ouvrage rare qui est en fait une relation apocryphe du deuxième voyage de Cook, et qui parût anonymement 18 mois avant l'édition officielle. L’ouvrages est intéressant parce qu’il relate des observations et des incidents qui furent éludées dans la version officielle. L'auteur, John Marra, était canonnier à bord du navire la Résolution.

Les Narrations d'Omaï... de Guillaume Baston.
Chez de Boucher à Rouen, 1790. 4 volumes de format in-8, avec un portrait d’Omaï en frontispice. Il s’agît d’une sorte de fiction autobiographique du voyage d’Omaï, qui suivit Cook et Furneaux jusqu’à Londres où il sera fêté comme le bon sauvage cher à Rousseau. C’est également un ouvrage rare.

H

dimanche 30 mars 2008

Un Livre à l’honneur : les voyages de Cook – Le 1er voyage

Amis Bibliophiles Bonjour,

James Cook (1728 - 1779) est un navigateur, explorateur et cartographe britannique. Il est resté célèbre pour avoir effectué 3 expéditions dans le Pacifique. Il fût notamment le premier Européen à débarquer sur la côte Est de l’Australie, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Sandwich et à Hawaii. Il fut également le premier à faire le tour et à cartographier Terre-Neuve et la Nouvelle-Zélande.
Il a laissé un héritage colossal en termes de cartographie, d’histoire naturelle, d’ethnologie et dans bien d’autres domaines. Ces réussites peuvent sans nul doute être attribuées à son grand sens marin, ses aptitudes poussées pour la cartographie, son courage pour explorer des zones dangereuses afin de vérifier l’exactitude des faits rapportés par d’autres, et sa capacité à mener les hommes dans les conditions les plus rudes ainsi qu’à ses ambitions, cherchant constamment à dépasser les instructions reçues de l’Amirauté.

Cook est mort à Hawaii en 1779 durant une bataille contre des Hawaiiens, alors qu’il commandait sa troisième expédition en quête du passage du Nord-Ouest.

Pour les bibliophiles, les Voyages de Cook sont un monument du livre de voyages. Ils ont faits l’objet d’assez peu d’éditions, et sont particulièrement appréciés pour la qualité du texte, bien sûr, mais aussi l’exceptionnelle illustration qui l’accompagne.

Je vous propose de découvrir ensemble cette œuvre, de façon chronologique, en démarrant aujourd’hui par le premier voyage.

Cette première expédition s’est déroulée entre 1768 et 1771, après que la Royal Society ait confié l’Endeavour à James Cook, avec pour mission principale d’explorer l'océan Pacifique sud et de rechercher un hypothétique continent austral (qu’il ne trouvera pas).
A bord de l’Endeavour, qui est un trois-mâts barque (comparable au Bélem, que l’on peut encore croiser de nos jours, pour ceux qui le connaissent), Cook débarque à Tahiti le 13 avril 1769. Il va y rester quelque temps pour effectuer des mesures astronomiques autour du transit de Vénus.

Une fois ces mesures effectuées, il reprend la mer à la recherche de la Terra Australis. En effet, la Royal Society était convaincue de son existence et la Couronne rêvait d’y faire flotter l’Union Jack avant tout autre drapeau européen (la mission astronomique donnait à Cook l’alibi idéal pour ne pas éveiller la convoitise des autres royaumes européens).
Cook atteignit la Nouvelle-Zélande le 6 octobre 1769 et cartographia l’intégralité de ses côtes néo-zélandaises avec très peu d’erreurs (notamment sur la péninsule de Banks, qu’il prit pour une île, et sur l’île Stewart, qu’il rattacha abusivement à l’île du Sud). Il identifia également le détroit qui allait porter son nom, le détroit de Cook, séparant l’île du Sud de l’île du Nord.
Il mit ensuite cap à l’ouest à la recherche du continent austral. Des vents violents forcèrent cependant l’expédition à maintenir une route nord et les poussant finalement au sud-est du continent australien.

Cook poursuivit sa route vers le nord en longeant la côte, ne la perdant jamais de vue pour la cartographier et nommer ses points remarquables. Il débarqua pour la première fois en Australie, le 29 avril 1771 à Botany Bay où les naturistes de l’expédition (Banks ; Solander et Spöring) découvrirent de nombreuses nouvelles espèces. C’est également le lieu qui fût plus tard choisi par l’Angleterre pour y établir sa première colonie. L’emplacement fût ensuite déplacé de quelques kilomètres dans la baie Sydney Cove, qui est aujourd’hui Sydney.

Mais au delà des espèces animales et végétales, Cook rencontra des aborigènes dès ses premiers pas sur la terre ferme. Lorsque l’Endeavour entra dans la baie, l’équipage aperçut des hommes sur chaque côte. Vers 14 heures, ils mouillèrent près d’un groupe de six à huit maisons. Deux aborigènes s’approchèrent du bateau, ignorant les cadeaux que Cook leur proposait. On tira un coup de mousquet au-dessus de leur tête, blessant légèrement le plus vieux qui se mit à courir vers les maisons. Il revint avec d’autres hommes et jeta des lances vers les blancs, sans en atteindre aucun. Deux coups supplémentaires achevèrent de les chasser. Tous les adultes avaient disparu, mais Cook trouva plusieurs enfants dans les maisons, où il laissa quelques perles en signe d’amitié.

Après ces péripéties, Cook reprît la mer, cap au nord, il talonna l’Endeavour sur un banc de la Grande barrière de corail et fut sérieusement endommagé.
On passa près de sept semaines à réparer sur la plage, période qui fût à nouveau mise à profit par les scientifiques de l’expédition pour identifier de nouvelles espèces.
Le voyage reprît vers le Nord, s’arrêtant notamment à Batavia avant de reprendre la route vers l’Angleterre. Il était de retour le 12 juin 1771. On notera que Cook, s’il perdît quelques membres de son équipage, notamment Spöring, il le préserva du scorbut, qui faisait alors des ravages.

Sur le plan bibliophilique, l’édition originale française est parue en format in-4 chez Saillant et Nyon et chez Panckoucke en 1774, sous le titre « Relation des voyages entrepris par ordre de sa majesté britannique, actuellement régnante ; pour faire des Découvertes dans l’Hémisphère Méridional ». Cook est prénommé Jacques pour l'occasion.
Elle se compose de 4 volumes in-4 proposant 30 cartes et 22 planches. Elle est signée Hawkesworth, un juriste choisi par la Couronne pour rédiger la relation, fondant au passage les journaux personnels de plusieurs membres de l'expédition. On peut regretter qu’il a remanié les textes, mais l’ensemble reste d’une lecture passionnante, notamment sur la partie qui concerne Tahiti, où l’expédition séjourna assez longuement, tissant des liens importants avec la population locale. La relation de Cook débute au milieu du 2ème tome.
Cette édition fût doublée à la même date, chez les mêmes imprimeurs, d’une édition in-8 (8 tomes, généralement proposés en 4 volumes) à laquelle s’ajoute un atlas in-4.
Complets, ces ouvrages sont particulièrement recherchés. Voici quelques images de mon exemplaire en format in-4.

H

P.S. : le portrait n'est pas dans cette édition, il vient de l'édition du second voyage, dont je parlerai bientôt.

samedi 29 mars 2008

Ebayana

Amis Bibliophiles Bonjour,

Une petite sélection ebay, pour démarrer le week-end.

Côté Livres Anciens :

Une édition des Prophéties de Nostradamus, un peu tardive, mais bien reliée et pas chère

Un grand classique, les Six Voyages de Tavernier

Le rare ouvrage de mathématique d'Oronce Fine, une édition de 1587

Autre texte rare et curieux : l'éloge du Pet, on appréciera la gravure en frontispice

Une très belle édition des Oeuvres de Rabelais

Un modeste coup de pouce à quelques uns de beaux livres mis en vente par Bertrand à 1 euro!

Voyage en Abyssinie, belle édition in-4

Helvetius, De L'Esprit, grand texte dont on a déjà parlé sur le blog, en édition in-8

Le même, mais dans le tirage 1B de l'EO, en format in-4. Superbe

Une très rare contrefaçon de la Princesse de Clèves

Pour les bibliopégimanes :

Une reliure de Marius Michel

Des Etrennes, joliment reliées dans un maroquin à plaque

Une belle reliure de Meunier, proposée par l'ami Bertrand

Une réalisation assez classique du duo Gruel - Engelmann

Un petit lot de reliures romantiques

Au rayon Bibliophilie/Bibliographie :

Si l'un d'entre vous connaît le Baron Pichon... c'est pour lui!!!

Le Manuel de l'amateur d'autographes, par Fontaine (encore un!)

Livres 19ème et 20ème :

Histoire du blason et science des armoiries, dans une reliure assez caractéristique de Mame

Superbe. L'EO des Paradis Artificiels de Baudelaire chez Poulet-Malassis

Voyage en Perse, dans une belle reliure romantique

Bonne chine.

H

jeudi 27 mars 2008

Débat : qu'est ce qu'un bon Libraire?

Amis Bibliophiles Bonsoir,

On a beau retourner le problème dans tous les sens: sauf pour ceux qui ont le temps de hanter les salles des ventes et ceux qui ont hérité d'une bibliothèque, la relation bibliophile-libraire est la clef de voûte de la bibliophilie. Un bibliophile cherche des livres; un libraire les lui propose.

Laissons aux libraires le soin de disserter sur ce qu'est un "bon bibliophile", et réfléchissons de notre côté à ce qu'est un "bon libraire".

Le libraire, nous le savons, n'est pas un simple commerçant, notamment parce qu'il vend un produit complexe, "intelligent", culturel, etc. Mais qu'est ce qu'un bon libraire au fond?

J'imagine que nous avons tous des conceptions différentes, et ces conceptions peuvent d'ailleurs évoluer considérablement avec les époques, notamment aujourd'hui, où la relation bibliophile/libraire est moins "physique" qu'elle n'a été.

En ce qui me concerne, je ne suis pas particulièrement attaché à la relation humaine, même si j'apprécie évidemment un contact sympathique avec le marchand. En fait, si je devais résumer, je cherche un juste équilibre entre la spécialisation, le choix, l'accueil et le prix. Cette dernière dimension étant apparue récemment avec la possibilité d'acheter beaucoup plus facilement dans le monde entier, via internet.

Point crucial : le choix. Avec le temps, j'ai remarqué que je délaisse progressivement les librairies (ou le marché Brassens par exemple) dont le stock ne se renouvelle pas assez. Je comprends les contraintes du métier, mais rien ne me déprime plus que de voir le même ouvrage proposé (au même prix, cela va sans dire) depuis des années dans la même vitrine.

Point important : la spécialisation. Je ne suis pas un bibliophile hyper-spécialisé, vous le savez, mais j'avoue que j'apprécie de me rendre dans une librairie dont je sais à l'avance quel type d'ouvrages je vais trouver. Notamment parce que dans ces cas là le libraire a également développé une compétence et un conseil importants dans son domaine.

Autre point important : l'accueil. Je fuis les librairies "sur rendez-vous" ou les libraires qui me dévisagent quand je franchis leur pas de porte, simplement parce que je ne correspond pas à l'image qu'ils se font d'un bibliophile... solvable.

Corollaire : le prix. Ah le pouvoir d'achat! Je n'achète plus sans comparer les prix. Finalement, même si tous les livres sont différents, cela me semble encore plus justifié que de comparer le prix d'un kilo de tomates.

Et vous? Qu'en pensez-vous? Qu'est ce qu'un bon libraire?

H

mercredi 26 mars 2008

Le Filigrane Franciscain

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Troisième message ce soir :

Rémi, élève en école de reliure soumet sa découverte à votre sagacité.

Il a trouvé dans la bibliothèque d’un couvent de l’ordre des frères mineurs capucins (réforme franciscaine) plusieurs Bullarum de l’Ordre, édités à Rome au XVIIIe siècle. Ils présentent une particularité intéressante à noter. Le papier porte un filigrane reprenant l’insigne franciscain. Il présente le bras de Jésus crucifié (nu) et celui de Saint François (fondateur de l’ordre franciscain). Ceci accompagné dune croix, posée sur des nuages et surmontée d’une couronne. Détail à signaler : la lettre P en majuscule tout en bas de l’ensemble.

On peut supposer que l’ordre franciscain possédait ses propres moulins à papier, ou qu’il passait par des moulins qui ne lui appartenaient pas, tout en se servant d’une forme particulière avec le filigrane de l’ordre. La lettre P étant certainement la marque d’un moulin parmi d’autres.
Photographie d’une page d’un de ces volumes montrant le filigrane par transparence.
Vue en négatif de la photographie précédente.

Qu'en pensez-vous?

H

Références supposées de l’ouvrage :
Auteur : Michael a Tugio , Le P. (O M cap) (éditeur scientifique).
Titre : Bullarium ordinis F. F. minorum S. P. Francisci capucinorum, seu Collectio bullarum, brevium, decretorum... quae a sede apostolica pro ordine capucino emanarunt...
Langue : latin
Type de l’ouvrage : monographie (textes relatifs à l’organisation de l’ordre franciscain)
Lieu : Romae , Typis Joannis Zempel Austriaci, 1740-1752
Description : 7 vol. in-fol. 
Visualiser la notice dans le catalogue BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb309404314

Le Monde est petit...

Amis Bibliophiles Bonsoir,

En plus des images supplémentaires du Théâtre des Martyrs que je viens d'ajouter, j'avais prévu ce soir d'écrire un message sur les reliures à décor "rocaille".

Je vais donc regarder dans ma bibliothèque pour essayer de trouver une reliure "rocaille" et je choisis celle qui est ci-dessous (n'allez pas croire que j'en 25, quand je dis, je choisis, elle s'est imposée en fait, puisque c'est la seule..)

La voici donc :

Plus bizarre, au moment où je m'en saisis, il se passe quelque chose d'étrange, je me dis "toi, je t'ai déjà vue quelque part aujourd'hui...". Mais où? Je regarde l'historique des sites visités sur internet sur mon PC et je tombe sur la page d'accueil de www.bibliorare.com et là... stupeur et tremblements : ma reliure est en photo sur la page d'accueil. Incroyable. C'est la même, le mors est fendu au même endroit, etc.

Ci-dessous : l'image sur bibliorare et juste après, la mienne.

Etonnant, non?

H

Le Théâtre des Martyrs II

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Pour les amateurs, et vu les emails reçus il y en a, voici d'autres gravures du Théâtre des Martyrs.
H

mardi 25 mars 2008

Le Théâtre des Martyrs de Van Luyken

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Suite à l'ouvrage présenté la semaine passée, et dans la même veine, si j'ose dire, je vous propose de découvrir aujourd'hui le Théâtre des Martyrs de Johann van Luyken.
Johann van Luyken (1649 - 1712) est un célèbre graveur hollandais. Dans cet ouvrage, il nous permet de nous représenter le martyr enduré par les saints, mais aussi par les victimes de nombreuses persécutions religieuses, depuis les débuts de l'ère chrétienne, jusqu'au milieu du 17ème siècle, et ce à travers toute l'Europe. On y croise les apôtres, les saints, mais également les vaudois, les albigeois et d'autres victimes de persécutions.
Mon exemplaire est paru à Leiden, chez Pierre van der Aa, au début du 18ème siècle. C'est un format in-4 oblong, contenant 115 gravures à pleine page, le tout dans une reliure 19ème aux armes. Les gravures sont montées sur onglet, et il n'y a aucun texte qui les accompagne, à part les légendes.
Ce qui frappe dans cet ouvrage, c'est le réalisme de la gravure, qui transporte littéralement le lecteur sur place, et qui est très caractéristique de Van Luyken. Elle fera de lui l'un des grands artistes néerlandais avec Rembrandt. Vous remarquerez par exemple avec quel souci du détail les costumes d'époque sont représentés. De manière générale, chaque gravure présente un incroyable luxe de détails.
Dans ma bibliothèque, le Théâtre des Martyrs se repose paisiblement à côté du Vestergan... suffisamment haut pour que des petites mains innocentes ne puissent s'en emparer.

H

lundi 24 mars 2008

Salon du Livre Ancien du Grand Palais

Amis Bibliophiles Bonjour,

Comme vous le savez, le Salon International du Livre Ancien, organisé par le SLAM, se tiendra au Grand Palais les 18 - 19 - 20 Avril 2008, de 11h à 20h.

Comme pour la première édition, qui a eu lieu l'an passé, le SLAM a eu la gentillesse de me faire parvenir quelques dizaines d'invitations pour les lecteurs du blog.

Si vous souhaitez que je vous en envoie une, n'hésitez pas à m'envoyer un email avec votre adresse à blog.bibliophile@gmail.com. Je me chargerai de l'envoi. Ce sont des invitations pour deux personnes.

En marge de l'activité commerciale proprement dite, le SLAM propose également un cycle de conférences pendant le Salon. Voici le programme, si vous souhaitez assister à l'une d'entre elles :

Vendredi 18 avril
16h30 - Table ronde
Enquête sur le livre ancien et les attentes des amateurs de livres, avec Rodolphe Goujet, doctorant en sociologie, Emmanuel Lhermitte, expert et Frédérik Reitz, rédacteur en chef du Magazine du Bibliophile.

Samedi 19 avril
12 h - La démarche d’un restaurateur de livres anciens. Explication sur le choix d’un traitement de restauration d’un livre du XVIIe siècle. Par Olivier Maupin, professeur de restauration du Patrimoine Ecrit à l’Atelier d’Arts Appliqués du Vésinet.

14h30 - Voyageurs au nom du savoir
Contre-amiral François Bellec, de l’Académie de marine.

16h30 - Les Villages du Livre
Les Villages du livre, animé par Frederik Reitz, rédacteur en chef du Magazine du Bibliophile.

Dimanche 20 avril
14h30 - Voyageurs et collections avec Stéphane Martin, directeur du musée du Quai Branly.

Enfin, un dîner ou un déjeuner des bibliophiles sera probablement organisé par votre serviteur pendant le salon. Ce qui sera l'occasion de nous retrouver et d'échanger à nouveau autour de notre passion.

H

dimanche 23 mars 2008

Miscellanées

Amis bibliophiles Bonsoir,

En marge des demandes d'identification de Frédérick et Gonzalo, pour lesquelles j'espère qu'une aide pourra leur être apporter, quelques lignes...

1. Merci à la personne qui se connecte tous les jours depuis le serveur de la BNF! C'est sympa de voir qu'on est lu par plus savant que soit. (ou alors ils se moquent, mais même dans ce cas je suis content, j'ai toujours aimé faire rire).

2. Merci aux autres lecteurs fidèles qui lisent le blog de l'étranger, notamment ceux basés à Dublin et à Timisoara, en Roumanie.

3. Vu dans le catalogue d'une vente à venir, un exemplaire de Mein Kampf, l'EO de la traduction française. Jusqu'ici, rien de bien original, ni de très désirable. Mais la description précise "Exemplaire de collaborateur". J'avais envie de dire "forcément".

4. Dans le même catalogue une reliure en peau de sanglier, sur un ouvrage ancien, et pour laquelle j'ai laissé un ordre. Pour voir. Si elle termine entre mes mains, je vous montrerais ça.

5. Le Chili vient de rendre 3788 livres au Pérou. Ces livres avaient été volés à la Bibliothèque Nationale du Pérou par les forces chiliennes lors du conflit de 1881. Il s'agissait principalement d'ouvrages des 16, 17, 18 et 19ème siècles, écrits en grec, latin, français, et espagnol. 4000 livres environ, 127 ans de retard pour le retour bibliothèque... L'amende va leur coûter cher! Sourire.

H

Identification / Entraide

Amis Bibliophiles Bonjour,

Deux fidèles lecteurs font appel à vous et à votre science pour les aider à identifier les armes et reliures suivantes.

1. Frédérick cherche à identifier les armes suivantes, qui ont été frappées 9 volumes in folio du Grand dictionnaire géographique de Bruzen de la Martinière. Il pense avoir identifié une couronne de marquis, mais il n'a pas d'idée concernant le "drappé entourant l'ovale avec le lion".
2. Remi/Gonzalo vous propose lui cette reliure 19ème qui présente une dont il aimerait identifier l'atelier, si c'est toutefois possible. L'ouvrage en question :
Collection des moralistes anciens. Sentences de Théognis, de Phocylide, de Pythagore et des Sages de la Grèce.
Paris, Didot l’Ainé et De Bure l’ainé, 1783. in-18. Il s'agit donc de l’un des volumes de la collection des moralistes
anciens de Didot et De Bure, qui publièrent ainsi Sénèque, Isocrate, Confucius, Socrate, Cicéron, Plutarque, etc. (18 volumes portant la mention de cette collection furent publié de 1782 à 1795). Reliure : plein veau brun. Plats encadrés d’un double filet doré, autour d’une grande plaque estampée à froid. Le motif de la plaque, avec des ornements végétaux s’inscrivant en volutes autour d’un médaillon central, permet sans doute de la dater de l’époque Restauration. Coupes dorées, dos à quatre faux nerfs, compartiments orné de fleurons simples et de deux fines roulettes à froid.
L'avis très personnel de Remi est que cette reliure ressemble un peu au style des reliures sorties de l'atelier de Bibolet. Et vous, qu'en pensez-vous.

H