mardi 10 juillet 2012

Les différents types de reliure: la reliure en trompe l'oeil ou reliure sans dos

Amis Bibliophiles bonjour,

Madame Isabelle de Conihout, talentueuse conservatrice en chef de la Bibliothèque Mazarine attire notre attention sur la reliure du numéro 11 de l’exposition “Imitatio Christi”, par une notice éclairée au catalogue. (Au passage et pour faire pièce à une polémique récente, saluons sa collaboration exemplaire avec le libraire érudit et discret Monsieur Ract-Madoux pour l’étude des reliures de la Bibliothèque du château de Chantilly par exemple).

Le n°11 l”Internelle consolation” est donc une production de la veuve de Thielman Kerver du 28 mai 1554. Cet exemplaire est doté d’une remarquable reliure à décor doré à la plaque de l’époque en veau brun. Le décor consiste en un grand ovale central à motifs d’arabesques, accompagné de deux fers floraux et de quatre écoinçons dorés sur un semé de trois petits points dorés, encadré de trois filets dorés. 


L’intérêt réside cependant dans l’absence apparente de dos. La tranche du dos (!) est en effet recouverte d’un support traité comme les trois autres tranches dorées et ciselées. Madame Conihout explique la technique : “Les nerfs sont passés dans des ais de carton, aux tranches également masquées par la dorure, qui doublent les ais de la reliure proprement dite et, fixés à celle-ci, permettent la cohésion de l’ensemble”.


Des lacs disposés tant du côté de la gouttière que du côté du dos achèvent de dérouter l’amateur. L’auteur de la notice signale la découverte de deux autres reliures de ce type, une à Chantilly, l’autre à l’Escurial non signalées jusqu’ici. Ce qui porte à cinq le nombre de reliures françaises de ce type et de cette époque connues.

Cette mention abrupte a réveillé un souvenir visuel inconscient qui m’a permis de retrouver l’exemplaire de Chantilly endormi sur sa tablette que je vous livre ici. (Preuve qu’on ne trouve que ce qu’on cherche et ne voit bien que ce qu’on connaît). Le livre de Chantilly, “Horae in laudem beatissimae Virginis Marie ad usum Romanum, sort également des presses Thielman Kerver en 1556. Quant au décor, le duc d’Aumale le décrit comme un “décor doré: plaque losangée et écoinçons à rinceaux sur fond azuré, semé de trèfles dans le champ...”. Il porte le supra-libris de Anne Gaulthière.
Vous qui jusqu’ici méprisiez les livres décrits comme  “sans dos” prenez garde et ouvrez l’oeil, nous attendons vos signalements!

Lauverjat

5 commentaires:

  1. merci pour la découverte.
    Chantilly est une vraie mine : quelque soit le style recherché, on y trouve des pépites!
    Des expositions régulières fort intéressantes généralement, mais il manque un catalogue exhaustif de cette bibliothèque d'exception.
    Il faut dire qu'il y a du boulot!

    cordialement,

    Wolfi

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  2. On aimerait manipuler l'ouvrage pour visualiser la technique, néanmoins. Belle découverte. Merci Lauverjat. Pierre

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  3. Le catalogue en ligne:

    http://bibliotheque-conde.decalog.net/opacweb/

    Lauverjat

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  4. Merci Lauverjat pour la découverte !

    Heureusement que cette technique de reliure n’a pas prospéré : outre le fait qu’elle laisse accroire que le propriétaire range ses ouvrages n’importe comment sur le rayonnage, elle aurait entrainé la faillite immédiate des fabricants de tranchefiles et autres passementiers !

    Textor

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  5. Merci pour le tuyau, je ne savais que tout avait ete decrit dans un catalogue. J'ai ete mauvaise langue!
    Je vois sur certaines notices, que des ouvrages ont ete numerises. C'est en ligne? Je n'ai pas trouve...
    Merci d'avance

    Wolfi

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