dimanche 25 septembre 2011

Portrait d'un maître relieur: Pétrus Ruban (1851 - 1929)

Amis Bibliophiles bonjour,

"Il trouve, déniche et prend aussi bien dans la flore naturelle que dans l'architecture, dans le japonisme et et dans l'ornithologie... il semble avoir étudié avec soin et intelligence les théories des couleurs complémentaires et sa palette est ordonnée avec une très heureuse harmonie et sans discordance."  C'est ainsi qu'Octave Uzanne évoquait le relieur Ainé Ruban (dit Pétrus Ruban), que le hasard de quelques acquisitions ont mis sur mon chemin.

Une Nuit de Cléopâtre, Théophile Gautier, Ferroud, 1894 
Dans La Reliure française de 1900 à 1925, de Crauzat évoque lui un "travailleur acharné, relieur doreur excellent praticien qui violente la matière pour en tirer le maximum d'effet". L'ensemble de son oeuvre se caractérise d'ailleurs par son éclectisme. On retrouve cet éclectisme dans les deux ouvrages reliés par Ruban dont j'ai fait l'acquisition: le premier est techniquement parfait, magnifiquement mosaïqué (il y "violente la matière", mais finalement assez chargé, (Une nuit de Cléopâtre); le second est plus sobre, également parfait sur le plan technique, et c'est le talent de doreur de Ruban qui en fait un ouvrage magnifique.
Une Nuit de Cléopâtre, contreplats et doublures, signée P. Ruban 1910,
l'une des ses dernières création donc.
... mais qui porte également l'ex-libris personnel de Ruban,
doré au centre du contreplat
Cette oeuvre fît de Pétrus Ruban l'un des grands relieurs de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Né à Villefranche-sur-Saône en 1851, il exerça à Paris de 1879 à 1910, il s'est éteint à Neuilly le 21 avril 1929, à l'âge de 79 ans. Il avait installé son premier atelier au 16, rue Dauphine, avant de le transférer au 9 rue de Savoie en 1896.
Octave Uzanne, Le Miroir du Monde, EO sur Japon au format
Contrairement à nombre de ses confrères Ruban était à la fois relieur et doreur décorateur, il se distingue par des décors emblématiques complexes et dans le travail du cuir, en particulier des mosaïques, mais est également capable de proposer des réalisations plus simples à l'exécution parfaite. Il fût l'un des relieurs les plus en vogue au tournant du siècle et si les plus grands bibliophiles lui confièrent leurs ouvrages (Barthou, Beraldi, Borde, Baron de Claye, etc.), il était également collectionneur et réalisa pour sa propre bibliothèque un nombre important de reliures. 115 furent ainsi dispersées à Drouot le 12 décembre 1910, année de son départ à la retraite. Dans le catalogue, la collection était décrite comme "riche de beaux livres modernes en édition de luxe recouverts par de riches reliures composant la bibliothèque de M. Pétrus Ruban, ex-relieur".

Détail de la dorure
Lors de l'Exposition Universelle de 1889, ses reliures doublées et mosaïquées furent remarquées pour leur originalité et il obtînt une médaille d'argent. Le rapport de l'exposition souligne ainsi  que "M. Ruban exposait des reliures fort réussies. En continuant à étudier les beaux modèles que nous ont laissés les maîtres des siècles passés et les reliures de nos artistes modernes, aussi bien sous le rapport de la constitution parfaite du corps d'ouvrage et e la couvrure que sous celui de la décoration en dorure correcte et bien nourrie, cet exposant ne tardera pas prendre parmi ces derniers le rang qu'il recherche à juste titre".

C'est Lanoé, l'un des premiers relieurs de l'école Estienne, qui lui succéda l'atelier après avoir longtemps travaillé chez Ruban. 

H

5 commentaires:

  1. Les deux reliures sont superbes. Mais la seconde, dorée sans mosaïque, est absolument superbe... très classe, très rafinée.
    Beaux achats.

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  2. J'aime

    (je ne trouve pas l’icône). Pierre

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  3. Les gardes sont en soie ? En tout cas c'est magnifique...

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