dimanche 8 juillet 2012

Miscellanées de Monsieur H.: Jean de Fournes, quasi homonyme "galvaudé", lectures d'été, reliure révolutionnaire et quelques réflexions

Amis Bibliophiles bonjour,
 
C'est entendu, les bibliothèques sont merveilleuses, notamment parce qu'elle hébergent nos chercheurs bien-aimés. Internet, lui, et wikipedia en particulier, sont à jeter avec l'eau du bain... Mais comme rien n'est si simple, suivons les traces de Jean-Paul sur les traces d'un éditeur français totalement inconnu...

"Il n'y a pas que les merveilleuses bévues d'Internet. On connaissait les erreurs de "Wikipedia", dont les professeurs repèrent facilement les copier/coller dans les devoirs de leurs élèves, et qui nécessitent une vigilance accrue de la part des lecteurs. Mais se méfie-t-on assez des autres sources? Faisant quelques recherches sur les origines des marques utilisées par certains éditeurs français du XIXe siècle, celle du semeur de Auguste Aubry (1821-1878) me fit penser à celle figurant sur la page de titre de La Sainte Bible imprimée à Lyon en 1564 par Jean de Tournes. 



N'ayant pas "le Baudrier" sous la main, j'allume mon ordinateur et cherche en vain sa Bibliographie, qui n'est pas numérisée. Par contre, "le Silvestre" me confirme mon impression première (tome I, marque n° 539).  J'en profite pour savoir si un auteur avait pu trouver cette ressemblance avant moi et cherche sur "Google Books" une publication qui puisse m'en apprendre un peu plus... Je vous fais grâce des renseignements de peu d'importance trouvés avant de tomber sur un Essai sur l'histoire du vers français (1971), par Hugo Paul Thieme. Surprise page 210! Il ne s'agirait pas de Jean de Tournes, mais de Jean de Fournes !? 

Simple coquille me direz-vous. Pas du tout : en vous promenant sur Internet, vous pourrez constater que l'auteur n'est pas le seul à croire à l'existence de cet imprimeur lyonnais inconnu. Ils sont nombreux à s'être recopiés les uns sur les autres, ici comme ailleurs, sans aucune vérification, même quand celle-ci s'impose d'évidence pour des raisons phonétiques. Conclusion : en histoire, toujours revenir aux sources." 

Ca me donne le "fournis"! Comme les Mémoires du Duc de Saint-Simon avec lesquels j'ai choisi de démarrer l'été, dans une version abrégée (plus pratique sur une plage que les 20 volumes in-8) parue dans la collection La lettre et la plume, au Livre de poche. On y croise les grands noms de l'époque qui se bousculent autour du Roi. La lecture est très simple. Saint-Simon a tout vu et tout entendu, grandeur et décadence du règne, coulisses et coups tordus et il nous conte tout. C'est très frais, plein d'esprit et de verve.  

On y fait la connaissance de M. de Luxembourg que Monsieur avait coiffé d'un masque aux bois de cerfs lors d'un bal, en référence aux moeurs légères de son épouse, la fille mauresque du Roi et de la Reine (recluse dans un couvent et dont j'ignorais l'existence), la petite vérole d'un autre prince, etc. 

La couverture manque de discrétion à la plage, avec son énorme "Cette pute me fera mourir" sur le premier plat, qui reprend le fameux mot de Marie-Thérèse voyant Louis XIV s'afficher avec la Montespan (dont le mari cocu avait fait équiper son carrosse de bois de cerfs, lui aussi)... mais la lecture en vaut la peine.  

Autre roi, autres moeurs. J'aime (aussi) les petits almanachs ou les étrennes, qui traduisent bien la vie d'une époque, et parfois d'une année précise. Ici, 1792, un an avant l'exécution du  Roi sur la Place de la Révolution le 21 janvier 1793.



Cette petite mésaventure royale me rappelle d'ailleurs le bon mot de je ne sais plus quel auteur, ici en version approximative: 
"On dit qu'on a toujours mal au membre disparu après une amputation... Imaginez Louis XVI, la migraine...". 

40 ans, l'heure des premiers bilans... Marié, 3 enfants, un travail passionnant et qui me permet d'acquérir des livres de façon régulière... et une bibliothèque. Combien de livres? Aucune idée, mais est-ce important?  Je dirais que je suis à peu près bibliophile depuis 3 à 5 ans, et encore. La route me semble si longue, je veux dire pour être Bibliophile. 

Avant, je bricolais, j'accumulais, je contrôlais mal mes envies (bon, ça c'est encore le cas, mais c'est ma faute, je n'ai aucune volonté). Comme la bibliophilie conserve, les bons jours je me dis donc que j'en ai encore autant devant moi, 40 ans... A un rythme de 10-20 ouvrages par an: 10 les mauvaises années, 20 les bonnes, 80 les très bonnes si le destin met une bibliothèque sur ma route... Bref, au moins 400. Vertigineux, ça va commencer à ressembler à quelque chose sur la fin! 

Y-a-t-il encore 400 livres qui m'intéressent? Pas certain. Il va falloir sacrément améliorer. 

Si ça se trouve je vais même finir par me faire un ex-libris :). Ca pose quand même des questions tout ça, non? A quoi ça rime cette course en avant? Quel est le vrai moteur?  

H

10 commentaires:

  1. Le plaisir... tempéré par une lucidité légèrement amère qui, par contrecoup, permet d'encore mieux jouir de ses livres. Vanitas vanitatum, et omnia vanitas mais on se soigne!
    S.D.
    PS Fort bel almanach! Magnifiquement conservé.

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  2. L'histoire de Fournes/Tournes est amusante. Si on cherche bien, on doit en trouver beaucoup de ce genre...
    Je me souviens que dans la somme de Manceron sur la révolution Française il consacre plusieurs chapitre au marquis de Sade. Et donne ses prénoms : Donatien Aldonze, et non pas Alphonse comme on le trouve partout.

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  3. et puis franchement, si Hugues n'est pas bibliophile, alors je n'ose imaginer ce que je suis... mais non, il ne faut pas, je me fait du mal.

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  4. Cher Calamar, c'est sympa, mais je ne sais même pas faire la différence entre les grands papiers chez Jouaust ou Lemerre...! Alors!

    J'ai trouvé un super concept, on crée un blog, on met bibliophile dans le titre, on poste 1366 messages, et hop, tout le monde y croit!

    :)
    Hugues

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  5. je sens que je vais l'entendre longtemps, cette histoire de Jouaust... c'est promis, je ne recommencerai pas.
    Et puis, c'est vrai que publier 1366 messages, c'est rien du tout. Moi qui en écrit un tous les six mois, ça ne m'impressionne pas du tout.

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  6. Voila un petit coup de Gryphe aux historiens de l'impression lyonnaise, avant de vouloir escalader les cimes de la bibliophilie, il faut bien attacher son baudrier. Qu'a cela ne tiemne, il avait sans doute comme moi abusé du verre français. En protestant auprès de cet historien, nous n’aurons pas besoin de nous exiler et nous pouvons même lui préciser que Jean Fourne etait fils de boulanger. Un jour avec le petit Dolet qui avait beaucoup de caractères, et ce quelques siècles avant notre Johnny national ils ont "allumé le feu" la différence est que Dolet était dessus.Jean Fourne légèrement lâche, a laissé son ami à son triste sort et installé sa boulangerie à Genève...On ne refait pas l'histoire. Le cahier de Dolet-ance du blog du bibliophile ne t’emmènera pas au bûcher. Les Carterons font les livres et Hugues fait le blog, à part.

    Daniel B

    PS J'en retourne sur ma terrasse avec un rosé bien frais et un Marôt de 1700 chez Moetjens. Bien sur je ne lis pas, je compte les pages, comme tous libraire qui se respecte. ;) "La mort n'y mort" C. Marot

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  7. Avec la fin de la bouteille de rosé bien frais! ;) Très drôle!

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  8. le rosé, par ces chaleurs, ça tape... :)

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  9. ça tape, mais ça aide à mettre un peu de poésie humoristique dans la bibliographie ...donc, vive le rosé bien frais !

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