Poignet cassé, le bibliophile sort une fiche de sa manche :)
Les
Liaisons Dangereuses.
Lettres
recueillies dans une société, et publiées pour l'instruction de quelques
autres.
Pierre
Choderlos de Laclos
Londres
[Paris], 1796.
2 volumes
in-8 [200 x 135 mm] de 1 frontispice, 415 pp., 7 figures ; 1 frontispice, (2)
ff., 398 pp., (1) f. blanc et 6 figures.
Reliure
en plein maroquin rouge signée Brany. Dos à nerfs orné de fers délicats, triple
filet en encadrement des plats, double filet sur les coupes, large guirlande
sur les chasses. Gardes marbrées, toutes tranches dorées. Quelques frottements
sans gravité, quelques toutes petites piqures sur les plats. Papier en parfait
état, gravures parfaitement contrastées, très belles marges.
Un des
rares exemplaires sur vélin du Marais. Cohen (col. 235) observe que ce tirage
de luxe va de pair avec des figures avant la lettre. Toutefois, Reynaud fait
état d'un exemplaire sur papier vélin avec la lettre, comme ici (Notes sur les
livres à gravures du XVIIIe siècle, p. 86).
Ex libris
gravé d'Oliver Brett sur la premier contre-plat de chaque volume, ex libris de
le Barbier de Tinan sur un feuillet liminaire du premier volume.
Il s'agît
ici de la deuxième édition de 1796 et non de la réimpression similaire de 1812 :
comme le souligne Cohen, le titre est ici sur huit lignes et le lieu d'édition
et la date sont séparés par deux traits (un seul trait ondulé pour l'édition de
1812).
Illustré
de 15 magnifiques gravures (2 frontispices et 13 illustrations de lettres),
commandées spécialement pour cette édition à Fragonards fils, Monnet et Melle
Gérard, et gravées par Baquoy, Duplessis-Bertaux, Dupreel, Godefroy, Langlois,
Lemire, Lingée, Masquelier, Patas.
La plus
belle édition des Liaisons Dangereuses, et la première édition illustrée. Oeuvre
fascinante et considérée comme l'un des sommets de la littérature française.
Vicomte de Valmont, Marquise de Merteuil... On ne présente plus ces personnages
de fiction devenus aussi vivants qu'illustres.
«Ce
livre, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace» (Charles Baudelaire).
Sous la
Terreur, les amateurs se préoccupent davantage de sauver leur tête que
d'enrichir leur bibliothèque. Fragonard, Moreau le jeune et Greuze se
survivent. L'art de la vignette est tombé en désuétude sous l'empire d'un
académisme glacial. Les ateliers de gravures font office d'écoles de vertus. Si
Les Liaisons dangereuses ont droit de cité, c'est que l'époque y voit un
pamphlet politique inspiré par l'esprit révolutionnaire. Toutefois, la
sensualité fougueuse des compositions surprit et fit sensation. N'était-ce pas
renouer avec le libertinage « aristocratique » sous prétexte d'en flétrir les
effets ? Parmi les « striking plates » vantées par Gordon N. Ray, il y a ce
tableau risqué d'une scène de séduction entre Mme de Merteuil et la « petite Volange
».
Bel exemplaire sur vélin.
Bonjour,
RépondreSupprimerla première édition illustrée est celle de Geneve en 1792 avec 8 gravures par Le Barbier.
Mais celle de 1796 est considérée comme l'édition illustrée la plus importante. Toutefois, celle de 1792 n'est pas vilaine du tout.
On trouve parfois des exemplaires de ces deux éditions avec les eaux-fortes pures et/ou les avant-lettres.
En reliure d'époque, c'est rarissime, on en compte que quelques uns. J'en ai deux en mémoire : celui de Guyot de Villeneuve avec le triple état des figures, et celui de Bozerian (son exemplaire personnel), qui je crois est celui du Duc d'Aumale à Chantilly aujourd'hui, avec les eaux fortes pures et les avant lettres (il faut regarder la notice de Cigongne pour avoir la description exacte).
Un grand classique de bibliophile!
Cordialement,
Wolfi
encore un chef d'oeuvre... bravo Hugues !
RépondreSupprimerPour infos (ça vient de sortir et je n'ai pas, encore, lu) :http://atheles.org/agone/bancdessais/duboudoiralarevolution/index.html
RépondreSupprimerSinon ces dames ont l'air de bouteilles d'Orangina (et le premier qui fait une blague issue des pubs et slogans...) mais c'est un des livres qui me fait très envie...
En passant, quelqu'un mettrait à disposition l'article de Max Brun du Livre et l'estampe sur les EO des liaisons dangereuses? Il y a prescription et c'est important pour tout le monde.
Olivier
un de ces livres qui me font...
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